31, spécial 'secretives' dans la fraîcheur, le vent et la poussière !
2014 01 31 8h50 du matin quelque part dans les 'Trois-Marigots'... Outarde de Savile, mâle / Photo par Frédéric Bacuez |
* Des Trois-Marigots (Khant nord; Ngalam à Thylla; Ndiataw; Guentou Goback) au sud-est du Ndiaël -
7h15-17h20-
En véhicule 4x4 et à pied. Avec le Rutland Osprey Project et J.J. de Gambiabirdguide.com/. JOUR 3/5.
Temps: rapidement dans les brumes de poussières terrigènes et les rafales d'harmattan au sol. Températures (tropicalement) fraîches, pas plus de 17° au matin.
OISEAUX / 75 espèces 'cochées', 1 sp. entendue
MAMMIFÈRES / 4 espèces 'cochées'
Espèces du jour:
Outarde de Savile / Caille des blés / Courvite isabelle / Torcol fourmilier / Alouette chanteuse / Alouette calandrelle / Moinelette à front blanc / Cisticole du désert / Brubru africain /
Ci-contre: 2014 01 31 16h30 dans les dunes de la 'forêt de Ndiaye' / Photo par Frédéric Bacuez
Ornithondar ne dira jamais assez le vif intérêt que nous sommes quelques uns à témoigner pour la zone des Trois-Marigots et les brousses adjacentes au seuil du Ndiaël ! La variété des sites, la richesse des biotopes et la diversité des espèces en font, pour nous, le (vaste) site le plus intéressant du complexe Walo/Diéri sénégalais, aux portes de Saint-Louis (cf. photos en bas de notule). Il est vraiment dommage que l'aire communautaire n'intéresse guère les 'environnementalistes' et autres 'amoureux de la nature'... à l'exception des chasseurs. Jamais d'inventaire officiel - même le 15 janvier, journée mondiale de comptage des oiseaux d'eau, pas plus ici que sur le lac de Guier et autres spots deltaïques hormis le Djoudj et Gueumbeul, les deux plus petites entités protégées de la région et, quoiqu'en disent les slogans fantaisistes, pas plus représentatifs de la biodiversité deltaïque que les autres sites délaissés. Il est vrai qu'en ce qui concerne les Trois-Marigots et les zones amodiées qui font le lien avec le Ndiaël par le sud, quelques préalables s'imposent - outre celles d'avoir un véhicule ou... des pieds...:
- d'abord, il faut aimer les paysages sahéliens, ce qui n'est pas donné à tout le monde: à la fois âpres et doux, un jour jaunes et bleus, le lendemain gris et sable, le matin presque froids, dès onze heures sous le cagnard... Gens de la forêt, de la moiteur et de la pluie, passez votre chemin !
- il faut aimer divaguer, voire s'égarer, suivre son instinct (primitif, évidemment) et, au bout de l'errance excitante, s'en remettre à sa géolocalisation sur une tablette bien utile...
- il faut s'armer de patience et ne pas se décourager dès le premier cordon dunaire à franchir; la faune des mammifères y est ce que les Hommes ont bien voulu qu'elle devienne en ce début de siècle, inoffensive, rare, craintive, plutôt aurorale et crépusculaire; la gent ailée, elle, tente de s'adapter aux multiples contraintes: l'expansion humaine, bovine, ovine - le triptyque infernal...; la mise à nu de tout taillis, tout fourré, tout abri végétal par la furia caprine; la pétaudière saisonnière des Tartarins en goguette; et les coups de hache aux pieds des arbres, toute l'année... par des bras-cassés autochtones bientôt ridiculisés par la petite entreprise du sieur Michaël (SCL) qui en lieu et place de ces parcs arborés inutiles renversés à grands coups de bulldozers fait je ne sais trop quels buternuts destinées au consommateur anglais - et du blé pour sa poche !
