3-7 10, basse et moyenne vallée du fleuve Sénégal: de quelques observations nordiques après les pluies, par Bram Piot et Vieux Ngom
Ci-dessus:
la sablière de Richard-Toll, en saison humide (en haut) et en saison sèche (en bas)
2018 10 6 / © Photo par Bram Piot, avec Vieux Ngom
2018 01 4, 16h48 / © Photo par Frédéric Bacuez, avec Bram Piot
* Nord du Sénégal. Bas-delta et moyenne vallée du fleuve -
Saison humide.
Rapports d'un voyage dans la vallée du fleuve Sénégal, par Bram Piot pour SenegalWildlife:
Saison sèche.
Sur Ornithondar:
Début octobre dans la basse et la moyenne vallée du fleuve Sénégal. Les migrateurs paléarctiques passent*1 et vont pour une grande part gagner (à leur rythme) des quartiers d'hiver en zone soudanienne, au sud du 15°N. Mais les estivants afrotropicaux*2 - certains sont des reproducteurs, d'autres de jeunes vagabonds- qui sont remontés chez nous avant ou avec le front inter-tropical (FIT) de la mousson ouest-africaine sont encore là. Double intérêt donc. Avec une forte probabilité de découvertes intéressantes (cf. ci-après) en raison d'une pression d'observation très faible - et c'est un euphémisme... Car la période d'après les pluies, bien que brève, demeure climatiquement et physiquement éprouvante: peu de chances qu'il pleuve encore, à cette latitude, ou alors de manière anecdotique, mais la grande moiteur estivale peut perdurer jusqu'au 15-20 octobre, surtout quand les averses, de plus en plus tardives, se sont concentrées sur les dernières semaines d'août et le mois de septembre*3... Une touffeur qui en refroidirait plus d'un. Tel n'est pas le cas de notre ami Bram Piot (SenegalWildlife), entraînant dans son périple l'écogarde Vieux Ngom (PNOD), de retour vers Gamadji Saré [2018 10 4-5] afin de documenter une éventuelle nidification des martinets horus (Apus horus) que nous avions ensemble découverts en janvier 2018, ajoutant pour le coup cette espèce jusque là inconnue du pays à la liste des oiseaux du/au Sénégal. Ornithondar reviendra sur cette mission-là, encore une réussite, dans un prochain billet.
*1 A l'exception d'un milan noir et de deux aigles bottés, d'un busard cendré et de busards des roseaux, essentiellement des passereaux, dans cette première semaine d'octobre. De ceux qui vont plutôt continuer vers le sud: hirondelle de fenêtre, tarier des prés, hypolaïs polyglotte, fauvette des jardins, gobemouche noir, gobemouche gris, gorgebleue à miroir, rossignol philomèle, martinet pâle; de ceux qui vont plutôt rester dans notre Sahel: hirondelle de rivage, hypolaïs obscure, fauvette passerinette, fauvette orphée, pouillot de Bonelli; indifféremment: bergeronnette grise, bergeronnette printanière, rousserolle effarvatte, rougequeue à front blanc, avec une tendance tout de même plus nordique, et martinet noir plus fauvette grisette, avec une petite préférence pour le sud.
*2 Quelques espèces afrotropicales saisonnières vues par Bram et Vieux Ngom, en ce début d'octobre: circaète de Beaudouin, blongios de Sturm, engoulevent à balanciers, martin-chasseur du Sénégal, guêpier à gorge blanche, coucou de Klaas, coucou de Levaillant. Mais toujours pas de martin-pêcheur pygmée (Ispidina picta) - mais où est-il bien passé, celui-ci ? Et des mâles enfin identifiables à la faveur de la saison des pluies: la veuve dominicaine !
*3 Cette année du coté de Saint-Louis, grosso modo une pluie en juin (06 27), une autre en juillet (07 19) et un hivernage réel du 22 août au 29 septembre (08 22-09 29): 325 mm en bout de course; on ne peut faire plus ramassé, il n'y a pas de quoi se gargariser de la seule couleur de l'herbe sortie des sables...
- Dans la moyenne vallée du fleuve:
*1 A l'exception d'un milan noir et de deux aigles bottés, d'un busard cendré et de busards des roseaux, essentiellement des passereaux, dans cette première semaine d'octobre. De ceux qui vont plutôt continuer vers le sud: hirondelle de fenêtre, tarier des prés, hypolaïs polyglotte, fauvette des jardins, gobemouche noir, gobemouche gris, gorgebleue à miroir, rossignol philomèle, martinet pâle; de ceux qui vont plutôt rester dans notre Sahel: hirondelle de rivage, hypolaïs obscure, fauvette passerinette, fauvette orphée, pouillot de Bonelli; indifféremment: bergeronnette grise, bergeronnette printanière, rousserolle effarvatte, rougequeue à front blanc, avec une tendance tout de même plus nordique, et martinet noir plus fauvette grisette, avec une petite préférence pour le sud.
