13, aparté mémoriel: Norbert Zongo, déjà 12 ans...
Déjà douze ans jour pour jour - le maudit 13 décembre 1998 du coté de Sapouy - que le journaliste burkinabè Norbert Zongo a été assassiné et réduit par le feu par les sicaires de qui l'on sait... Loin de Ouagadougou, sans m'étendre sur les raisons d'en faire ici une notule, mes deux grands garçons et moi avons ce jour une pensée pour lui, sa maman, les siens et mes camarades "de combat". Pour ce blog totalement dédié aux libres et beaux oiseaux, qu'on déplume ici comme là-bas, je relis ce matin quelques écritures de Norbert*; je vous livre ci-après les extraits de son éditorial du 30 septembre 1997, intitulé 'De la Terre' :
* 'Le sens d'un combat', recueil d'éditoriaux de Norbert Zongo
/ Centre national de presse-Norbert Zongo (CNP-NZ), Ouagadougou, 2000 05 3
Ci-contre: jaquette DVD du documentaire 'Borry Bana, le destin fatal de Norbert Zongo' / SemFilms 2003, Ouagadougou, et Institut PANOS
" (...) Certains agissent comme s'ils devaient quitter notre terre pour une autre planète. Plus près de nous, des hommes agissent comme s'ils devaient quitter leur propre pays pour s'exiler ailleurs. Encore plus près, d'autres se conduisent comme s'ils n'appartenaient plus à la société dans laquelle ils vivent, comme s'ils pouvaient s'en écarter, s'isoler, s'y soustraire pour vivre comme la chenille dans son cocon.
Il y a donc une certitude: nous ne quitterons pas la Terre pour une autre planète. Les problèmes de cette terre seront nos problèmes à tous.
De cette certitude découlent beaucoup d'autres, par exemple: la portion de la terre que nous habitons représente, pour chacun de nous, la Terre entière, comme si on l'avait partagée pour donner à chacun de nous un morceau qu'il doit protéger au nom de toute l'entité. Les problèmes de cette portion de terre sont les problèmes de tout le monde. Une évidence qu'il faut souligner.
(...) A quelque point de la Terre où nous nous trouvons, nous avons tous, indépendamment de la couleur de notre peau, une responsabilité vis-à-vis de la Terre. Les problèmes environnementaux nous le font constater.
Une conclusion de tout cela s'impose: le patriotisme est une obligation planétaire. Chacun de nous étant responsabilisé dans la conservation et le développement de sa portion de terre, nous sommes tenus de l'aimer et de nous sacrifier pour elle (...)
A quoi voulons-nous aboutir ? A ceci: chacun de nous doit sentir la responsabilité qui lui incombe d'agir et d'influencer, à partir de sa position sociale, le comportement d'ensemble de la société. Cette responsabilité, nous devons l'exercer durant toute notre existence. Dès lors, on comprend très bien pourquoi certains tiennent très bien leur portion de terre et pourquoi d'autres la mettent en péril à chaque instant.
Ce qui différencie les Hommes serait donc leur degré de participation à la vie de leur société, c'est à dire à la pérennité de leur portion de terre. Nous, pays africains, ne sommes pas seulement des pays sous-développés porteurs d'énormes risques (...), nous sommes des pays où l'individu n'a pas une claire conscience de l'impact que peut avoir son action dans l'évolution de sa société entière. (...) "
- Norbert Zongo alias Henri Sebgo, in L'Indépendant n°214, 1997 09 30
Voir aussi le blog du 10e anniversaire: http://norbertzongo10ans.blogspot.com/
Ci-dessous: extrait du film 'Borry Bana', par Abdoulaye Ménès Diallo, Gideon Vink, Luc Damiba:
février 2003, Augustine, la mère de Norbert, se rend sur la tombe de son fils, entourée de quelques proches et en toute discrétion... pour la première fois, quatre ans après le drame. Lire aussi: http://www.evenement-bf.net/pages/tribune_22.htm, par Fretback
Voir aussi le blog du 10e anniversaire: http://norbertzongo10ans.blogspot.com/
Ci-dessous: extrait du film 'Borry Bana', par Abdoulaye Ménès Diallo, Gideon Vink, Luc Damiba:
février 2003, Augustine, la mère de Norbert, se rend sur la tombe de son fils, entourée de quelques proches et en toute discrétion... pour la première fois, quatre ans après le drame. Lire aussi: http://www.evenement-bf.net/pages/tribune_22.htm, par Fretback
Bonjour Frédéric, voici ce vers de saint-john perse :"quand la violence eut renouvelé le lit des hommes sur la terre"; je te salue dans ce triste souvenir comme je salue ceux et celles qui l'accompagnent;merciet amitiés: thibault
RépondreSupprimerMerci, sincèrement, Thibault.
RépondreSupprimerC'est bizarre, d'ici ou là-bas, c'est la première fois que je ne participe d'aucune commémoration ou action du souvenir pour Norbert... Le temps passe aussi pour les veilleurs (ou les 'porteurs de valises' - pas ceux de notre triste époque, hélas, mais ceux de la guerre de libération algérienne): dans l'extrait du doc, l'incomparable ki-Zerbo lui aussi nous a quittés, depuis. D'autres sont fatigués, ou ont délaissé... journalisme de combat et photographie engagée, hi hi... En exil.
Amitiés. Frédéric ex Fretback