25, Ferlo : 270 Cigognes blanches en migration prénuptiale - déjà !
Par-dessus le Ferlo, plus de 270 Cigognes blanches en migration prénuptiale, déjà... 2014 01 25, 11h59 / @ Photo par Frédéric Bacuez |
* Ferlo nord -
MIDI-
Au beau milieu d'un parterre de baobabs du chacal et d'euphorbes en fleurs, je remarque dans le lointain des centaines de points noirs haut sur le ciel bleu et blanc : des Cigognes blanches (Ciconia ciconia, White Stork) ! On s'essaye au dénombrement, tout en photographiant les évolutions flottantes dans les nimbes : pas moins de 270 cigognes en un seul groupe, toutes en direction du nord à près de 1000 mètres d'altitude (cf. photo en haut de notule). Leur glissé est brièvement interrompu - un désordre très momentané dans le plané de l'escadrille silencieuse- quand perdant un peu d'altitude elles décident de cercler pour reprendre de la hauteur au contact de la précédente et de la nouvelle ascendance porteuse (cf. photo en bas de notule). C'est visiblement pour ces cigognes le départ du Sénégal et le retour vers l'Europe. Déjà. De plus en plus tôt. Nous ne sommes que fin janvier. Les Cigognes blanches migratrices avaient atteint le Sénégal entre fin octobre et courant novembre, lors de leur voyage post-nuptial d'automne.
Nota : alors que l'espèce connaît dans son aire de reproduction un net regain et (re)conquiert des territoires jadis perdus, la Cigogne blanche franchit de moins en moins le Sahara pour passer l'hiver dans la bande soudano-sahélienne du continent africain. Les vols importants que l'on pouvait y observer encore dans les années 60' du siècle passé - il y aura bientôt cinquante ans- y deviennent des raretés, de quasi événements :
Le 7 janvier 2002,
un vol de ~300 Cigognes blanches par-dessus le Ndiaël (nord du Sénégal)
Le 4 décembre 2003,
au moins 550 Cigognes blanches stationnées sur les rives d'une mare saisonnière du Ndiaël (nord du Sénégal)
Le 4 janvier 2011,
~1500 Cigognes blanches dans les faubourgs de Gossas, entre Diourbel et Kaolack (sud du Sénégal)
" Au cours des récents recensements aériens d’avifaune aquatique dans le delta du Sénégal,
nous n’avons pas retrouvé, de loin, la même abondance de Cigognes blanches qu’au début des années 60 :
guère plus d’une trentaine de sujets en janvier 1972 ; une soixantaine en janvier 1973 (F. R. et A. D.).
G. M. estime de son côté que le nombre des hivernants
dans la région de Richard-Toll est en diminution depuis quelques années.
dans la région de Richard-Toll est en diminution depuis quelques années.
La chasse de la part des populations locales se poursuit, en dépit de son interdiction.
C’est un facteur de diminution s’ajoutant aux autres.
Parallèlement, les reprises de bagues, si courantes autrefois, sont devenues exceptionnelles.
L’une d’elles, opérée au Cap-Vert sur un oiseau originaire du Maroc oriental
apporte la première indication sur l’hivernage au Sénégal de cigognes nord-africaines. "
- In 'Les migrateurs paléarctiques au Sénégal : notes complémentaires',
par Gérard J. Morel & Francis Roux, 1973
Sachant que la Cigogne blanche est un enjeu de protection environnementale en Europe*, que le grand échassier est dans le Paléarctique un oiseau vénéré, de l'Alsace au Maroc, que la traversée du Sahara n'est pas en soi une difficulté infranchissable pour elle, on peut émettre trois hypothèses à la bouderie de l'oiseau pour les espaces sahéliens :
- Au sud du Sahara, en Mauritanie et au Mali tout particulièrement, l'oiseau est considéré comme un gibier et les chasseurs (heureusement moins nombreux qu'en France où 25 millions d'oiseaux de toutes plumes sont plombés chaque année, juste pour le plaisir - il faut le rappeler...), qui tirent sur tout ce qui bouge, vole et rampe, ne se privent pas de faire des cartons quand les cigognes se reposent autour des mares pré-sahariennes du sud mauritanien et du delta intérieur du fleuve Niger. Les militaires sahéliens, jamais aussi courageux que pour traquer la bête et terroriser le civil, ont longtemps trompé l'ennui en mitraillant aussi à tout va. Quant aux 'barbus' hilares, s'étant déjà filmés en train de massacrer les dernières gazelles de leurs conquêtes djihadistes, ils ont probablement saisi l'aubaine du passage des cigognes pour faire le coup de feu sur ces oiseaux à coup sûr pas wahabites pour deux plumes...
- La Cigogne blanche est un grand consommateur de sauteriaux qu'elle chasse devant elle, dans la steppe sahélienne, à l'aide de son bec robuste. Depuis une décennie au moins, on note une baisse des invasions traditionnelles des Criquets pèlerins et autres locustes, sans doute à cause de la qualité des pluies de mousson (?) et des campagnes d'épandage anti-acridien opéré par avion(s) au nord comme au sud du Sahara dans les années 70', 80' et 90' de l'autre siècle. Visiblement avec succès. Et tant pis pour les cigognes !
- Le cycle sec trentenaire des années 68-98' en Afrique occidentale puis le réchauffement climatique qui a suivi - malgré le retour des pluies-, l'amélioration des conditions d'accueil pour la nidification, l'empathie dont elles jouissent en Europe et au Maghreb font que les Cigognes blanches, attachées à leurs sites de reproduction mais réputées peu fidèles à leurs sites d'hivernage, ont tendance depuis une quarantaine d'années (déjà) à vagabonder dans le giron méditerranéen, de part et d'autre des deux rives ; bref, à se sédentariser.
Ci-dessous :
par-dessus le Ferlo
Cigognes blanches reprenant les ascendants thermiques pour continuer la progression diurne de leur migration prénuptiale vers le nord
2014 01 25, 11h59 / @ Photo par Frédéric Bacuez
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