- il faut aimer les oiseaux, en l'occurrence les petits oiseaux, car si l'amateur escompte croiser une autruche ou un fauve, il lui faudra se satisfaire d'une outarde et d'un chat ganté, si la chance est au rendez-vous... Et ne jamais oublier que l'Afrique de l'ouest est depuis trente à quarante années déjà, au choix: un parc à boeufs (zone sahélienne); un champ d'arachides et de sorgho (zone soudanienne); une plantation de palmiers à huile et de cacao (zone guinéenne)... Il faudra bien en finir un jour avec les mythes, avant qu'il ne soit trop tard en effet pour 'préserver' ce qui reste de secondaire. Guère excitant pour la majorité de mes contemporains repus de sensationnalisme télévisuel...
Mimétiques et discrèt(e)s
Dans un vallon boisé entre deux cordons dunaires resserrés, à l'abri de la fraîcheur et de l'harmattan qui commence à brasser ses particules sableuses, une outarde de Savile (lophotis savilei, Voir ICI sur Ornithondar) se tient immobile sous un tamarix (cf. photo ci-dessous à g.). C'est un mâle, qui profite du couvert herbeux pour se fondre dans le décor; à distance, et si l'outarde reste sans bouger près d'un arbre, le regard qui cherche en effet des otididés dans la brousse peinera à la différencier du paysage. Les dieux sont miséricordieux, ce matin: celle-ci est proche du chemin sablonneux que nous empruntons pour gravir la dune suivante. Elle ne fuit pas.
Un peu plus loin, et à plusieurs reprises, ce sont des cailles des blés (coturnix coturnix), autres oiseaux fameux pour leur plumage cryptique, qui filent dans les herbes jaunes et basses. Les cailles, que les chasseurs européens et maghrébins ont massacré sans vergogne avant d'en faire des bêtes d'élevage libérées juste pour réjouir leur ball-trap saisonnier, ont pourtant l'art de disparaître sans même s'envoler - s'il n'y a pas de chien... Il y a quelques semaines, j'étais quelque part dans la zone en (bonne) compagnie d'Alix et Daniel Mignot, je descends de voiture après avoir repéré une caille en train de se faufiler sous le tapis herbacé (sic), à coté de la piste. J'avance à pas feutrés, convaincu de pouvoir photographier la petite chose camouflée à l'envol comme une catapulte: impossible de la débusquer et de la retrouver, la caille ventre à terre avait slalomé entre les brins d'herbes et pris la poudre d'escampette sans même décoller !
A midi au bord de la cuvette asséchée du Ndiaël, sur son coté oriental, John Wright nous fait comprendre par son attitude qu'il a 'quelque chose dans sa ligne de mire'... Chic ! Un torcol fourmilier (jynx torquilla) - seulement mon septième en six années de brousses deltaïques (Voir ICI sur Ornithondar), et le deuxième en compagnie de John et Paul (Voir ICI sur Ornithondar) ! L'oiseau mordoré est remonté dans un acacia tortilis, il escalade l'écorce en colimaçon vers la frondaison avant de disparaître vers l'arbre suivant.
Le torcol est la seule espèce de pics et apparentés du Paléarctique qui migre au long cours - bien que de petites populations passent l'hiver sur le pourtour méditerranéen. L'essentiel des effectifs stationne en zone sahélo-soudanienne où les hivernants se font très discrets. Il faut dire que le plumage cryptique de l'oiseau est encore plus indécelable sous nos latitudes africaines de saison sèche que dans son aire de nidification du Maghreb et d'Europe. Comme là-bas, cet étrange contorsionniste usera de tous les stratagèmes et de tous ses attributs physiologiques pour décontenancer les prédateurs (petits carnivores, rapaces) rencontrés, au sol quand il chasse les fourmis, sur les troncs quand il utilise sa langue rétractile comme celle d'un caméléon pour déloger les araignées et les larves de leurs anfractuosités. Face au danger, le torcol deviendra tout ébouriffé, doublant de volume, la tête hérissée d'une crête en bataille, le cou démesurément allongé et tordu - tord-col ! S'il le faut, le petit malin agitera sa longue langue hors du bec, accompagnée de sifflements comme le ferait un dangereux serpent ! Et ça fonctionne !
