16, Gueumbeul: encore des Avocettes élégantes, avec les Flamants roses et les Spatules blanches
- en haut: Oryx algazelle au galop... (17h57)
- en bas: Flamants roses estivant sur le lagon (17h43)
Réserve spéciale de faune de Gueumbeul (RSFG) 2017 05 16 / © Photos par Frédéric Bacuez
- en bas: Flamants roses estivant sur le lagon (17h43)
Réserve spéciale de faune de Gueumbeul (RSFG) 2017 05 16 / © Photos par Frédéric Bacuez
* Basse vallée du fleuve Sénégal, 4/4. Gandiolais.
Réserve spéciale de faune de Gueumbeul (RSFG) -
APREM', 16h30-18h30-
A pied et en véhicule de Senegalib'Tours, avec le chauffeur Morr
Avec Rozenn Le Roux, pour Le Petit Futé édition 2018
Et Yamar dit Pape Niang, président des écogardes du Nord
Temps: ensoleillé mais ciel devenant laiteux, avec l'humidité, 67%. 17h, 30°; (21h, 24°). Coucher du soleil, 19h28. Vent du NO, 20 km/h
Ci-contre: Rozenn Le Roux, pour Le Petit Futé
Avec Pape [président des Ecogardes du Nord] et Morr [Senegalib'Tours]
RSFG 2017 05 16, 18h31 / © Photo par Frédéric Bacuez
Suite (4/4) d'observations intéressantes à l'occasion d'un déplacement express dans la basse vallée du fleuve, du Djoudj à Gueumbeul en passant par le marais de N'Digué, la mare de Ross-Bethio et le Lampsar... En tant qu'accompagnateur, un tantinet paternaliste, de notre jeune amie Rozenn chargée d'une remise à jour du guide touristique Le Petit Futé, édition 2018.
En cette fin de journée de la mi-mai sur le lagon de Gueumbeul, pas moins de trois espèces du Paléarctique stationnent ici, à l'évidence ce sera pour l'été, notre (maigrichonne) mousson à venir: environ deux cent cinquante (250) Flamants roses (Phoenicopterus roseus), une soixantaine (60) d'Avocettes élégantes (recurvirostra avosetta), et plus d'une centaine (100) de Spatules blanches (Platalea leucorodia) avec pas moins de six (6) sujets bagués - trop loin pour y lire quelque hiéroglyphe ! Aperçu trois Courlis corlieux (Numenius phaeopus) et quelques dizaines de Grands gravelots (Charadrius hiaticula), aussi. Tout ce petit monde d'oiseaux immatures ne va plus risquer ses plumes à rejoindre maintenant les congénères repartis vers le nord pour s'y reproduire. Sur les trois îlots-nichoirs du plan d'eau, les autochtones Goélands railleurs (Chroicocephalus genei) occupent massivement et quasi exclusivement les places, reléguant quelques Sternes hansels (Gelochelidon nilotica) au rang de spectatrices... Tiens, une espèce intéressante du Gandiolais, une Sterne naine (Sternula albifrons ssp.) de la race afrotropicale guineae, qui apparaît ici (et niche, mais où ?) régulièrement mais en très petit nombre. Bienvenue donc à la réserve spéciale de faune de Gueumbeul (RSFG), au pays de la Teranga, l'hospitalité en langue nationale wolof !
