17, tour du Djeuss: Rhynchées peintes, Spatules d'Europe et d'Afrique
Couple de rhynchées peintes dans les herbiers du Djeuss 'doux' 2015 05 17, 16h / © Photo par Frédéric Bacuez |
* Retenue du Djeuss, par la digue bangotine et la route de Diama -
APREM', 16h-17h05 -
En véhicule 4x4. avec Alix & Daniel Mignot.
Temps: stable, avec un ciel légèrement laiteux suite au renforcement hygrométrique de ces derniers jours - accompagné d'entrées maritimes du matin et de fin de journée
OISEAUX / 37 espèces cochées
REPTILES / 1 espèce cochée
Vu:
- Pélican gris (pelecanus rufescens, pink-backed pelican), 2 ind. nagent devant les bosquets de palétuviers [mangrove de Bango coté Djeuss 'saumâtre']
- Pélican blanc (pelecanus onocrotalus, great white pelican), 78 ind. en déplacement nord>sud [par-dessus la plaine rizicole de Bango/Mboubeune et le réservoir du Djeuss]
- Cormoran africain (phalacrocorax africanus, long-tailed cormorant)
- Ouette d'Egypte (alopochen aegyptiaca, egyptian goose), 2 ind. dans les nouveaux casiers rizicoles [de Mboubeune]
- Crabier chevelu (ardeola ralloides, squacco heron), dont quelques ind. dans une curée
- Héron garde-boeuf (bubulcus ibis, cattle egret)
- Aigrette garzette (egretta garzetta, little egret), dont quelques ind. dans une curée (cf. photos en bas de notule)
- Grande aigrette (egretta garzetta, little egret), dont plusieurs ind. (15+ ind.)dans une curée (cf. photos en bas de notule)
- Aigrette intermédiaire (egretta intermedia, intermediate egret), quelques ind. (~10 ind.) dans une curée (cf. photos en bas de notule)
- Héron cendré (ardea cinerea, grey heron), dont 2 ind. immatures dans les herbiers
- Héron pourpré (ardea purpurea, purple heron), dont 1 ind. immature dans les herbiers (cf. photo ci-dessous)
- Tantale ibis (mycteria ibis, yellow-billed stork), 4 à 5 ind. immatures dans une curée menée par des spatules européennes et africaines (cf. photos en bas de notule)
- Ibis falcinelle (plegadis falcinellus, glossy ibis), en tout 3 ind. solitaires dans les herbiers
- Spatule d'Afrique (platalea alba, african spoonbill), 30+ ind. avec une cinquantaine de spatules d'Europe pour une curée printanière (cf. photos en bas de notule)
- Spatule blanche (platalea leucorodia, eurasian spoonbill), 50+ ind. majoritairement immatures - dont au moins quatre sujets bagués !- dans une curée mélangeant quatre espèces d'ardéidés et des spatules d'Afrique (cf. photos en bas de notule)
- Dendrocygne veuf (dendrocygna viduata, white faced whistling duck), petits groupes plus ou moins d'importance (de 2 à ~25 ind.) un peu partout sur les herbiers, en train de fouiller la vase (16h+)
- Busard des roseaux (circus aeruginosus, western marsh harrier), 1 ind. femelle immature/subadulte poursuivi par deux à trois vanneaux éperonnés
- Râle à bec jaune (amaurornis flavirostra, black crake)
- Gallinule poule-d'eau (gallinula chloropus, common moorhen), 1 ind.
