26, entre Sénégal et Doué: le Walo des ombrettes africaines
Ci-dessus: 2014 01 26 9h30, ombrette africaine à l'aplomb d'un chenal rizicole du Walo, entre Ouali-Diala et Ndiandane / Photo par Frédéric Bacuez |
* Walo du moyen-Sénégal, par la digue de Ouali-Diala à Thillé Boubakar -
MATIN-
Depuis Taradji, 9h-11h
En véhicule 4x4. Avec Alix & Daniel Mignot; et François.
Temps: ciel un peu voilé se chargeant progressivement en 'particules fines'; températures toujours parfaites !
Ce matin, nous décidons de prendre la digue champêtre qui court dans la vallée fluviale entre Ouali-Diala et Boube Ndyandane. Sans trop y croire - avec raison, tant le Walo est vaste, étale et souvent inaccessible dans ses zones les plus humides- nous rêvons de rencontrer 'Blue YD' (Voir ICI sur Ornithondar), un balbuzard pêcheur (pandion haliaetus, osprey) d’Écosse entamant son deuxième hiver ici au Sénégal avant un premier retour printanier, inch'Allah, vers les terres de sa naissance. Cette digue haute est la voie carrossable la plus proche des lieux fréquentés par le rapace. Cependant, pas de balbu à l'horizon, ni YD ni d'autre congénère d'ailleurs: nos oiseaux restent volontiers dans le labyrinthe de marais, chenaux et bosquets immergés, entre la rivière Doué et le fleuve Sénégal, tantôt coté mauritanien, où ils dorment, tantôt coté sénégalais, où ils passent la journée.
L'ombrette africaine, une étrangeté endémique d'Afrique
En revanche c'est avec une certaine surprise, et pour moi un brin de nostalgie, que nous observons en tout une vingtaine d'ombrettes africaines (scopus umbretta) le long des chenaux d'irrigation rizicole et au bord des mares en cours d'assèchement saisonnier. En zone soudano-guinéenne, l'étrange oiseau est indissociable du paysage où s'épanouissent de grands arbres (caïcédrats, fromagers, baobabs) dans lesquels il réalise ses incroyables nids. En saison des pluies, la moindre fondrière en eau dans la chaussée et sur les pistes de brousse y attire son ombrette silencieuse, figée au beau milieu de la route, attendant l'émergence d'un batracien pour le harponner à l'aide de son bec large et crocheté.
Unique représentant de la famille des scopidés et endémique du continent (y compris Madagascar et les côtes sud-ouest de la péninsule arabique), l'ombrette africaine est une de ces étrangetés du règne animal africain ! De par son allure, déjà: l'échassier est fort disgracieux, avec ses pattes relativement courtes, la tête emplumée d'apparence allongée et déformée comme si elle était passée dans une enclume; son bec biscornu le fait ressembler au rarissime et mythique bec-en-sabot du Nil (balaeniceps rex) seulement connu de quelques pays, également africains (sud Soudan, Ouganda, Tanzanie, Zambie). De par ses mœurs, aussi: réputée silencieuse et placide, l'ombrette en groupe peut devenir bruyante, émettant des babillages et des gloussements similaires à ceux des râles et des talèves, et poussant des sifflements stridents en vol. Ses parades nuptiales frisent le ridicule absolu: le mâle tourne en sautillant autour de la femelle - le couple est réputé uni à vie !-, se contorsionnant et faisant des arrêts tous plus risibles les uns que les autres. Le mâle s'autorise même de mimer l'accouplement en se hissant sur le dos de sa partenaire... bien patiente face à tant de démonstrations sentimentales !
Effet d'aubaine pour tous !
L'ombrette africaine est un bâtisseur infatigable: elle passe énormément de temps à échafauder des nids parmi les plus volumineux du monde aviaire, devenant au fil des saisons d'improbables cavernes d'Ali Baba ! Notre échassier peut en construire six par an, tous avec autant d'ingéniosité que de constance: on peut voir le couple s'entraider dans leur élaboration, poussant et tirant les branchettes en travers, ou les tapissant de boues et de végétaux mêlés, ou encore à les décorer de mille et uns rebuts des Hommes - ici une chaussure, là une sandale, des bouteilles et des sachets plastiques... Les nids sont vertigineux, avec une entrée donnant accès à une chambre interne, le tout recouvert d'un toit pouvant faire trois fois la taille du sweet home !