La dernière fois que je suis passé à Gueumbeul, en coup de vent, c'était avec Paul Robinson, le représentant d'alors de BirdLife International au Sénégal: pour les beaux yeux de la masteurisante Khady Gueye (Université Cheikh Anta Diop-UCAD, Dakar) qui se spécialisait dans le suivi des Barges à queue noire (Limosa limosa), on venait récupérer Pape Niang pour aller effectuer un comptage de ces limicoles sur les salins de Ngaye Ngaye, voisins de la réserve grillagée... L'équipée avait été récompensée, le dénombrement pointilleux par notre quatuor de choc faisant exploser le record d'effectifs dans le bas-delta de ces oiseaux pourtant menacés ! Gueumbeul, ça n'a jamais été ma tasse d'ataya, mais bon, exceptionnellement on fait aujourd'hui une entorse à nos principes d'éviter les espaces clos ou artificialisés, enfermant des espèces pas très endémiques et dont on ne sait que faire car où les relâcher plus tard, un jour, inch'Allah ?... L'humanité condamne de toutes façons aux camps de concentration les espèces qui survivront à sa fiévreuse folie destructrice, c'est écrit. Le Sénégal excelle dans cet art de mettre en cage, toujours épris de rêve (à demi) éveillé et de tromperie sur la marchandise, ne se posant jamais la question de pourquoi (et comment) on est passé en si peu de temps de vastes territoires naturels, de brousses et de steppes infinies à de petites enclaves bornées, clôturées, parfois privatisées, dont les unes sont censées être les antichambres des autres avant une improbable libération dans la nature d'animaux depuis toujours embastillés, en tout cas protégés du monde mauvais des Hommes par des kilomètres de barbelés. Des bêtes offertes et rapportées de pays lointains (Espagne, Canada, Israël, France), d'autres zoos, à la vérité il faut le dire pour le seul brassage génétique d'espèces si raréfiées que leur seule destinée est de passer d'une prison à l'autre, tant leur remise en liberté les condamnerait illico. Ici comme dans tous les états de la région, on n'entretient aucune mémoire de son passé avec la nature, et la langue du quotidien a en tout et pour tout cinquante mots pour décrire des centaines, que dis-je, des milliers d'espèces vivantes. Le pays n'enseigne pas plus, même en wolof, la vérité de son patrimoine à ses générations post-indépendantes, un vague bureau s'autorisant épisodiquement à vanter sa faune, localement et à l'international, en français, avec de belles images kenyanes d'espèces disparues depuis des plombes du décor mythique et un rien mystificateur du Sénégal (Girafe, Autruche), des animaux au seuil de l'extinction (Éland de Derby, Chimpanzé), ou carrément des intrus qui n'ont jamais existé ici comme dans toute l'Afrique de l'ouest (Rhinocéros etc.). Bandia et ses Zèbres, Fathala et ses Élands, Katané et ses Tortues sillonnées, Gueumbeul et ses trois Addax, sans compter les parcs nationaux réduits à peau de chagrin (Madeleine, Djoudj, Kalissaye), et ces aires communautaires aussi patrimoniales qu'un terrain vague, juste un enfumage de décrets sans réalité, sans statut ni moyens, à la merci de n'importe quel pot-de-vin pour y faire ce que l'on veut (Tocc Tocc, Trois-Marigots etc.). Quant aux aires marines protégées, passons, c'est préférable... Et là j'attends le pseudo intellectuel revanchard qui m'expliquera que tout ça, c'est de ma faute, moi Blanc qui suis le seul, avec quelques autres occidentaux, à promouvoir et décrire la faune de ce pays, et tenter d'y intéresser un public qui préfère les imposteurs, ou rien; après des bataillons de scientifiques, ornithologues, naturalistes occidentaux des plus renommés qui avaient mis en place tout ce qu'il fallait (stations ornithologiques, centre de recherches, collections, publications, parcours pédestres et pédagogiques, parcs nationaux représentatifs de la biodiversité du pays, réserves naturelles et forêts classées), pour la connaissance et la mise en défens de l'essentiel à sauvegarder pour les générations futures, et qui s'en est allé, ou s'en va aussi vite que le pays fait des gosses à la chaîne; dévaste à tour de bras et s'enfonce imperceptiblement dans l'obscurantisme vanté comme un socle identitaire retrouvé - on se pince ! Aujourd'hui, avec ce siècle qui valorise la paresse et la médiocrité intellectuelles, des affiches publicitaires, couvertures de guides touristiques, torchons de pisse-copies (très) locaux, discours indiscourables (sic), et jusqu'aux timbres poste (cf. ci-après), tout contribue à perpétuer l'ahurissement des masses, locales comme étrangères, et à fantasmer à peu de frais un pays qui serait engagé résolument dans la préservation de sa faune, de sa flore, de ses espaces naturels, bref dans l'orgueilleuse valorisation de son patrimoine - le seul qui en définitive mériterait attention, de la part des Sénégalais. Car pour ce qui est du patrimoine architectural, de la production intellectuelle, des inventions et brevets, des bibliothèques et des musées, on repassera; on attendra le déluge, et le chaos humain à venir. On ne va pas tout de même "magnifier" les distributions de bimbeloteries et les "activités" d'un jour, d'un coté, deux ponts, trois routes et cinq exploitations agricoles, financés et érigés avec fort retour sur investissement par des étrangers, de l'autre, avant les calamités de la pollution chimique agricole et le pétrole off shore, ce sera le pompon, pour in fine enchanter l’Émergence et réenchanter son épistèmê à longueur d'harangue !? Si ? Et si...
Ci-dessous:
Le jeu des erreurs...
