6, marigot de Khant-nord: comme les oiseaux, j'ai trouvé l'ultime point d'eau !
Couple d'Astrilds-Cailles à face noire - Ortigospiza a. atricollis, sous un buisson de Tamarix senegalensis Lit du marigot de Khant-nord 2017 05 6, 14h56 / © Photo par Frédéric Bacuez |
* Aire communautaire patrimoniale des Trois-Marigots.
Marigot de Khant-nord et boisements limitrophes-
5h15-17h-
A pied.
Temps: 20°-34°. Temps ensoleillé avec ciel de plus en plus blanchi par le sable littoral rapporté par le vent du N/NO.
Lever de soleil, 6h39 / UV 13, extrême / Vent N/NO, 29 km/h, soutenu / Humidité, 56%, avec rosée matinale (moyenne)
5h, 20° / 9h, 25° / 13h, 34° / (17h, 30°)
Températures maximales, 39° (2013) / Température maximale moyenne (ces 30 dernières années), 30°
Températures minimales maximales, 18° (1991) / Température minimale moyenne (ces 30 dernières années), 21°
Ci-contre, en haut: dans le lit du marigot de Khant-nord, au zénith
2017 05 6, 14h42 / © Photo par Frédéric Bacuez [EOS 7D]
Ci-contre, en bas: trou d'eau en bordure du marigot de Khant-nord
2017 05 6, 8h21 / © Photo par Frédéric Bacuez [Samsung]
Les semaines les plus périlleuses ont commencé, pour les oiseaux au Sahel. Dans cette région condamnée au pire, tôt ou tard, le bas-delta du fleuve Sénégal n'est pourtant pas encore l'endroit le plus hostile, loin s'en faut, pour la gent ailée comme bipède... La proximité de l'océan pour relativiser la fournaise qui accable l'hinterland, les cours d'eau pérennes; le vent du nord, en ce moment, et les ultimes souffles alizés; la rosée de l'aube, surtout, pour bien des espèces animales... Seule l'amplitude thermique peut jouer avec l'endurance des corps qui n'ont pas l'habitude des franges sahariennes et des milieux arides - ou de la brousse. A Saint-Louis-du-Sénégal et environs, passé urbain aux marges du chaudron à venir, il faut rester chez soi, se contenter d'aller chercher le Pop ou le pain du matin pour croire qu'il ne fait jamais vraiment chaud, dans le coin.
A l'amont de la digue de Mengueye, la cuvette du marigot de Khant est à sec. Les herbiers coupés ras par le cheptel domestique en errance sont si jaunes qu'ils en deviennent mordorés, bien après le soleil levant. Au milieu de la dépression, les lagons les plus profonds, guère plus de quelques centimètres, en saison suffisamment en eau pour ne pas être occupés par les typhas colons, ne sont plus que boues fissurées, craquelées (cf. photo ci-dessus en médaillon), un damier ici et là gratté et retourné par les Phacochères communs (Phacochoerus africanus) en quête de tubercules et racines. Ceux-là, même si les suidés sont quasi systématiquement au rendez-vous de mes billebaudes naturalistes, ils m'offrent aujourd'hui quelques nez à groins inattendus à mettre au crédit de leur courte vue ! Il suffit le plus souvent de se tenir immobile contre un buisson de Tamaris, et attendre... Le trio, là-bas, têtes baissées qui traversent la cuvette herbeuse du marigot asséché, il arrive droit sur moi... C'est à quelques mètres que le leader se rend compte de ma présence incongrue; le suidé s'arrête sur place, tente de me deviner, attend un frémissement inévitable de ma part, bondit et pattes avant rapportées vers le coté prend la poudre d'escampette... Les autres qui suivent ne comprennent généralement pas grand chose et se laissent entraîner, avec une confiance aveugle, à leur rythme... Au zénith dans les dunes, ce seront deux bêtes musculaires, profondément assoupies dans leur litière de sable rafraîchi par l'ombre épaisse du Salvadora persica, que je réveillerai in extremis, tout aussi surpris qu'elles... Les deux phacos se jettent dans les racines et branchages pour s'extirper du bosquet et s'arrêtent à quelques mètres de leur abri, pour tenter de comprendre ce qui s'est passé... Ils me repèrent, se rapprochent de quelques mètres pour mieux m'identifier, ne sachant plus que faire: fuir, revenir à la couche, charger ? Ils semblent rassurés par ma tranquillité - pas de pan-pan !, je me suis accroupi, leur parle doucement, avec tendresse - oui oui, je sais, c'est con et nunuche... Mes camarades anglais du Rutland Osprey Project connaissent mon irrépressible engouement pour le cochon sahélien... A défaut de grands mammifères, on se contente de ce que nos hôtes ont abandonné aux mécréants et à leurs fines gâchettes, ha ha ha... Les paisibles truffes me regardent, incrédules; et finissent par s'éloigner, au trot mais confiantes, sous la voûte des acacias effeuillés (cf. photos ci-dessous et en bas de notule).
