Rat roussard, le favori des carnassiers à poils et à plumes
2015 04 30, rat roussard du Nil / © Photo par Frédéric Bacuez |
* Bango. Impasse Gustave Pelloux -
APREM'-
Un rat roussard du Nil (arvicanthis niloticus, african grass rat) passe devant la porte d'entrée, à plusieurs reprises; je crois qu'il est attiré par les pelures des premières mangues de Pout (à ne pas confondre avec les langues de p... !), déposées avec un fond de riz, dans le sable de la cour, près de l'abreuvoir... Le petit rongeur ne veut pas traverser l'espace à découvert qui le sépare de la mangeoire et tente de longer les murs pour gagner l'aubaine alimentaire. Je pense surtout qu'il s'agit d'une jeune femelle, au seuil de la saison de reproduction, en quête d'un nouveau territoire colonial. Chez le rat roussard (comme chez les hippopotames, bah oui !), c'est une femelle qui quitte le clan devenu trop grand pour aller fonder, plus loin, un nouveau noyau familial. C'est la première fois que j'observe le rat roussard chez les Hommes, bien plus colonisés, à l'extérieur, par le cricétome des savanes (ex rat géant de Gambie, cricetomys gambianis) - lequel finit souvent en succulent civet, plus au sud chez ces sauvages de Niaks; et à l'intérieur, surtout dans la cuisine, par le petit et prolifique rat à mamelles multiples (mastomys erythroleucus) - qui occupe tant la patience des chats...
Nota: Arvicanthis niloticus... C'est le petit rongeur le plus abondant des brousses aux terrains meubles, dans la bande sahélo-soudanienne - du littoral sénégalo-mauritanien à l'Afrique orientale et dans toute la vallée du Nil jusqu'au delta égyptien. Affectionnant les parties basses et humides de la région, il a aussi besoin d'un minimum de couvert végétal: un buisson de tamarix senegalensis ou de salvadora persica servira d'abri indispensable à sa survie; une touffe d'herbes bien plantée, même au beau milieu d'une plaine sans arbre, fera très bien l'affaire pour que le petit rongeur puisse creuser son terrier, entre les racines. Il suffit de marcher près du fleuve Sénégal pour comprendre l'importance de la plaine de crue dans la prospérité du rongeur... Ce n'est pas un hasard si les busards (circus aeruginosus, surtout), les crécerelles (falco tinnunculus) et les élanions (elanus caeruleus) y font de très nombreux survols, en quête de ces proies, nombreuses et dodues, diurnes et crépusculaires... Ils ne sont pas les seuls: si le rat roussard fait le bonheur de l'effraie (tyto alba), qui en raffole, on sait que les échassiers comme le héron cendré (ardea cinerea) en font aussi des en-cas appréciés. Les mammifères carnivores ne sont pas en reste: mangouste ichneumon (herpestes ichneumon), chacal doré (canis aureus), renard pâle (vulpes pallida) et chat ganté (felis silvestris libyca) rivalisent de stratégies pour attraper le petit rat qui file à la moindre alerte. On imagine ce qu'il adviendrait de ces rapaces et mammifères très liés à la qualité des populations du rat roussard si celles-ci venaient à chuter. Évidemment, l'explosion actuelle de la riziculture devrait en favoriser... la croissance démographique; en attendant que les Hommes scandalisés par l'invasion ne protègent leurs nouvelles conquêtes par l'emploi immodéré du raticide !
Lire: Arvicanthis niloticus/
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