Réserve spéciale de faune de Gueumbeul (RSFG), 2013
- Cliquer sur les images pour agrandir -
La réserve, spéciale (!) - et d'Etat-, de (faune de) Gueumbeul (RSFG, 720 hectares) à quelques kilomètres au sud de Saint-Louis, dans le Gandiolais - "la Camargue" du coin, au Sénégal on ne doute de rien ! Au bout de la hideuse allée de pneus roses et de sa ribambelle de panneaux surdimensionnés qui laissent à penser qu'on entre en effet au zoo, ou dans un Disneyland du (très) pauvre, on pénètre d'abord dans la base-vie des agents du sanctuaire, fonctionnaires de l'Etat exilés dans le grand Nord et écogardes/écoguides des villages environnants. Comme toujours, l'ambiance y est au strict ralenti, et ce n'est plus, hélas, l'heure du thé: à quoi bon s'agiter vu qu'il n'y a ni touristes ni programme autre que celui de nourrir les pensionnaires, Poules et Moutons en liberté, Tortues et Gazelles en enclos. Le détour obligé par l'écomusée, bravement conduit par notre camarade Pape et puis, en avant pour le coup d’œil aux trois enclos, un pour les énormes Tortues sillonnées (Centrochelys sulcata), un petit pour leurs rejetons pas plus gros que des osselets, un pour les Gazelles dorcas (Gazella dorcas) étiquetées comme des vaches. Les Oryx algazelles (Oryx dammah), adultes et jeunes, c'est en voiture qu'on en rencontrera (heureusement !) au bord des quelques kilomètres de pistes qui sillonnent "la savane" puis longent le lagon, lequel occupe à lui seul une bonne moitié du périmètre. En zigzaguant dans les boisements sains d'Acacias sous lesquels parterres de Figuiers (Opuntia ficus), buissons et herbages se portent plutôt bien, on reste persuadé, s'il le fallait encore, que la plaie du Sahel, c'est son bétail, et ses charbonniers, et tant qu'on ne mènera pas la guerre (sic) à ces deux-là, c'est encourager les ateliers de réflexion et la perdiémite ad vitam aeternam, et gaspiller son énergie, surtout l'argent et l'énergie des autres, les "partenaires". Il n'empêche, en cette fin de journée: on entend parfaitement la cognée sur l'arbre, et ce n'est pas dans le lointain... Dans une documentation scientifique récente - il y a autre chose sur Gueumbeul que des inepties, de la brosse à reluire et de l'attrape-couillons-, on peut lire, écrit en rouge et souligné, qu'il est urgent d'éradiquer la présence récurrente des moutons et des chèvres à l'intérieur même du périmètre (clôturé, faut-il le rappeler) de la réserve es-spéciale de Gueumbeul et de sa lointaine réplique du Ferlo-nord, celle de Katané. Les Espagnols, ces Latins ergoteurs, sont bien des nordiques: ces quelques avortements de 2013 chez les Gazelles dorcas, ces trop fragiles, c'est pas la fin du monde et qu'est-ce ça coûte (surtout au Sénégal), ça peut arriver, non ? Un "mauvais stockage de la paille d'arachide"*, des sujets infectés par une ou plusieurs bactéries ("Salmonella, Chlamidia, Brucella etc." (?), un "sol" contaminé par "l'Antrax ?" (page 4) Et pourquoi pas des grillages déchirés, ouverts au tout venant, tant que vous y êtes ?! Tout cela n'est pas scientifique, seulement des supputations de... laborantins ! Langues de vipères ! Jaloux ! Mais qu'est-ce qu'ils croient, les Ibères ? Qu'une fois leur rapport de mission torché, Dakar ne se retranche pas aussitôt dans sa bulle, l'administration n'enferme pas à double tour les petits fonds, toujours rétive à les éparpiller dans ses provinces reculées, les agents du terrain ne remisent pas leurs plus belles tenues cryptiques et ne réintègrent pas illico leurs casernements, leur chambre pour certains, le mbar (apatame) et les tapis de sol pour tous ? Quelle étrange et coupable naïveté de notre part... Combien de temps encore cela pourrait-t-il durer (se demandent peut-être les plus lucides) ?
Nota: la RSG, kézako - et à quoi ça sert ? Instituée en 1983, la réserve spéciale de faune de Gueumbeul (ou Guembeul) est inscrite dès 1986 à la Convention Ramsar (Iran) pour la protection des écosystèmes humides. Il 'agissait d'abord de protéger une large cuvette aquatique et saumâtre, accueillant des limicoles paléarctiques hivernants, parfois menacés dans leurs contrées natales et à l'échelon mondial: l'Avocette élégante (Recurvirostra avosetta), jusqu'à 7 000 individus, la Spatule blanche (Platalea leucorodia), la Barge à queue noire (Limosa limosa, inscrite à la Liste rouge des espèces menacées de disparition, dans la catégorie NT/Bientôt menacée d'extinction), mais aussi le Courlis cendré (Numenius arquata, inscrit à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition, dans la catégorie NT/Bientôt menacée d'extinction) et le Bécasseau cocorli (Calidris ferruginea, inscrit à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition, dans la catégorie NT/Bientôt menacée d'extinction).
