1, un vautour de Rüppell dans les Trois-Marigots
2015 05 1, vautour (gyps) de Rüppell dans les Trois-Marigots / Courtesy © photo par Alix Mignot pour Ornithondar |
* Aire communautaire patrimoniale des Trois-Marigots -
APREM'-
C'est dans le Djolof et le Djambour, en particulier dans le triangle*2 Mpal-Keur Momar Sarr (au nord)-Darou Mousti (au sud) que l'on aura le plus de chance d'observer le vautour (gyps) de Rüppell (gyps rueppellii), l'un des cinq vautours résidents de notre zone avec le charognard commun (necrosyrtes monachus), le vautour africain (gyps africanus), le vautour oricou (torgos tracheliotus) et le vautour à tête blanche (trigonoceps occipitalis), auxquels viennent se joindre en hiver deux à trois espèces paléarctiques, le vautour fauve (gyps fulvus), le percnoptère d'Egypte (neophron percnopterus), et de plus en plus régulièrement bien qu'à l'unité, le vautour moine (aegypius monachus).
Ce jour, Alix et Daniel Mignot ont eu le plaisir de rencontrer un vautour de Rüppell dans les Trois-Marigots, un peu au nord de l'aire habituelle de 'travail' des nécrophages tropicaux. Le gyps était perché sur un baobab, seul. C'est la première fois que nos amis naturalistes, sans doute les ornithos les plus réguliers dans les Trois-Marigots, observent un vautour dans la zone de l'aire patrimoniale et sa périphérie, sur la dune arborée entre le marigot de Khant nord et le marigot de N'Guisset. Pour sa part, Ornithondar avait photographié dans le même domaine des Trois-Marigots un vautour africain passant haut dans le ciel entre le marigot de Khant et le marais de Toddé, le 15 janvier 2013 (Voir ICI sur Ornithondar); et tout récemment dans le continuum septentrional des Trois-Marigots, avec les mêmes Alix et Daniel, un vautour fauve en migration prénuptiale par-dessus le Ndiaël (RSAN), le 9 mai 2015 (Voir ICI sur Ornithondar).
2015 05 1, vautour de Rüppell sur baobab, Trois-Marigots / Courtesy © photo Alix & Daniel Mignot pour Ornithondar |
Nota: l'observation de vautours dans le bas-delta du Sénégal n'est pas fréquente mais pas exceptionnelle. Ornithondar a plusieurs fois noté le survol des plaines alluviales du fleuve, tant coté sénégalais que mauritanien, y compris en saison sèche, par des sujets solitaires, toujours en déplacement sud-est>nord-ouest: probablement des erratiques immatures en quête de territoires favorables - hélas, en pure perte...
- En revanche, les populations sénégalaises (et peut-être gambiennes) se déplacent du sud vers le nord du pays avec les flux de mousson: en juillet*3, il est régulier d'observer dans le ciel deltaïque des groupes de 40 à 60 individus en vol lâche et altidunal; les nécrophages, essentiellement des vautours africains (gyps africanus), s'adaptent en fait à la progression du Front inter-tropical (FIT) et de ses pluies vers les confins pré-sahariens. Quand l'herbe tendre repousse, le bétail meurt moins... En revanche, la première grande averse est souvent une aubaine pour les équarrisseurs du ciel: on sait qu'au Sahel la première pluie d'importance charrie vers les bas-fonds, les mares et autres boulis non seulement de l'eau mais aussi toutes les saloperies des huit à neuf mois passés dans l'harmattan, la poussière et tous les miasmes de l'interminable saison sèche... Et le bétail assoiffé se précipitant vers le moindre trou d'eau fétide meurt facilement de ce premier breuvage de tous les dangers ! Les vautours le savent sans doute... C'est ainsi que nombre d'entre eux volent alors vers la Mauritanie, jusqu'à la latitude de Nouakchott, pour quelques semaines de ripailles...
