Entre deux colloques, le massacre des Requins-marteaux ne bat pas de l'aile
Pêcheries de Sal-Sal (Goxuumbacc, Langue de Barbarie nord), des centaines de Requins-marteaux halicornes au dépeçage
2011 07 7 / @ Photo Ornithondar
2011 07 7 / @ Photo Ornithondar
* Goxuumbacc, pêcheries de Sal-Sal (Langue de Barbarie nord) -
*2 'Plan d'action national requins', janvier 2007 : http://www.oceandocs.org/bitstream/1834/1713/1/Rapportd'Etape-PAN.pdf
Ce n'est malheureusement pas un fait du hasard: dans un peu plus de quinze jours, un colloque dakarois*1 va pérorer sur le triste sort des requins d'Afrique occidentale, guère plus enviable ici qu'ailleurs dans le monde ! Après moult séminaires de réflexion(s), et même des ateliers sous-régionaux sur la gestion des squales organisés à Saint-Louis-du-Sénégal, en 2000... Après des tonnes de rapports et d'études, des flots d'engagements et un plan national*2 pour les requins 'sénégalais', en 2007... Ce jour, comme si de rien n'était*3, des centaines, oui oui des centaines d'ailerons, de têtes et autres chairs de Requins-marteaux halicornes (Sphyrna lewini, Scalloped Hammerhead) sont débités, séchés et rangés au carré sur des palettes, à Sal-Sal, entre les dernières bâtisses du quartier de Goxuumbacc et les filaos frontaliers de la Mauritanie : en attente des camions qui viendront récupérer la 'marchandise', direction la Gambie puis le Ghana puis... la Chine-développeuse-gratis-du-Sénégal et autres soupières d'Asie. Ah oui, le Sénégalais ne mange pas la sole, ni la raie, ni le requin... Mais il sous-traite.
*2 'Plan d'action national requins', janvier 2007 : http://www.oceandocs.org/bitstream/1834/1713/1/Rapportd'Etape-PAN.pdf
*3 N'était l'activisme salvateur d'Oceanium, la célèbre association dakaroise d'Ali El Haïdar, engagée depuis longtemps dans la préservation de notre littoral, en particulier aux côtés de populations réceptives et impliquées en Casamance, au Sine Saloum et sur la Petite Côte...
Voir notamment (en 2006, déjà...) : http://oceanium.blogspot.com/2006/07/pche-des-requins.html
Nota : pendant de nombreuses années le Requin-marteau a constitué une part prépondérante des prises incidentes (dites accessoires) dans le chalutage des poissons et crevettes - parfois jusqu'à 90% de la prise totale ! Il n'est pas étonnant d'apprendre que 80 % des Requins-renard et des Requins blancs, et 89 % des Requins-marteaux ont donc disparu de l'Atlantique nord-est ces vingt dernières années !*3 Sur les côtes d'Afrique occidentale, la baisse des effectifs de raies et requins a été retardée en partie grâce aux faibles capacités techniques des bateaux locaux et au fait que ces ressources halieutiques n'ont jamais fait partie de la cuisine ouest-africaine. C'est à la fin des années 70 que les pêcheries ghanéennes, les plus performantes d'Afrique de l'ouest et du Golfe de Guinée, augmentent leurs périmètres de pêches et vont s'installer jusqu'en Gambie. D'accessoires, les captures de requins deviennent alors ciblées : les Ghanéens exportent leurs prises aussi vers l'Asie, tout particulièrement vers la Chine grande consommatrice d'ailerons. Les vaillants piroguiers Lébous du Sénégal sont aisément 'encouragés' par les filières ghanéennes & associés 'bien placés' à pêcher leurs requins et d'en 'extraire' les ailerons (technique du finning) tant appréciés à des milliers de kilomètres des rivages de la Teranga... Entre 1981 et 2005, les effectifs de Requins-marteaux ont aussitôt chuté d'au moins 83 %. L'afflux des armadas européennes et asiatiques dans les eaux poissonneuses qui vont du Maroc à la Sierra Leone accompagne indirectement le ciblage sino-ghanéen : entre 2001 et 2005, sur le seul littoral mauritanien, 42 % des prises accessoires effectuées par les navires industriels venus d'Europe ont concerné les Requins-marteaux ! L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) classe le Requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini), ainsi que le Grand Requin-marteau (Sphyrna mokarran) dans la catégorie des espèces mondialement 'en danger'. Rien n'y fait : sous la pression des lobbies, comme pour le Thon rouge, la Convention sur le Commerce International des Espèces de faune et de flore sauvages menacés d'extinction (CITES) refuse toujours d'inscrire le Requin-marteau halicorne à son Annexe des espèces en danger - proposition des États-Unis et Palau (mars 2010*4) ; on ne va tout de même pas se fâcher avec les Chinois pour des requins... La surexploitation continue donc. Les ailerons du Requin-marteau halicorne sont grands, avec de nombreux rayons (cartilages), très prisés. Qu'importe que ce requin ait l'un des taux de croissance le plus bas de tous les squales côtiers, et l'un des taux de récupération les plus faibles : le plan national sénégalais de 2007 pour les requins recommandait la cessation de toute pêche des Requins-marteaux entre le 1er juin et le 31 août. Ces photographies ont été prises ce 7 juillet de l'an de disgrâce 2011... No comment.
