1, Toddé/Khant-sud : avec ces couleurs, juste les couleurs, ça sent l'automne tropicalisé
Vanneau du Sénégal - Vanellus senegallus senegallus - moi, j'aimais bien quand il s'appelait Vanneau caronculé... Pâturages de Toddé/Khant-sud 2019 11 1, 11h30 / @ Photo par Frédéric Bacuez |
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Khant-sud -
1er novembre 2019. Avec Bram Piot (SenegalWildlife).
En voiture et à pied.
Ci-contre : ceci n'est pas de la neige... mais le sel des tanns dont l'eau s'évapore rapidement après la saison humide
Brousses du Khant-sud 2019 11 1, 11h59 ! / @ Photo smartphone Frédéric Bacuez, avec Bram Piot
Voir aussi : Virée dans le delta, en images, par Bram Piot in SenegalWildlife 2019 11 13
Un petit crochet motorisé par le premier des Trois-Marigots et quelques pas vers le spot où j'avais levé le 23 octobre dernier un Engoulevent du désert/du Sahara (Caprimulgus aegyptius ssp. saharae), une observation non seulement très précoce pour la saison mais une première pour le site et le bas-delta ndar ndar. Pas d'engoulevent au pied de son euphorbe, ce midi, Bram ne se faisait pas (trop) d'illusions ; pas de déception exagérée, nous pourrons poursuivre notre tournée des popotes ornithos sans regrets ni remords.
Un petit crochet motorisé par le premier des Trois-Marigots et quelques pas vers le spot où j'avais levé le 23 octobre dernier un Engoulevent du désert/du Sahara (Caprimulgus aegyptius ssp. saharae), une observation non seulement très précoce pour la saison mais une première pour le site et le bas-delta ndar ndar. Pas d'engoulevent au pied de son euphorbe, ce midi, Bram ne se faisait pas (trop) d'illusions ; pas de déception exagérée, nous pourrons poursuivre notre tournée des popotes ornithos sans regrets ni remords.
Une Caille des blés trépassée, une Bergeronnette grise claudicante
1er novembre, fête des Saint(e)s ; 2 novembre, jour des Mort(e)s. Et une (1) Caille des blés (Coturnix c. coturnix) au rendez-vous mais après l'extrême-onction ! La malheureuse, on la trouve accrochée aux branches épineuses d'un arbrisseau poussiéreux au bord de la digue de Mengueye Boye. Celle-ci est devenue, en moins de deux ans, une autopiste pratiquée dès l'aube par les taxis urbains, les Ndiaga Ndiaye populaires, les pick-ups des Développeurs et les camions bennes de la grand'ville qui viennent se servir en sable dans la partie nord de l'Aire patrimoniale communautaire du premier des Trois-Marigots. A moins que la petiote n'ait fini sa fuite éperdue ici après avoir été gérée par quelques "meilleurs écolos de France" en charge de faire de la coopération sénégauloise dans le pays : il paraitrait qu'on sauverait le patrimoine si on le classait 'site Ramsar' - on ne rit pas. En attendant que papier glacé, séminaires très sérieux et défilé d'experts bien encadrés ne produisent leur effet radical, la démographie s'emballe et la ville se rapproche à grandes enjambées : brouhaha, vrombissements, klaxons, poussières et déchets non biodégradables - le silence dans la brousse, c'est définitivement has been, il faut s'adapter ; et accepter en fond la petite sourdine du Progrès, leur conception du Progrès. Tiens, une (1) Bergeronnette grise (Motacilla alba) estropiée ; encore une qui n'a pas su s'adapter à l'émergence de la patate douce et du maïs doux, une passion alimentaire très wolof comme chacun sait. On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs ; et des pattes.
Deux courvites - mais nous aussi !
