26, Ndiaël nord: des tourterelles d'Europe à la mare de Yowré
Ci-dessus: 2014 01 26 13h30 à la mare de Yowré, Ndiaël nord, tourterelles des bois (d'Europe) et nids d'alectos sur gonakier immergé mort / Photo par Frédéric Bacuez |
APREM', 12h45-14h15-
Pique-nique sous un gonakier au voisinage de la mare, avec François, Alix & Daniel Mignot
Temps: grisaille d'harmattan...
Ci-contre: patas guetteurs sur le promontoire d'un 'projet' d'observatoire sur le Nyéti Yone, près de Yowré, Ndiaël nord
/ Photo par Frédéric Bacuez
Un détour par la mare de Yowré où nous retrouvons le maçon-chef (de lui-même) devant son mirador en construction (cf. photo ci-dessus)... où nous l'avions laissé la dernière fois (Voir ICI sur Ornithondar). Ce midi plus précisément, lui "l'étranger" qui nous certifiait que les hippopotames pullulaient dans les environs, est assis dans la Mercédès d'un équipage qui a tout l'air de chasseurs sénégalais en goguette... A la mare en l'occurrence, peu de plumes à l'exception d'un heaume de héron garde-bœuf (bubulcus ibis) démembré (cf. photo en bas de notule). Une barge à queue noire (limosa limosa) bien vivante et roussâtre - un juvénile de 1er hiver resté en l'état estival; ou un sujet déjà en mue prénuptiale ?- et un bécasseau de Temminck (calidris temminckii) solitaire, entre bécasseaux minutes et grands gravelots habituels feront mon bonheur après le déjeuner.
Le mirador est toujours inachevé, sur sa butte comme un ersatz de fortin des Caprices du fleuve ou du Désert des Tartares, mais en ciment, en attente de fers de 10 ou de 12 - on ne sait plus -, pour lui faire une rampe d'accès, c'est préférable. L'érection d'observatoires et le reprofilage du Nyéti Yone sont du cahier des charges d'un énième 'projet' de réhabilitation de la réserve spéciale d'avifaune du Ndiaël (RSAN), déshéritée depuis des décennies, sa cuvette asséchée par des Hommes bien tentés par le dépeçage du site - pour faire du blé, en l'espèce du tournesol. Si ledit 'projet' et les financements des partenaires venaient à s'évaporer comme jadis l'eau du Ndiaël, ce cube dévolu aux innombrables naturalistes qui se bousculent comme des sarcelles aux portillons du Sénégal pourrait vite devenir la tour de guet des singes (cf. photo ci-dessus) ou le pavillon de chasse qu'il est peut-être déjà, une fenêtre de tir idéale, aux petits oignons, à quelques encablures de la grand'route...et d'autres 'projets', agricoles ceux-là. Sus aux sarcelles d'été (anas querquedula) et aux tourterelles des bois (streptopelia turtur) !
La tourterelle des bois, chassée partout où elle passe - ici; au Maghreb; en Europe...
Sur l'un des vénérables mais squelettiques gonakiers (acacia nilotica, cf. photo ci-dessous) qui n'ont pas supporté la transformation du bas-fond en marigot, une volée de tourterelles des bois (streptopelia turtur) est au reposoir de midi, ainsi que quelques tourterelles pleureuses et un pigeon roussard. Les belles sont dix-huit, eurêka ! Il y a encore trois décennies, on aurait eu de la peine à compter les tourterelles des bois comme Ornithondar tente de le faire avec chacune des espèces du delta sénégalais: elles étaient encore en troupes si fournies que l'ornithologue préférait alors les abandonner aux seuls chasseurs !
Nota: la tourterelle des bois est la seule espèce en permanence granivore qui migre intégralement de l'Europe et du Maghreb vers l'Afrique subsaharienne, où elle passe l'hiver en zone sahélo-soudanienne. Malheureusement pour elle, le plus petit des colombidés du Paléarctique est aussi le gibier préféré de toutes les gâchettes qui attendent frénétiquement le passage migratoire des tourterelles: il s'en tuait, et s'en tue toujours au Maroc un minimum de 150 000 par an, tandis que la France enregistre officiellement 190 000 trophées - mon oeil !... Qui fait mieux ? L'Europe estime à 2 voire 4 millions de tourterelles des bois abattues chaque année - l'Europe aime les chiffres. L'Angleterre par exemple a vu 70% de ses effectifs nicheurs disparaître entre 1975 et 2000 tandis qu'un déclin généralisé a frappé toutes ses populations occidentales dans les années 80' du siècle passé, paroxysme des trois décennies de sécheresse en Afrique de l'ouest (70'-90'): l'affaiblissement des hivernants (Afrique subsaharienne) et la transformation radicale des paysages dans lesquels l'espèce nidifie (Europe et Maghreb) n'ont évidemment pas arrangé le sort fait aux tourterelles par les chasseurs de plumes. Il est vraisemblable que ces facteurs quasi concomitants ont sévèrement affecté les effectifs de la tourterelle des bois durant les trente dernières années du XXe siècle:
2014 01 26, tourterelles des bois près d'un nid d'alectos / Photo (détail) par Frédéric Bacuez |
Nota: la tourterelle des bois est la seule espèce en permanence granivore qui migre intégralement de l'Europe et du Maghreb vers l'Afrique subsaharienne, où elle passe l'hiver en zone sahélo-soudanienne. Malheureusement pour elle, le plus petit des colombidés du Paléarctique est aussi le gibier préféré de toutes les gâchettes qui attendent frénétiquement le passage migratoire des tourterelles: il s'en tuait, et s'en tue toujours au Maroc un minimum de 150 000 par an, tandis que la France enregistre officiellement 190 000 trophées - mon oeil !... Qui fait mieux ? L'Europe estime à 2 voire 4 millions de tourterelles des bois abattues chaque année - l'Europe aime les chiffres. L'Angleterre par exemple a vu 70% de ses effectifs nicheurs disparaître entre 1975 et 2000 tandis qu'un déclin généralisé a frappé toutes ses populations occidentales dans les années 80' du siècle passé, paroxysme des trois décennies de sécheresse en Afrique de l'ouest (70'-90'): l'affaiblissement des hivernants (Afrique subsaharienne) et la transformation radicale des paysages dans lesquels l'espèce nidifie (Europe et Maghreb) n'ont évidemment pas arrangé le sort fait aux tourterelles par les chasseurs de plumes. Il est vraisemblable que ces facteurs quasi concomitants ont sévèrement affecté les effectifs de la tourterelle des bois durant les trente dernières années du XXe siècle:
- la pression de la chasse, sur l'ensemble de ses voies migratoires, notamment occidentales
- les sécheresses ouest-africaines, qui ont raréfié les espèces de graminées, uniques sources d'alimentation de la tourterelle des bois
- l'intensification agricole, d'abord en Europe puis au Maghreb et désormais en Afrique noire: épandage généralisé des herbicides; remembrement et désagrégation du bocage, des buissons et autres fourrés; taille mécanique des haies restantes, au cordeau - il ne faut pas qu'un seul rameau dépasse !