Ci-dessous:
Phacochère commun - Phacochoerus africanus, femelle surprise de me rencontrer...
Dans le lit du marigot de Khant-nord 2017 05 6, 8h33 / © Photo par Frédéric Bacuez
Ci-dessus:
à g., le marigot de Khant-nord, vers l'ouest (6h41) - à d., le marigot de Khant-nord, vers l'est (6h44)
2017 05 6 au petit matin / © Photos par Frédéric Bacuez
Un couple d'Astrilds-Cailles à face noire
- un Estrildidé en déclin et menacé par l'intensification agricole dans la basse vallée
C'est dans les herbiers ras et secs que l'on doit rechercher nos petits granivores de la famille des Estrildidés - huit espèces dans la région du fleuve Sénégal. Au coeur de l'après-midi, c'est un couple d'Astrilds-cailles à face noire (Ortigospiza a. atricollis) que je lève en bordure occidentale de la cuvette du Khant-nord. Les minuscules oiseaux (9,5 cm !) au déplacement malhabile - on dirait qu'ils n'ont pas de queue, quand ils volent !- se reposent presque aussitôt au sol, à l'ombre d'un Tamarix senegalensis. C'est madame qui semble commander: par deux fois, je la vois piqueter son homme, toujours et bien sagement en retrait (cf. photos ci-dessous et en haut de notule). Comme les Chardonnerets et autres gazouilleurs prisés des tyrans que nous sommes, qui adorons soumettre et jeter en cage ce(ux) que nous prétendons aimer, au Maghreb et en Europe méditerranéenne, les Estrildidés ont longtemps été 'surexploités' au Sénégal et continuent de payer un lourd tribut à l'obsession carcérale des humains. On oublie, mais le même Sénégal fut longtemps des pays les plus réputés - et condamnés- pour son trafic d'oiseaux dits d'ornement... Malheureusement, trois autres phénomènes ont fortement impacté (comme on dit aujourd'hui en franglais 'sérieux') les effectifs sahéliens de ces petits oiseaux aux coloris délicats: les sécheresses de la fin du siècle passé; la réduction dans le temps du tapis herbacé, souvent éliminé dès le mois de janvier, ainsi que la raréfaction des espèces et variétés d'herbes, conséquence d'un surpâturage dévastateur (et suicidaire) par l'omniprésent cheptel domestique; et la généralisation d'une agriculture intensive et chimique dans toute la vallée jusques et y compris, désormais, les limites de l'aire communautaire patrimoniale des Trois-Marigots. A suivre... Une chose est certaine: il y a encore cinq à huit années j'observais plus régulièrement les Astrilds-Cailles, en petites bandes de nos jours réduites à de simples paires, ici et là. Tandis que prospèrent (pour le moment) les Bengalis zébrés (amandava s. subflava)... Allez y comprendre quelque chose...
J'écrivais dans une précédente notule d'Ornithondar:
" les Estrildidés, communs ou pas, demeurent toujours des oiseaux localisés ("peu observés et généralement peu connus", notait déjà Morel dans les années '60...), exigeants quant à la qualité des conditions de leur maintien ou pas sur un site: il faut du grain, des graines et des graines à satiété ! De l'eau, aussi, toujours disponible à proximité, ne serait-ce qu'un puits ou des séanes - c'est particulièrement vrai pour le grégaire Capucin bec-d'argent (Euodice cantans). Bizarrement, certaines espèces communes ici seront rares voire absentes ailleurs - c'est le cas du Bengali zébré (Sporaeginthus subflavus) dans la basse vallée fluviale l'Estrildidé le plus commun alors que sa répartition en Afrique occidentale est toujours très localisée, et surtout fragmentée. D'autres seront tellement exigeantes qu'on ne les trouvera que sur certains types de milieux malheureusement très menacés par le développement agricole ou le surpâturage; c'est le cas de l'Astrild-caille à lunettes/à face noire (Ortygospiza atricollis), le second oiseau le plus petit dans notre région septentrionale du Sénégal (9,5 cm), inféodé aux plaines de décrue du fleuve et de ses affluents, en fort déclin depuis quelques années suite à l'obsession des Hommes à maîtriser la liberté du Sénégal - le fleuve et ses affluents-, jusqu'à la déraison... Et à tout remembrer pour faire du riz patriotique, pour l’Émergence, mais aussi du maïs, des tomates, des melons, des butternuts. Ceux-là par et pour les Européens de là-bas - qui ont faim, les malheureux !"