- Talève sultane (porphyrio porphyrio ssp. madagascariensis, african swamphen), plusieurs ind. au gagnage de fin d'après-midi (16h+)
- Jacana à poitrine dorée (actophilornis africanus, african jacana)
- Échasse blanche (himantopus himantopus, black-winged stilt), dont 1 ind. dans les nouveaux casiers rizicoles [de Mboubeune]
- Vanneau éperonné (vanellus spinosus, spur-winged lapwing)
- Rhynchée peinte (rostratula b. benghalensis, greater-painted-snipe), 2 ind en cc (femelle et mâle) en compagnie de deux dendrocygnes veufs [herbiers du Djeuss] + 1 ind. mâle [marais au pied de digue] (cf. photos ci-dessous et en haut de notule)
- Mouette à tête grise (larus cirrocephalus ssp. poiiocephalus, grey-headed gull), vol passant de ~20 ind. [amont>aval] + 50+ ind. au repos dans les herbiers [du Djeuss 'doux']
- Coucal du Sénégal (centropus senegalensis, Senegal coucal), 1 ind.
- Calao à bec noir (tockus nasutus, african grey hornbill), 1 ind. subadulte
- Alcyon pie (ceryle r. rudis, pied kingfisher)
- Guêpier nain (merops p. pusillus, little bee-eater)
- Guêpier à gorge blanche (merops albicollis, white-throated bee-eater), quelques ind. sur les arbustes le long de la digue de Mboubeune
- Cochevis huppé (galerida cristata ssp. senegallensis, crested lark)
- Cisticole roussâtre (cisticola galactotes ssp. amphilectus, winding cisticola), 1+ ind. aperçu
- Prinia modeste (prinia subflava, tawny-flanked prinia), 1 ind. en vol, d'arbuste en arbuste [digue]
- Gobemouche noir (ficedula hypoleuca, pied flycatcher), 1 ind. migrateur prénuptial stationné dans la ripsylve arbustive de la digue coté marais du Djeuss 'doux' [Lire aussi ICI sur Ornithondar]
- Souïmanga à longue queue (cinnyris pulchellus, beautiful sunbird), assez nombreux avec poursuites nuptiales et territoriales
- Choucador à oreillons bleus (lamprotornis c. chalybaeus, greater blue-eared starling), 1 ind.
- Tisserin à tête noire (ploceus melanocephalus ssp. capitalis, black-headed weaver)
Entendu:
Cisticole roussâtre (cisticola galactotes ssp. amphilectus) /
Rhynchée peinte:
pour une fois chez les oiseaux, c'est madame qui porte les couleurs - et la culotte !
Lire: Rostratula benghalensis, in BirdLife International et Rhynchée peinte, in Oiseaux-birds.com
Là où le Lampsar se divise en deux branches - le N'Galam et le Djeuss-, un vaste marécage malheureusement envahi par les typhaies s'étale jusqu'à la route de Diama. Au pied de la voie surélevée, le marais encore ouvert résiste à la poussée invasive des roseaux, autorisant une plus grande diversité d'oiseaux que dans les massettes trop denses. Cet après-midi, cent cinquante échassiers arpentent le périmètre, groupés et têtes baissées, pour piller de concert les herbiers visiblement riches de proies: tous réunis dans une même pêche collective, des aigrettes (grande, intermédiaire, garzette), des crabiers chevelus (ardeola ralloides), quelques tantales ibis (mycteria ibis) et surtout des dizaines de spatules blanches d'Europe (platalea leucorodia) et spatules d'Afrique (platalea alba) gloussent de contentement et s'effarouchent involontairement, créant momentanément un début d'envol vite reposé avant que l'avancée et le piétinement de ces centaines de pattes ne reprennent le carnage qu'on appelle fort à propos une curée... Difficilement visibles dans les herbes, les pattes de quelques spatules blanches portent des bagues-en-veux-tu-en-voilà ! Au moins trois sujets, d'une cohorte essentiellement formée d'immatures (spatules mais aussi les tantales ibis), arborent fièrement ces bagues et drapeaux colorés (cf. photos ci-dessous). L'écrasante majorité des spatules blanches (eurasiennes) sont des non reproducteurs qui vont estiver dans notre bas-delta jusqu'à la prochaine migration prénuptiale du printemps 2016.
