10 & 20, quatrième mention d'un Grand-duc du Sahel et deuxième d'un Grand-duc ascalaphe dans la moitié nord du Sénégal
Ci-dessus :
Grand-duc du Sahel dans un prosopis
Trois-Marigots 2018 01 10, ~16h / Courtesy © photos par Daniel Mignot pour Ornithondar
EPISODE 1 / Mercredi 10 janvier 2018 -
APREM', ~16h-
Obs. par Alix et Daniel Mignot.
Le 10 janvier 2018 vers 16h, à l'orient du Khant, le premier et le plus occidental des trois grandes dépressions perpendiculaires dites des Trois-Marigots. Un hibou passe en vol à quelques dizaines de mètres devant la voiture d'Alix & Daniel Mignot, des habitués du site et de ses oiseaux. Le rapace se pose rapidement dans la frondaison d'un prosopis bordant la piste. Avant de le quitter au bout de quelques minutes. Le marigot, par ici "en eau", est "à moins de cinquante mètres", m'explique Daniel.
De prime abord l'oiseau ne devrait être qu'un Grand-duc de Verreaux (Bubo l. lacteus, Verreaux's Eagle Owl), le seul grand rapace nocturne résident et relativement documenté de notre périmètre septentrional. Les Mignot, avec ou sans l'Ornithondar, l'ont régulièrement observé, en particulier entre le troisième des Marigots et le Ndiaël. A plusieurs reprises, en patrouillant hors des sentiers battus dans ces zones qui font l'interface entre le marigot de N'Guisset et la Grande mare asséchée du Ndiaël, nous nous amusions à faire des paris, à savoir si ce grand arbre, là-bas - il en reste quelques uns, dans ces coins de moins en moins reculés- était un "arbre à grand-duc" ou pas: à l'approche, il s'était souvent avéré qu'en effet, la canopée abritait le gros pépère dans sa léthargie diurne...
En prenant quelques photos de l'oiseau, ce 10 janvier, Daniel est perplexe quant à son identification: " tiens un grand-duc de Verreaux, mais je lui trouve le bec bien noir !!!"; logiquement il pense donc à un éventuel Grand-duc du Sahel (Bubo cinerascens, Grewish Eagle Owl). Nous en discutons en aparté car je me pose de semblables et légitimes interrogations sur le jizz de l'animal, y compris sa taille: "tu as raison: (...) Et il y a ces tâches sur la poitrine (...), plus le bec en effet, pas de rose aux paupières, même naissant, ça ne colle décidément pas... C'est probablement un grand-duc du Sahel (...)"
Un jeu de neuf (9) photos permettra, je l'espère, de répondre à nos questionnements et d'accroître nos chances d'une ID irréfutable. Les deux grands-ducs sont bien distribués dans toute l'Afrique occidentale, surtout au sud du 15°N. Personnellement, j'ai à de nombreuses reprises noté les deux espèces du sud du Burkina Faso, de Nazinga (RGN) comme du parc national Kaboré Tambi (PNKT) : là, les deux espèces se côtoyaient même au niveau du pont qui enjambe le Nazinon, dans les années 90' du siècle dernier ! Adolescent, j'ai même accueilli en la maison ouagalaise un de ces jeunes grands-ducs, tombé là par je ne sais plus quelle incidence, un gros dégueulasse qui déféquait et mangeait comme quatre, jusqu'à sa disparition, un beau matin - son envol définitif, on l'espère...
Je contacte donc mes référents au Sénégal et dans la sous-région. Puis, après que Bram Piot nous a mis en rapport, je soumets trois (3) images de Daniel Mignot à Joost Brouwer, pointure ornithoafricaine aux Pays-Bas, Secrétaire de la West African Ornithological Society (WAOS - SOOA), manager de la West African Bird DataBase (WABdAB, une banque de données ornithologiques concernant essentiellement le Niger, le Tchad et le Burkina Faso) et qui connaît parfaitement les deux espèces, Bubo lacteus et Bubo cinerascens, notamment du Niger. J'en profite pour solliciter l'accès à un article évoquant quelques données de Bubo cinerascens en Mauritanie et paru dans la revue Malimbus*.