- un Estrildidé en déclin et menacé par l'intensification agricole dans la basse vallée
C'est dans les herbiers ras et secs que l'on doit rechercher nos petits granivores de la famille des Estrildidés - huit espèces dans la région du fleuve Sénégal. Au coeur de l'après-midi, c'est un couple d'Astrilds-cailles à face noire (Ortigospiza a. atricollis) que je lève en bordure occidentale de la cuvette du Khant-nord. Les minuscules oiseaux (9,5 cm !) au déplacement malhabile - on dirait qu'ils n'ont pas de queue, quand ils volent !- se reposent presque aussitôt au sol, à l'ombre d'un Tamarix senegalensis. C'est madame qui semble commander: par deux fois, je la vois piqueter son homme, toujours et bien sagement en retrait (cf. photos ci-dessous et en haut de notule). Comme les Chardonnerets et autres gazouilleurs prisés des tyrans que nous sommes, qui adorons soumettre et jeter en cage ce(ux) que nous prétendons aimer, au Maghreb et en Europe méditerranéenne, les Estrildidés ont longtemps été 'surexploités' au Sénégal et continuent de payer un lourd tribut à l'obsession carcérale des humains. On oublie, mais le même Sénégal fut longtemps des pays les plus réputés - et condamnés- pour son trafic d'oiseaux dits d'ornement... Malheureusement, trois autres phénomènes ont fortement impacté (comme on dit aujourd'hui en franglais 'sérieux') les effectifs sahéliens de ces petits oiseaux aux coloris délicats: les sécheresses de la fin du siècle passé; la réduction dans le temps du tapis herbacé, souvent éliminé dès le mois de janvier, ainsi que la raréfaction des espèces et variétés d'herbes, conséquence d'un surpâturage dévastateur (et suicidaire) par l'omniprésent cheptel domestique; et la généralisation d'une agriculture intensive et chimique dans toute la vallée jusques et y compris, désormais, les limites de l'aire communautaire patrimoniale des Trois-Marigots. A suivre... Une chose est certaine: il y a encore cinq à huit années j'observais plus régulièrement les Astrilds-Cailles, en petites bandes de nos jours réduites à de simples paires, ici et là. Tandis que prospèrent (pour le moment) les Bengalis zébrés (amandava s. subflava)... Allez y comprendre quelque chose...
J'écrivais dans une précédente notule d'Ornithondar:
" les Estrildidés, communs ou pas, demeurent toujours des oiseaux localisés ("peu observés et généralement peu connus", notait déjà Morel dans les années '60...), exigeants quant à la qualité des conditions de leur maintien ou pas sur un site: il faut du grain, des graines et des graines à satiété ! De l'eau, aussi, toujours disponible à proximité, ne serait-ce qu'un puits ou des séanes - c'est particulièrement vrai pour le grégaire Capucin bec-d'argent (Euodice cantans). Bizarrement, certaines espèces communes ici seront rares voire absentes ailleurs - c'est le cas du Bengali zébré (Sporaeginthus subflavus) dans la basse vallée fluviale l'Estrildidé le plus commun alors que sa répartition en Afrique occidentale est toujours très localisée, et surtout fragmentée. D'autres seront tellement exigeantes qu'on ne les trouvera que sur certains types de milieux malheureusement très menacés par le développement agricole ou le surpâturage; c'est le cas de l'Astrild-caille à lunettes/à face noire (Ortygospiza atricollis), le second oiseau le plus petit dans notre région septentrionale du Sénégal (9,5 cm), inféodé aux plaines de décrue du fleuve et de ses affluents, en fort déclin depuis quelques années suite à l'obsession des Hommes à maîtriser la liberté du Sénégal - le fleuve et ses affluents-, jusqu'à la déraison... Et à tout remembrer pour faire du riz patriotique, pour l’Émergence, mais aussi du maïs, des tomates, des melons, des butternuts. Ceux-là par et pour les Européens de là-bas - qui ont faim, les malheureux !"
Ci-dessous:
Astrild-caille à face noire - Ortigospiza a. atricollis, mâle
Lit du marigot de Khant-nord 2017 05 6, 14h55 / © Photo par Frédéric Bacuez
- Cliquer sur la photo pour agrandir -
Eurêka ! Un ultime point d'eau dans le Khant-nord !