En rappel sur Ornithondar: la curée dans la plaine de Biffeche, 1 / 2013 12 6; 2 / 2013 12 12; 3 / 2013 12 16
Rhynchée peinte:
pour une fois chez les oiseaux, c'est madame qui porte les couleurs - et la culotte !
A quelques encablures de la digue-barrage de Bango en pleine refondation, un couple de rhynchées peintes (rostratula b. benghalensis) parvient à se dissimuler à notre regard pendant quelques minutes, quasiment au pied de la piste, dans les herbiers du Lampsar... Les deux limicoles finissent par rejoindre, quelques mètres plus loin dans le marais, un autre duo, celui-là de dendrocygnes veufs (dendrocygna viduata) au premier pacage du soir... Un troisième sujet sera observé un peu plus loin, en contrebas de la digue qui mène vers Mboubeune.
Les rhynchées peintes sont des limicoles afro-asiatiques à large distribution. Sa présence dans le nord du Sénégal est circonscrite à la basse et à la moyenne vallée du Sénégal, depuis l'île à Morphil en amont du fleuve jusqu'au seuil du Gandiolais à l'aval, en incluant le lac de Guiers, le Ndiaël et les Trois-Marigots. Cette enclave est séparée de l'aire de répartition globale de l'espèce qui court d'ouest en est, en gros des Niayes de Dakar à l'Erythrée. L'espèce étant vagabonde, on peut envisager que les rhynchées peuvent sans difficulté échanger avec le gros des troupes qui stationne au sud du 15e parallèle. Dans la vallée du fleuve Sénégal, les oiseaux sont tributaires de la qualité plus que de la quantité des eaux, dans lesquelles elles se nourrissent d'insectes mais aussi de mollusques, de vers et de graines de céréales (riz sauvage comme domestique) ou de graminées des marais. Jusqu'à ces derniers mois, avant la dernière saison des pluies calamiteuse et surtout avant les travaux hydrauliques qui refaçonnent toute la vallée, le marais de N'Digué, sur la piste qui mène au parc national du Djoudj, était probablement le meilleur spot deltaïque pour observer plusieurs dizaines de ces rhynchées peintes: souvent, elles restaient à l'ombre des tamarix senegalensis, à l'endroit le plus improbable du site, coté villageois, près d'une mare vite à sec, au milieu des immondices et des détritus volatiles...
Cet étrange limicole a quelque chose des bécassines paléarctiques quand il s'immobilise en pariant sur son mimétisme pour ne pas être repéré, et de la bécasse des bois européenne quand il s'envole pattes pendantes pour se reposer quelques mètres plus loin. Mais c'est son dimorphisme sexuel qui en fait un cas original chez les oiseaux: au contraire de très nombreuses espèces, c'est la femelle qui arbore les couleurs chatoyantes - vert, jaune, blanc et rouille (cf. photo en haut de notule, ind. à droite de l'image) ! Le mâle est de la même facture, mais en version terne, et sa taille est plus réduite. C'est aussi la femelle qui dirige les opérations amoureuses: c'est elle qui parade, tente d'attirer le regard de ces garçons dont elle use et abuse le plus souvent, en particulier dans les régions où les densités de rhynchées ne sont pas élevées - ce qui est le cas dans le nord-ouest du Sénégal: à peine conquis son amant, les affaires faites la voilà déjà à la poursuite d'un autre gogo ! Polyandrie, sexualité débridée: notre séductrice volage confie même la couvaison de ses œufs au géniteur d'oisillons qui ne connaîtront même pas leur mère, le plus souvent, déjà envolée vers d'autres conquêtes...