Ci-dessus: l'Autruche, aussi transparente à Gueumbeul (720 ha) que dans les Ferlo (1 200 000 ha !)...
Outre les espèces patrimoniales sus-citées, la cuvette de Gueumbeul, comme les lagons et salins du voisinage, accueille à l'année de respectables effectifs du Flamant rose (Phoenicopterus roseus), jusqu'à 4 500 individus (cf. photos ci-après), de petits effectifs après la saison des pluies du Flamant nain (Phoeniconaias minor, inscrit à la Liste rouge des espèces menacées de disparition, dans la catégorie NT/Bientôt menacée d'extinction), en Afrique de l'ouest une espèce particulièrement localisée; des Pélicans, blanc et gris (Pelecanus onocrotalus et rufescens); et la plupart des petits limicoles du Paléarctique ainsi que les Gravelots pâtres (Charadrius pecuarius) de l'Afrotropical. Sur le lagon, trois îlots artificiels ont été érigés, protégés par des rangées de piquets afin de réduire la prédation des couvées par tous les canidés, les Mangoustes et autres Phacochères; il s'agit d'encourager la nidification des laridés et sternes locales, en l'espèce la Sterne naine d'Afrique (Sternula albifrons ssp. guineae), la Sterne hansel (Gelochelidon nilotica), le Goéland railleur (Chroicocephalus genei) et la Mouette à tête grise (Chroicocephalus cirrocephalus ssp. poiocephalus). A l'extérieur du périmètre grillagé mais dans le secteur, Ornithondar a pu noter et/ou documenter la présence de deux Picidés hors du commun: le Pic cardinal (Dendropicos fuscencens ssp. lafresnayi), dans les boisements dunaires surplombant la bordure immédiate de la RSG, ici en extrême limite septentrionale de son aire de distribution sénégalaise; et surtout le Pic gris (Dendropicos elachus), l'une des quelques espèces emblématiques de la région que tout ornithologue se doit de cocher au Sahel... Belle présence aussi de l'Outarde de Savile (Lophotis savilei). Et, pour ne pas trop lasser l'hypothétique lecteur de cette notule avec mes zoazos, la présence d'une petite troupe de Callitriches (Chlorocebus sabaeus), les singes verts, l'une des ultimes colonies de notre Septentrion...
Très vite c'est un autre "projet" qui voit le jour, et prend le dessus - les oiseaux, c'est bon, ça va quelques instants, ils n'enthousiasment que les irréductibles, pas les masses ni les hédonistes du Zébrabar et d'Océan & Savane... Aux portes de Saint-Louis-du-Sénégal, l'idée (méditerranéenne...) n'est pas farfelue: pourquoi ne pas utiliser la nouvelle réserve pour en faire aussi un centre de réhabilitation et d'acclimatation de mammifères, en l'occurrence de Gazelles et d'Antilopes sahélo-sahariens à l'époque déjà particulièrement menacés de disparition dans leur habitat naturel, pourchassés jusqu'aux derniers ?... Et de compléter le réseau prolifique des fermes à tortues rares pour faire de Gueumbeul une énième nursey à chéloniens, ici consacrée à la sahélienne Tortue sillonnée (Centrochelys sulcata, inscrite à la Liste rouge UICN des espèces menacées de disparition, dans la catégorie VU/Vulnérable), tortue terrestre africaine la plus volumineuse - jusqu'à 100 kilogrammes !-, la troisième plus grosse au monde, et quasiment plus une seule en liberté... Toujours dans le même ordre d'idée: pouvoir et vouloir, ou l'inverse, les re-lâ-cher dans "la nature" ! Laquelle, de nature ? Où ? Comment en assurer la pérennité, des chéloniens comme de leur biotope ? Ne seront-elles pas aussitôt ramassées pour finir au fond d'une cour, ou dans des trafics juteux, ou brûlées par un feu de brousse ? A la limite, on s'en fout, il faut re-lâ-cher... Nos voisins mauritaniens le font bien dans le Trarza, sans aucun suivi après les photos d'usage de l'opération sentimentale, avec la dame de l'ambassade yankee. On se disait tout de même qu'avec les gigantesques réserves naturelles du Ferlo Nord et du Ferlo Sud (respectivement 600 000 ou 487 000 - c'est variable...