3, sablières inondées du Khant nord: un havre pour les canards
Les dendrocygnes veufs et les sarcelles d'été sont au reposoir diurne, dans les sablières inondées du Khant nord 2013 12 3, 8h30 du matin / © Photo par Frédéric Bacuez |
* Marigot de Khant nord: sablières inondées (aire patrimoniale des Trois-Marigots) -
MATIN-
Cette année, le marigot de Khant est en eau jusque dans sa partie la plus septentrionale - c'est un miracle ! La carrière qui exploite les sables coquilliers, au nord de la piste-digue qui traverse le bas-fond en direction de Mengueye, est elle-même sous l'eau. C'est une heureuse nouvelle car la noria de camions qui vient de Saint-Louis piller cette partie du Khant, quand elle est à sec, le fait probablement en toute illégitimité, dans un espace officiellement classé - on est dans le périmètre de l'Aire patrimoniale des Trois-Marigots ! Le va et vient quotidien des poids-lourds, qui soulèvent la poussière jusqu'au coucher du soleil (cf. photo ci-après) et font fuir la faune ailée n'est pas ce qu'on fait de mieux pour protéger et valoriser un 'patrimoine' national, historique et naturel, en effet !
Ci-contre: 2013 12 3 7h20 du matin au-dessus des sablières inondées et, au loin, du marigot de Khant / © Photo par Moïse Guiré
Les pistes et autres raccourcis pour accéder aux sablières sont, en ce début de décembre, toujours coupés par les eaux stagnantes. Du coup, avec le silence revenu, les trous sont noyés et forment de jolis plans d'eau issue de la dernière mousson, mais aussi d'un meilleur écoulement des ruissellements descendus de l'amont, depuis les vastes steppes du Ndiaël. Partout des ilots de sable émergent; ici et là des arbres épargnés par les buldozers se retrouvent au milieu de l'eau, peu profonde, et portent des nids coloniaux d'alectos ou des suspensions de tisserins. Sur les berges, des ardéidés de plusieurs espèces (héron cendré, aigrette des récifs, aigrette garzette, grande aigrette) se reposent au milieu des centaines de canards, tandis que plus loin dans le lit du marigot, les groupes d'arbres et les herbiers servent de refuge aux hérons pourprés et aux cormorans africains.
Ci-contre: 2013 12 3 7h20 du matin au-dessus des sablières inondées et, au loin, du marigot de Khant / © Photo par Moïse Guiré
Les pistes et autres raccourcis pour accéder aux sablières sont, en ce début de décembre, toujours coupés par les eaux stagnantes. Du coup, avec le silence revenu, les trous sont noyés et forment de jolis plans d'eau issue de la dernière mousson, mais aussi d'un meilleur écoulement des ruissellements descendus de l'amont, depuis les vastes steppes du Ndiaël. Partout des ilots de sable émergent; ici et là des arbres épargnés par les buldozers se retrouvent au milieu de l'eau, peu profonde, et portent des nids coloniaux d'alectos ou des suspensions de tisserins. Sur les berges, des ardéidés de plusieurs espèces (héron cendré, aigrette des récifs, aigrette garzette, grande aigrette) se reposent au milieu des centaines de canards, tandis que plus loin dans le lit du marigot, les groupes d'arbres et les herbiers servent de refuge aux hérons pourprés et aux cormorans africains.
Les carrières de sable coquillier, sous l'eau:
un reposoir pour les dendrocygnes et les sarcelles !
Ce matin, Ornithondar peut observer pas moins de 500 dendrocygnes veufs et au minimum 323 sarcelles d'été (cf. photos ci-après et en haut de notule) sur l'un des plans d'eau temporaires de la carrière. De 7h à 8h15 le matin, les troupes de canards remontent de la partie sud du marigot de Khant, dans les herbiers duquel ils se nourrissent durant la nuit, pour venir se reposer dans la partie nord du marigot, au bord de ces lacs artificiels bien dégagés. Au crépuscule, les mêmes canards font le déplacement inverse, de 17h45 à 19h, du nord vers le sud de la dépression, pour le gagnage nocturne. Depuis la piste-digue de Mengueye, qui traverse le marigot de Khant en son milieu, nous avons évalué cette population saisonnière du Khant à environ 1500 dendrocygnes veufs et 500 sarcelles d'été.
un reposoir pour les dendrocygnes et les sarcelles !
Ce matin, Ornithondar peut observer pas moins de 500 dendrocygnes veufs et au minimum 323 sarcelles d'été (cf. photos ci-après et en haut de notule) sur l'un des plans d'eau temporaires de la carrière. De 7h à 8h15 le matin, les troupes de canards remontent de la partie sud du marigot de Khant, dans les herbiers duquel ils se nourrissent durant la nuit, pour venir se reposer dans la partie nord du marigot, au bord de ces lacs artificiels bien dégagés. Au crépuscule, les mêmes canards font le déplacement inverse, de 17h45 à 19h, du nord vers le sud de la dépression, pour le gagnage nocturne. Depuis la piste-digue de Mengueye, qui traverse le marigot de Khant en son milieu, nous avons évalué cette population saisonnière du Khant à environ 1500 dendrocygnes veufs et 500 sarcelles d'été.
