1, préambule ngorien : une séance de 'suivi des pélagiques' - en très bonne compagnie

Coches !
Depuis la terrasse du Calao, la vue sur la baie enrochée, un îlot à balbus' puis l'île de N'Gor,
 et l'infini océanique de l'Atlantique - avec ses oiseaux !
Dakar N'Gor 2019 10 1 matin / @ Photo smartphone Abdoulaye S. pour Ornithondar

* Dakar N'Gor. Hôtel Le Calao Village -

MATIN, 7h50-12h-
Avec Bram Piot (Senegal Wildlife), Richard Grimmett & Miguel Lecoq (BirdLife International)
Plus la compagnie d'Abdoulaye et Alioune en fin de matinée

Arrivé au milieu de la nuit, directement dans le bain dès le matin avant 8 heures ! Bram est déjà en place quand je sors de ma case réfrigérée; face à l'océan sur la fameuse placette surélevée au-dessus d'une petite baie, avec pour toile de fond un îlot à balbuzards (Pandion haliaetus) puis l'île de N'Gor (cf. photo ci-dessus); et l'infini d'émeraude. Terrasse décatie et café tolérable mais quel panorama ! Probablement le meilleur spot au monde pour observer la faune ailée pélagique sans se fatiguer, à l'ombre d'un parasol de chaume, dans le vent, le plus souvent contre le vent (mais pas en cette saison humide et... moite). En compagnie de haut vol : ce matin nous serons quatre spotteurs, dont Richard qui a laissé ses oiseaux du sous-continent indien pour ceux de la péninsule du Cap-Vert; puis Miguel, 'cocheur' portugais sur le podium sénégalais, rien que ça. Et le maître de cérémonie, en voisin des lieux, l'indéboulonnable camarade de Senegal Wildlife qui à la suite de prédécesseurs Scandinaves, Français et Britannique oeuvre sans relâche pour faire connaître au monde (à défaut du Sénégal) la valeur hors norme de ce 'site de suivi de la migration'; l'un des plus spectaculaires on ne le répètera jamais assez pour quasiment toucher du doigt le passage des oiseaux de mer, dans les deux sens (de l'hémisphère nord mais aussi de l'hémisphère sud, à l'automne comme au printemps voire toute l'année), et pour certaines espèces un important stationnement hivernal aussi, juste devant les foules dakaroises ébaubies comme au cinémascope. Pour comprendre le phénomène et en savoir plus, on ne manquera pas, c'est obligatoire, de suivre les nombreuses chroniques pélagiques de Bram sur le blogue Senegal Wildlife : c'est ICI !

Ci-dessous :
'site de suivi de la migration pélagique' du Calao Village...
En compagnie de Miguel et Abdoulaye 2019 10 1 midi / @ Photos smartphone Abdoulaye & Alioune pour Ornithondar


Ce 1er octobre 2019 au matin, pour le novice que je suis du biome marin, peu familier de ces embruns-là et de leurs hôtes agités tout de même évanescents (pour moi) dans le creux des vagues, c'est jour de chance, je suis bien entouré : dès que l'oiseau rare sur la ligne d'horizon apparaît, mes complices me le positionnent dans la longue-vue et je n'ai plus qu'à le scruter, et le plus souvent le rater, ou le deviner. Evidemment quand il s'agit de ma première mouette de Sabine (Xema sabini, Sabine's Gull), reconnaissable entre tous ces laridés casse-têtes, toute de grace hyper-contrastée noire et blanche, je ne peux que m'enthousiasmer - une coche, la première d'une série de trois pour ma liste sénégalaise ! Beh oui beh oui, mon univers animal a été celui des montagnes, des déserts et des savanes, il me reste tant à découvrir de ce monde merveilleux de la Nature - avant qu'il ne soit trop tard, pour elle, pour moi... 

Mouette de Sabine, Sterne de Dougall, Phalarope à bec large :
trois nouvelles espèces pour la liste sénégalaise d'Ornithondar
- trois coches en une matinée pour moi !

