7, un cadavre de tortue verte à Sal-Sal

Ci-dessus et dessous: 2011 07 7, cadavre de tortue verte (chelonoia mydas) dans les sables de Sal-Sal
/ Courtesy photos par Eddy Graëff pour Ornithondar

* Langue de Barbarie, plage de Sal-Sal -


Le cadavre d'une tortue verte (chelonia mydas, juvénile ?) sèche au chaud soleil dans les dunes de sable de Sal-Sal, entre l'océan et le lagon, abandonné aux mouches (cf. photos). Il est probable que l'animal a été pris dans les mailles des filets dérivants, ceux-là même qui ont ramené aux pêcheries de Goxuumbacc des dizaines de requins-marteaux (cf. notule suivante); également plausible: la tortue a été jetée suffisamment loin des séchoirs pour que les pêcheurs ne se fassent sermonner par d'hypothétiques agents de l'Environnement... L'entame dans le cou de la tortue (cf. photos en haut et ci-après) indique sa probable agonie: le chelonidé pris au piège des gigantesques nasses a tenté de se faufiler à travers les mailles, en vain, retenu par la carapace, jusqu'à la noyade; fin habituelle d'une vie de tortue marine...



Nota: on peut dire, sans vouloir froisser le rêve éveillé des uns et les voeux pieux des autres, que les cinq espèces de tortues marines*1 qui peuvent fréquenter cette partie de l'Atlantique  ne sont plus que d'occasionnelles nicheuses sur le littoral sénégalais. Malgré quelques initiatives périphériques comme la mise en place - souvent virtuelle- d'Aires Marines Protégées (AMP) et des campagnes locales de sensibilisation ponctuelle, essentiellement le fait de la dynamique association sénégalaise Oceanium*2, le futur proche des tortues marines au Sénégal reste funeste: la découverte de 4 nids dans la Langue de Barbarie au sein du parc national du même nom (PNLB), lors de l'hivernage 2008, confirmée en 2010 après une quinzaine d'années sans ponte*3, n'y changera pas grand chose. Dans notre delta, les tonnes de déchets plastique*4 déversés dans la mer chaque jour par la brèche saint-louisienne, l'irresponsabilité éco-citoyenne de l'immense majorité des habitants du pays, toutes classes sociales confondues, et la pêche incidente des tortues par des pêcheurs incapables de modifier leurs techniques de pêche condamnent à l'évidence l'avenir de ces chelonidés théoriquement protégés. Sur la Petite Côte au sud de Dakar, l'AMP de Joal-Fadiouth n'était pas peu fière en 2007 de déclarer dans le domaine de ses 174 km2 "sous protection" l'existence de 7 nids près de Joal et de 2 nids près de Ngazobil... Ouf !

Voir aussi: http://ornithondar.blogspot.com/2011/07/10-plage-de-sal-sal-encore-un-cadavre.html
En rappel: http://ornithondar.blogspot.com/2011/05/22-echouages-senegalais.html
Egalement: http://ornithondar.blogspot.com/2004/06/21-une-hecatombe-de-dauphins-et-de.html

*1 Par fréquence: Tortue verte (chelonia mydas), pondeuse / Tortue luth (dermochelys coriacea), pondeuse / Tortue caouanne (caretta caretta), pondeuse -virtuelle / Tortue imbriquée (eretmochelys imbricata ssp. imbricata), pondeuse -virtuelle / Tortue olivâtre (lepidochelys oilivacea), errante.
*2 Aller sur les sites d'Oceanium, la célèbre association d'Ali El Haïdar engagée depuis longtemps dans la préservation de notre littoral, en particulier aux cotés de populations réceptives et impliquées, en Casamance, au Sine Saloum et sur la Petite Côte...
*3 Voir aussi: http://ornithondar.blogspot.com/2009/11/29-pnlb-on-retrouve-des-nids-de-tortues.html
*4 Principale cause de mortalité chez les tortues marines (occlusion intestinale), qui confondent souvent les plastiques dérivants avec des méduses, leurs aliments de prédilection.

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