*2 Quelques espèces afrotropicales saisonnières vues par Bram et Vieux Ngom, en ce début d'octobre: circaète de Beaudouin, blongios de Sturm, engoulevent à balanciers, martin-chasseur du Sénégal, guêpier à gorge blanche, coucou de Klaas, coucou de Levaillant. Mais toujours pas de martin-pêcheur pygmée (Ispidina picta) - mais où est-il bien passé, celui-ci ? Et des mâles enfin identifiables à la faveur de la saison des pluies: la veuve dominicaine !
*3 Cette année du coté de Saint-Louis, grosso modo une pluie en juin (06 27), une autre en juillet (07 19) et un hivernage réel du 22 août au 29 septembre (08 22-09 29): 325 mm en bout de course; on ne peut faire plus ramassé, il n'y a pas de quoi se gargariser de la seule couleur de l'herbe sortie des sables...
- Dans la moyenne vallée du fleuve:
Dans le Fouta de Thylle Boubakeur à Gamadji Saré via Podor, la grande mare de Ndiayène étant inabordable, à défaut d'anserelles naines c'est sous le pont de Ndiayène Pendao que deux (2) pluvians fluviatiles (Pluvianus aegyptius) sont notés [2018 10 4]. Mais pas sur les berges de la Doué en passe de devenir, avec nos différentes coches successives, un hotspot bientôt incontournable [2018 10 4-5] ! A l'actif de Bram, cette fois, outre l'ombrette africaine (Scopus umbretta), le faucon lanier (Falco biarmicus ssp. erlangeri) et le martinet pâle (Apus pallidus ssp. brehmorum), voici le bruant d'Alexander/de Gosling (Fringillaria goslingi), une espèce absente à l'ouest du lac de Guier et localisée aux biotopes de falaises ou d'amas rocheux, plus aisément observable du coté de Popenguine, sur la Petite Côte. Les parois et les failles de sable compacté de la Doué peuvent faire son affaire sans réticence. Et encore le guêpier à gorge rouge (Merops b. bulocki, en limite septentrionale et occidentale de sa distribution sénégalaise) plus un (1) torcol fourmilier (Jynx torquilla ssp.), ces deux derniers directement dans le jardin de la stratégique auberge du Fouta. Sur les rizières en contrebas du village, "species that in Senegal are trickly to see in one way or another": de la gorgebleue à miroir (Luscinia svecica ssp.), un des deux (2) tariers des prés (Saxicola rubetra) du périple; et, cerise sur le gâteau, un (1) toujours superbe et peu farouche blongios de Sturm (Ixobrychus sturmii). Ce héron, encore plus petit que le commun blongios nain (sous-espèces paléarctique et subsaharienne) est un authentique migrateur intra-africain, totalement absent du Sénégal hors la saison humide après qu'il a progressivement replié sur la zone équatoriale du continent. Même si l'ardéidé aux délicats tons bleutés fait partie de ces espèces aventurières qu'on a pu retrouver sur l'île de Sainte-Hèlène (décembre 2013), au sud, comme sur celle de Fuerteventura (Canaries janvier 2018), au nord... Une première sénégalaise pour Bram Piot, et une coche de plus ! Pour ma part, je ne l'ai observé qu'une seule fois en dix ans, dans mon Septentrion, volant au ras de l'eau et le long des typhaies riveraines du Djeuss aval.
" All in all, we got to see no less than 90 species in a single morning,
all within walking distance from the guesthouse: pretty impressive I say. "
- Bram Piot, in SenegalWildlife 2018 11 19
Depuis les quais de Podor [2018 10 5], quelques hirondelles de Guinée (Hirundo lucida) au-dessus de la berge mauritanienne du fleuve confirment l'installation de l'espèce conquérante dans tout le septentrion et, dès lors, probablement sur des sites favorables de la rive d'en face... Avis aux innombrables cocheurs de l'autre bord. Bram a t-il revu les hirondelles de Guinée qui patrouillaient autour et sous le pont de Ndiayène le 6 janvier dernier ?
Devant le Fort de Dagana [2018 10 5-6], toujours le même mouvement des cormorans et ardéidés au-dessus du fleuve, à l'aube comme au crépuscule. Leur dortoir, qui se trouve à l'est de la cité et pourrait être l'impénétrable forêt de Goumel, mériterait un inventaire exhaustif car il doit accueillir "several thousands of birds", cormorans africains (Microcarbo africanus), aigrettes et hérons dont les bihoreaux gris (Nycticorax n. nycticorax), résidents comme hivernants.