Des coches (et autres) du matin, parlons-en : les mouettes de Sabine, ça c'est fait - vingt (20) au total; mais aussi cinq (5) sternes de Dougall (Sterna dougallii, Roseate Tern), et hop à la fois sur ma liste sénégalaise et sur ma liste mondiale personnalisée (par mon Jérémy), une seconde coche pour la matinée; en fin de session, des limicoles repérés par Miguel en déplacement inversé (des hivernants ?) et au ras de la houle, ce sont sept (7) phalaropes à bec large (Phalaropus fulicarius, Red Phalarope), troisième coche du jour pour bibi ! Puis, à défaut de première coche la confirmation que celles-ci, de sternes, sont bel et bien des sternes arctiques (Sterna paradisaea, Arctic Tern) et non pas des sternes pierregarins (Sterna hirundo, Common Tern), les deux espèces les plus abondantes de la session soit quelque 750 oiseaux; allez y voir une différence, vous, entre les deux parentes... Mes petits camarades, eux, le peuvent, je leur fais confiance, c'est toujours ça d'ajouté à ma liste du Sénégal - la polaire ! Des labbes et des puffins, maintenant : peut-être un puffin de Macaronésie (Puffinus baroli, Macaronesian Shearwater) mais assurément, au vu de leur jizz, de leur couleur cendrée sombre, des puffins fuligineux (Ardenna grisea, Sooty Shearwater), et pas qu'un peu; seule espèce du jour inscrite à la Liste rouge de l'UICN des oiseaux menacés de disparition, dans la catégorie NT/Near Threatened-Quasi menacée, elle passe au large pourtant en assez bon nombre, ce matin, j'en suis bienheureux. Chez les terribles skuas, par ordre numérique décroissant, passent les labbes parasites (Stercorarius parasiticus, Arctic Skua - 30), les labbes pomarins (Stercorarius pomarinusPomarine Skua - 12), et même un (1) labbe à longue queue (Stercorarius longicaudus, Long-tailed Skua); pas de grands labbes (nordiques) ou de labbes de McCormick (sudistes), et on attend les fous de Bassan (Morus bassanus), pas encore la saison, ça doit être ça, on ne va tout de même pas se plaindre... Quant au tout venant (lol), sept espèces de guifettes (noiresChlidonias nigerBlack Tern - près de 340 !) et de sternes (avec Sternula albifrons ssp., Thalasseus s. sandvicensis, Hydroprogne caspia) dont quelques libyennes sternes voyageuses (Thalasseus bengalensis ssp. emigratus, Lesser Crested Tern) et la presque splittée sterne (royale) d'Afrique (Thalasseus -maximus- albididorsalis, African Royal Tern); deux espèces de laridés (la mouette de Sabine et 2 goélands d'Audouin, Ichthyaetus audouinii); cinq espèces de limicoles en sus des phalaropes (Haematopus ostralegus, Arenaria interpres, Calidris minuta, Actitis hypoleucos), à la fois des migrateurs actifs et des spécimens déjà stationnés comme le courlis corlieu (Numenius phaeopus, Whimbrel). Cerise sur le bateau, un (1) phaéton à bec rouge (Phaethon aethereus, Red-billed Tropicbird) comme une apparition éthérée dans le ciel atlantique, regagnant son repaire du parc national des îles de la Madeleine (PNIM) à quelques encablures de la corniche ouest de Dakar et venant peut-être d'une pêche au large de Sal Sal, aux confins de Saint-Louis, du Sénégal et de la Mauritanie. Là où je pars tout à l'heure.

Quelques données d'une riche matinée dakaroise :
  • 7 phalaropes à bec large
  • 1 labbe à longue queue
  • 12 labbes pomarins
  • 50 labbes parasites
  • 76 puffins fuligineux
  • 20 mouettes de Sabine
  • 339 guifettes noires
  • 747 sternes arctiques et pierregarins
  • sternes de Dougall
  • 19 sternes voyageuses
  • 54 sternes royales d'Afrique
  • phaéton à bec rouge

Nos listes intégrales des observations peuvent être consultées sur eBird :

Et les comptes-rendus de Seawatching des quatre mois les plus importants de la migration pélagique, sur Senegal Wildlife :
Octobre / Novembre - https://senegalwildlife.wordpress.com/2019/12/03/seawatching-ngor-october-november-2019/

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