Pour notre camarade Simon Cavaillès,
pas de doute envisageable :
" Sahel - trop petit pour être du Verreaux. Et je n'ai jamais vu de Verreaux marron comme ça sur le ventre."
- Correspondance 2018 01 16
- Correspondance 2018 01 16
"Il s'agit vraiment de Bubo cinerascens"
- Joost Brouwer à FB, 2018 01 18
- Joost Brouwer à FB, 2018 01 18
Pour Joost Brouwer,
la réponse ne se fait pas plus attendre, catégorique :
" Sur les photos de vos amis, le petit bec noir montre qu'il s'agit vraiment de Bubo cinerascens [Quel talent, mais quel talent, ce Daniel ! Ndlr.].
Bubo lacteus est à bec plus grand et beaucoup plus pâle [moins crocheté à son extrémité, me semble-t-il aussi..., ndlr.]. Le dos et les rémiges primaires de cinerascens sont aussi moins égales (= more patterned) que ceux de lacteus, et les traits noirs à coté du visage sont normalement moins forts que chez lacteus. "
- Correspondance 2018 01 18
- Correspondance 2018 01 18
Grand-duc du Sahel - Bubo cinerascens 2018 01 10 / Courtesy © photo par Alix Mignot pour Ornithondar |
Nota 1, petite synthèse ci-après des principales différences physiques entre Bubo cinerascens et Bubo lacteus lacteus:
- la taille, d'abord : le Grand-duc de Verreaux (58-65 cm) est autrement plus grand et volumineux - il est d'ailleurs le troisième plus gros rapace nocturne au monde, le plus imposant d'Afrique, empereur sans rival de la chaîne alimentaire nocturne. Le Grand-duc du Sahel (43-48 cm) a le jizz plus svelte, élancé, plus fin, moins costaud.
- la face, ensuite : celle du Verreaux est large et arrondie, presque bouffie; celle du Sahel est nettement plus fine, quelque chose de plus scrutatif dans le regard tandis que la bouille du Verreaux paraît moins sévère, plus bonhomme.
- les marques faciales font un critère incontestable : chez le Verreaux, les paupières sont vraiment roses; chez le Sahel, seul un fin cercle orbital rosé souligne le regard. Les 'scarifications' pariétales sont beaucoup plus marquées, et contrastées, chez le Verreaux que chez le Sahel: les deux parenthèses, noire puis blanche, sont prononcées, et le blanc est nettement plus large que chez le Sahel. De part et d'autre du bec, deux larmes sombres font deux sillons assez évidents chez le Verreaux - elles n'existent pas chez le Sahel.
- le bec, en effet: il est clair chez le Verreaux, sombre chez le Sahel ; de profil, il est plus grossier et fort chez le Verreaux, et plus effilé, plus crocheté en son extrémité chez le Sahel.
- Bram Piot a eu raison d'évoquer les "aigrettes bicolores" du Grand-duc du Sahel, sombres serties de gris, alors qu'elles sont unicolores et plus grosses, plus arrondies, moins taillées en pointe chez le Grand-duc de Verreaux. Il s'avère qu'ici, sur ce sujet du Sahel, les aigrettes sont encore peu développées, comme inachevées - ce qui me fait penser à un sujet immature.
- Je ne reviens pas sur le pattern des ailes, décrit ci-dessus par Joost Brouwer, mais sur la poitrine et le ventre de notre oiseau : comme me l'a écrit sans détour Simon Cavaillès, la couleur du plumage et les stries ne correspondent en rien à celles d'un Grand-duc de Verreaux, adulte comme juvénile ! Les tâches arrondies qui parsèment la poitrine sont absolument typiques de l'espèce conspécifique Bubo africanus, le Grand-duc africain de l'équateur, dont notre Grand-duc du Sahel a été splitée il y a quelques décennies. On ne l’appelait pas Grand-duc vermiculé (Spotted Eagle Owl) par hasard ! Le devant du corps, chez l'adulte comme chez le jeune Verreaux a toujours un aspect duveteux, clair et uniforme, très finement, presque imperceptiblement rayé.