Les nids d'ombrettes, loin d'être tous utilisés par le couple bâtisseur, sont une aubaine pour tous les oiseaux qui profitent d'échafaudages bien plus confortables que les nids coloniaux des alectos (bubalornis albirostris). Haut perchés dans les arbres, les nids seront souvent réquisitionnés par les rapaces, surtout nocturnes, mais aussi par une multitude de petits oiseaux qui en occuperont d'infimes cellules. Les serpents ne sont pas en reste pour y trouver refuge et pitance. On y a même déjà vu des genettes (genetta sp.) y trouver un toit et une maternité fort douillets !
Porte-malheur salvateur pour l'espèce
Dans les campagnes africaines, l'ombrette est réputée émettre des vocalises stridentes avant la pluie - ce qui fait l'affaire des agriculteurs. Familier des Hommes qui ne l'effraient pas, l'ombrette africaine doit sa tranquillité surtout au fait que partout ou presque sur le continent le singulier échassier traîne dans son sillage une réputation maléfique. L'oiseau est un intouchable, on ne sait d'ailleurs pas toujours pourquoi. On ne le chasse pas, on ne le mange pas, on ne lui fait aucun mal et personne n'aurait l'idée saugrenue d'aller voir de plus près ce qu'abrite son nid, là-haut dans les arbres ! On le voit emporter toutes sortes de trésors, un peu comme les pies bavardes en Europe le feraient avec ce qui brille... Sauf que l'ombrette est une collectionneuse de tout ce qui fait désordre dans le paysage, et l'intrigue... Elle a donc de quoi faire et reste promise à un avenir particulièrement occupé !
Nota: l'ombrette africaine est dans le Sahel sénégalais inféodée aux grands cours d'eau et ne s'éloigne guère de la vallée du fleuve - où elle trouve encore quelques arbres respectables pour nidifier. A l'aval de Richard-Toll, l'espèce est rare et peut-être épisodique. Quelques nids ici et là, pas plus: visiblement l'oiseau n'affectionne guère l'air marin et les alizés. En revanche, à partir de la moyenne vallée du Sénégal, l'ombrette reprend la place qu'elle occupe partout en Afrique subsaharienne, bien qu'en densité moindre qu'en savane soudano-guinéenne - et à la différence près qu'on ne la trouvera évidemment pas dans le vaste Ferlo !
Sources: http://www.oiseaux.net/oiseaux/ombrette.africaine.html
" L'oiseau qui a enterré sa mère dans sa nuque "
- Dicton burkinabè rapporté par Adama I. dit Vié (Ouagadougou, Burkina Faso)
Unique représentant de la famille des scopidés et endémique du continent (y compris Madagascar et les côtes sud-ouest de la péninsule arabique), l'ombrette africaine est une de ces étrangetés du règne animal africain ! De par son allure, déjà: l'échassier est fort disgracieux, avec ses pattes relativement courtes, la tête emplumée d'apparence allongée et déformée comme si elle était passée dans une enclume; son bec biscornu le fait ressembler au rarissime et mythique bec-en-sabot du Nil (balaeniceps rex) seulement connu de quelques pays, également africains (sud Soudan, Ouganda, Tanzanie, Zambie). De par ses mœurs, aussi: réputée silencieuse et placide, l'ombrette en groupe peut devenir bruyante, émettant des babillages et des gloussements similaires à ceux des râles et des talèves, et poussant des sifflements stridents en vol. Ses parades nuptiales frisent le ridicule absolu: le mâle tourne en sautillant autour de la femelle - le couple est réputé uni à vie !-, se contorsionnant et faisant des arrêts tous plus risibles les uns que les autres. Le mâle s'autorise même de mimer l'accouplement en se hissant sur le dos de sa partenaire... bien patiente face à tant de démonstrations sentimentales !
2014 01 26 matin, ombrette africaine suivie par un héron garde-boeuf, Walo du moyen Sénégal / Photo par Frédéric Bacuez |
Effet d'aubaine pour tous !
L'ombrette africaine est un bâtisseur infatigable: elle passe énormément de temps à échafauder des nids parmi les plus volumineux du monde aviaire, devenant au fil des saisons d'improbables cavernes d'Ali Baba ! Notre échassier peut en construire six par an, tous avec autant d'ingéniosité que de constance: on peut voir le couple s'entraider dans leur élaboration, poussant et tirant les branchettes en travers, ou les tapissant de boues et de végétaux mêlés, ou encore à les décorer de mille et uns rebuts des Hommes - ici une chaussure, là une sandale, des bouteilles et des sachets plastiques... Les nids sont vertigineux, avec une entrée donnant accès à une chambre interne, le tout recouvert d'un toit pouvant faire trois fois la taille du sweet home !