Je crois bien que c'est la première fois que j'entre dans le/mon fief dit de Toddé en véhicule et par la piste (des chasseurs). Depuis le premier jour ça a toujours été à pied, ici : billebaudes erratiques à la fin des années 2000, parcours choisis et millimétrés (en fonction des humeurs...) depuis quelques années. Voyons donc ce que ça fait et donne, en voiture. Ce Traquet, c'est un (1) motteux (Oenanthe o. oenanthe) ; mais celui-là (1), il est bien groenlandais (Oenanthe leucorhoa). On est d'accord, Bram et moi. Cet Oenanthe pas facile (mais lequel est facile, de traquet, en habit hivernal, on vous le demande !? Même Jean-Marie s'y tromperait, c'est dire...), je l'avais déjà observé il y a quelques jours, ici même. Validé (et clin d'oeil). Les hivers précédents, c'était généralement à l'intersection des pistes de Mengueye et des GDS, en lisière du Khant-nord. Le bruit et la fureur des volutes poussiéreuses l'ont peut-être fait fuir vers les profondeurs du petit Toddé - allez savoir...
Dans le désert coquillier, deux (2) Courvites de Temminck (Cursorius temminckii). Pas tous les jours qu'on les rencontre sur Khant-Toddé, eux. En lieu et place des Moinelettes à oreillons qu'on aurait du voir, près d'une dizaine (10) de Moinelettes à front blanc (du Sahara, Eremopterix nigriceps ssp. albifrons), on gagnerait presque au change, celles-ci sont plus belles, moins renfrognées, enfin c'est mon goût. On semble parti pour une belle saison à sahariennes ; merci à la météo, et aux Hommes - mais jusqu'où descendront-elles ? Voilà leur défi, et une belle occasion pour les ornithos de mesurer l'inéluctable progression des déserticoles vers le Sud dit des savanes.
Comme les courvites, hâtons le pas, on a des rendez-vous et un protocole horaire à respecter. L'ouïe fine de Bram aidant, l'inventaire est aussi plus expéditif : ici un (1) Erémomèle à croupion jaune (dit du Tchad, Eremomela icteropygialis ssp. alexanderi), là une (1) Hypolais polyglotte (Hippolais polyglotta). Cette dernière, passereau paléarctique connu pour son incessant flot sonore et un rien étourdissant, empruntant aux registres d'autres petits oiseaux, ne passera pas l'hiver ici, lui préférant les savanes arborées des latitudes soudano-guinéennes. En revanche, avant et après la traversée du Sahara, il est presque impossible de la rater, au Sahel, pendant ces quelques jours de pause durant lesquels elle continue ou recommence de... babiller. Des acoustiques plus classiques, un (1) seul mâle de Tchagra à tête noire (Tchagra s. senegalus) et un (1) Brubru africain (Nilaus a. afer). Indissociable des savanes arbustives sahéliennes, la flûte de l'Outarde de Savile (Lophotis savilei) commence à s'estomper, début de saison sèche oblige : encore deux (2) mâles au diapason, mais poussifs, on pressent qu'il y a comme une lassitude, moins d'entrain, moins d'envie(s). Bientôt ils ne feront que maintenir leur territoire respectif par de simples petits cris flutés très brefs, histoire de se rappeler au bon souvenir du voisin - et de la voisine. Pour les prochaines sérénades. Si l'Attila de Mengueye (et de Bango, et de Sanar etc.) ne vient pas mettre un terme au concerto. Le Beau, combien d'adeptes, combien de xalis ? Pas vrai, René ? Si au moins on arrivait à conserver un peu de canards à canarder, hein Patrick ? Pour "l'employibilité" de l'ornithologie, comme ils disent à la mosquée universitaire Gaston Berger.