Si avec tout ça on ne nous/vous trouve pas plus de Grands-ducs du Sahel dans... le Sahel, maintenant, c'est à y perdre son œil de rapace !
Pour comparer les deux espèces, Bubo lacteus lacteus et Bubo cinerascens, on pourra consulter :www.wabdab.org - " choisissez l'option 'Species' ou 'Espèce' à gauche, commencez à taper le nom et à sélectionner le nom désiré du 'drop-down list' avant de cliquer sur 'Soumettre' " [dixit Joost Brouwer !]
Nota 2 : aucune mais absolument aucune des cartes de distribution de Bubo lacteus et Bubo cinerascens, actuellement libres de consultation sur la toile (BirdLife, HBW, UICN, Xeno-Canto), ne correspond à la réalité décrite par les observateurs sur le terrain, ni par la rare publication scientifique afférente. C'est suffisamment erroné, dans ce cas, pour être au moins signalé, ici. Bref. On se référera donc aux cartes proposées par Nik Borrow & Ron Demey*, ainsi qu'aux aux 'petits carrés' sympathiques de G. & M.Y. Morel* (Sénégal, 1990) ou de P. Browne* (Mauritanie, 2016 - cf. ci-après sa carte d'indice pour Bubo cinerascens) ; en sachant que la répartition au sud du Sahara n'est le plus souvent qu'indicative, faute de pression d'observation et de documentation scientifique locale. Il sera bien tard, trop tard hélas, quand nos hôtes commenceront à vibrer, avec tout le sérieux requis, pour ce genre de passions (et de préoccupations) très exogènes. En attendant, si l'on en croit les cartes du Réseau, le Grand-duc de Verreaux serait absent des confins sénégalo-mauritaniens, tandis que le Grand-duc du Sahel y serait bel et bien présent voire résident - foutaises !
* Birds of Western Africa (2014) et Birds of Senegal and The Gambia (2011), par Nik Borrow & Ron Demey, Ed. Christopher Helm, Londres (GB)
* Oiseaux de Sénégambie; notices et cartes de distribution (1990), par Gérard J. Morel et Marie-Yvonne Morel, Ed. ex IRD/ORSTOM
* Atlas des oiseaux de Mauritanie, par Peter Browne (mars 2016)
Ci-contre: indices de présence du grand-duc du Sahel (Bubo cinerascens) en Mauritanie... et au Sénégal
© Ornithondar, d'après Atlas des oiseaux de Mauritanie, par Peter Browne (2016 03)
Grand-duc de Verreaux :
Les données de Grand-duc de Verreaux (Bubo lacteus lacteus, Verreaux's Eagle Owl) sous les latitudes sahélienne et sahélo-soudanienne ne sont pas nombreuses, mais pas rares. Dans le bas-delta sénégalais, nous l'avons régulièrement documenté - seul, en couple, avec juvéniles (Trois-Marigots, mare Ndaymane, Ndiaël, obs. A. & D. Mignot, F. Bacuez & J. Calvo)*. A condition qu'il y ait dans le secteur quelques grands arbres touffus, épars. Les jours de l'espèce sont donc comptés, dans ce Sahel en proie à une folie destructrice jamais égalée, même lors des grands cycles de sécheresse, passés et... à venir. Inéluctablement. Dans la vallée du fleuve, Isenmann (2010) après Lamarche (1988) estime que le Grand-duc de Verreaux est un "nicheur sédentaire en très petit nombre dans les boisements du sud de la Mauritanie sahélienne (...)" (in Oiseaux de Mauritanie, 2010). Du côté sénégalais du fleuve, Morel & Morel (1962, 1990) l'ont trouvé "au moins localement assez commun : (...) les nombreuses observations suggèrent qu'il est présent sur tout le territoire" (in Les oiseaux de Sénégambie, 1990). Dernière observation rapportée de l'espèce dans notre région : trois (3) sujets d'un coup, le 29 novembre dernier (8h30) près de Keur Birane Ndiaye (à l'est de Richard-Toll), par Cesare Clemente et al.