Cet étrange limicole a quelque chose des bécassines paléarctiques quand il s'immobilise en pariant sur son mimétisme pour ne pas être repéré, et de la bécasse des bois européenne quand il s'envole pattes pendantes pour se reposer quelques mètres plus loin. Mais c'est son dimorphisme sexuel qui en fait un cas original chez les oiseaux: au contraire de très nombreuses espèces, c'est la femelle qui arbore les couleurs chatoyantes - vert, jaune, blanc et rouille (cf. photo en haut de notule, ind. à droite de l'image) ! Le mâle est de la même facture, mais en version terne, et sa taille est plus réduite. C'est aussi la femelle qui dirige les opérations amoureuses: c'est elle qui parade, tente d'attirer le regard de ces garçons dont elle use et abuse le plus souvent, en particulier dans les régions où les densités de rhynchées ne sont pas élevées - ce qui est le cas dans le nord-ouest du Sénégal: à peine conquis son amant, les affaires faites la voilà déjà à la poursuite d'un autre gogo ! Polyandrie, sexualité débridée: notre séductrice volage confie même la couvaison de ses œufs au géniteur d'oisillons qui ne connaîtront même pas leur mère, le plus souvent, déjà envolée vers d'autres conquêtes...
Polyandrie, sexualité débridée:
notre séductrice volage confie même ses œufs au reproducteur passager
- déjà abandonné, vite cocufié:
il aura à charge et la couvaison et l'élevage des oisillons de la mère indigne
Lire: Rostratula benghalensis, in BirdLife International et Rhynchée peinte, in Oiseaux-birds.com
Ci-dessous: 2015 05 17 après 16h dans les herbiers du Lampsar 'doux'...
Rhynchée peinte, mâle - Duo de dendrocygnes veufs et autre mâle de rhynchée peinte dissimulée
Envol d'un héron pourpré immature - Couple de dendrocygnes veufs et postérieur de vache
/ © Photos par Frédéric Bacuez
Les spatules africaines et européennes ensemble pour la curée
Là où le Lampsar se divise en deux branches - le N'Galam et le Djeuss-, un vaste marécage malheureusement envahi par les typhaies s'étale jusqu'à la route de Diama. Au pied de la voie surélevée, le marais encore ouvert résiste à la poussée invasive des roseaux, autorisant une plus grande diversité d'oiseaux que dans les massettes trop denses. Cet après-midi, cent cinquante échassiers arpentent le périmètre, groupés et têtes baissées, pour piller de concert les herbiers visiblement riches de proies: tous réunis dans une même pêche collective, des aigrettes (grande, intermédiaire, garzette), des crabiers chevelus (ardeola ralloides), quelques tantales ibis (mycteria ibis) et surtout des dizaines de spatules blanches d'Europe (platalea leucorodia) et spatules d'Afrique (platalea alba) gloussent de contentement et s'effarouchent involontairement, créant momentanément un début d'envol vite reposé avant que l'avancée et le piétinement de ces centaines de pattes ne reprennent le carnage qu'on appelle fort à propos une curée... Difficilement visibles dans les herbes, les pattes de quelques spatules blanches portent des bagues-en-veux-tu-en-voilà ! Au moins trois sujets, d'une cohorte essentiellement formée d'immatures (spatules mais aussi les tantales ibis), arborent fièrement ces bagues et drapeaux colorés (cf. photos ci-dessous). L'écrasante majorité des spatules blanches (eurasiennes) sont des non reproducteurs qui vont estiver dans notre bas-delta jusqu'à la prochaine migration prénuptiale du printemps 2016.
En rappel sur Ornithondar: la curée dans la plaine de Biffeche, 1 / 2013 12 6; 2 / 2013 12 12; 3 / 2013 12 16
Ci-dessous:
une curée collective sur un marais du Lampsar, entre Djeuss et Ngalam...
une curée collective sur un marais du Lampsar, entre Djeuss et Ngalam...
Grandes aigrettes, aigrettes intermédiaires, aigrettes garzettes, crabiers chevelus, tantales ibis immatures, spatules d'Afrique et spatules blanches - dont des baguées !
2015 05 17 aprem' / © Photos par Frédéric Bacuez
AUTRES:
- Varan de l'ouest africain (varanus stellatus, West Africa Nile monitor), 1 ind. de taille relativement modeste
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