Entendu: Pic goertan (dendropicos goertae, grey woodpecker), 1 ind. à proximité du torcol / Tourterelle masquée (oena capensis) /
Outarde de Savile / Caille des blés / Courvite isabelle / Torcol fourmilier / Alouette chanteuse / Alouette calandrelle / Moinelette à front blanc / Cisticole du désert / Brubru africain /
Ci-contre: 2014 01 31 16h30 dans les dunes de la 'forêt de Ndiaye' / Photo par Frédéric Bacuez
Ornithondar ne dira jamais assez le vif intérêt que nous sommes quelques uns à témoigner pour la zone des Trois-Marigots et les brousses adjacentes au seuil du Ndiaël ! La variété des sites, la richesse des biotopes et la diversité des espèces en font, pour nous, le (vaste) site le plus intéressant du complexe Walo/Diéri sénégalais, aux portes de Saint-Louis (cf. photos en bas de notule). Il est vraiment dommage que l'aire communautaire n'intéresse guère les 'environnementalistes' et autres 'amoureux de la nature'... à l'exception des chasseurs. Jamais d'inventaire officiel - même le 15 janvier, journée mondiale de comptage des oiseaux d'eau, pas plus ici que sur le lac de Guier et autres spots deltaïques hormis le Djoudj et Gueumbeul, les deux plus petites entités protégées de la région et, quoiqu'en disent les slogans fantaisistes, pas plus représentatifs de la biodiversité deltaïque que les autres sites délaissés. Il est vrai qu'en ce qui concerne les Trois-Marigots et les zones amodiées qui font le lien avec le Ndiaël par le sud, quelques préalables s'imposent - outre celles d'avoir un véhicule ou... des pieds...:
- d'abord, il faut aimer les paysages sahéliens, ce qui n'est pas donné à tout le monde: à la fois âpres et doux, un jour jaunes et bleus, le lendemain gris et sable, le matin presque froids, dès onze heures sous le cagnard... Gens de la forêt, de la moiteur et de la pluie, passez votre chemin !
- il faut aimer divaguer, voire s'égarer, suivre son instinct (primitif, évidemment) et, au bout de l'errance excitante, s'en remettre à sa géolocalisation sur une tablette bien utile...
- il faut s'armer de patience et ne pas se décourager dès le premier cordon dunaire à franchir; la faune des mammifères y est ce que les Hommes ont bien voulu qu'elle devienne en ce début de siècle, inoffensive, rare, craintive, plutôt aurorale et crépusculaire; la gent ailée, elle, tente de s'adapter aux multiples contraintes: l'expansion humaine, bovine, ovine - le triptyque infernal...; la mise à nu de tout taillis, tout fourré, tout abri végétal par la furia caprine; la pétaudière saisonnière des Tartarins en goguette; et les coups de hache aux pieds des arbres, toute l'année... par des bras-cassés autochtones bientôt ridiculisés par la petite entreprise du sieur Michaël (SCL) qui en lieu et place de ces parcs arborés inutiles renversés à grands coups de bulldozers fait je ne sais trop quels buternuts destinées au consommateur anglais - et du blé pour sa poche !
- il faut aimer les oiseaux, en l'occurrence les petits oiseaux, car si l'amateur escompte croiser une autruche ou un fauve, il lui faudra se satisfaire d'une outarde et d'un chat ganté, si la chance est au rendez-vous... Et ne jamais oublier que l'Afrique de l'ouest est depuis trente à quarante années déjà, au choix: un parc à boeufs (zone sahélienne); un champ d'arachides et de sorgho (zone soudanienne); une plantation de palmiers à huile et de cacao (zone guinéenne)... Il faudra bien en finir un jour avec les mythes, avant qu'il ne soit trop tard en effet pour 'préserver' ce qui reste de secondaire. Guère excitant pour la majorité de mes contemporains repus de sensationnalisme télévisuel...