Automne sahélien
Les innombrables euphorbes (Euphorbia basalmifera) et les rares petits baobabs (Adansonia digitata) du secteur ont la feuille qui jaunit, et vite. L'automne en biome sahélien se joue en quelques jours, tout au plus une quinzaine. Rien de sa subtilité en pays tempérés, encore moins de son époustouflante joliesse sous latitudes boréales. Dans une semaine, tout sera à terre. Idem pour l'herbe, chiche et espacée cette année, déjà piétinée pour le peu qu'il y a, fanée, rabougrie, bientôt grillée sur pied. Il est donc temps pour les espèces afrotropicales qui ont suivi la saison humide jusque dans ce Sahel de moins en moins attractif, pour y chasser l'insecte ailé, enfin ce qu'il en reste désormais après les épandages incontrôlés de la chimie sur toute la vallée, de nous abandonner pour des atmosphères moins arides ; et moins saturées de phyto'. La plus emblématique de ces espèces car la plus visible, d'une migration intra-africaine toujours spectaculaire et bruyante, c'est le Guêpier à gorge blanche (Merops albicollis). Il y en a au minimum quatre-vingt (80), ce midi, dans les parages, en trois paquets (de dix à soixante chaque) rassemblés et prêts pour le voyage. Allez, quelques exercices aériens pour tester la cohésion du groupe ; beaucoup de bruit pour rien, ce ne sera pas pour maintenant. On s'attrape à Abidjan dans quelques semaines ?
- un petit air d'automne, vous ne trouvez pas ?
Mais l'automne tropicalisé
quand les uns refluent vers le sud avec le Front Inter Tropical (des pluies)
et que les autres affluent du nord, à leurs risques et périls (ici aussi)
Ci-dessous :
à g., baobab automnal - à d., les Guêpiers à gorge blanche sont sur le départ
Brousses de Khant-sud 2019 11 1, 11h43 & 12h27 / @ Photos par Frédéric Bacuez, avec Bram Piot
- Cliquer sur les photos pour agrandir -
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Ci-dessus :
Caille des blés morte sans doute après collision et retrouvée dans un arbuste épineux en bord de piste
digue de Mengueye Boye, marigot de Khant 2019 11 1, 11h23 / @ Photo smartphone Bram Piot, avec F. B.
OISEAUX / 47 + 1 espèces contactées
MAMMIFERES / 2 espèces
Vu :
- Héron garde-boeufs (d'Afrique, Bubulcus i. ibis, Western Cattle Egret), 175 ind. stationnés - cinquante coté sud, cent-vingt cinq coté nord de la digue traversière...
- Grande Aigrette d'Afrique (Egretta melanorhyncha, African Great Egret), 6 ind. (Khant)
- Héron cendré (Ardea c. cinerea, Gray Heron), 1 ind. (Khant-nord)
- Ibis falcinelle (Plegadis f. falcinellus, Glossy Ibis), 10 ind. (Khant)
- Oie-armée de Gambie (du nord, Plectropterus g. gambensis, Northern Spur-winged Goose), 14 ind. (marigot de Khant)
- Busard des roseaux (Circus a. aeruginosus, Western Marsh Harrier), 1 ind. (Khant) + 3 ind. (Toddé)
- Caille des blés (Coturnix c. coturnix, Common Quail), 1 ind. trouvé mort et accroché à un buisson épineux, suite à une probable collision avec un de ces nombreux camions qui viennent arracher son sable au marigot de Khant-nord
- Outarde de Savile (Eupodotis savilei, Savile's Bustard), 2 ind. - mâles entendus
- Échasse blanche (Himantopus h. himantopus, Black-winged Stilt), 5 ind. (marigot de Khant) + 1 ind. (Toddé)
- Oedicnème tachard (Burhinus capensis, Spotted Thick-knee), 2 ind. - cc local (Toddé)
- Courvite de Temminck (Cursorius temminckii, Temminck's Cursor), 2 ind.
- Glaréole à collier (Glareola pratincola ssp., Collared Pratincole ssp.), 4 ind. en vol (marigot de Khant)
- Vanneau (caronculé) du Sénégal (Vanellus s. senegallus, African Wattled Thick-knee), 5 ind. (Khant) + 2 ind. (Toddé)
- Vanneau à éperons (Vanellus spinosus, Spur-winged Lapwing), 3 ind. (Khant) + 1 ind. (Toddé)
- Bécasseau minute (Calidris minuta, Little Stint), 8 ind.
- Combattant varié (Philomachus pugnax, Ruff), 1 ind.
- Chevalier gambette (Tringa t. totanus, Common Redshank), 2 ind.
- Chevalier aboyeur (Tringa nebularia, Common Greenshank), 1 ind. (Khant)
- Chevalier stagnatile (Tringa stagnatilis, Marsh Sandpiper), 1 ind.