* Lire sur Ornithondar, en particulier :
Un Grand-duc de Verreaux en embuscade près des terriers d'un (autre) clan de Renards pâles - gare au crépuscule..., 2016 06 4
La nuit dans le Ndiaël, camper entre genettes et grands-ducs, 2016 03 2
Grand-duc du Sahel :
Du Grand-duc du Sahel (Bubo cinerascens, Greyish Eagle Owl) dans notre région... sahélienne, il en est tout autrement ! Au Sénégal, il n'y avait jusqu'à ce 10 janvier 2018 que trois mentions seulement au nord du 15e parallèle : celle d'un sujet 'capturé' dans les environs de Richard-Toll, le 31 juillet 1963 (Morel & Morel, 1972, 1990 ; rapporté aussi par Paul Isenmann dans son Oiseaux de Mauritanie, 2010) ; celle, plus récente, du coté de Mekhé (au sud de Louga sur la route de Saint-Louis à Dakar), d'un duo au reposoir diurne, en janvier 1991 (Sauvage & Rodwell, Notable observations of birds in Senegal, excluding PNOD, 1984-1994, in Malimbus 1996-98). Et celle... d'Ornithondar, seulement une 'audition' (deux contacts) en date du 31 décembre dernier, 2017, dans la nuit du tout petit matin et... là même où nos amis Mignot le photographieront dix jours plus tard !
* Oiseaux de Sénégambie; notices et cartes de distribution (1990), par Gérard J. Morel et Marie-Yvonne Morel, Ed. ex IRD/ORSTOM
* Atlas des oiseaux de Mauritanie, par Peter Browne (mars 2016)
Ci-contre: indices de présence du grand-duc du Sahel (Bubo cinerascens) en Mauritanie... et au Sénégal
© Ornithondar, d'après Atlas des oiseaux de Mauritanie, par Peter Browne (2016 03)
Grand-duc de Verreaux :
Les données de Grand-duc de Verreaux (Bubo lacteus lacteus, Verreaux's Eagle Owl) sous les latitudes sahélienne et sahélo-soudanienne ne sont pas nombreuses, mais pas rares. Dans le bas-delta sénégalais, nous l'avons régulièrement documenté - seul, en couple, avec juvéniles (Trois-Marigots, mare Ndaymane, Ndiaël, obs. A. & D. Mignot, F. Bacuez & J. Calvo)*. A condition qu'il y ait dans le secteur quelques grands arbres touffus, épars. Les jours de l'espèce sont donc comptés, dans ce Sahel en proie à une folie destructrice jamais égalée, même lors des grands cycles de sécheresse, passés et... à venir. Inéluctablement. Dans la vallée du fleuve, Isenmann (2010) après Lamarche (1988) estime que le Grand-duc de Verreaux est un "nicheur sédentaire en très petit nombre dans les boisements du sud de la Mauritanie sahélienne (...)" (in Oiseaux de Mauritanie, 2010). Du côté sénégalais du fleuve, Morel & Morel (1962, 1990) l'ont trouvé "au moins localement assez commun : (...) les nombreuses observations suggèrent qu'il est présent sur tout le territoire" (in Les oiseaux de Sénégambie, 1990). Dernière observation rapportée de l'espèce dans notre région : trois (3) sujets d'un coup, le 29 novembre dernier (8h30) près de Keur Birane Ndiaye (à l'est de Richard-Toll), par Cesare Clemente et al.