Ci-dessous:
dans le lit du Khant nord, près des carrières à sable coquillier
2013 01 15, 17h30 / © Photo par Frédéric Bacuez
Ci-dessus: dendrocygnes veufs et sarcelles d'été au-dessus des sablières du Khant nord 2013 12 3 / © Photo par Frédéric Bacuez |
Sarcelle d'été, paléarctique n°1, et dendrocygne veuf, afrotropical n°1
Trois espèces de canards fréquentent ces reposoirs temporaires: dendrocygnes veufs (dendrocygna viduata), dendrocygnes fauves (dendrocygna bicolor), sarcelles d'été (anas querquedula). Les deux premières sont des espèces africaines classiques, la seconde est l'espèce européenne la plus abondante en hiver dans le delta du fleuve Sénégal - devant le canard pilet, anas clypeata, autre espèce hivernante venue du nord, et le dendrocygne veuf afrotropical. Les comptages annuels d'anatidés effectués dans les deux parcs nationaux contigus de Mauritanie (Diawling, PND) et du Sénégal (Djoudj, PNOD) par l'Office... français de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), notamment de 1999 à 2010, estiment la seule population hivernante de sarcelles d'été dans ces petites aires protégées à 150 000 individus au minimum tandis que les effectifs locaux de dendrocygnes veufs, beaucoup plus fluctuants, y seraient de 40 000 à 100 000 individus selon les années*1. Car si les variations des effectifs d'anatidés, tant hivernants que résidents, sont dues aux conditions climatiques aussi bien au Sahel qu'en Europe, le gigantisme de la zone de répartition deltaïque des anatidés ne facilite pas la précision desdits comptages... ponctuellement menés par des ornithologues venus d'ailleurs... Si le delta du fleuve Sénégal (Mauritanie-Sénégal) n'est que le troisième site d'accueil du Sahel en nombre de canards*2 - après les complexes du lac Tchad-fleuve Logone (Tchad), et du delta intérieur du fleuve Niger (Mali), Ornithondar est convaincu que les capacités d'accueil actuelles du delta sont largement inférieures à ce qu'elles pourraient être. En effet, la gestion des eaux deltaïques est si mauvaise, si peu 'durable' que la nature (comme les Hommes) est tributaire de ce qu'on appelera poliment le hasard et la nécessité de l'instant présent ! Quand un président mégalomane ne joue pas les apprentis-sorciers à lui tout seul en détruisant l'estuaire par sa brèche stupide dans la Langue de Barbarie, ce sont les fonctionnaires des différents organismes de gestion du delta qui se fourvoient, sans cesse, depuis plusieurs décennies. Par démagogie. Par opportunisme. Pour les lubies du prince du moment; ou sous les injonctions des intérêts économiques très privés de la mondialisation bienheureuse. Et dans une fuite en avant toujours plus onirique - cette plaie cuturelle qui fait tant de mal à l'avenir du Sénégal ! Sans oublier l'incurie et l'incompétence, ou, pire, le laxisme des 'élites', paresseuses, intellectuellement et... physiquement: 'fait chaud, et aller sur le terrain, c'est ingrat, peu valorisant, loin de la clim', des bureaux de Dakar et des jouissifs séminaires qui ne servent à rien sauf à entretenir la perdiémite maladive des uns et des autres... Nous sommes en Francophonie, hélas...
*1 Voir: Evolution de quelques espèces d'oiseaux d'eau dans le delta du fleuve Sénégal, 1989-2010, par Triplet et ONCFS, 2010
*2 Dix-sept à dix-huit espèces d'anatidés ont été observées dans le delta du fleuve Sénégal, plus ou moins régulièrement :
- 7 espèces afrotropicales (par ordre d'effectifs): Dendrocygna viduata / Sarkidiornis melanotos / Plectropterus gambensis / Dendrocygna bicolor / Alopochen aegyptiaca / Nettapus auritus / Thalassornis leuconotus /
- 10 à 11 espèces paléarctiques (par ordre d'effectifs): Anas querquedula / Anas acuta / Anas clypeata / Anas crecca / Aythya fuligula / Aythya nyroca / Aythya ferina / Anas penelope / Marmaronetta angustirostris / Tadorna tadorna / Anas strepera /
Ci-dessous:
les dendrocygnes veufs regagnent leur reposoir diurne du Khant nord
2013 12 3 8h du matin / © Photos par Frédéric Bacuez
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