Sources: 'Faune sauvage de France: biologie, habitats et gestion', par Michel Vallance
Lire: IRD-Documents/L'hivernage de la tourterelle des bois au Sénégal, par Guy Jarry et François Baillon, 1991
Et: ONCFS/Taux de survie des tourterelles des bois et conditions environnementales en Afrique de l’Ouest
Ci-dessus: 2014 01 26, deux gonakiers à tourterelles des bois, mare de Yowré / Photo par Frédéric Bacuez |
OISEAUX / 25 espèces 'cochées'
AUTRES / 1 espèce vue
Vu (liste non exhaustive):
- Cormoran africain (phalacrocorax africanus, long-tailed cormorant)
- Aigrette ardoisée (egretta ardesiaca, black heron), 1 ind.
- Aigrette garzette (egretta garzetta, little egret), dont 4 ind. ensemble dans les herbiers
- Héron cendré (ardea cinerea, grey heron), 2 ind.
- Sarcelle d'été (anas querquedula, garganey), 8 + ~50 ind.
- Busard des roseaux (circus aeruginosus, western marsh harrier), 1 ind.
- Gallinule poule d'eau (gallinula chloropus, common moorhen)
- Talève sultane (porphyrio porphyrio ssp. madagascariensis, african swamphen), dont juvéniles/immatures
- Jacana à poitrine dorée (actophilornis africana, african jacana)
- Échasse blanche (himantopus himantopus, black-winged stilt)
- Grand gravelot (charadrius hiaticula, common ringed plover), quelques ind.
- Vanneau éperonné (vanellus spinosus, spur-winged lapwing)
- Barge à queue noire (limosa limosa, black-tailed gowit), ~5 ind. - dont un ind. (de 1er hiver ?) ayant certaines caractéristiques d'un plumage (pré)nuptial !
- Bécasseau minute (calidris minuta, little stint)
- Bécasseau de Temminck (calidris temminckii, Temminck's stint), 1 ind.
- Chevalier arlequin (tringa erythropus, spotted redshank), 2 ind.
- Chevalier gambette (tringa totanus, common redshank), quelques ind.
- Chevalier aboyeur (tringa nebularia, common greenshank)
- Chevalier stagnatile (tringa stagnatilis, marsh sandpiper), 1 ind.
- Chevalier sylvain (tringa glareola, wood sandpiper)
- Chevalier guignette (actitis hypoleucos, common sandpiper), 1 ind. [diguette]
- Tourterelle pleureuse (streptopelia decipiens, african mourning dove), au moins 5 ind. avec les tourterelles des bois, au reposoir
- Tourterelle des bois (streptopelia turtur, european turtle dove), au moins 18 ind. au repos dans un acacia nilotica, en compagnie de quelques tourterelles pleureuses et d'au moins un pigeon roussard
- Pigeon roussard (de Guinée, columba guinea, speckled pigeon), 1 ind.
- Rollier d’Abyssinie (coracias abyssinicus, abyssinian roller), 4+ ind.
- Travailleur à bec rouge (quelea quelea, red-billed quelea)
- Capucin bec-d'argent (euodice cantans, african silverbill), 1 ind. dans l'arbre reposoir des tourterelles
Quelques nids coloniaux d'alectos à bec blanc (bubalornis albirostris)
Et les restes (une tête et une aile) d'1 héron garde-boeuf (bubulcus ibis, cattle egret), sous un acacia nilotica en fleurs (cf. photo ci-dessous)
2014 01 26, restes de héron garde-boeuf à la mare de Yowré / Photo par Frédéric Bacuez |
AUTRES:
- Patas 'singe rouge' (erythrocebus patas, patas monkey), d'abord ~10 ind. dans les herbiers au sec, puis 2 guetteurs sur la butte de l'observatoire (cf. photo ci-dessus en préambule) et au moins 2 autres dans les 'collines' de terres déposées (cf. photo ci-dessous), et enfin une troupe de ~40 ind. en fuite éperdue devant le véhicule.
- (petit) Monarque d'Afrique (danaus chrysippus ssp. chrysippus, lesser wanderer)
Ci-dessous: 2014 01 26 aprem', un patas guette comme un Apache ! Près de Yowré, Ndiaël nord / Photo par Frédéric Bacuez
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