- et 633 700 hectares, pas moins !), susceptibles en cette fin de XXe siècle d'abriter d'ultimes Autruches, quelques Gazelles et de ces Tortues rescapées, on pourrait y réintroduire, via Gueumbeul, des espèces phares du patrimoine ouest et nord africain... Beaucoup d'envolées lyriques, de séminaires, de réunionite aiguë et de missions opportunes, des gouvernements absents et des fonds fantomatiques, le temps a passé, la démographie s'est envolée, le bétail domestique malmené par les vagues de sécheresses (1972-1985) a vite repris du poil de la bête pour bientôt dépasser son stock d'avant la catastrophe trentenaire, bouffant le peu qui restait, tout sur son passage... En gros, 6 millions d'ovins, 5 millions de Caprins, 4 millions de bovins pour le Sénégal, essentiellement dans le Ferlo et le Kooya, le troupeau de bovins ayant été surpassé par les Moutons et Chèvres, plus dévastateurs, vers 1985-1990. Les Hommes ont cependant continué à fantasmer autour de leurs réserves, depuis Dakar et les bureaux d'études lointains - le fameux rêve éveillé. Redescendant sur Terre, on s'est résigné à clôturer, là-bas au seuil du Ferlo Nord quelques centaines d'hectares pour accueillir en grande pompe les pensionnaires d'Almeria devenus ceux de Gueumbeul pour finir ceux de Katané, l'enclave arrachée au mythe desdits Ferlo à reconquérir; ouf ! Et un 'parc animalier' grillagé de plus à l'actif du Sénégal ! Tout en se jouant du réel impossible à juguler pour parler vaguement de 'lâchers dans le Ferlo' - ha ha ha, la supercherie ! Tandis que, pour entretenir la flamme, de temps à autre on annonce "le retour" naturel d'une Gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons), avec son Bambi, au milieu des trois fléaux domestiques, et même des indices de présence d'une Autruche (Struthio camelus ssp.)... qui doit exceller dans l'art de se foutre la tête dans le sable... C'est qu'il faut faire croire que ça va mieux, qu'on tient le bon bout et qu'on ne mettra pas la clé sous le paillasson... La preuve s'il en est qu'on avance: un Congrès sur les Antilopes sahélo-sahariennnes s'est tenu dans les meilleurs hôtels de Ndar (plus visite à Gueumbeul), il y a quelques semaines, avec des tas de sommités... Hélas, je le regrette, on ne peut pas dire que ça a beaucoup imprimé. Secret-défense, sans doute...
En 1984 à Gueumbeul, les premières Gazelles dama mhorr (Nanger dama, inscrite à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition, dans la catégorie CR/En danger critique d'extinction) débarquent, d'abord en enclos puis en semi-liberté à partir de 2000 sur les 720 hectares de la réserve clôturée; en 2003, transfert de certaines de la progéniture née à la réserve spéciale de faune de Gueumbeul vers l'enclos de la réserve spéciale de faune de Katané, un autre espace clôturé du coup végétalement revitalisé, pris à l'immense réserve du Ferlo Nord aux mains des éleveurs (comme celle du Ferlo Sud, il ne faut pas faire de jaloux, et nous, trop d'illusions). Même scénario pour les Oryx algazelles (Oryx dammah, inscrit à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition, dans la catégorie EW/Éteinte dans la nature) arrivés à Gueumbeul en 1999 en provenance d'Israël suivis en 2002 de deux couples du Zoo de Vincennes (France); en 2003, même dispatching: transfert de natifs de la RSG vers Katané. Processus similaire avec les Gazelles dorcas (Gazella dorcas, inscrite à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition, dans la catégorie VU/Vunérable), arrivées à Gueumbeul en 2007 et qui, dans des conditions plus délicates, avec quelques pertes, sont à partir de 2009 convoyées vers Katané dont l'enclos est passé entre-temps de 720 à plus de 1 000 hectares. A l'exception des "d'Ocrissasse" (dixit Le Soleil, 2016 07 22), je doute fort que les trois autres espèces (Addax, Oryx et Gazelle dama) aient un jour parcouru le nord du Sénégal autrement qu'à la marge voire incidemment (in Dupuy, 1984; Newby, 1981), y compris dans les parties les plus sèches du Ferlo, qui n'était pourtant pas le pauvre pâturage saisonnier vite tondu et aride qu'il est aujourd'hui devenu... Même pour la Gazelle dorcas*1, sa présence dans le Sahel sénégalais reste anecdotique: une seule observation récente (Poulet, 1972) nous provient de la zone de Fété-Olé, dans l'ouest du Ferlo, et l'espèce n'est désignée par aucun "nom vernaculaire" par les éleveurs Peuhls de la région - c'est