* Lire sur Ornithondar, en particulier :
Un Grand-duc de Verreaux en embuscade près des terriers d'un (autre) clan de Renards pâles - gare au crépuscule..., 2016 06 4
La nuit dans le Ndiaël, camper entre genettes et grands-ducs, 2016 03 2
Grand-duc du Sahel :
Du Grand-duc du Sahel (Bubo cinerascens, Greyish Eagle Owl) dans notre région... sahélienne, il en est tout autrement ! Au Sénégal, il n'y avait jusqu'à ce 10 janvier 2018 que trois mentions seulement au nord du 15e parallèle : celle d'un sujet 'capturé' dans les environs de Richard-Toll, le 31 juillet 1963 (Morel & Morel, 1972, 1990 ; rapporté aussi par Paul Isenmann dans son Oiseaux de Mauritanie, 2010) ; celle, plus récente, du coté de Mekhé (au sud de Louga sur la route de Saint-Louis à Dakar), d'un duo au reposoir diurne, en janvier 1991 (Sauvage & Rodwell, Notable observations of birds in Senegal, excluding PNOD, 1984-1994, in Malimbus 1996-98). Et celle... d'Ornithondar, seulement une 'audition' (deux contacts) en date du 31 décembre dernier, 2017, dans la nuit du tout petit matin et... là même où nos amis Mignot le photographieront dix jours plus tard !
Le plus intéressant néanmoins : des données de notre voisin, la Mauritanie, récemment compilées par la même revue d'ornithologie ouest-africaine, Malimbus et dont Joost Brouwer a eu la gentillesse de nous envoyer copie de la notul. La description sans plus de données de Bubo cinerascens dans les montagnes de l'Assaba et de l'Affolé par Lamarche (1988) n'avaient pas suffi à Paul Isenmann, qui ne retient ces informations qu'en appendice de son monumental Oiseaux de Mauritanie (2010). En revanche, et c'est l'objet de la note de Joost Brouwer et al. parue dans Malimbus (2013 05)*, trois observations plus récentes mais étrangement non retenues par Isenmann, en raison peut-être de leur trop longue confidentialité, tendent à démontrer que le Grand-duc du Sahel est sans doute plus régulier sur les franges sahélo-sahariennes qu'on ne le pense. Brouwer et al. rappellent fort à propos qu'à l'ouest de Tombouctou (Mali) les confins malo-mauritano-sénégalais ont été peu inventoriés d'un point de vue de la donnée ornithologique. Les observations faites en Mauritanie par Joost Brouwer avec Tara Shine du coté d'Ayoun el Atrous (sud-est, 2000 03 2), puis par l'Institut ornithologique suisse au nord du 18e parallèle (Tidjikdja 2001 09 8 et El Gawyia 2001 09 10) viennent combler des vides, comme l'écrit justement Peter Browne : "SE Mauritania is in fact almost a blank spot on the ornithological map, especially for the land birds" (PB, in litt.). Ces découvertes mauritaniennes ont été faites en milieu rocheux ; Brouwer rappelle que l'oiseau a été documenté du massif montagneux de l'Aïr (Niger) et que, partout, "the rocky habitat where the birds were observed in Mauritania is also typical for the species", en tout cas en milieu sahélo-saharien. Là où mes amis ont photographié leur Grand-duc du Sahel, et où je l'ai entendu, le versant dunaire bien boisé est tout proche d'une carrière abandonnée de type sablière à coquillages, avec talus, amas, creux, bref quelque chose d'un relief (lire aussi ci-après)... Une différence notable avec le biotope privilégié par le Grand-duc de Verreaux, comme je le signale plus haut. Même si le grand-duc improprement nommé du Sahel est à la vérité plus tolérant à d'autres types de biomes. Il y a donc probablement d'autres conditions primordiales, sans doute alimentaires, à ses choix d'habitat : on retrouve Bubo cinerascens jusque dans les plaines littorales du Golfe de Guinée, c'est dire... Un regret, cependant, aucun des auteurs ne mentionne, faute de preuves j'en conviens, s'il s'agit de sujets juvéniles ou d'adultes, d'erratiques ou de résidents dont on se demanderait pourquoi il a fallu attendre le XXIe siècle pour n'en avoir que de fortuites observations à l'ouest de la courbe malienne du fleuve Niger ?