Mimétiques et discrèt(e)s
Dans un vallon boisé entre deux cordons dunaires resserrés, à l'abri de la fraîcheur et de l'harmattan qui commence à brasser ses particules sableuses, une outarde de Savile (lophotis savilei, Voir ICI sur Ornithondar) se tient immobile sous un tamarix (cf. photo ci-dessous à g.). C'est un mâle, qui profite du couvert herbeux pour se fondre dans le décor; à distance, et si l'outarde reste sans bouger près d'un arbre, le regard qui cherche en effet des otididés dans la brousse peinera à la différencier du paysage. Les dieux sont miséricordieux, ce matin: celle-ci est proche du chemin sablonneux que nous empruntons pour gravir la dune suivante. Elle ne fuit pas.
" The global population size has not been quantified.
There is little information available about the Savile's bustard but (...)
the population is suspected to be stable "
Un peu plus loin, et à plusieurs reprises, ce sont des cailles des blés (coturnix coturnix), autres oiseaux fameux pour leur plumage cryptique, qui filent dans les herbes jaunes et basses. Les cailles, que les chasseurs européens et maghrébins ont massacré sans vergogne avant d'en faire des bêtes d'élevage libérées juste pour réjouir leur ball-trap saisonnier, ont pourtant l'art de disparaître sans même s'envoler - s'il n'y a pas de chien... Il y a quelques semaines, j'étais quelque part dans la zone en (bonne) compagnie d'Alix et Daniel Mignot, je descends de voiture après avoir repéré une caille en train de se faufiler sous le tapis herbacé (sic), à coté de la piste. J'avance à pas feutrés, convaincu de pouvoir photographier la petite chose camouflée à l'envol comme une catapulte: impossible de la débusquer et de la retrouver, la caille ventre à terre avait slalomé entre les brins d'herbes et pris la poudre d'escampette sans même décoller !
" Si le chant de la caille des blés - le "paie-tes-dettes" du paysan -
retentissait jadis communément dans nos campagnes,
il n'est plus aujourd'hui connu que des initiés.
Elle est si discrète, se tenant toujours cachée dans les hautes herbes,
qu'il faut vraiment un coup de chance pour l'apercevoir. (...) "
A midi au bord de la cuvette asséchée du Ndiaël, sur son coté oriental, John Wright nous fait comprendre par son attitude qu'il a 'quelque chose dans sa ligne de mire'... Chic ! Un torcol fourmilier (jynx torquilla) - seulement mon septième en six années de brousses deltaïques (Voir ICI sur Ornithondar), et le deuxième en compagnie de John et Paul (Voir ICI sur Ornithondar) ! L'oiseau mordoré est remonté dans un acacia tortilis, il escalade l'écorce en colimaçon vers la frondaison avant de disparaître vers l'arbre suivant.
Le torcol est la seule espèce de pics et apparentés du Paléarctique qui migre au long cours - bien que de petites populations passent l'hiver sur le pourtour méditerranéen. L'essentiel des effectifs stationne en zone sahélo-soudanienne où les hivernants se font très discrets. Il faut dire que le plumage cryptique de l'oiseau est encore plus indécelable sous nos latitudes africaines de saison sèche que dans son aire de nidification du Maghreb et d'Europe. Comme là-bas, cet étrange contorsionniste usera de tous les stratagèmes et de tous ses attributs physiologiques pour décontenancer les prédateurs (petits carnivores, rapaces) rencontrés, au sol quand il chasse les fourmis, sur les troncs quand il utilise sa langue rétractile comme celle d'un caméléon pour déloger les araignées et les larves de leurs anfractuosités. Face au danger, le torcol deviendra tout ébouriffé, doublant de volume, la tête hérissée d'une crête en bataille, le cou démesurément allongé et tordu - tord-col ! S'il le faut, le petit malin agitera sa longue langue hors du bec, accompagnée de sifflements comme le ferait un dangereux serpent ! Et ça fonctionne !