En progressant entre le lit asséché du Khant et le labyrinthe des anciennes carrières de sables coquilliers qui le bordent, je finis par tomber sur l'ultime point d'eau de cette partie septentrionale du premier des Trois-Marigots. En saison c'est une vaste mare camouflée par des rangées de tumulus recouverts de Tamarix et de Prosopis, un des rares sites de la basse vallée fréquenté par des Foulques macroules (Fulica atra, qui ont niché dans les parages !) et, plus communs, des Grèbes castagneux (Tachybaptus ruficollis ssp.). Juste au-delà, prisée des Sarcelles d'été (Spatula querquedula) une autre mare, qui fait ici lien avec la dépression du Khant, est encaissée au pied d'un monticule arboré aménagé en rampe de tir pour les chasseurs à la passée, mais celle-ci est en ce mois de mai totalement à sec, c'est normal.
Se tenant sur les dernières vasques d'eau, aux cotés d'une quinzaine de jeunes Cormorans africains (Microcarbo africanus), plus de trois cent Dendrocygnes veufs (Dendrocygna viduata), une vingtaine de Dendrocygnes fauves (Dendrocygna bicolor), une Oie-armée de Gambie (Plectropterus g. gambensis) achèvent leur nuit de gagnage et vont bientôt abandonner le site, presque tous après 7h30 du matin, pour aller reposer en sifflant vers le Toddé et le N'galam voire les rives du fleuve Sénégal avant de revenir, à la prochaine tombée du jour, pour de nouvelles déambulations alimentaires... Décidés à occuper les trous d'eau, les Ardéidés résidents comprennent plusieurs dizaines d'Aigrettes, des quatre espèces locales (ardesiaca, garzetta, intermedia brachyrhyncha, alba melanorhynchos), une douzaine de Hérons cendrés (Ardea cinerea) autochtones, une huitaine de Crabiers chevelus (Ardeola ralloides), autant de Tantales ibis (Mycteria ibis). Sur les flaques finissantes, ou sans végétation, les ultimes limicoles du Paléarctique sont représentés par deux Chevaliers aboyeurs (Tringa nebularia), deux Chevaliers gambettes (Tringa totanus), un Chevalier guignette (Actitis hypoleucos) - on fait dans le chiche, désormais ! Les deux Échasses blanches (Himantopus himantopus) qui arpentent la moire, elles, ne sont pas des migratrices paléarctiques mais des africaines pur sang. Le 10 mai nous en observerons une volée de vingt-six sujets au-dessus du N'Galam. Le 12 mai 2014 dans le parc national du Djoudj (PNOD), Patrick Triplet (ONCFS, France) avait documenté la nidification de l'espèce, très rarement observée en Afrique de l'ouest (P. Isenmann, F. Baillon & S.I. Sylla), mais Ornithondar l'a aussi subodoré du coté de Mbéraye, nous y reviendrons inch'Allah...
Deux Spatules blanches baguées
OISEAUX / 64 espèces cochées, 5 sp. entendues
MAMMIFÈRES / 4 espèces vuesSe tenant sur les dernières vasques d'eau, aux cotés d'une quinzaine de jeunes Cormorans africains (Microcarbo africanus), plus de trois cent Dendrocygnes veufs (Dendrocygna viduata), une vingtaine de Dendrocygnes fauves (Dendrocygna bicolor), une Oie-armée de Gambie (Plectropterus g. gambensis) achèvent leur nuit de gagnage et vont bientôt abandonner le site, presque tous après 7h30 du matin, pour aller reposer en sifflant vers le Toddé et le N'galam voire les rives du fleuve Sénégal avant de revenir, à la prochaine tombée du jour, pour de nouvelles déambulations alimentaires... Décidés à occuper les trous d'eau, les Ardéidés résidents comprennent plusieurs dizaines d'Aigrettes, des quatre espèces locales (ardesiaca, garzetta, intermedia brachyrhyncha, alba melanorhynchos), une douzaine de Hérons cendrés (Ardea cinerea) autochtones, une huitaine de Crabiers chevelus (Ardeola ralloides), autant de Tantales ibis (Mycteria ibis). Sur les flaques finissantes, ou sans végétation, les ultimes limicoles du Paléarctique sont représentés par deux Chevaliers aboyeurs (Tringa nebularia), deux Chevaliers gambettes (Tringa totanus), un Chevalier guignette (Actitis hypoleucos) - on fait dans le chiche, désormais ! Les deux Échasses blanches (Himantopus himantopus) qui arpentent la moire, elles, ne sont pas des migratrices paléarctiques mais des africaines pur sang. Le 10 mai nous en observerons une volée de vingt-six sujets au-dessus du N'Galam. Le 12 mai 2014 dans le parc national du Djoudj (PNOD), Patrick Triplet (ONCFS, France) avait documenté la nidification de l'espèce, très rarement observée en Afrique de l'ouest (P. Isenmann, F. Baillon & S.I. Sylla), mais Ornithondar l'a aussi subodoré du coté de Mbéraye, nous y reviendrons inch'Allah...