*3 http://www.maxisciences.com/requin-marteau/le-requin-marteau-grand-voyageur-de-l-atlantique-tres-menace_art12863.html
*4 http://www.cites.org/fra/cop/15/prop/F-15%20Prop-15.pdf
Voir aussi : http://ornithondar.blogspot.com/2011/07/10-sal-sal-raies-requins-gris-requins.html
Voir notamment (en 2006, déjà...) : http://oceanium.blogspot.com/2006/07/pche-des-requins.html
Nota : pendant de nombreuses années le Requin-marteau a constitué une part prépondérante des prises incidentes (dites accessoires) dans le chalutage des poissons et crevettes - parfois jusqu'à 90% de la prise totale ! Il n'est pas étonnant d'apprendre que 80 % des Requins-renard et des Requins blancs, et 89 % des Requins-marteaux ont donc disparu de l'Atlantique nord-est ces vingt dernières années !*3 Sur les côtes d'Afrique occidentale, la baisse des effectifs de raies et requins a été retardée en partie grâce aux faibles capacités techniques des bateaux locaux et au fait que ces ressources halieutiques n'ont jamais fait partie de la cuisine ouest-africaine. C'est à la fin des années 70 que les pêcheries ghanéennes, les plus performantes d'Afrique de l'ouest et du Golfe de Guinée, augmentent leurs périmètres de pêches et vont s'installer jusqu'en Gambie. D'accessoires, les captures de requins deviennent alors ciblées : les Ghanéens exportent leurs prises aussi vers l'Asie, tout particulièrement vers la Chine grande consommatrice d'ailerons. Les vaillants piroguiers Lébous du Sénégal sont aisément 'encouragés' par les filières ghanéennes & associés 'bien placés' à pêcher leurs requins et d'en 'extraire' les ailerons (technique du finning) tant appréciés à des milliers de kilomètres des rivages de la Teranga... Entre 1981 et 2005, les effectifs de Requins-marteaux ont aussitôt chuté d'au moins 83 %. L'afflux des armadas européennes et asiatiques dans les eaux poissonneuses qui vont du Maroc à la Sierra Leone accompagne indirectement le ciblage sino-ghanéen : entre 2001 et 2005, sur le seul littoral mauritanien, 42 % des prises accessoires effectuées par les navires industriels venus d'Europe ont concerné les Requins-marteaux ! L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) classe le Requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini), ainsi que le Grand Requin-marteau (Sphyrna mokarran) dans la catégorie des espèces mondialement 'en danger'. Rien n'y fait : sous la pression des lobbies, comme pour le Thon rouge, la Convention sur le Commerce International des Espèces de faune et de flore sauvages menacés d'extinction (CITES) refuse toujours d'inscrire le Requin-marteau halicorne à son Annexe des espèces en danger - proposition des États-Unis et Palau (mars 2010*4) ; on ne va tout de même pas se fâcher avec les Chinois pour des requins... La surexploitation continue donc. Les ailerons du Requin-marteau halicorne sont grands, avec de nombreux rayons (cartilages), très prisés. Qu'importe que ce requin ait l'un des taux de croissance le plus bas de tous les squales côtiers, et l'un des taux de récupération les plus faibles : le plan national sénégalais de 2007 pour les requins recommandait la cessation de toute pêche des Requins-marteaux entre le 1er juin et le 31 août. Ces photographies ont été prises ce 7 juillet de l'an de disgrâce 2011... No comment.