" Autrefois commun dans toute la France,
le torcol fourmilier est en régression depuis le début du XXe siècle dans de nombreuses régions
(Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Normandie...).
En Rhône-Alpes, le torcol fait partie des dix espèces ayant le plus régressé depuis 20 ans,
avec une disparition de certains secteurs de basse altitude.
En Suisse voisine, le déclin est évalué à plus de 20% entre le milieu des années 1970 et les années 1990. "
- Biolovision
(ndlr., le torcol fourmilier est inscrit à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées en France,
dans la catégorie NT/Near Threatened-Quasi Menacé)
Ci-dessous: 2014 01 31, Trois-Marigots et Ndiaël oriental:
(ndlr., le torcol fourmilier est inscrit à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées en France,
dans la catégorie NT/Near Threatened-Quasi Menacé)
Ci-dessous: 2014 01 31, Trois-Marigots et Ndiaël oriental:
à g., outarde de Savile, mâle - au centre, torcol fourmilier - à d., caille des blés / Photos par Frédéric Bacuez
Déserticoles et distant(e)s
Dans une steppe moins assujettie aux vents que la cuvette du Ndiaël, un savant dosage entre espaces nus et parcelles herbacées coiffées très court, une volée circulaire de deux cent cinquante alouettes calandrelles (calandrella brchydactyla) hivernantes et quelques alouettes chanteuses (mirafra cantillans ssp. chadensis) résidentes font tourner en bourrique les ornithologues dans les éléments virevoltants (cf. photos ci-dessous à g. et au centre)... Dans cette ambiance sépia et au coeur de la nuée qui se joue des Hommes comme de l'harmattan, une alouette leucique (cf. photo ci-dessous au centre) resplendit de ses ailes immaculées.
Dans une steppe moins assujettie aux vents que la cuvette du Ndiaël, un savant dosage entre espaces nus et parcelles herbacées coiffées très court, une volée circulaire de deux cent cinquante alouettes calandrelles (calandrella brchydactyla) hivernantes et quelques alouettes chanteuses (mirafra cantillans ssp. chadensis) résidentes font tourner en bourrique les ornithologues dans les éléments virevoltants (cf. photos ci-dessous à g. et au centre)... Dans cette ambiance sépia et au coeur de la nuée qui se joue des Hommes comme de l'harmattan, une alouette leucique (cf. photo ci-dessous au centre) resplendit de ses ailes immaculées.
" L'alouette calandrelle a fortement régressé en Europe au XXe siècle.
L'espèce est souvent dérangée dans les champs par les activités agricoles
et sur les plages et les dunes littorales par les activités liées au tourisme. "
(ndlr., l'alouette calandrelle, comme le torcol sus-cité, est inscrite à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées en France,
dans la catégorie NT/Near Threatened-Quasi Menacé, 1000-5000 couples; et dans la catégorie VU/Vulnerable à l'échelle européenne)
La calandrelle est la seule alouette méditerranéenne qui franchit le Sahara pour hiverner au Sahel - si l'on excepte le sirli du désert (alaemon alaudipes), plus un erratique qu'un authentique hivernant (Voir ICI sur Ornithondar). Particulièrement grégaire et sociable en hiver, elle trouve dans les steppes sahéliennes, de l'Ethiopie au Sénégal, les conditions environnementales idéales pour un séjour qui va d'octobre à mars en moyenne. Notre delta accueille de forts contingents, en particulier dans la dépression du Ndiaël et environs-, essentiellement venus d'Espagne (2 500 000 couples, 85% de la population européenne), d'Algérie et du Maroc, les trois pays du Paléarctique occidental dans lesquels les effectifs de la calandrelle sont (encore) importants - bien qu'en déclin d'au moins 20% dans la péninsule ibérique entre 1970 et 1990.