* Lire :
par Joost Brouwer, Volker Salewski & Dieter Peter
in Malimbus 35, p. 147-48, mai 2013
Ci-dessous :
Grand-duc ascalaphe :
* Lire :
Confirmation of Grewish Eagle Owl Bubo cinerascens for Mauritania,
in Malimbus 35, p. 147-48, mai 2013
Ci-dessous :
Grand-duc du Sahel à l'envol d'un prosopis
Trois-Marigots 2018 01 10, ~16h / Courtesy © photo par Daniel Mignot pour Ornithondar
Il faut également signaler des régions authentiquement désertiques un troisième pépère - ceux qui suivent les grands-ducs aiment à les surnommer affectueusement ainsi : il s'agit du Grand-duc ascalaphe (Grand-duc du désert, Bubo ascalaphus, Desert Eagle Owl), distribué de l'Atlas aux massifs du Sahara jusques et y compris ses marges saharo-sahéliennes (Hoggar, Aïr, Termit, Hombori etc.). Deux mentions du Sénégal [mais voir le 'Breaking news' qui suit, ndlr.] : pour le moins singulière, la première concernait un individu trouvé mort (Ph. Calfopoulos, 1974 03 15) sur l'îlot Sarpant du parc national des îles de la Madeleine (PNIM), au large de Dakar. La seconde donnée est récente, d'un oiseau bien vivant, et nous vient et de l'ami Bram Piot et de la réserve spéciale d'avifaune du Ndiaël (RSAN, 2014 05 10, in African Bird Club/ABC Bull. 21.2), ce qui n'étonnera pas les rares personnes qui s'aventurent (sic) dans ledit sanctuaire... En Mauritanie, le Grand-duc ascalaphe demeure le plus commun des grands rapaces nocturnes, noté jusque dans les dunes du parc national du Diawling (PND), c'est tout à côté ! Ce grand-duc est également réputé pour son erratisme grégaire, à travers les steppes et dunes littorales du pays (Isenmann, in Oiseaux de Mauritanie, 2010). Et pourquoi pas d'autres Ascalaphes à venir au Sénégal ? La paire entendue en Basse Casamance en mai 1983 est pour moi une information totalement erronée voire farfelue (Borrow & Demey in Birds of Senegal and The Gambia, 2011).
* Région de Richard-Toll-
Breaking news :
Ce dimanche 21 janvier après-midi, avant même qu'il ne sache que cette notule était sur le point de paraître (sans cette ultime et décisive information !), Bram Piot me signale qu'hier (2018 01 20) un groupe de la suédoise AviFauna Nature Tours (Erik Hirschfeld, avec Richard Ottwall) a pu observer et filmer* un Grand-duc ascalaphe dans les environs de Richard-Toll, en équilibre instable dans un prosopis agité par le vent (dans le même inconfort que le Grand-duc du Sahel des Mignot). Voici donc la seconde donnée d'un Grand-duc du désert - vivant !- trouvé au Sénégal, après celle de mai 2014 d'un sujet - vivant aussi !- par Bram dans le Ndiaël ! Décidément, il y a de l'actualité, chez nos pépères préférés...
* Voir la vidéo sur Facebook, ICI
* Région de Richard-Toll-
EPISODE 2 / Samedi 20 janvier 2018
Obs. par Erik Hirschfeld & Richard Ottwall
Breaking news :
Ce dimanche 21 janvier après-midi, avant même qu'il ne sache que cette notule était sur le point de paraître (sans cette ultime et décisive information !), Bram Piot me signale qu'hier (2018 01 20) un groupe de la suédoise AviFauna Nature Tours (Erik Hirschfeld, avec Richard Ottwall) a pu observer et filmer* un Grand-duc ascalaphe dans les environs de Richard-Toll, en équilibre instable dans un prosopis agité par le vent (dans le même inconfort que le Grand-duc du Sahel des Mignot). Voici donc la seconde donnée d'un Grand-duc du désert - vivant !- trouvé au Sénégal, après celle de mai 2014 d'un sujet - vivant aussi !- par Bram dans le Ndiaël ! Décidément, il y a de l'actualité, chez nos pépères préférés...