" Mayaalè, cet oiseau qui collecte les objets précieux ! "
- Achille B. (Ouagadougou, Burkina Faso)
Les nids d'ombrettes, loin d'être tous utilisés par le couple bâtisseur, sont une aubaine pour tous les oiseaux qui profitent d'échafaudages bien plus confortables que les nids coloniaux des alectos (bubalornis albirostris). Haut perchés dans les arbres, les nids seront souvent réquisitionnés par les rapaces, surtout nocturnes, mais aussi par une multitude de petits oiseaux qui en occuperont d'infimes cellules. Les serpents ne sont pas en reste pour y trouver refuge et pitance. On y a même déjà vu des genettes (genetta sp.) y trouver un toit et une maternité fort douillets !
Porte-malheur salvateur pour l'espèce
Dans les campagnes africaines, l'ombrette est réputée émettre des vocalises stridentes avant la pluie - ce qui fait l'affaire des agriculteurs. Familier des Hommes qui ne l'effraient pas, l'ombrette africaine doit sa tranquillité surtout au fait que partout ou presque sur le continent le singulier échassier traîne dans son sillage une réputation maléfique. L'oiseau est un intouchable, on ne sait d'ailleurs pas toujours pourquoi. On ne le chasse pas, on ne le mange pas, on ne lui fait aucun mal et personne n'aurait l'idée saugrenue d'aller voir de plus près ce qu'abrite son nid, là-haut dans les arbres ! On le voit emporter toutes sortes de trésors, un peu comme les pies bavardes en Europe le feraient avec ce qui brille... Sauf que l'ombrette est une collectionneuse de tout ce qui fait désordre dans le paysage, et l'intrigue... Elle a donc de quoi faire et reste promise à un avenir particulièrement occupé !
" Les paysans Mossè pensaient que
Mayaalè transportait les serpents sur son nid
pour les utiliser comme gardiens "
Mayaalè transportait les serpents sur son nid
pour les utiliser comme gardiens "
- Achille B. (Ouagadougou, Burkina Faso)
Nota: l'ombrette africaine est dans le Sahel sénégalais inféodée aux grands cours d'eau et ne s'éloigne guère de la vallée du fleuve - où elle trouve encore quelques arbres respectables pour nidifier. A l'aval de Richard-Toll, l'espèce est rare et peut-être épisodique. Quelques nids ici et là, pas plus: visiblement l'oiseau n'affectionne guère l'air marin et les alizés. En revanche, à partir de la moyenne vallée du Sénégal, l'ombrette reprend la place qu'elle occupe partout en Afrique subsaharienne, bien qu'en densité moindre qu'en savane soudano-guinéenne - et à la différence près qu'on ne la trouvera évidemment pas dans le vaste Ferlo !
Sources: http://www.oiseaux.net/oiseaux/ombrette.africaine.html
Ci-dessus: 2014 01 26 9h15 dans le Walo du moyen Sénégal: l'ombrelle de l'ombrette africaine... / Photo par Frédéric Bacuez |
Ci-dessus: 2014 01 26 matin, limicoles, ardéidés et scopidés font trempette... avec les sachets plastique / Photo par Frédéric Bacuez |
OISEAUX / 38 espèces 'cochées'
Vu (liste non exhaustive):
- Cormoran africain (phalacrocorax africanus, long-tailed cormorant)
- Héron garde-boeuf (bubulcus ibis, cattle egret)
- Aigrette ardoisée (egretta ardesiaca, black heron), au moins 11 ind. à l'envol [sur un vaste marécage au sud de Boube Nyandane]
- Aigrette garzette (egretta garzetta, little egret) - comme les échasses, dès qu'il y a un peu d'eau !