Au zénith dans le Ndiaël oriental balayé par les bourrasques d'harmattan, nous tentons une première approche d'un couple de courvites isabelles (cursorius cursor, Voir ICI sur Ornithondar), plus à l'aise que des Anglais - ou qu'un Gambien !- dans ce paysage aride et poussiéreux, un brin lunaire. Ces petits échassiers typiques et communs du désert sont ici en villégiature hivernale, même si certains courvites résident et nidifient sur les marges du fleuve Sénégal, du coté de Matam. Les courvites isabelles, l'une des attractions saisonnières du Ndiaël et des Trois-Marigots, sont ici des visiteurs venus des rivages septentrionaux du Sahara, c'est à dire du sud marocain et algérien. Plus tard, rebelote: nous 'coursons' un second duo de courvites dans une dépression asséchée au nord des 1er et 2e Marigots. L'approche est impossible, l'horizon trop dégagé; les coureurs du désert trottinent à bonne distance, sans hâte ni peur, effectuant leurs habituels arrêts, brefs et soudains, pour picorer le sol, pattes fléchies, avant que de repartir de bon train, toujours aussi loin des ornithologues à la traîne...
Ci-dessous: 2014 01 31 dans les steppes entre les Trois-Marigots et le Ndiaël:
à g. et au centre, vols d'alouettes calandrelles - à d., courvites isabelles / Photos par Frédéric Bacuez
Vu:
- Pélican blanc (pelecanus onocrotalus, great white pelican), 50+ ind. encore au repos, bien assoupis [Khant nord]
- Pélican gris (pelecanus rufescens, pink-backed pelican), ~10 ind. avec les pélicans blancs [Khant nord]
- Cormoran africain (phalacrocorax africanus, long-tailed cormorant) [Ngalam à Thylla]
- Crabier chevelu (ardeola ralloides, squacco heron)
- Héron garde-bœuf (bubulcus ibis, cattle egret)
- Aigrette des récifs (egretta gularis, western reef egret)
- Aigrette garzette (egretta garzetta, little egret)
- Grande aigrette (egretta alba, great egret)
- Héron cendré (ardea cinerea, grey heron), ~1 ind. [Ngalam à Thylla]
- Dendrocygne fauve (dendrocygna bicolor, fulvous whistling duck), assez nombreux au-dessus du Ngalam, dont un passage de 14 ind. [Thylla]
- Dendrocygne veuf (dendrocygna viduata, white-faced whistling duck), dont un vol matinal de 26 ind. [Ngalam à Thylla]
- Anserelle naine (nettapus auritus, african pygmy goose), 1 seul ind. visible - au petit matin, ça dort encore... [Ngalam à Thylla]
- Pygargue vocifère (haliaeetus vocifer, african fish eagle), 1 ind. volant avec trois busards des roseaux [Thylla]
- Elanion blanc (elanus caeruleus, black-shouldered kite), 1 ind. en vol
- Busard des roseaux (circus aeruginosus, western marsh harrier), 2 ind. [Khant nord] + 3 ind. volant avec un pygargue [Thylla]
- Circaète Jean-Le-Blanc (circaetus gallicus, snake short-toed eagle), 1 ind. de forme classique avec collier, cerclant (14h+) [cordon dunaire de Guentou Goback]
- Faucon crécerelle (falco tinnunculus ssp. tinnunculus, common kestrel), 2 ind. en tout
- Francolin à double éperon (francolinus bicalcaratus, double-spurred francolin), 2 ind. [près de Thylla]
- Caille des blés (coturnix coturnix, common quail), 5 ind. en tout (2 + 1 ind aux Trois-Marigots + 1 ind. en périphérie du Ndiaël + 1 ind. au nord du 2e Marigot ) (cf. photo ci-dessus à d.)