Un (1) coucou de Klaas (Chrysococcyx klaas) chanteur entendu dans la forêt de Bokhol [2018 10 6]. Et un (1) juvénile de circaète de Beaudouin (Circaetus beaudouini) à Fanaye Dieri [2018 10 5]. Les données de coucou de Klaas et de circaète de Beaudouin sont rarissimes dans l'extrême nord du Sénégal. Quelques mentions du cuculidé, en effet, qui peut remonter par le littoral à la faveur des pluies, comme le font aussi coucou jacobin (noir et blanc, Clamator ex Oxylophus jacobinus ssp. pica, qui ne semblait pas nicher dans le pays jusqu'à la découverte le 9 octobre 2017 vers Guéréo, près de la Somone (Petite Côte), d'un juvénile à l'évidence né dans les parages, trouvaille faite évidemment par Bram), et coucou de Levaillant (Clamator ex Oxylophus levaillantii) qui n'y apparaît que pour se reproduire en saison humide, atteignant le lac de Guier, Richard-Toll et Dagana via les marges dunaires du bas-delta. En début de parcours, un Levaillant a été observé par Bram du coté de Mboro, dans les Niayes (Grande Côte) aux alentours du 15°N [2018 10 3]. Quant au rapace, si sa reproduction a été rapportée de la pointe sud de la Mauritanie voisine, son apparition dans le ciel de la moyenne vallée demeure épisodique et, là aussi, probablement dépendante de l'humidité ambiante et du potentiel alimentaire subséquent...
Aux portes de Richard-Toll [2018 10 6], c'est encore la saison pour la colonie de guêpiers de Perse (Merops persicus ssp. chrysocercus) qui occupent en ce début d'octobre plus du quart des quelque 500 terriers d'une carrière de sable bien connue des ornithos de passage (cf. photos en haut de notule). En prime, deux (2) engoulevents à balanciers (Macrodipteryx longipennis) de type femelles, encore une fois sans 'standards' (on ne peut pas être chanceux à tous les coups et pour toutes les espèces !), ces extraordinaires pennes en bout d'ailes que traînent les mâles en période de reproduction. Mon ami François Marmeys et moi avons eu la chance de lever un mâle d'engoulevent à balanciers affublé de ses pennes. Mon unique expérience sénégalaise de ce Graal africain; c'était le 9 février 2017 dans les Trois-Marigots - en pleine saison sèche (!). Pas de photo hélas, l'obs. ne vaut donc rien, et on n'est pas obligé de nous croire ! Quelquefois que le Fred soit lui aussi un imposteur, il faut vraiment se méfier des ornithos ndar ndar, ha ha ha...
- Dans le bas-delta:
Sur la mare de Ross-Bethio [2018 10 6], précisément là où Vieux Ngom avait découvert en juillet un jacana nain (Microparra capensis, 2e mention pour le nord du Sénégal, 5e pour le pays), il y a des foulques macroules (Fulica a. atra) comme il y en avait deux (2) dans les Trois-Marigots quelques jours plus tôt [2018 10 3]. Très probable qu'il s'agisse de sujets désormais résidents; Ornithondar avait constaté et documenté la reproduction de l'espèce sur le marigot de Khant-nord. En revanche, arrivée très précoce de onze (11+) sarcelles marbrées (Marmaronetta angustirostris) et d'un (1) grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis), ce dernier étant un hivernant régulier mais confiné à quelques points d'eau exclusivement du bas-delta sénégalo-mauritanien. 78 espèces ont été observées ce jour-là sur la cuvette de Ross-Bethio, un site humide d'importance malheureusement menacé (de pollution et de pompages intempestifs) par la folie rizicole environnante et qui mériterait, au vu de son potentiel et de ses singularités ornithologiques, d'être classé et protégé par l'Etat sénégalais - hélas...
Dans le Ndiaël [RSAN, 2018 10 4], un (1) héron mélanocéphale (Ardea melanocephala) et deux (2) tourterelles des bois (Streptopelia turtur) - on pense deviner les lieux, de ces très rares spots deltaïques où l'on est quasiment assuré de contacter les deux espèces... Plus, c'est de saison, le chant du martin-chasseur du Sénégal (Halcyon senegalensis), présent dans cette partie du Sénégal et en petit nombre uniquement à la faveur des pluies. Les grandes sécheresses et le déboisement des latitudes sahélo-soudaniennes ont porté un mauvais coup à l'espèce, autrement plus rare aujourd'hui qu'avant les années '70 du siècle passé.
De Bango et à la belle liste de Bram, on ajoutera l'observation par Vieux Ngom d'un (1) rolle violet (Eurystomus glaucurus ssp.) à la fin du mois d'août alors que les pluies venaient tout juste de débuter (cf. ci-dessus), sauvant l'hivernage d'un désastre écologique et humain toujours en embuscade, une saison toujous plus tardive et raccourcie que jamais !... Cette espèce de rollier ne fréquente la moitié nord du pays qu'à la marge, poussée vers nos latitudes par le front inter-tropical (FIT), a priori vers la vallée fossile du Ferlo. Cette coche bangotine (illustrée par une photo même floue) vient enrichir une liste des oiseaux saint-louisiens de plus en plus fournie. Dès lors qu'on l'allège des tromperies du patrimonial JMD... Car si nos camarades Sénégalais s'y mettent à leur tour, maintenant, que va-t-il devenir, celui-là ?
Pied-à-terre:
Trois-Marigots, Ndiaël, Ross-Bethio: Lampsar Lodge
Moyenne vallée 1: Fort de Dagana
Moyenne vallée 2: Jardins du Fouta
Pied-à-terre:
Trois-Marigots, Ndiaël, Ross-Bethio: Lampsar Lodge
Moyenne vallée 1: Fort de Dagana
Moyenne vallée 2: Jardins du Fouta
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