dire... L'Oryx algazelle semble n'avoir plus fréquenté le pays dès les années 1850s (in Newby). Gazelles "d'Amamore" (Le Soleil, bis repetita...) et Addax sont des espèces authentiquement déserticoles, surtout la dernière: il faudra donc attendre la saharisation du Septentrion (on y travaille !) et une hécatombe humaine (il n'y a pas de raison qu'ils y échappent, eux aussi !) pour que les malheureux quadrupèdes puissent éventuellement y trouver un cadre qui leur concède quelque chance de survie... Il faudra qu'on m'explique, à moins d'offrir gracieusement les deux Ferlo aux Afrikaners d'African Parks pour qu'ils y appliquent la manière forte et leurs sens du concret, comment nos experts vont réhabiliter leurs réserves sahéliennes (depuis le temps !), contenir un bétail pléthorique et des hordes humaines en souffrance... Le tourisme ? Mais il faut sortir un peu de son univers cloisonné (sic) et faire un tour en Namibie ou dans le Samburu kenyan ! Qui est fou pour se taper des centaines de kilomètres au milieu de rien, avec la poussière et le cagnard sahéliens, pour payer à faire semblant de barouder dans un bush artificiel après de pauvres bêtes captives - et qu'on a au zoo, les pop corns et les 'cahuètes en prime ?!... Tout ça, c'est aussi ridicule que ces doux rêves doivent faire vivre quelques personnes. Tandis que le "projet" conforte, une fois encore, l'onirisme fertile, celui-là, du pays. Quand je pense que Newby et les siens*2 doivent même abandonner le Termit nigérien, attaqué de partout, pour trouver à leurs Oryx, au Tchad, désert encore plus inaccessible aux pétroliers chinois et aux viandards armés... Une question me taraude, tout de même: pourquoi diantre aucun 'projet' pour la Gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons), la seule en définitive à être authentiquement une gazelle sahélo-soudanienne, la plus sénégalaise de toutes les choyées sus-citées ? Il en resterait tant que cela ? Ah bon ? Ce n'est pourtant pas ce que nous raconte l'UICN: la rufrifrons est inscrite à la Liste rouge des espèces menacées de disparition, dans la catégorie Vu/Vulnérable, depuis plus longtemps que la Dorcas, dans un environnement bien plus anthropisé de surcroît... Trop spécifiquement africaine ?*3 Allez, un bienfaiteur, un fonds local, un émergent qui a tellement réussi qu'il miserait ses sous sur la Gazelle, un Dangoté soucieux de préserver ce qu'il reste à sauver du patrimoine naturel ouest-africain ! Chiche ? On a le droit d'être plus panafricain qu'un Africain, non ?
*1 "En 1972 le Service des Parcs Nationaux du Sénégal [c'était une autre époque, celle de Senghor et du boss Dupuy, ndlr....] a introduit 15 Gazelles dorcas dans le Parc national du Djoudj (...) (Dupuy, 1984). Les effectifs de cette harde captive ont atteint environ 50 individus au début des années 80 (Dupuy, 1984) mais ont sérieusement décliné vers la fin des années 80 (Sournia et Dupuy, 1990). La Gazelle dorcas serait encore présente dans la zone [des steppes de Gainthe..., ndlr. in Newby, 2006], mais nous ne disposons pas de données précises [ah bon ? Il est donc plus difficile d'avoir des infos en provenance de l'exigu Djoudj que du gigantesque Ouadi Rimé-Ouadi Achim, lol !, ndlr.] sur les effectifs présents (B. Clark, in litt., Septembre 1996)", in Antilopes sahélo-sahariennes, statuts et perspectives, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, avec CCF-SSIG, 2006
*2 Parcourir le torchon d'Abdourhaman Waberi, qui en bon panafricain de la littérature écrite pour les Blancs, payée par les Blancs, n'hésite pas à passer sous silence le fait que c'est un Blanc, le même Newby, qui réintroduit ses "bêtes sauvages" - "(...) le Waberi, qu'il laisse Kourouma en paix !", s'insurge mon frangin...: « En attendant le retour des bêtes sauvages », in Le Monde 2017 05 3
*3 Lire: Conservation de la Gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons), in Réserve communautaire naturelle de Boundou, Sénégal oriental