- Aigrette intermédiaire (egretta intermedia, intermediate egret), non reproducteurs (bec noir)
- Grande aigrette (egretta alba, great egret), non reproducteurs (bec jaune)
- Héron cendré (ardea cinerea, grey heron), ici et là
- Ombrette africaine (scopus umbretta, hamerkop), une vingtaine d'ind. en tout - dont 7+ ind. [de Ouali-Diala à environs de Ndiandane] puis ~8 ind. près d'une mare très fréquentée par les limicoles et les ardéidés + 3 ind. sur une petite mare + 2 ind. volant et planant [au-dessus de Thylle Boubakar] (cf. photos ci-dessus et en haut de notule)
- Anserelle naine (nettapus auritus, african pygmy goose), dizaines d'ind. sur les plans d'eau libres en nénuphars, le plus souvent par paires [vaste dépression marécageuse au sud de Boube Nyandane]
- Sarcelle d'été (anas querquedula, garganey), dizaines d'ind. peu visibles sauf quand elles s'envolent pour vite se reposer [vaste dépression marécageuse au sud de Boube Nyandane]
- Busard des roseaux (circus aeruginosus, western marsh harrier), 1 ind. femelle chassant [dépression marécageuse au sud de Boube Nyandane]
- Gallinule poule d'eau (gallinula chloropus ssp. chloropus, common moorhen), visiblement assez nombreuses hivernantes d'Europe - avec bec et front rouges orangé très atténués, laissant juste un peu de jaune à la pointe du bec: à l'évidence des sujets de 1er et 2e hiver [sur un vaste marécage au sud de Boube Nyandane]
- Talève sultane (porphyrio porphyrio ssp. madagascariensis, african swamphen), quelques ind. visibles dans les herbiers [d'une vaste dépression marécageuse au sud de Boube Nyandane]
- Jacana à poitrine dorée (actophilornis flavirostra, african jacana), visiblement nombreux [sur un vaste marécage au sud de Boube Nyandane]
- Échasse blanche (himantopus himantopus, black-winged stilt), partout présente dès qu'il y a de l'eau, même une quasi flaque !
- Petit gravelot (charadrius dubius, little plover), 3 ind. en poursuites sur sols secs [près d'une vaste dépression marécageuse au sud de Boube Nyandane]
- Barge à queue noire (limosa limosa, black-tailed godwit), groupe de 23+ ind. [sur mare à ombrettes et ardéidés]
- Chevalier arlequin (tringa erythropus, spotted redshank)
- Chevalier gambette (tringa totanus, common redshank), 2 ind. [mare à ombrettes]
- Chevalier aboyeur (tringa nebularia, common greenshank)
- Chevalier sylvain (tringa glareola, wood sandpiper), au moins 1 ind. en vol [mare au sud de Boube Ndyandane]
- Ganga à ventre brun/châtain (pterocles exustus, chestnut-bellied sandgrouse), une troupe de 92 ind. au repos [en contrebas de la digue]
- Tourterelle maillée (streptopelia senegalensis, laughing dove), nombreuses sur la route [de Taradji à Ouali-Diala]
- Tourterelle pleureuse (streptopelia decipiens, african mourning dove)
- Coucal du Sénégal (centropus senegalensis, Senegal coucal), 1 + 1 ind.
- Alcyon pie (ceryle rudis, pied kingfisher), quelques ind. sur le vaste marécage [au sud de Boube Ndyandane]
- Guêpier de Perse (merops persicus, blue-cheeked bee-eater), 1 ind. + ~20 ind. posés sur le sol à même la digue ou en contrebas
- Rollier d'Abyssinie (coracias abyssinicus, abyssinian roller), 1 + 1 ind.
- Irrisor noir (ex moqueur noir, rhinopomastus aterrimus, black scimitarbill), 4 ind. [entrée de Boube Nyandane] (cf. photo en bas de notule)
- Huppe fasciée eurasienne (upupa epops ssp. epops, eurasian hoopoe), 1 ind. seulement [digue]
- Bergeronnette ibérique (motacilla iberiae, spanish wagtail), au moins 1 ind. dans les nympheas [de la vaste dépression marécageuse au sud de Boube Ndyandane]
- Cochevis huppé (galerida cristata, crested lark), 1+ ind. - décidément bien peu nombreux dans le Fouta et le Ferlo, ou ici dans le Walo en comparaison du bas-delta et du littoral où il est si commun !
- Moinelette à front blanc (eremopterix nigriceps, black-crowned sparrow lark), nombreuses sur la petite route [de Taradji à Ouali-Diala]
- Bulbul (commun) des jardins (pycnonotus barbatus, common bulbul), au moins 1 ind.
- Agrobate podobé (cercotrichas podobe, black scrub robin), 1 ind. [route Taradji-Ouali Diala] + 1 ind. [digue]
- Traquet brun (myrmecocichla aethiops, northern anteater chat), 1 ind. [digue]
- Combassou du Sénégal (vidua chalybeata, village indigobird), 3 ind. mâles avec 1 femelle
Ci-dessus, 2014 01 26 dans le Walo du moyen Sénégal, de haut en bas et de g. à d.:
Gangas à ventre brun au repos - Anserelles naines, mâles et femelles, et talève sultane - Gallinule poule-d'eau en plumage hivernal / Photos par Frédéric Bacuez
Ci-dessous: 2014 01 26 10h45, irrisor (moqueur) noir aux
portes de Boube Ndyandane, Walo du moyen Sénégal / Photo par Frédéric
Bacuez
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