- Râle à bec jaune (amaurornis flavirostra, black crake) [Thylla]
- Gallinule poule d'eau (gallinula ochropus ssp., common moorhen) [Thylla]
- Talève sultane (porphyrio porphyrio ssp. madagascariensis, african swamphen) [Thylla]
- Jacana à poitrine dorée (actophilornis africanus, african jacana) [Thylla]
- Outarde de Savile (lophotis savilei, Savile's bustard), 1 ind. mâle, immobile à l'ombre d'un tamarix senegalensis, mimétique (cf. photos ci-dessus à g. et en haut de notule) {VOIR aussi ICI sur Ornithondar}
- Échasse blanche (himantopus himantopus, black-winged stilt), 2 ind. [Khant nord]
- Courvite isabelle (cursorius cursor, cream-coloured courser), 2 ind. adultes [est Ndiaël] + 2 ind. adultes (+ 1 ?) [au nord du 2e Marigot, cf. photo ci-dessus à d.]
- Vanneau éperonné (vanellus spinosus, spur-winged lapwing)
- Barge à queue noire (limosa limosa, black-tailed godwit)
- Bécasseau minute (calidris minuta, little stint)
- Combattant varié (philomachus pugnax, ruff)
- Chevalier gambette (tringa totanus, common redshank)
- Chevalier sylvain (tringa glareola, wood sandpiper)
- Chevalier guignette (actitis hypoleucos, common sandpiper), 3 ind. [Khant nord]
- Sterne caspienne (sterna caspia, caspian tern)
- Ganga à ventre brun/châtain (pterocles exustus, chestnut-bellied sandgrouse), 2 ind. [steppe]
- Tourterelle masquée (oena capensis, Namaqua dove)
- Tourterelle maillée (streptopelia senegalensis, laughing dove)
- Tourterelle pleureuse (streptopelia decipiens, african mourning dove)
- Coucal du Sénégal (centropus senegalensis, Senegal coucal), 2 ind. frigorifiés au matin [digue de Thylla] + 1 ind.
- Martin-chasseur strié (halcyon chelicuti, striped kingfisher), 1 ind. [près d'un hameau sur un cordon dunaire]
- Alcyon pie (ceryle rudis, pied kingfisher)
- Guêpier de Perse (merops persicus, blue-cheeked bee-eater), 22 à ~40 ind. dans le ciel de Thylla (réveil du clan)
- Coliou huppé (à nuque bleue, urocolius macrourus, blue-naped mousebird), 4 ind. [Ndiataw] + ici et là par petits groupes
- Rollier d'Abyssinie (coracias abyssinicus, abyssinian roller), 1+ [dépression herbeuse du Ndiaël]
- Calao à bec rouge (tockus kempi, western red-billed hornbill)
- Torcol fourmilier (jynx torquilla, eurasian wryneck), 1 ind. [est Ndiaël] (cf. ci-dessus au centre)
- Alouette chanteuse (mirafra cantillans ssp. chadensis, singing bush lark), quelques ind. en steppe, plutôt solitaires
- Alouette calandrelle (calandrella brachydactyla/rubiginosa, greater short-toed lark), plusieurs groupes - dont une volée de ~255 ind. avec un ind. leucique (cf. photos ci-dessus à g. et au centre) + 2 ind. [au nord du 2e Marigot]
- Cochevis huppé (galerida cristata, crested lark)
- Moinelette à oreillons blanc (eremopterix leucotis, chestnut-backed sparrow lark), ici et là par paire ou en petits groupes
- Moinelette à front blanc (eremopterix nigriceps, black-crowned sparrow lark) ~15 ind. sur une piste sablonneuse, mâles et femelles [cordon dunaire des Trois-Marigots]
- Hirondelle de rivage (riparia riparia, common sand martin), matinales au-dessus du Ngalam [de Thylla], malgré ou à cause de la fraîcheur...
