20, une petite colonie d'épomophores de Gambie
2015 03 20 17h30, épomophores de Gambie sur les berges du réservoir de Bango (Lampsar d'eau douce) / © Photo par Frédéric Bacuez |
* Bango, impasse Gustave Pelloux. Sur les bords du Lampsar d'eau douce -
Fin d'APREM'-
Sur la berge immédiate du Lampsar, un affluent du fleuve Sénégal qui sert ici de réservoir d'eau douce pour la ville de Saint-Louis, une vieille bâtisse coloniale en ruines abrite une petite colonie de chiroptères depuis de nombreuses années. Le terrain alentour est utilisé par des maraîchers - oignons et choux. La maison est un ancien entrepôt avec ponton d'accès direct au cours d'eau et devait servir, à l'époque, de débarcadère pour les matières premières issues de l'hinterland (gomme arabique par exemple). La toiture, quasiment intacte, est faite de tuiles cuites originaires de Marseille, en France (cf. photos ci-contre); cette couverture repose sur des traverses métalliques auxquelles s'accrochent les chiroptères. L'absence de murs du coté débarcadère ne plonge pas le magasin dans la pénombre - ce qui autorise la photographie sans résultats trop flous...
Haro sur les chiroptères !
Il y a quelques années, j'avais visité l'entrepôt: je crois me souvenir qu'il y avait alors plus de chauve-souris, peut-être de plusieurs espèces. Depuis, dans les parages, les anciens poulaillers du périmètre qui hébergeaient de nombreuses colonies de micro et mégachiroptères ont été transformés en habitations humaines: les maisons s'embourgeoisent, se calfeutrent, s'hygiénisent (sic), se kitschisent (re sic) - au seul profit d'une espèce, homo sapiens. On ferme les issues, on bouche les trous, on cimente les orifices, on transforme les cabanons en chambres d'hôtes, on tue et empoisonne la vermine, on rentabilise, on croît ! Le bâti s'étend, partout, et ne laisse aucune place aux autres espèces vivantes - on ne le fait pas exprès, c'est comme ça, on est formaté ainsi; pour finir seul. Il en est au Sénégal comme de l'Europe avec ses hirondelles - c'est sale...-, ou ses chouettes - c'est sale et ça fait du bruit. Et avec toutes ces maladies qui rodent, brouhhhhh... on ne va pas se laisser menacer ni contaminer par ces vecteurs de mort ! Avec Ebola, un pallier supplémentaire d’imbécillité humaine a encore été franchi: haro sur le chiroptère - surtout si on ne le bouffe pas, à la différence de ces Niaks de la forêt qui ne récoltent que ce qu'ils méritent ! Sur nos rives pré-sahariennes, l'alerte médiatique et sanitaire s'éteint avec la lente décrue (réelle et... médiatique) de l'épidémie, à mille cinq cent kilomètres au sud: nos hôtes clament urbi et orbi qu'ils allaient faire de Saint-Louis - et de quelques autres villes du pays- un centre de dépistage et de lutte contre Ebola*1 - si si, le Sénégal est toujours à la pointe de tous les combats... par l'envolée lyrique ! Deux médias locaux*2 en mal de sensations découvrent qu'il y a des chauve-souris à Saint-Louis, en l'occurrence des roussettes paillées, chaque année pendant l'hivernage, depuis la nuit des temps... Las, en octobre, les irresponsables agitateurs lancent à la cantonade: que ces chauve-souris "sont de plus en plus nombreuses" - mais qu'en savent-ils, nos scribouillards ?-, que les saint-louisiens "paniquent", qu'il faut donc faire quelque chose: en gros éradiquer les dortoirs à roussettes des jardins de la Gouvernance !
*1 Lire: Ebola: Saint-Louis va abriter un centre de traitement et de prise en charge, in Ndarinfo 2015 03 13
*2 Lire: Une invasion de chauve-souris à Saint-Louis: la population panique..., in Xibaaru 2014 10 23
Aujourd'hui dans cet entrepôt oublié des bâtisseurs bangotins (pas pour longtemps), la colonie de chauve-souris est réduite à une soixantaine d'individus, tous de la même espèce: l'épomophore de Gambie (epomophorus gambianis, gambian epauletted fruit bat). Le frugivore à tête de chien est, en saison sèche, le seul mégachiroptère présent dans notre delta; l'autre espèce de grande taille, la roussette paillée (eidolon helvum, Lire ICI sur Ornithondar) est un migrateur intra-africain qui ne gagne nos confins sahéliens qu'à la faveur des flux de mousson - lors de la fructification de nos vergers deltaïques... Quant aux autres espèces présentes à l'année dans notre région (pipistrelles, oreillards etc.), faut-il rappeler ici que ce sont d'exclusifs et redoutables prédateurs d'insectes - mais ça on s'en fout, l'Homme a inventé l'insecticide, pas vrai ?
Lire sur Ornithondar: Une épomophore s’époumone dans le flamboyant, 2013 11 13
Ci-dessous: 2015 03 20 17h30, la maison des épomophores de Gambie, impasse Gustave Pelloux, Bango
/ © Photos par Frédéric Bacuez
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