Mes questions sur le Renard pâle (Vulpes p. pallida) n'intéressent pas plus que cela; enthousiasmons-nous plutôt pour ces quelques Patas (Erythrocebus patas) et Phacochères (Phacochoerus africanus), toujours entre deux roupillons - c'est pas moi, ha ha ha ! Les Gazelles dama mhor (Gazella dama ssp. mhorr) et les Addax (Addax nasomaulatus) ne sont pas à l'appel, réfugiés de l'autre coté à l'est de la lagune à l'écart du circuit automobile, au pied de la colline (hors de la réserve) qui domine le pont Albar (ruiniforme)... Pape me jette un regard mi étonné mi perplexe, et (s')interroge: "- Ah bon, tu a déjà été sur cette colline ? - Beh oui, ce n'est pas un exploit !" Idem pour les Trois-Marigots: "- Tu as été vers Mengueye Mboye !? - Au-delà..." (on en deviendrait vite infatué). Le Sénégalais, comme beaucoup d'Africains francophones, a le chic déplacé de se persuader qu'un Blanc est incapable de marcher comme de faire n'importe quoi de ses mains et de ses pieds, d'ailleurs... Tandis que toute l'humanité masculine du pays se vautre sur ses nattes, se plaint de la chaleur dès qu'il fait 28° ou gémit doucereusement au troisième jour du Carême... Dieux que ces peuples ne se connaissent donc pas ! S'il nous avait fallu attendre nos hôtes pour inventorier leurs brousses, on en serait encore, ma foi, à fantasmer du Lion derrière chaque case et maintenant parpaing brut, même en 2017 au milieu des rizières toubabs et des champs de plastiques wolofs... O-ni-ri-que ! C'est d'abord l'onirisme qui emportera ce(s) pays.
- Gueumbeul Avifaunal Reserve and St Louis lagoons, BirdLife Data Zone, in BirdLife International
Ferlo North, BirdLife Data Zone, in BirdLife International
" Les chèvres et moutons continuent à entrer et déambuler
tant dans la réserve de Gueumbeul que dans l'enclos de Katané "
(ou l'inverse, l'enclos de Gueumbeul et la réserve de Katané, on ne sait plus, avec tous ces grillages...
Synthèse des pages 6 et 9, entre autres)
- Drs. Abaigar, Ensenyat & Hernandez, CSIC mars 2013
rapport de mission 2013 02-03, par les Docteurs T. Abaigar, C. Ensenyat & H. Fernandez, 2013 03 20
Station expérimentale des zones arides (CSIC), Almeria (Espagne) et Parc zoologique de Barcelone (Catalogne-Espagne)
Ci-dessus: l'Autruche, aussi transparente à Gueumbeul (720 ha) que dans les Ferlo (1 200 000 ha !)...
Outre les espèces patrimoniales sus-citées, la cuvette de Gueumbeul, comme les lagons et salins du voisinage, accueille à l'année de respectables effectifs du Flamant rose (Phoenicopterus roseus), jusqu'à 4 500 individus (cf. photos ci-après), de petits effectifs après la saison des pluies du Flamant nain (Phoeniconaias minor, inscrit à la Liste rouge des espèces menacées de disparition, dans la catégorie NT/Bientôt menacée d'extinction), en Afrique de l'ouest une espèce particulièrement localisée; des Pélicans, blanc et gris (Pelecanus onocrotalus et rufescens); et la plupart des petits limicoles du Paléarctique ainsi que les Gravelots pâtres (Charadrius pecuarius) de l'Afrotropical. Sur le lagon, trois îlots artificiels ont été érigés, protégés par des rangées de piquets afin de réduire la prédation des couvées par tous les canidés, les Mangoustes et autres Phacochères; il s'agit d'encourager la nidification des laridés et sternes locales, en l'espèce la Sterne naine d'Afrique (Sternula albifrons ssp. guineae), la Sterne hansel (Gelochelidon nilotica), le Goéland railleur (Chroicocephalus genei) et la Mouette à tête grise (Chroicocephalus cirrocephalus ssp. poiocephalus). A l'extérieur du périmètre grillagé mais dans le secteur, Ornithondar a pu noter et/ou documenter la présence de deux Picidés hors du commun: le Pic cardinal (Dendropicos fuscencens ssp. lafresnayi), dans les boisements dunaires surplombant la bordure immédiate de la RSG, ici en extrême limite septentrionale de son aire de distribution sénégalaise; et surtout le Pic gris (Dendropicos elachus), l'une des quelques espèces emblématiques de la région que tout ornithologue se doit de cocher au Sahel... Belle présence aussi de l'Outarde de Savile (Lophotis savilei). Et, pour ne pas trop lasser l'hypothétique lecteur de cette notule avec mes zoazos, la présence d'une petite troupe de Callitriches (Chlorocebus sabaeus), les singes verts, l'une des ultimes colonies de notre Septentrion...
