10, un loriot d'Europe fait une pause au marais de Gainthe

* Marais de Gainthe, parc national (des oiseaux) du Djoudj (PNOD) -

MIDI-

A 13h, je suis à peine arrivé dans la ceinture boisée du marais de Gainthe totalement à sec qu'un mâle de loriot d'Europe (oriolus o. oriolus, eurasian golden oriole, Lire: Inpn.mnhn.fr/Loriot d'Europe.pdf) s'envole d'un arbre dominant l'affût sur pilotis... En longeant les buissons de tamarix senegalensis coté marais, je tente de renouveler la fugace rencontre: recherche vaine... Comme il le ferait à la cime des peupliers en Europe, l'oriole a réussi à dissimuler son plumage jaune et noir vif dans la frondaison des prosopis qui forment ici un peuplement dense - presque à la fraîche, en tout cas à l'ombre...

Ci-contre: 2013 04 25, mâle de loriot d'Europe fraîchement rentré d'Afrique subsaharienne
Canal du Vigueirat, Arles (France) / © Photo par Frédéric Bacuez

Nota: comme le coucou gris (curulus canorus ssp.), le loriot d'Europe effectue une migration circulaire: à l'automne, la migration postnuptiale dans le sens Europe occidentale-Afrique subsaharienne est au Sénégal quasiment imperceptible. Certes quelques sujets sont décelés en octobre mais en trop faible quantité pour raisonnablement concerner un contingent significatif des populations du Paléarctique occidental. On pense donc que le gros des troupes traverse l'immense Sahara en diagonale, ou se rassemble dans les Balkans pour aborder l'Afrique par la vallée du Nil avant de rejoindre les quartiers d'hiver situés au sud de l'équateur (idem pour les coucous européens). En revanche, la migration prénuptiale remonte vers l'Europe sur un front élargi à l'ensemble du continent, y compris par l'ouest, donc aussi par le Sénégal. En avril et mai, et jusqu'aux premiers jours de juin, on pourrait même observer dans la vallée du fleuve Sénégal, singulièrement dans sa partie la plus basse, de Dagana au Gandiolais, de petites bandes lâches en vol sud-nord très décidé ! Il faut que la chaleur* ou des bourrasques tardives de l'harmattan soient anormalement fortes pour que nos loriots daignent s'arrêter: quelques heures de repos avant de vite continuer leur migration hâtive. C'est ma chance du jour, rare: le vent de sable se lève, et avec lui, la chaleur... Qu'il saisisse sa chance aussi, le loriot: demain sera bien plus poussiéreux et caniculaire !

* " (...) le 2 mai 1973, à 60 km au sud-est de Richard-Toll, deux femelles sont retirées mortes d’un château d’eau où elles avaient essayé de boire, un mâle y est repêché, encore vivant. Le 4 mai, deux autres femelles sont trouvées mortes, dans les mêmes conditions. La températre ces jours-là est de 49°. Le 14 mai, à Richard-Toll, par 45°, G.M. observe une femelle cherchant à entrer pour boire dans une volière. Même observation le 27 mai 1972 et une capture le 10 juin 1969, par des températures semblables. Ces quelques faits nous inclinent à penser que la migration prénuptiale des loriots est plus fournie et plus étalée dans le temps qu’il ne paraît. Seules les chaleurs excessives (supérieures ou égales à 45°), en les contraignant à faire halte et à s’abreuver, nous en rendent le passage perceptible. (...) "
In 'Les migrateurs paléarctiques au Sénégal: notes complémentaires', par Gérard J. Morel & Francis Roux, 'La Terre et la vie', revue d'écologie appliquée vol. 27, 1973

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