16, un gobemouche gris fait une halte dans le jardin
2015 05 16 13h, gobemouche gris migrateur prénuptial stationné, Bango, Saint-Louis-du-Sénégal / © Photo par Frédéric Bacuez |
* Bango. Impasse Gustave Pelloux -
MIDI-
Depuis hier, un gobemouche gris (muscicapa s. striata, spotted flycatcher) stationne dans le jardin. Comme avant lui les rougequeues à front blanc (phoenicurus phoenicurus) de l'hiver tropicalisé, le chasseur d'insectes est immédiatement reconnaissable, pas tant par ses caractéristiques physiques, ternes, mais par ses comportements typiques du 'gobeur' d'insectes ailés: droit sur son perchoir bien en évidence, comme le dos d'une chaise de jardin - ainsi que le faisaient les rougequeues en hiver-, ou les branches nues d'un baobab-chacal - le même que pour les rougequeues...-, le passereau observe les alentours, hochant de temps à autre la queue bien que moins fréquemment que les rougequeues; soudain il s'élance dans les airs sur quelques mètres le temps d'attraper au vol une mouche avant de reprendre la même place, sur le même perchoir, pour déguster le mets. Pas bêtes, tous ces insectivores ! Ils aiment chasser près de l'abreuvoir des granivores et de la déchetterie alimentaire des Hommes; là, ils sont assurés de trouver toutes les proies qu'ils veulent, sans effort... Avec la saison des mangues qui débute, notre voyageur au long cours a un avantage sur ses prédécesseurs de l'hiver, les rougequeues partis depuis un mois*: les mouches sont plus dodues, plus nombreuses, plus vertes et bleues...
Additif: arrivé (du sud) dans le jardin le 15 mai, le gobemouche gris (muscicapa s. striata) avait déjà disparu le 17 mai, ayant probablement continué sa route (du nord) dans la nuit du 16 au 17. En revanche, ce même 17 mai à 16h25 vu un gobemouche noir (ficedula hypoleuca), migrateur prénuptial stationné dans les arbustes riverains des marais du Lampsar.
* Voir sur Ornithondar: Migration prénuptiale: les rougequeues du jardin sont partis, 2015 04 17
Une migration "discrète et parfois inaperçue"*1
Additif: arrivé (du sud) dans le jardin le 15 mai, le gobemouche gris (muscicapa s. striata) avait déjà disparu le 17 mai, ayant probablement continué sa route (du nord) dans la nuit du 16 au 17. En revanche, ce même 17 mai à 16h25 vu un gobemouche noir (ficedula hypoleuca), migrateur prénuptial stationné dans les arbustes riverains des marais du Lampsar.
* Voir sur Ornithondar: Migration prénuptiale: les rougequeues du jardin sont partis, 2015 04 17
Une migration "discrète et parfois inaperçue"*1
Nota: le gobemouche gris (muscicapa s. striata) est l'un des tout derniers passereaux paléarctiques à quitter l'Afrique, surtout guinéenne, pour sa migration prénuptiale. Selon Morel*, sa migration prénuptiale ("27 avril-16 mai"!), comme la migration postnuptiale, est brève, "discrète et parfois inapercue" (sans doute parce qu'elle se fait sur un large front à travers l'Afrique de l'ouest et le Sahara). Le contraire de son cousin le gobemouche noir (ficedula hypoleuca), dont la migration postnuptiale via le delta sénégalais est intense, massive, mais seulement sur quelques jours en septembre*2, parfois début octobre - elle peut donc, aussi, passer inaperçue; sa remontée printanière en revanche est quasiment indétectable !
Comme souvent, les sujets qui hivernent le plus loin vers le sud seront aussi ceux qui voleront le plus loin vers le nord, jusqu'aux confins de la taïga péri-arctique. Comme chez d'autres espèces (les traquets motteux, par exemple) les plus tardifs sont les plus septentrionaux - c'est probablement le cas de notre gobemouche du jour, cf. photo en haut de notule: l'infatigable chasseur d'insectes ne peut atteindre les lointains scandinaves ou russes qu'à la condition qu'il y ait suffisamment à becqueter après la fonte des neiges, là-bas... Avec le changement climatique en cours, et les bouleversements spectaculaires qui l'accompagnent, nos petits oiseaux grands voyageurs peinent parfois à s'adapter aux nouvelles perturbations: le printemps est de plus en plus précoce en Europe - et chaotique... Avec lui, l'explosion des insectes démarre aussi plus tôt, alors que nos gobemouches traînent encore sous les latitudes tropicales; c'est autant de provisions alimentaires qui leur échappent, du coup, au moment où les reproducteurs puis leurs nichées en auraient le plus besoin...
*1 In Les oiseaux de Sénégambie: notices et cartes de distribution, par G. Y. et M.-Y. Morel, IRD Editions
*2 Voir sur Ornithondar: Les gobemouches noirs en transit, par dizaines, 2011 09 27 et Un gobemouche noir et un rougequeue à front blanc dans le jardin sénégaulois, 2013 11 8
Trois espèces de passereaux insectivores,
de l'Afrique (Sénégal, à g.) à l'Europe (France, à d.) et vice versa !...
Ci-dessous, de haut en bas et de g. à d.:
Gobemouche gris, Bango (Sénégal), 2015 05 16 & Plateau de Samance (Haute Savoie, France), 2014 09 6
Rougequeue à front blanc mâles, adulte à Bango (Sénégal), 2015 03 20 & Plateau de Samance (Haute Savoie, France), 2012 08 5
Gobemouche noir, digue de Bango (Sénégal), 2011 09 27 & Plateau de Samance (Haute Savoie, France), 2014 09 6
/ © Photos par Rozenn Le Roux pour Ornithondar (en bas à g.) & © Frédéric Bacuez
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