- D'autre part, on note depuis les années '90 de l'autre siècle l'apparition de mouvements trans-sahariens effectués par des vautours africains (gyps africanus) et même quelques vautours de Rüppell (gyps rueppellii). Le renforcement des effectifs du vautour fauve (gyps fulvus), un migrateur européen qui séjourne de plus en plus nombreux au Sénégal en hiver, en est peut-être la cause. Lors de sa remontée prénuptiale vers le nord du Sahara, en particulier en mai*1, l'influent vautour fauve entraîne à l'évidence dans son sillage ses 'amis' africains vers de nouvelles aventures... D'autant que là-bas, le sort des charognards devient de moins en moins aléatoire, notamment dans la péninsule ibérique, où la technique des charniers permet de nourrir à satiété les nécrophages du cru ! Autour du détroit de Gibraltar, l'observation de 'nos' vautours subsahariens par nos collègues marocains (au Djebel Moussa) et espagnols (du coté de Tarifa) fait le bonheur des gazettes ornithologiques, là-bas ! Et si 'nos' vautours sentant leur fin inéluctable en Afrique de l'ouest tentaient d'aller voir ailleurs si l'herbe y est plus verte ?... Eh oui ! Pourquoi diantre les bipèdes humains seraient-ils les seuls à rechercher leur survie dans la fuite ?
- En revanche, les populations sénégalaises (et peut-être gambiennes) se déplacent du sud vers le nord du pays avec les flux de mousson: en juillet*3, il est régulier d'observer dans le ciel deltaïque des groupes de 40 à 60 individus en vol lâche et altidunal; les nécrophages, essentiellement des vautours africains (gyps africanus), s'adaptent en fait à la progression du Front inter-tropical (FIT) et de ses pluies vers les confins pré-sahariens. Quand l'herbe tendre repousse, le bétail meurt moins... En revanche, la première grande averse est souvent une aubaine pour les équarrisseurs du ciel: on sait qu'au Sahel la première pluie d'importance charrie vers les bas-fonds, les mares et autres boulis non seulement de l'eau mais aussi toutes les saloperies des huit à neuf mois passés dans l'harmattan, la poussière et tous les miasmes de l'interminable saison sèche... Et le bétail assoiffé se précipitant vers le moindre trou d'eau fétide meurt facilement de ce premier breuvage de tous les dangers ! Les vautours le savent sans doute... C'est ainsi que nombre d'entre eux volent alors vers la Mauritanie, jusqu'à la latitude de Nouakchott, pour quelques semaines de ripailles...
- D'autre part, on note depuis les années '90 de l'autre siècle l'apparition de mouvements trans-sahariens effectués par des vautours africains (gyps africanus) et même quelques vautours de Rüppell (gyps rueppellii). Le renforcement des effectifs du vautour fauve (gyps fulvus), un migrateur européen qui séjourne de plus en plus nombreux au Sénégal en hiver, en est peut-être la cause. Lors de sa remontée prénuptiale vers le nord du Sahara, en particulier en mai*1, l'influent vautour fauve entraîne à l'évidence dans son sillage ses 'amis' africains vers de nouvelles aventures... D'autant que là-bas, le sort des charognards devient de moins en moins aléatoire, notamment dans la péninsule ibérique, où la technique des charniers permet de nourrir à satiété les nécrophages du cru ! Autour du détroit de Gibraltar, l'observation de 'nos' vautours subsahariens par nos collègues marocains (au Djebel Moussa) et espagnols (du coté de Tarifa) fait le bonheur des gazettes ornithologiques, là-bas ! Et si 'nos' vautours sentant leur fin inéluctable en Afrique de l'ouest tentaient d'aller voir ailleurs si l'herbe y est plus verte ?... Eh oui ! Pourquoi diantre les bipèdes humains seraient-ils les seuls à rechercher leur survie dans la fuite ?
