5, Gandiolais : dans la brousse inter-dunaire de Deegu Kakri

Dans le Gandiolais : sur le baobab, un Autour sombre et sa proie, un Calao de Kemp
2015 04 5, 17h  / © Photo par Frédéric Bacuez

* Le Gandiolais vers Deegu Kakri -

APREM'. 15h30-18h15-
En véhicule 4x4. Avec Alix & Daniel Mignot.
Météo : bise du nord, fraîche et sans particules: que du bonheur !

Incursion dans le Gandiolais intérieur à l'arrière du principal cordon dunaire, à l'abri des alizés marins. Là survit une brousse arborée, encore riche au-dessus de parterres impénétrables de Figuiers de Barbarie (Opuntia ficus-indica, cf. photos ci-après) - autant de refuges pour la petite faune des oiseaux et des mammifères noctambules. Acacias de toutes les couleurs de troncs, quelques baobabs, des Tamariniers (Tamarindus indica, en voie de disparition dans le bas-delta), des touffes éparses de palmiers, et ces extraordinaires barrières de cactées originaires du Mexique qui, ici comme sur le pourtour méditerranéen ont proliféré, offrant un visage singulier à ce littoral sahélien. La mauvaise pluviométrie de l'année n'a pas épargné les rustiques cactus à raquettes, fripées, rétractées, en manque d'eau : ils fructifient pourtant, en cette saison, pour le bonheur des oiseaux - et des singes !- qui s'en gavent jusqu'à la déraison. Rigolo, cet Agrobate menu (Cercotrichas -galactotes- minor) la face et le bec totalement mazoutés des chairs de figues goulûment dépecées avant d'être ingurgitées. Exceptionnelle, cette concentration des Calaos de Kemp (Tockus kempi) excités par les poires cactus ouvertes et dégoulinantes de jus. La gourmandise grégaire profite évidemment aux prédateurs tel ce magnifique Autour sombre (Melierax m. metabates) qui s'envole vers le baobab, alourdi par sa proie presque aussi grosse que lui, un calao victime de son imprudence. Idem dans les Gonakiers qui perdent leurs fleurs et reverdissent, à tout petit feu : hystériques, des nuées de souïmangas volettent de branches en branches tandis que Rougequeues à front blanc et fauvettes profitent de l'aubaine, avant le grand saut trans-saharien, pour gober tout ce qu'ils peuvent des insectes accourus en nombre pour le festival printanier. Depuis les sables nus jonchés de branchettes biscornues, les insectivores comme les Guêpiers verts (Merops viridissimus) s'élancent avec précision pour immanquablement saisir au vol mouches et agrions qui ont le tort de croiser dans ces parages florissants, avant de revenir sur leur frêle et instable perchoir, parfois carrément à même le sol - c'est peut-être ici le site où cette espèce de guêpier est la plus abondante, dans le bas-delta. Au sol toujours, les agrobates (Cercotrichas minor et podobe) et les Traquets bruns (Myrmecocichla aethiops) courent dans tous les sens, tandis que nos huppes impavides sondent, sondent et sondent encore...










Ci-contre : dans le Gandiolais intérieur, 
au sud de la 'réserve spéciale de Gueumbeul' (RSG) 
[tracé de l'itinéraire du jour, en rouge sur la carte]
/ © Photo satellitaire par Google Earth


La brousse littorale, pour combien de temps encore ?

Inévitablement c'est la question que les sentimentaux du Vivant se posent... Car, hélas, il suffit de peu de temps pour se rendre à l'évidence ; comme peau de chagrin, les petites brousses en zones anthropiques deviennent des lambeaux promis à la punition suprême : l'éradication. Dans ce Gandiolais-là, plutôt épargné jusqu'à récemment, trop loin de la grand'route à l'est, pas assez proche du fleuve et de la mer pour avoir un quelconque intérêt ludique, les jolis boisements vivent sans doute leurs ultimes équilibres. Touché par la sécheresse et la salinisation des basses terres, loin du laxisme des administrations citadines et de l'onirisme positiviste des uns et des autres, et surtout avec l'incommensurable pauvreté des petites - et "braves"- gens qui se répandent comme mosquées et daaras au soleil du Sahel, le Gandiolais n'en peut mais : il faut du bois, pour survivre, pour cuire le repas du jour combien sera-t-il unique, ou pour gagner quelques petits sous en alimentant, au loin, la ville qui compte, les "hub" miraculeux et leurs millions de croyants déterritorialisés. Il faut du sable, aussi, pour faire prospérer la seule chose qui tourne à plein, dans le pays, le bâtiment - et quand le bâtiment va, tout va, c'est ce qu'on dit. Alors, dans le Gandiolais, la coupe s'intensifie et les carrières avalent les dunes. Et d'autres anticipent :de plus en plus souvent au milieu de nulle part, la clôture coûteuse privatise le grand périmètre dégarni pour des lendemains qui chanteront, évidemment. Dix ans ? Allez ! vingt ans au maximum de décrépitude ni vue ni connue - et le prochain cycle trentenaire de sécheresses à répétition finira le travail. Ah ces ringards de naturalistes, ils nous emmerdent, à la fin ! Has been, va ! Rétrogrades, réactionnaires ! Mais qu'avez-vous donc contre notre "Progrès", hein ?