*3 http://www.maxisciences.com/requin-marteau/le-requin-marteau-grand-voyageur-de-l-atlantique-tres-menace_art12863.html
*4 http://www.cites.org/fra/cop/15/prop/F-15%20Prop-15.pdf
Voir aussi : http://ornithondar.blogspot.com/2011/07/10-sal-sal-raies-requins-gris-requins.html
Nota : cette notule et sa photo en haut de page reprises en partie par le site saint-louisien NdarInfo:
Ci-dessous :
équarrissage et séchage de Requins-marteaux halicormes ; entre autres...
Sal-Sal 2011 07 7 / @ Photos Ornithondar
- Cliquer sur les photos pour les agrandir -
Sal-Sal 2011 07 7 / @ Photos Ornithondar
- Cliquer sur les photos pour les agrandir -
Désolé, mon blog n'est pas un ring pour individus se haissant. J'avais envisagé de laisser les propos oiseux de l'anonyme courageux, peu préoccupé de savoir quel était l'auteur de ces mots futiles,à 11h30 du matin d'un jour de semaine... Je trouvais même sympathique cette définition d' existence(s) passionnée(s) par la nature ou/et la photo: l'oisif, "celui qui dispose de beaucoup de loisirs", ce n'est en effet pas donné à tout le monde ! Désolé donc, je supprime ces deux contributions qui n'apportent rien à ce que j'attends d'une contribution. Maintenant, je ne suis pas en possession de chiffres ou d'enquêtes sur le sort de la sardinelle: je suis preneur. Et transmettrai illico vos infos.
RépondreSupprimerCa vole bas pour certains specimens !!!
RépondreSupprimerSur www.lemonde.fr dans l'édition des abonnés (du jour) : "Au Sénégal, la colère gronde contre le pillage du poisson par les bateaux "étrangers"
RépondreSupprimerQuel con a dit que ca n'intéressait que quelques oisifs ?
Oui, deux articles du quotidien français Le Monde, datés du 14 juillet 2011:
RépondreSupprimer- sur le désarroi des pêcheurs artisanaux sénégalais face aux 'ententes'entre autorités politiques locales et armadas de flotilles étrangères
- sur les Aires marines protégées (AMP) bien mal armées pour lutter contre le braconnage de leurs ressources à peine épargnées par la curée généralisée...
Pour notre part: la 'boucherie' de Sal-Sal a été signalée, ici au Sénégal, à Oceanium et au maire de Saint-Louis.
Yl avait raison, l'anonyme congédié ! J'en ai un fou rire... A cette heure oisive (18h, c'est permis ?), un doc National Geo sur Canal+ Horizons: de la disparition du fou du Cap à cause de la raréfaction de la... sardinelle à l'ouest du Cap de Bonne Espérance !!! Bravo !
RépondreSupprimerJe me suis permis de piquer quelques lignes de ce blog pour confectionner un petit article publié sur NdarInfo.com. Votre combat est noble. Seulement, il doit être mené à travers une intense et intelligente opération de sensibilisation pour que mes parents pêcheurs puissent être informés des dangers de ce commerce "illicite" et cruel.
RépondreSupprimerMerci à vous et bonne continuation.
Oui, M. Seye, je viens d'ailleurs de voir la reprise sur votre site: votre élégance à me signaler l'utilisation de ma notule ne fait que renforcer ma satisfaction qu'un journaliste sénégalais s'en inspire pour alerter ses lecteurs. Ornithondar, qui est d'abord un blog confidentiel à destination des ornithologues (d'ailleurs, malheureusement), n'a pas la prétention de prendre la place des journalistes, des associations et des... politiques (?) à qui il revient de 'sensibiliser' et de mener campagne(s) contre la dégradation accélérée de votre, notre, nature. J'ai cependant transmis mes notes et les photos à Oceanium et à la FIBA qui seront, évidemment, de l'atelier du 25 juillet. On compte sur eux.
RépondreSupprimerBien à vous, et bonne chance pour votre site (que je consulte régulièrement depuis qu'Eddy Graëff m'avait signalé sa jeune existence).
Frédéric Bacuez