Ci-dessous:
Dendrocygnes veufs et Grandes Aigrettes sur les ultimes mares bientôt à sec du marigot de Khant-nord
2017 05 6, 6h47 / © Photo par Frédéric Bacuez
Deux Spatules blanches baguées
Approcher les oiseaux qui se tiennent sur les mares encore en eau est délicat. Dès que les Dendrocygnes me repèrent, ils s'élèvent presque à la verticale, entraînant dans leur sillage sifflotant toute la lourde ribambelle des échassiers, avant que de se reposer rapidement. Les anatidés finissent par partir pour de bon après 7h30, vers le nord-ouest, probablement pour le marais de Toddé, leur reposoir diurne du coin déjà rejoint par plusieurs centaines de nos siffleurs africains, entre 5h50 et 6h30 en provenance des marigots de N'Guisset et de Ndiassew. A la verticale de la cuvette du Khant, les ardéidés et ciconiidés font demi-tour et reviennent se repositionner au bord des mares finissantes. Dans l'attroupement, il y a surtout et au moins cinquante cinq (55) Spatules blanches d'Eurasie (Platalea leucorodia), accompagnées de quatre (4) Spatules africaines (Platalea alba), de sept (7) Ibis sacrés (Threskiornis aethiopicus) et des Tantales ibis dont un immature tout gris. Ce sont toutes des immatures qui vont passer l'été/la mousson ici dans le bas-delta du Sénégal. Pour le moment, celles-ci redescendent du ciel avec une dextérité toujours étonnante, en vrilles, avec des accélérations, décélérations, virages à 90° degrés qui laissent pantois... A chaque fois, elles se reposent en ligne, côte à côte, sur les tannes asséchées, avec leurs copines sus-citées... Toilettage, endormissement, et puis, après quelques dizaines de minutes, les voilà une à une se décalant et marchant fières comme Artaban vers la mare où elles se remettent, l'une après l'autre, à consciencieusement balayer les fonds à l'aide de leurs spatules comme des éprouvettes... Un balayage à la longue-vue de ma part, aussi, sur les blancs échassiers: deux sujets sont bagués. Rien d'étonnant, les Spatules sont parmi les grands oiseaux les plus colorés de bagues et autres breloques... L'une des Spatules porte au tarse droit un assemblage de type flag/drapeau, de haut en bas un anneau bleu encadrant deux anneaux plus épais jaune et jaune orange puis encore un anneau bleuté (je crois) ainsi qu'une à deux bague(s) métallique(s) et/ou colorées (?) au tarse gauche; l'autre, c'est plus net, est chaussée au tarse droit d'une belle pancarte numérotée AVFH sur fond blanc crémeux, avec une bague métallique jaunâtre au tarse gauche. En attendant de recevoir, un jour, une réponse à mes demandes d'ID, je prends le risque de vous révéler, ici, en avant-première: que l'une est néerlandaise (la Flaguée !), et que l'autre nous vient de la Camargue française (la numérotée !), où la station ornithologique de la Tour du Valat bague... à tour de tarses, plus vite qu'elle ne peut répondre aux Hommes qui croisent leurs protégés aux quatre coins de la Méditerranée et de l'Afrique... Bram P., perfide: "Alors bonne chance pour avoir un retour de la TdV dans un délai raisonnable... Avec les Flamants, ça peut prendre plusieurs mois." Ah ces Toubabs, toujours impatients, ha ha ha ! En même temps, à quoi bon demander aux observateurs de s’abîmer les yeux à décrypter leurs bagues toujours plus inventives, à nos maîtres es-baguage, sommés que nous sommes de leur transmettre nos documents et ne pas recevoir d'accusé-réception et même, parfois, jamais de réponse... Ah, pauvres de nous, les ornithologues-à-la-base... Heureusement, les pros auto-proclamés comme l'inénarrable JMD, eux ils ont des réponses quasi immédiates: c'est l'avantage d'être expert-en-tout, oiseaux, tortues marines, journalisme, photographie, livres, librairie, jazz, brèche, poissons, gestion urbaine, tourisme ! Avec ce tour de force de n'être référencé nulle part, sans passé aucun: ah bravo, au phénomène et à ses 'élites' miséricordieuses de la place ! "Baroudeur", la plus savoureuse de toutes les impostures, celle-là... Pouah !