- Chevalier sylvain (Tringa glareola, Wood Sandpiper), 6 ind. (Khant)
- Chevalier guignette (Actitis hypoleucos, Common Sandpiper), 1 ind. (Khant)
- Tourtelette masquée (Oena c. capensis, Namaqua Dove), 2 ind. (Khant)
- Tourterelle maillée (Streptopelia s. senegalensis, Laughing Dove), 1 ind.
- Martin-pêcheur pie (Ceryle r. rudis, Pied Kingfisher), 1 ind. (Khant)
- Guêpier à gorge blanche (Merops albicollis, White-throated Bee-eater), 80+ ind. - en cours de rassemblement (trois groupes ce midi) avant le reflux migratoire vers le sud et les pays du Golfe de Guinée
- Calao de Kemp (Tockus kempi, Western Red-billed Hornbill), 2 ind. - cc local
- Cochevis huppé du Sénégal (Galerida cristata ssp. senegallensis, Senegal Crested Lark), 8+ ind.
- Moinelette à front blanc du Sahara (Eremopterix nigriceps ssp. albifrons, Saharan Black-crowned Sparrow-lark), 5 ind.
- Hirondelle de Guinée (Hirundo l. lucida, Red-chested Swallow), 1 ind. (Khant)
- Bergeronnette grise (Motacilla a. alba, White Wagtail), 1 ind. boitille - problème à la patte droite (digue traversière du Khant)
- Bergeronnette printanière (Motacilla flava ssp., Blue-headed Wagtail), 25+ ind.
- Traquet motteux (Oenanthe o. oenanthe, Eurasian Northern Wheatear), 1 ind.
- Traquet du Groenland (Oenanthe oenanthe ssp. leucorhoa, Greenland Northern Wheatear), 1 ind.
- Cisticole des joncs africaine (du Nigeria, Cisticola juncidis ssp. uropygialis, Nigerian Zitting Cisticola), 1 ind. (Khant) + 3 ind. (Toddé)
- Cisticole sp. (Cisticola sp., Cisticola sp.), 1 ind. peut-être 'du désert'...
- Prinia modeste (Prinia s. subflava, Tawny-flanked Prinia), 1 ind.
- Erémomèle à croupion jaune du Tchad (Eremomela icteropygialis ssp. alexanderi, Chad Yellow-bellied Eremomela), 1 ind.
- Hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta, Melodious Warbler), 1 ind. (Toddé)
- Pie-grièche grise du désert (Lanius excubitor ssp. elegans, Southern/Saharan Grey Shrike ssp.), 1 ind.
- Pie-grièche à tête rousse (Lanius s. senator, Western Woodchat Shrike), 1 ind.
- Tchagra à tête noire (Tchagra s. senegalus, Black-crowned Tchagra), 1 ind. mâle chanteur (minimum)
- Brubru africain (Nilaus a. afer, Brubru), 1 ind.
- Souïmanga à longue queue (Cinnyris p. pulchellus, Beautiful Sunbird), 1 ind.
- Moineau doré (Passer luteus, Sudan Golden Sparrow), 1 ind. mâle isolé
- Tisserin vitellin (Ploceus vitellinus, Vitelline Masked-Weaver), 10 ind.
- Tisserin à tête noire (Ploceus m. melanocephalus, Black-headed Weaver), 30 ind.
- Travailleur à bec rouge (Quelea q. quelea, Red-billed Quelea), 3 + 30 ind.
- Amarante du Sénégal (Lagonosticta s. senegala, Red-billed Firefinch), 3 ind. (Khant)
AUTRES :
- Phacochère commun (Phacochoerus africanus, Common Warthog), 8 ind.
- Lièvre de savane (à oreilles de lapin, Lepus -microtis- victoriae, African Savanna Hare), 4 ind.
Ci-dessous :
Hérons garde-boeufs, limicoles et phacochères
Marigot de Khant 2019 11 1, 11h19 / @ Photo par Frédéric Bacuez, avec B. P.
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