* Voir la vidéo sur Facebook, ICI
Additif :
Ce 19 janvier 2018, j'ai arpenté les lieux où le Grand-duc du Sahel a été observé et photographié par Daniel Mignot, le 10 janvier. Pas dans l'espoir d'y débusquer le strigidé ; aucune chance, il ne s'agissait vraisemblablement que d'un jeune erratique. Mais au-delà de l'aspect hasardeux de telle rencontre, pour tenter de comprendre pourquoi ici et pas là-bas ? La réponse est rapidement apportée par la billebaude du jour : le peu confortable prosopis dans lequel s'est enfoncé Bubo cinerascens est à l'orée d'un vaste tohu bohu d'anciennes gravières à sables coquilliers, avec de très nombreux tumulus, parfois de vrais promontoires, avec des corniches et même quelques blocs collinaires aujourd'hui colonisés par les prosopis et les Tamarix senegalensis, et entre lesquels des lagons bien peu profonds vont s'évaporer dans les prochaines semaines, au coeur de la saison sèche (cf. photos en bas de notule).
Ce 19 janvier 2018, j'ai arpenté les lieux où le Grand-duc du Sahel a été observé et photographié par Daniel Mignot, le 10 janvier. Pas dans l'espoir d'y débusquer le strigidé ; aucune chance, il ne s'agissait vraisemblablement que d'un jeune erratique. Mais au-delà de l'aspect hasardeux de telle rencontre, pour tenter de comprendre pourquoi ici et pas là-bas ? La réponse est rapidement apportée par la billebaude du jour : le peu confortable prosopis dans lequel s'est enfoncé Bubo cinerascens est à l'orée d'un vaste tohu bohu d'anciennes gravières à sables coquilliers, avec de très nombreux tumulus, parfois de vrais promontoires, avec des corniches et même quelques blocs collinaires aujourd'hui colonisés par les prosopis et les Tamarix senegalensis, et entre lesquels des lagons bien peu profonds vont s'évaporer dans les prochaines semaines, au coeur de la saison sèche (cf. photos en bas de notule).
Grand-duc ascalaphe
(Bubo ascalaphus, Desert Eagle Owl)
- Pour le Sénégal, deux données au nord du 15°N :
Piot, 2014 05 14 ; Hirschfeld & Ottwall [AviFauna Nature Tours] 2018 01 20
Grand-duc du Sahel
(Bubo cinerascens, Grewish Eagle Owl)
- Pour le Sénégal, quatre données au nord du 15°N :
Morel & Morel 1963 07; Sauvage & Rodwell 1991 01 ; Bacuez/Ornithondar, 2017 12 31 ; Mignot & Mignot 2018 01 10
- Pour la Mauritanie, trois données certifiées entre le 16.50°N et le 18.50°N :
Brouwer & Shine 2000 03 ; Swiss Ornithological Institute 2001 09 8 et 09 10
Ci-dessous :
en haut, Grand-duc du Sahel à l'envol d'un prosopis
Trois-Marigots 2018 01 10, ~16h / Courtesy © photos par Daniel Mignot pour Ornithondar
en bas, entre bois d'acacias, piste et gravières inondées à tumulus coquilliers
2018 01 19, 13h20-13h53 / © Photos smartphone Frédéric Bacuez
- Cliquer sur les photos pour agrandir -
en bas, entre bois d'acacias, piste et gravières inondées à tumulus coquilliers
2018 01 19, 13h20-13h53 / © Photos smartphone Frédéric Bacuez
- Cliquer sur les photos pour agrandir -
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