Deux Spatules blanches d'Eurasie sont baguées:
- l'une d'un matériel de type 'Flag', possiblement des Pays-Bas,
- l'autre d'une bague blanc crème marquée AVFH, au tarse droit,
sans doute de la Camargue française (station de la Tour du Valat)
[sous réserve d'authentification en attente...]
Ci-dessous:
avec les Ibis sacrés, les Hérons cendrés, les Grandes Aigrettes et des Spatules africaines...
deux Spatules blanches d'Eurasie - Platalea l. leucorodia, baguées des Pays-Bas (type 'flag') et de France, précisément de Camargue (AVFH)
Marigot de Khant-nord 2017 05 6 matin / © Photos par Frédéric Bacuez
- Cliquer sur les photos pour agrandir -
OISEAUX / 64 espèces cochées, 5 sp. entendues
Vu:
- Pélican blanc (pelecanus onocrotalus, great white pelican), 46 ind. en vol arrivent sur zone à 11h55 + 22 ind. cerclent au loin [digue de Mengueye] puis ~200 ind. arrivent du sud vers midi, se posent sur les mares restantes et en redécollent à 14h
- Pélican gris (pelecanus rufescens, pink-backed pelican), 2 ind. atterrissent sur l'une des mares restantes
- Cormoran africain (microcarbo a. africanus, long-tailed cormorant), 15+ ind. tous immatures
- Anhinga (roux) d'Afrique (anhinga r. rufa, african darter), 1 ind. femelle + 1 ind. mâle passant
- Crabier chevelu (ardeola ralloides, squacco heron), 7 ind. en vol
- Aigrette ardoisée (egretta ardesiaca, black heron), 3 ind. à l'envol des mares restantes
- Aigrette garzette (egretta g. garzetta, little egret), quelques ind.
- Aigrette intermédiaire (ardea intermedia ssp. brachyrhyncha, yellow-billed intermediate egret), 1 ind. en vol avec quatre Grandes Aigrettes
- Grande aigrette (ardea alba ssp. melanorhynchos, western great egret), quelques dizaines d'ind. sur les mares restantes
- Héron cendré (ardea c. cinerea, grey heron), 5 ind. sur les mares restantes + ~6 ind. au loin dans les herbiers secs [du marigot de Khant-nord]
- Tantale ibis (mycteria ibis, yellow-billed stork), 1 ind. immature au petit matin puis 8 ind. au zénith, sur les mares restantes
- Ibis sacré (threskiornis aethiopicus, sacred ibis), au total 7 ind. avec les Spatules
- Spatule africaine (platalea alba, african spoonbill), 4 ind. parmi les blanches
- Spatule blanche (d'Europe, platalea l. leucorodia, eurasian spoonbill), ~50 ind. immatures estivantes dont deux sujets bagués: l'un avec 'flag' au tarse droit et bague au gauche, l'autre portant le n° AVFH au tarse droit et bague au gauche + 5 ind. arrivant du S
- Oie-armée de Gambie (plectropterus g. gambensis, northern spur-winged goose), 2 ind. en vol + 1 ind. au point d'eau
- Dendrocygne fauve (dendrocygna bicolor, fulvous whistling-duck), groupe de 7 ind. puis ~15 ind. à l'envol
- Dendrocygne veuf (dendrocygna viduata, white-faced whistling duck), à la passée E>O, surtout de 5h50 à 6h30 + 300+ ind. au gagnage sur les mares restantes jusqu'à ~7h30 du matin, puis à l'envol groupé vers l'O/NO (7h35-40)
- Elanion blanc (elanus c. caeruleus, black-shouldered kite), 1 ind. ad. au toilettage longuement perché sur un Salvadora en arbre vénérable (16h25) [rive orientale du marigot de Khant-nord]
- Épervier shikra (accipiter badius ssp. sphenurus, eritrean shikra), 1 ind. de type mâle ad., en vol de chasse, par deux fois, créant une certaine confusion et zizanie chez les oiseaux au voisinage des mares restantes
- Francolin à double éperon (pternistis b. bicalcaratus, double-spurred francolin), entendu au point du jour et avant le lever du soleil + 1 et 1 ind. à l'envol
- Talève d'Afrique (porphyrio madagascariensis, african swamphen), 1 ind. immature sur les mares restantes
- Outarde de Savile (lophotis savilei, Savile's bustard), 1 ind. vu à l'envol + 1 à 3 ind. entendus [rive orientale du Khant-nord] + 1 ind. levé [rive occidentale du Khant-nord]
- Échasse blanche (himantopus himantopus, black-winged stilt), 2 ind. sur les mares restantes
- Oedicnème du Sénégal (burhinus senegalensis, Senegal thick-knee), 1 ind. à l'envol, à l'aube + 1 ind. levé avec un Lièvre des savanes [cordon boisé]
- Glaréole à collier (glareola pratincola ssp. fuelleborni, african collared pratincole), 1 ind. + 1 ind. + 4 ind. + 1 + 1 + 1 ind., tous en vol passant
- Gravelot pâtre (charadrius pecuarius, Kittlitz's plover), ~8 ind. au bord des mares restantes, avec plusieurs poursuites
- Vanneau éperonné (vanellus spinosus, spur-winged lapwing), quelques ind. levés au point du jour qui viennent tourner et rouspéter autour de moi + 4+ ind. près des mares restantes + 2 et 1 ind. + 2 ind. [lit du marigot de Khant-nord]
- Chevalier gambette (tringa t. totanus, common redshank), au moins 2 ind.