Ci-dessous : 
 fin d'après-midi dans le Gandiolais sur la piste du Deegu Kakri
2015 04 5 / © Photos par Frédéric Bacuez
- Cliquer sur les photos pour agrandir -


OISEAUX / 44 espèces 
MAMMIFÈRES / 3 + 1 espèces 

Vu :
  • Pélican blanc (pelecanus onocrotalus, great white pelican), ~100 ind. de part et d'autre de l'ex pont ferroviaire [marigot de Khor]
  • Pélican gris (pelecanus rufescens, pink-backed pelican), 9 ind. [marigot de Khor] + 14 et 2 ind. au repos avec un tantale [réserve spéciale de Gueumbeul]
  • Aigrette des récifs (à gorge blanche, egretta gulariswestern reef heron), 2 puis 4 ind. [réserve spéciale de Gueumbeul]
  • Aigrette garzette (egretta garzettalittle egret), 1 puis 22 ind. groupés [réserve spéciale de Gueumbeul]
  • Héron cendré (ardea cinereagrey heron), 2 ind. [réserve spéciale de Gueumbeul] + 1 ind. [près du pont cassé sur le marigot hors RSG]
  • Tantale ibis (mycteria ibis, yellow-billed stork), 1 ind. solitaire, le cou rentré dans les épaules, au repos avec un groupe de quatorze pélicans gris [réserve spéciale de Gueumbeul]
  • Spatule blanche (platalea leucorodia, eurasian spoonbill), 5+ ind. - dont une en vol [réserve spéciale de Gueumbeul]
  • Flamant rose (phoenicopterus roseus, greater flamingo), des dizaines d'ind. au loin, à l'extrémité nord du lagon [de la réserve spéciale de Gueumbeul]
  • Balbuzard pêcheur (d'Eurasie, pandion haliaetus, osprey), 1 ind. immature en mue [au sud-ouest]
  • Milan à bec jaune d'Afrique (milvus -migrans- parasitus, yellow-billed kite), 1 seul ind. sur zone prospectée
  • Autour sombre (melierax m. metabates, dark chanting goshawk), 1 ind. adulte tenant dans les serres un Calao de Kemp fraîchement tué; au fur et à mesure de notre approche pédestre, le rapace emporte sa victime d'arbre en arbre, en restant longuement sur un baobab... pour la photo (cf. en haut de notule) !
  • Faucon crécerelle (falco t. tinnunculus, common kestrel), 1 ind. en vol S>N [carrière de sable]
  • Francolin à double éperon (francolinus b. bicalcaratusdouble-spurred francolin)
  • Tourtelette d'Abyssinie (turtur abyssinicusblack-billed wood dove), quelques ind.
  • Tourterelle masquée (oena capensis sspcapensisNamaqua dove), 1 seul ind.
  • Tourterelle maillée (streptopelia senegalensis ssp. senegalensis, laughing dove)
  • Pigeon roussard (de Guinée, columba guinea, speckled pigeon)
  • Tourterelle pleureuse du Niger (streptopelia decipiens ssp. shelleyiafrican mourning dove)
  • Perruche à collier (psittacula k. krameri, rose-ringed parakeet), 1 ind. vu à l'envol (sans doute d'autres ind. non vus)
  • Martin-pêcheur pie (ceryle r. rudispied kingfisher), 1 ind. survolant le lagon [réserve spéciale de Gueumbeul]
  • Guêpier vert (merops orientalis ssp. viridissimus, little green bee-eater), assez commun sur toute la zone, seul ou en duo - parfois à même le sol (cf. photo ci-dessous à d.) !
  • Coliou huppé (à nuque bleue, urocolius m. macrourusblue-naped mousebird), plusieurs groupes
  • Huppe fasciée (upupa epops ssp., hoopoe ssp.), 2 + 1 + 1 ind.
  • Calao de Kemp (tockus kempiwestern red-billed hornbill), très nombreux ind. dont groupe de 10+ ind. ensemble + ind. mort dans les serres d'un autour (cf. photo en haut de notule) !
