28, une spatule d'Afrique blessée
Ci-dessus: 2011 07 28 aprem', spatule d'Afrique à la patte gauche brisée / Photo par Inno
* Entre Lampsar et Sénégal. Vers le croisement des deux digues -
APREM'-
1 spatule d'Afrique (platalea alba, african spoonbill) en plumage internuptial - probablement un subadulte au vu des couvertures et pointes des primaires encore noirâtres- se tient au milieu d'une mare très saumâtre, sous le carrefour des deux digues. On l'approche facilement: elle peine à se déplacer, sa patte gauche est cassée, visiblement au niveau du pied qui pendouille. Un peu plus tard, nous la verrons quasiment au milieu du carrefour des deux pistes; en claudiquant, l'échassier traverse le rideau d'arbustes épineux pour descendre de l'autre coté de la digue, vers la grande mare en contrebas, alimentée par l'eau du fleuve Sénégal. La spatule isolée des siens cherche à rejoindre les pélicans et tantales rassemblés en nombre à proximité. L'oiseau n'en continue pas moins, malgré ce sévère handicap qui lui donne peu de chance de survie, de labourer la vase de son bec à la recherche de mollusques, crustacés et alevins.
Ci-dessus: 2011 07 28, une spatule d'Afrique blessée à la patte, au croisement des deux digues / Photos par Frédéric Bacuez
Nota*1: présente dans toute l'Afrique subsaharienne - et saisonnièrement au sud de la péninsule arabique, la spatule d'Afrique est devenue sporadique en Afrique de l'ouest. Ses effectifs sont localisés à quelques sites*2 dont le lac Fitri (Tchad, jusqu'à 1072 couples) et le delta intérieur du Niger (Mali, jusqu'à 900 ind., mais de 300-350 couples nicheurs en 1986-1987 à 100-150 couples en 2004-2005, et de 430 ind. au lac Debo en 1999 à 100 ind. en 2007): ces deux sites accueillent chacun 1% au moins de la population totale. Dans le delta du fleuve Sénégal, la spatule d'Afrique a bien failli disparaitre n'était la constitution du salvateur parc national du Diawling (PND), sur les berges mauritaniennes du fleuve: aucun nicheur en 1993, 5 paires à la fin des années 90, et 50-60 couples en 2004-2005; et, miracle, 3374 ind. recensés le 15 janvier 2008 ! Sur le cours deltaïque du fleuve, des deux cotés, les effectifs de la spatule africaine n'avaient jamais excédé la centaine de couples nicheurs (1961-1965), chutant à une cinquantaine (1979-1981) puis quelques couples relictuels à la fin du siècle passé (1987-1993). Aujourd'hui, sur les deux colonies (re)constituées (celle du Diawling et la petite du Djoudj), on estime grosso modo la population reproductrice à ~325 couples. C'est dire combien ce magnifique oiseau reste fragile sous nos cieux africains: et au contraire de sa cousine européenne (platalea leucorodia ssp. leucorodia), qui bénéficie (à justes raisons) de toutes les attentions (chez elle pour sa saison de reproduction, ici pour son hivernage), l'africaine n'intéresse pas grand monde...
*1 Source: 'Living on the edge, wetlands and birds in a changing Sahel', par L. Zwarts, R.G. Bijlsma, J. van der Kamp et E. Wymenga / KNNV Publishing 2009, Pays-Bas
*2 Lac Fitri (Tchad), 1072 couples / Delta du Sénégal (Sénégal), 322 couples / Logone (Tchad-Cameroun), 304 couples / Fleuve Niger (Mali-Niger), jusqu'à 900 couples / Hadejia-Nguru (Nord Nigeria), 110 couples
Ci-dessus: 2011 07 28, une spatule d'Afrique blessée à la patte, au croisement des deux digues / Photos par Frédéric Bacuez
Nota*1: présente dans toute l'Afrique subsaharienne - et saisonnièrement au sud de la péninsule arabique, la spatule d'Afrique est devenue sporadique en Afrique de l'ouest. Ses effectifs sont localisés à quelques sites*2 dont le lac Fitri (Tchad, jusqu'à 1072 couples) et le delta intérieur du Niger (Mali, jusqu'à 900 ind., mais de 300-350 couples nicheurs en 1986-1987 à 100-150 couples en 2004-2005, et de 430 ind. au lac Debo en 1999 à 100 ind. en 2007): ces deux sites accueillent chacun 1% au moins de la population totale. Dans le delta du fleuve Sénégal, la spatule d'Afrique a bien failli disparaitre n'était la constitution du salvateur parc national du Diawling (PND), sur les berges mauritaniennes du fleuve: aucun nicheur en 1993, 5 paires à la fin des années 90, et 50-60 couples en 2004-2005; et, miracle, 3374 ind. recensés le 15 janvier 2008 ! Sur le cours deltaïque du fleuve, des deux cotés, les effectifs de la spatule africaine n'avaient jamais excédé la centaine de couples nicheurs (1961-1965), chutant à une cinquantaine (1979-1981) puis quelques couples relictuels à la fin du siècle passé (1987-1993). Aujourd'hui, sur les deux colonies (re)constituées (celle du Diawling et la petite du Djoudj), on estime grosso modo la population reproductrice à ~325 couples. C'est dire combien ce magnifique oiseau reste fragile sous nos cieux africains: et au contraire de sa cousine européenne (platalea leucorodia ssp. leucorodia), qui bénéficie (à justes raisons) de toutes les attentions (chez elle pour sa saison de reproduction, ici pour son hivernage), l'africaine n'intéresse pas grand monde...
*1 Source: 'Living on the edge, wetlands and birds in a changing Sahel', par L. Zwarts, R.G. Bijlsma, J. van der Kamp et E. Wymenga / KNNV Publishing 2009, Pays-Bas
*2 Lac Fitri (Tchad), 1072 couples / Delta du Sénégal (Sénégal), 322 couples / Logone (Tchad-Cameroun), 304 couples / Fleuve Niger (Mali-Niger), jusqu'à 900 couples / Hadejia-Nguru (Nord Nigeria), 110 couples
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