- Chevalier aboyeur (tringa nebularia, common greenshank), 2 ind.
- Chevalier guignette (actitis hypoleucos, common sandpiper), 1 ind.
- Goéland railleur (chroicocephalus genei, slender-billed gull), 2 ind. en vol passant NE>SO
- Ganga à ventre brun/châtain (Ganga sénégalais, pterocles e. exustus, chestnut-bellied sandgrouse), 1 ind. en vol passant + 1 ind. femelle levé [sur le cordon dunaire à Acacias]
- Tourterelle maillée (spilopelia/streptopelia s. senegalensis, laughing dove)
- Pigeon roussard (de Guinée, columba guinea, speckled pigeon), des dizaines d'ind. par groupes en vol SO>NE dès le petit matin (6h30+)vers les GDS et probablement la plaine agricole de Biffeche/Savoigne - dont 7 + 28 + 15 + 16 + 5 + 20+ ind. etc.
- Tourterelle pleureuse (streptopelia decipiens ssp. shelleyi, -Niger- mourning collared-dove)
- Tourterelle vineuse (streptopelia vinacea, vinaceous dove), 2 ind. à la mare
- Tourterelle rieuse (streptopelia r. rosegrisea, african collared-dove), 1 ind. perché + 2 ind. en vol
- Martinet des maisons d'Afrique de l'ouest (apus affinis ssp. aerobates, west african little swift), 1+ ind. au-dessus du marigot [de Khant-nord]
- Martinet des palmes (cypsiurus p. parvus, african palm swift), 2+ ind. parmi les Hirondelles de rivage du matin
- Martin-pêcheur pie (ceryle r. rudis, pied kingfisher), 5 ind. exploitant la même mare restante... Perchent sur le même arbuste mort sur un îlot...
- Guêpier nain (merops p. pusillus, little bee-eater), 1 + 3 ind. [boisements Acacias et Euphorbes] + 1 ind. sort de son tunnel ! [anciennes carrières de sables coquilliers] + 1 ind.
- Coliou huppé (à nuque bleue, 'oiseau-souris', urocolius m. macrourus, blue-naped mousebird)
- Rollier d'Abyssinie (coracias abyssinicus, abyssinian roller), 1 ind. + 1 ind. ad., en vol criant [cordon boisé] + 1 ind. ad. + 1 ind. ad. [lit du marigot de Khant-nord]
- Calao occidental (à bec rouge, tockus kempi, western red-billed hornbill), premiers sujets entendus à 6h20 + 2 ind. - cc local + 1 ind. perché + 1 ind.
- Cochevis huppé du Sénégal (galerida cristata ssp. senegallensis, -Senegal- crested lark)
- Hirondelle de rivage (riparia r. riparia, common sand martin), quelques dizaines d'ind.
- Hirondelle rustique (hirundo r. rustica, barn swallow), pas plus de 3 ind. en vol solitaire passant
Bergeronnette printanière (motacilla flava ssp., yellow wagtail ssp.)- Agrobate podobé (cercotrichas p. podobe, black scrub-robin), 1 ind. [bosquet à proximité d'un puits]
- Traquet brun (Traquet-fourmilier brun, myrmecocichla a. aethiops, northern anteater-chat), 2 à 3 ind. [évidemment pas loin d'un puits et sur un baobab], effarouchés par le passage d'un Épervier Shikra ! Se remettent à chanter peu après... + 2 ind. [coté oriental du marigot de Khant-nord]
- Crombec sitelle (sylvietta b. brachyura, northern crombec), 1 ind.
- Cisticole des joncs (du Nigeria, cisticola juncidis ssp. uropygialis, nigerian zitting cisticola, fan-tailed cisticola), quelques ind. - 5+ ind. au minimum
- Prinia modeste (prinia s. subflava, tawny-flanked prinia), entendu + 2 ind. vus - un cc au point du jour !