  • Cochevis huppé (galerida cristata ssp. senegallensiscrested lark)
  • Hirondelle de rivage (riparia ripariacommon sand martin), 1 seul ind. sur zone prospectée [bas-fond à sec de Deegu Kakri]
  • Rougequeue à front blanc (phoenicurus p. phoenicurus, common redstart), très nombreux ind.
  • Traquet (motteux) du Groenland (oenanthe oenanthe ssp. leucorhoanorthern wheatear), 2 ind.
  • Agrobate menu (cercotrichas -galactotes- ssp/sp. minor, african scrub robin), au moins 3 ind. de la race/espèce locale - dont un ind. avec le bec et la face complètement barbouillée de restes de figues (cf. photo ci-dessous à g.)!
  • Agrobate podobé (cercotrichas p. podobe, black scrub robin),  au moins 3 ind.
  • Traquet brun (myrmecocichla aethiops, northern anteater chat), 2 à 3 ind. [parterres de figuiers de Barbarie]
  • Fauvette grisette (Curruca c. communiscommon whithethroat), 1 ind. dans bosquet arboré [pied de cordon dunaire]
  • Fauvette orphée (Curruca hortensiswestern orphean warbler), 1 ind. dans bosquet arboré [pied de cordon dunaire]
  • Pririt (batis) du Sénégal (batis senegalensis, Senegal batis), 1 ind. mâle en train de manger sa proie
  • Souïmanga à longue queue (cinnyris pulchellus, beautiful sunbird), innombrables ind. mâles et femelles de tous les âges
  • Souïmanga à poitrine rouge (Chalcomitra s. senegalensis, Scarlet-chested Sunbird), 1 femelle
  • Pie-grièche à tête rousse (lanius senatorwoodchat shrike), 2 ind., mâle et femelle [périmètre grillagé et éclairci]
  • Brubru africain (nilaus a. afer, brubru), 1 ind.
  • Corbeau pie (corvus albus, pied crow), au moins 3 ind. [carrière de sable]
  • Choucador à ventre roux (lamprotornis pulcher, chestnut-bellied starling), 2 ind. avec des alectos, au sol (cf. photo ci-dessous à g.)
  • Moineau doré (passer luteus, Sudan golden sparrow)
  • Alecto à bec blanc (bubalornis albirostris, white-billed buffalo weaver), dont groupe de ~12 ind. avec deux choucadors à ventre roux + qq ind. ici et là (cf. photo ci-dessous à d.) - et grosse colonie de nids sur un vénérable baobab (cf. photo ci-dessous au centre)
  • Tisserin à tête noire (ploceus melanocephalusblack-headed weaver)
Entendu :
Perruche à collier (psittacula k. krameri) / Brubru africain (nilaus a. afer) /

Ci-dessous, de haut en bas et de g. à d. :  
Agrobate menu - Guêpier vert 
Choucador à ventre roux - Nids coloniaux d'alectos sur baobab - Alecto à bec blanc
2015 04 5 dans le pli des dunes du Gandiolais / © Photos par Frédéric Bacuez


AUTRES :
  • Patas roux (Erythrocebus p. patasPatas Monkey), petit groupe (habituel) de ~6 ind. en bord de route goudronnée [entre la réserve spéciale de Gueumbeul et la mangrove] + 1 ind. traversant la petite piste vers Deegu Kakri + 2 ind. accompagnant les callitriches 
  • Vervet vert (Chlorocebus sabaeus, Western Green Monkey/Callithrix), 8+ ind. [Lire ICI sur Ornithondar]
  • Lièvre de savane (africaine) (Lepus victoriaeScrub Hare), 1 ind.
  • {Oryx algazelle (Oryx dammah, Scimitar Oryx), 1 à 5+ ind. au loin [réserve spéciale de Gueumbeul, 720 hectares clôturés]}

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