Cet automne, première 'donnée' au Sénégal d'un balbuzard pêcheur d'Italie suivi par télémétrie

Ci-dessus à g.: 
Italie - Mer Tyrénéenne - Sicile - Mer Méditerranée - Libye - Algérie - Mali - Mauritanie - Sénégal
le trajet effectué par le jeune balbuzard Olafia
/ © Courtesy Parco de la Maremma (Italie) et Mohamed Amezian (Maroc)


Première migration prouvée d'un balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) d'Italie vers le Sénégal. Migration transversale. Les circaètes Jean-Le-Blanc (Circaetus gallicus) italiens, eux, font plutôt le grand tour par le littoral méditerranéen français et espagnol avant d'aborder l'Afrique par le détroit de Gibraltar. Le chercheur Flavio Monti* et Giampiero Sammuri, président du parc naturel régional de la Maremma*, en Toscane, signalent à notre camarade Mohamed Amezian de MaghrebOrnitho qu'un jeune balbuzard de 2018, né dans la réserve naturelle et appelé Olafia, a survolé la Méditerranée, franchi le Sahara et rejoint la moyenne vallée du Sénégal pour le premier hiver tropicalisé d'un séjour qui pourrait durer trois années avant son (éventuel) retour vers le bercail (si possible toscan). Le périple vaut d'être conté: mer Tyrénéenne, littoral occidental de la Sicile, touché terre en Libye puis soudainement viré vers l'ouest et l'Algérie. Descente vers le Mali et à nouveau déviation vers l'ouest et la Mauritanie, avant de pénétrer en territoire sénégalais un peu à l'ouest de Boghé. Tout cela en vol ininterrompu, paraît-t-il (!?). Entre 2013 et 2016, pas moins de quatre Toscans ont ainsi traversé la Méditerranée pour venir vagabonder sur les terres d'Afrique: un sujet a rejoint le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah sur le Bou-Regreg (région de Rabat, Maroc); un second a pris ses quartiers dans la région des lacs d'El Kala (Algérie orientale) tandis qu'un autre optait pour la périphérie pourtant fortement anthropisée d'Alger. Un seul avait choisi le trajet périlleux de la trans-saharienne, l'amenant en Mauritanie orientale au sud-est de Néma. Inspirant peut-être Olafia, pour le moment le balbuzard italien qui a poussé au plus loin vers le sud sa première migration.

Les balbuzards pêcheurs avaient disparu de la botte italienne dans les années 1950-1960. Si le rapace connaît un regain partout dans l'Europe occidentale et continentale, sa situation sur le pourtour de la Méditerranée et dans ses îles demeure très précaire: moins de 100 couples reproducteurs localisés sur les Bokkoyas marocaines, le littoral algérien, les Baléares espagnoles et la Corse (où l'espèce connaît un nouveau déclin depuis 2010). Certaines de ces colonies (Maroc, Algérie) ne semblent pas concernées par un quelconque mouvement migratoire saisonnier ou postnuptial. En 2006, première translocation dans la Maremma toscane d'oisillons corses issus d'un fragile noyau de balbuzards de la réserve naturelle de Scandola. A ce jour, plusieurs dizaines de poussins ont été acclimatés à leur nouveau sanctuaire, avec succès. Premières naissances, premiers voyages transafricains... A lire ici:
The Osprey reintroduction in Central Italy: dispersal, survival and first breeding data
par Flavio Monti et al., in Journal Bird Study, Vol. 61, 2014 10 - Issue 4, p. 465-473
Parco-maremma.it/studia/progetto-falco-pescatore/ ou Parco-maremma.it/en/study/osprey-project/

Bon à savoir: pour les (rares) observateurs qui feraient le déplacement dans cette partie peu fréquentée du Sénégal, sachez que le baguage des balbuzards italiens est le suivant:
Un tarse avec anneau Euring 'bleu italien' et l'autre tarse avec anneau alphanumérique encodé blanc (une lettre indiquant l'individu plus un numéro indiquant l'année du projet). Sans oublier l'équipement GPS qui a permis de suivre l'extraordinaire trajet d'Olafia !

* Parco de la Maremma
Descubre el parque de la Maremma: Naturaleza y playas vírgenes al sur de la Toscana, 2017 08 29

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