- Hirondelle rustique (hirunda rustica, barn swallow), quelques ind. chassant sur les cordons dunaires (avec des hirondelles de rivage) ou en steppe
- Bergeronnette grise (motacilla alba, white wagtail)
- Bergeronnette flavéole (motacilla flava, yellow wagtail)
- Bergeronnette printanière (motacilla flava, yellow wagtail)
- Bergeronnette ibérique (motacilla iberiae, spanish wagtail)
- Traquet motteux (oenanthe oenanthe, northern wheatear)
- Phragmite des joncs (acrocephalus schoenobaenus, sedge warbler), assez nombreux ind. sur le Ngalam [à Thylla]
- Pouillot de Bonelli (phylloscopus bonelli, Bonelli's warbler), 1 ind. (vu sur une photo...)
- Fauvette passerinette (sylvia cantillans, subalpine warbler), dont 1 ind. mâle observé [Guentou Goback]
- Cisticole des joncs (cisticola juncidis, zitting cisticola), 1+ ind. [steppe]
- Cisticole du désert (cisticola aridulus, desert cisticola), ~3 ind. [steppe et nord du 2e Marigot]
- Prinia modeste (prinia subflava, tawny-flanked prinia), 1 ind. [steppe]
- Pie-grièche à tête rousse (lanius senator, woodchat shrike)
- Brubru africain (bru-bru, nilaus afer, brubru), 1 + 1 ind., chanteurs [cordons dunaires boisés de Guentou Goback et nord du 2e Marigot]
- Choucador à oreillons bleus (lamprotornis chalybaeus, greater blue-eared glossy starling)
- Choucador à ventre roux (lamprotornis pulcher, chestnut-bellied starling)
- Moineau doré (passer luteus, Sudan golden sparrow)
- Alecto à bec blanc (bubalornis albirostris, white-billed buffalo weaver), dont 14+ ind. immatures avec les envols de mange-mil [cordon dunaire de Guentou Goback] + nombreux nids coloniaux [mare saisonnière, à sec]
- Tisserin (masqué) vitellin (ploceus vitellinus, vitelline masked weaver)
- Tisserin à tête noire (ploceus melanocephalus ssp. capitalis, black-headed weaver)
- Travailleur à bec rouge (quelea quelea, red-billed quelea), dont un vol de 65+ ind. et surtout deux groupes de plusieurs centaines d'ind. chaque et un autre de plusieurs milliers d'ind.
- Capucin bec-d'argent (euodice cantans, african silverbill), au moins trois groupes de 10+ ind. chaque [cordon dunaire de Ndiaye]
- Amadine cou-coupé (amadina fasciata, cut-throat finch), 4 ind. [steppe]
Entendu: Pic goertan (dendropicos goertae, grey woodpecker), 1 ind. à proximité du torcol / Tourterelle masquée (oena capensis) /
AUTRES:
- Phacochère commun (phacochoerus africanus, common warthog), 1 ind. [tamarix du N'Guisset] + 1 et 2 ind. + 3 ind [ tous dans les Trois-Marigots]
- Patas 'singe rouge' (erythrocebus patas, patas monkey), 2 ind. [Khant coté GDS] + ~20 ind. [bas-fond à sec] + deux groupes de ~10+ et 5+ ind.
- Écureuil terrestre du Sénégal (xerus erythropus, striped ground squirrel), 3+ ind.
- Lièvre à oreilles de lapin (de Crawshay, lepus saxatilis, Crawshay's hare), 1 ind. [zone de Ndiataw]
Ci-dessous, de haut en bas et de g. à d.: 2014 01 31 entre Trois-Marigots et Ndiaël...
Les cordons dunaires de la forêt de Ndiaye - Brume d'harmattan sur les Trois-Marigots - Nids d'alectos au bord d'un bas-fond à sec - Dépression du Ndiaël oriental
/ Photos par Frédéric Bacuez
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