Les vautours au Sénégal (centre et nord), par ordre de fréquence
- et leur statut à la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN):
- Vautour (gyps) africain (Gyps africanus, African White-backed Vulture) - classé 'NT/ Near threatened-Quasi menacée' [2007-2008] puis EN/Endangered-En danger [2012] (Lire ICI) / CORRECTIF 2016 - CR/Critically Endangered-En danger critique d'extinction [2015-2016] / Jusqu'à peu le plus répandu et commun de nos vautours africains; aujourd'hui 270 000 ind. pour tout le continent: déclin des effectifs ouest-africains de 90% (cf. J.M. Thiollay, 2006) !
- Charognard commun (Necrosyrtes monachus, Hooded Vulture) - classé EN/Endangered-En danger [2011-2012] (Lire ICI) / CORRECTIF 2016 - CR/Critically Endangered-En danger critique d'extinction [2015-2016] / 197 000 ind. pour toute l'Afrique. Jusqu'à peu indissociable des grandes cités de la région: déclin vertigineux et encore inexpliqué depuis 15 ans en Afrique de l'ouest
- Vautour (gyps) de Rüppell (Gyps rueppellii, Rüppell's Griffon Vulture) - classé 'NT/ Near thretened-Quasi menacée' [2007-2008] puis EN/Endangered-En danger [2012-2014] (Lire ICI) / CORRECTIF 2016 - CR/Critically Endangered-En danger critique d'extinction [2015-2016] / Déclin "extrêmement rapide en particulier en Afrique de l'ouest": -96% au Mali ! Relativement stable en Gambie, statut stable mais défavorable au Sénégal
- Vautour fauve (Gyps fulvus, Eurasian Griffon Vulture) - classé LC/ Least concern-préoccupation mineure' [2004-2016] (Lire ICI) / Hivernage en augmentation au Sénégal suite à l'expansion des populations européennes
- Vautour oricou (Torgos tracheliotos, Lapped-faced Vulture) - classé 'VU/ Vulnerable-Vulnérable' [2000-2008] (Lire ICI) / CORRECTIF 2016 - EN/Endangered-En danger [2015-2016] / 8 000 ind. pour toute l'Afrique. A peine ~500 couples pour toute l'Afrique de l'ouest et le Sahara; déclin de 97% des effectifs ouest-africains de l'espèce (la plus grande du continent africain) !
- Percnoptère d'Egypte (Neophron percnopterus, Egyptian Vulture) - classé 'EN/ Endangered/En danger' [2007-2017] (Lire ICI) / Hivernage d'ind. venant des toujours précaires colonies européennes (3 300 à 5 050 couples), essentiellement espagnoles. La population résidente africaine est au Sénégal réduite à quelques sujets localisés dans le sud-est du pays
- Vautour à tête blanche (Trigonoceps occipitalis, White-headed Vulture) - classé 'VU/ Vulnerable-Vulnérable' [2007-2012] (Lire ICI) / CORRECTIF 2016 - CR/Critically Endangered-En danger critique d'extinction [2015-2016] / Le plus menacé des vautours du Sénégal: depuis la fin des années '40 de l'autre siècle, a décliné jusqu'au seuil de son extinction de la plupart des régions ouest-africaines. 2 600 à 4 700 couples pour toute l'Afrique (cf. Mundy et al., 1992)
- Vautour moine (Aegypius monachus, Eurasian Black Vulture) - classé NT/ Near threatened-Quasi menacé' [2004-2017] (Lire ICI) / Hivernage de sujets immatures au Sénégal (région de Kaolack) depuis la fin des années 2000 suite au lent regain des populations européennes de l'espèce (la plus grande du Paléarctique occidental)
*1 En mai, certains de nos vautours de Rüppell estivent désormais jusqu'en Europe !, 2014 05 24
*2 Le triangle des vautours, 2014 01 24
*3 45 gyps africains remontent vers les confins maures, 2010 07 12
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