- Prinia aquatique (à ventre blanc, prinia fluviatilis, river prinia), 2 ind. - cc local
- Souïmanga à longue queue (cinnyris p. pulchellus, beautiful sunbird), 2 ind. mâles nuptiaux en vols poursuites... + 1 ind. mâle nuptial passant [cordon boisé]
Pie-grièche à tête rousse(lanius s. senator, woodchat shrike)- Brubru africain (nilaus a. afer, brubru), 2 à 3 ind. chanteurs [boisement dunaire à Acacias dominants, Balanites et Salvadoras]
- Corbeau pie (corvus a. albus, pied crow), 2 ind. en vol passant O>E
- Choucador à oreillons bleus (lamprotornis c. chalybaeus, greater blue-eared glossy-starling), vol de 16 ind. + 3 ind.
- Choucador à ventre roux (lamprotornis pulcher, chestnut-bellied starling), 7 ind. + 1 ind. + 1 ind. + 8 ind.
- Moineau doré (passer luteus, Sudan golden sparrow), petits vols dès le petit matin en direction des plantations et vallées agricoles [E>O/N]
- Tisserin minule (ploceus luteolus, little weaver), 1 ind. mâle quasi nuptial, bien observé
- Tisserin à tête noire (ploceus melanocephalus ssp., black-headed weaver)
- Euplecte sp. (euplectes sp., bishop sp.), 1+ ind. en vol
- Astrild-caille à face noire (ortigospiza a. atricollis, black-faced quailfinch), cc - 1 ind. femelle et 1 ind. mâle régulièrement corrigé par madame... [lit du marigot de Khant-nord]
- Bengali zébré (amandava s. subflava, zebra waxbill), 3 ind. en vol passant
Entendu:
Outarde de Savile (lophotis savilei), aujourd'hui le premier oiseau entendu, un mâle chanteur dans la nuit ! (5h45-6h) / Engoulevent à longue queue (caprimulgus c. climacurus, long-tailed nightjar), en fin de nuit et au point du jour / Martin-chasseur strié (halcyon chelicuti, striped kingfisher), 2 ind. entendus [de part et d'autre de la cuvette du Khant-nord] / Pic goertan (mesopicos goertae, grey woodpecker), 1 ind. [cordon boisé] / Camaroptère à dos gris (camaroptera b. brevicaudata, grey-backed camaroptera), 1 ind. [bosquet de Salvadora persica sur cordon dunaire] / Tchagra à tête noire (tchagra s. senegalus, black-crowned tchagra), 1 ind. + 1 ind. /
AUTRES:
Ci-dessous:
à g., Ganga à ventre brun - Pterocles e. exustus, femelle à l'envol (11h06) - à d., Dendrocygnes veufs - Dendrocygna viduata, à l'atterrissage (7h37)
Trois-Marigots 2017 05 6 matin / © Photos par Frédéric Bacuez
AUTRES:
- Phacochère commun (phacochoerus africanus, common warthog), au total 5 à 9 ind.
- Patas 'singe rouge' (erythrocebus patas, patas monkey), 2+ ind. [rive orientale du Khant-nord] + 21+ ind. [rive occidentale du Khant-nord] revus plus tard sur la rive... orientale + 10+ ind. au nord de la N2 [Ndiawdoune]
- Lièvre des savanes (lepus - microtis - victoriae, african savanna hare), 1 ind. levé avec un Oedicnème !
- Écureuil terrestre du Sénégal (xerus erythropus, striped ground squirrel), 1 ind. cavale [pied de la digue de Mengueye près de l'ancien 'poste de chasse']
1 mammifère indéterminé fuyant dans les buissons de Tamarix senegalensis
3 terriers découverts dans les talus bordant la cuvette du Khant-nord: Mangoustes sp. ?
1 groupe de terriers à Renard pâle, abandonnés
3 tas de crottes de type Genette ou autre noctambule
1 groupe de terriers à Renard pâle, abandonnés
3 tas de crottes de type Genette ou autre noctambule
- Odonates sp.
Ci-dessus, de g. à d.:
Crottoir (de Genette d'Afrique ?) - Empreintes - Boutis de Phacochère commun
Trois-Marigots 2017 05 6 / © Photos par Frédéric Bacuez [tél. Samsung]
- Cliquer sur les photos pour agrandir -
Ci-dessous:
Phacochères communs - Phacochoerus africanus, dans et autour du marigot de Khant-nord
2017 05 6 / © Photos par Frédéric Bacuez
Commentaires
Enregistrer un commentaire