19, c'est un Taphien... de Maurice qui dort dans le jardin !

 Un Taphien de Maurice - Taphozous mauritianus, sur le tronc d'un Terminalia du jardin
Bango 2010 12 8 vers midi / © Photo par Frédéric Bacuez

* Bango. Marigot de Djeuss, côté saumâtre -

SOIR-

Depuis le 7 décembre c'est un Taphien de Maurice (Taphozus mauritianus, Mauritian Tom Bat) qui dort en solitaire dans mon jardin. C'est Emmanuel Cosson, du Groupe des Chiroptères de Provence* (GCP, France), qui le premier m'avait mis sur la piste des Emballonures. Manu écrivait : " une chose est certaine ce ne sont pas des pipistrelles. C'est un taphien ou taphozus. Tête plate, museau triangulaire sans poil, oreilles asymétriques avec plis nombreux, position typique sur mur ou tronc. Je n'ai vu qu'une seule espèce de taphien en Mauritanie ". Un grand merci à toi, Manu ; c'est un plaisir d'apprendre, un peu plus chaque jour, sur mère nature. 

Breaking news (2022 05 9) : Le groupe Afribats d'INaturalist confirme définitivement l'ID précise du Taphozus en question. J'avais le choix entre trois possibilités : Taphien à ventre nu (Taphozus nudiventris, Naked-rumped Tom Bat), mon premier essai qui s'est avéré faux ; Taphien perforé (Taphozus perforatus, Egyptian Tom Bat) ; et Taphien de Maurice, celui qui a la répartition africaine la plus large, nettement mieux distribué dans le bassin central de l'Afrique 'congolaise', Madagascar et l'Océan Indien que dans notre septentrion sénégalo-mauritanien aride. Et pourtant... c'est bel et bien un Taphien de (l'île) Maurice (et non de Mauritanie !) qui a choisi mon jardin riverain du Djeuss bangotin, sur les confins sénégalo-mauritaniens.

Voir : https://www.inaturalist.org/observations/115889433

Ce matin du 19 décembre, la chauve-souris est toujours accrochée au tronc nervuré du Terminalia ('arbre à étages') de mon jardin, en général à l'abri des alizés venant du fleuve, tournée vers le sud/sud-est. Faisant corps avec le tronc à hauteur relativement basse de l'arbre, le micro-chiroptère - tout de même d'une taille double de celle d'une pipistrelle, au moins-, dort seul à la lumière, pas caché mais seulement d'un oeil ;  il tourne vite autour du tronc quand il s'agace de ma présence, sous son nez. Comme les centaines d'autres Chiroptères qui habitent les parages du Djeuss bangotin, il s'envole avant la nuit mais après le coucher du soleil, papillonnant et virevoltant vers les eaux du marigot qu'il peut effleurer pour s'abreuver, avant de rejoindre la plaine alluviale pour chasser les insectes : tout particulièrement les papillons de nuit dont le taphien raffole.

Nota : micro-chiroptère de la famille des Emballonures (Emballonuridae, 5 espèces du Genre en Afrique sub-saharienne), les taphiens (Tomb Bat) ont trois représentants dans le nord du Sénégal : le Taphien perforé (Taphozus perforatus, Egyptian Tom Bat), le Taphien à croupion nu (à ventre nu, Taphozus nudiventris), plus déserticole. Et notre mauricien - on se demande ce qu'il fout là, lui, comme si le confort insulaire des îles ou la forêt profonde de la cuvette congolaise n'était pas plus agréable que la rudesse de nos contrées balayées par l'harmattan, le sable et le cagnard...

* Groupe des Chiroptères de Provence (GCP, France) : http://www.gcprovence.org/

En haut et ci-dessous : 

Taphien de Maurice sur le tronc d'un Terminalia, 

2010 12 8, 12h40 (à g.) et 2010 12 7 18h35 (à d.) / © Photos par Frédéric Bacuez