Très vite c'est un autre "projet" qui voit le jour, et prend le dessus - les oiseaux, c'est bon, ça va quelques instants, ils n'enthousiasment que les irréductibles, pas les masses ni les hédonistes du Zébrabar et d'Océan & Savane... Aux portes de Saint-Louis-du-Sénégal, l'idée (méditerranéenne...) n'est pas farfelue: pourquoi ne pas utiliser la nouvelle réserve pour en faire aussi un centre de réhabilitation et d'acclimatation de mammifères, en l'occurrence de Gazelles et d'Antilopes sahélo-sahariens à l'époque déjà particulièrement menacés de disparition dans leur habitat naturel, pourchassés jusqu'aux derniers ?... Et de compléter le réseau prolifique des fermes à tortues rares pour faire de Gueumbeul une énième nursey à chéloniens, ici consacrée à la sahélienne Tortue sillonnée (Centrochelys sulcata, inscrite à la Liste rouge UICN des espèces menacées de disparition, dans la catégorie VU/Vulnérable), tortue terrestre africaine la plus volumineuse - jusqu'à 100 kilogrammes !-, la troisième plus grosse au monde, et quasiment plus une seule en liberté... Toujours dans le même ordre d'idée: pouvoir et vouloir, ou l'inverse, les re-lâ-cher dans "la nature" ! Laquelle, de nature ? Où ? Comment en assurer la pérennité, des chéloniens comme de leur biotope ? Ne seront-elles pas aussitôt ramassées pour finir au fond d'une cour, ou dans des trafics juteux, ou brûlées par un feu de brousse ? A la limite, on s'en fout, il faut re-lâ-cher... Nos voisins mauritaniens le font bien dans le Trarza, sans aucun suivi après les photos d'usage de l'opération sentimentale, avec la dame de l'ambassade yankee. On se disait tout de même qu'avec les gigantesques réserves naturelles du Ferlo Nord et du Ferlo Sud (respectivement 600 000 ou 487 000 - c'est variable...- et 633 700 hectares, pas moins !), susceptibles en cette fin de XXe siècle d'abriter d'ultimes Autruches, quelques Gazelles et de ces Tortues rescapées, on pourrait y réintroduire, via Gueumbeul, des espèces phares du patrimoine ouest et nord africain... Beaucoup d'envolées lyriques, de séminaires, de réunionite aiguë et de missions opportunes, des gouvernements absents et des fonds fantomatiques, le temps a passé, la démographie s'est envolée, le bétail domestique malmené par les vagues de sécheresses (1972-1985) a vite repris du poil de la bête pour bientôt dépasser son stock d'avant la catastrophe trentenaire, bouffant le peu qui restait, tout sur son passage... En gros, 6 millions d'ovins, 5 millions de Caprins, 4 millions de bovins pour le Sénégal, essentiellement dans le Ferlo et le Kooya, le troupeau de bovins ayant été surpassé par les Moutons et Chèvres, plus dévastateurs, vers 1985-1990. Les Hommes ont cependant continué à fantasmer autour de leurs réserves, depuis Dakar et les bureaux d'études lointains - le fameux rêve éveillé. Redescendant sur Terre, on s'est résigné à clôturer, là-bas au seuil du Ferlo Nord quelques centaines d'hectares pour accueillir en grande pompe les pensionnaires d'Almeria devenus ceux de Gueumbeul pour finir ceux de Katané, l'enclave arrachée au mythe desdits Ferlo à reconquérir; ouf ! Et un 'parc animalier' grillagé de plus à l'actif du Sénégal ! Tout en se jouant du réel impossible à juguler pour parler vaguement de 'lâchers dans le Ferlo' - ha ha ha, la supercherie ! Tandis que, pour entretenir la flamme, de temps à autre on annonce "le retour" naturel d'une Gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons), avec son Bambi, au milieu des trois fléaux domestiques, et même des indices de présence d'une Autruche (Struthio camelus ssp.)... qui doit exceller dans l'art de se foutre la tête dans le sable... C'est qu'il faut faire croire que ça va mieux, qu'on tient le bon bout et qu'on ne mettra pas la clé sous le paillasson... La preuve s'il en est qu'on avance: un Congrès sur les Antilopes sahélo-sahariennnes s'est tenu dans les meilleurs hôtels de Ndar (plus visite à Gueumbeul), il y a quelques semaines, avec des tas de sommités... Hélas, je le regrette, on ne peut pas dire que ça a beaucoup imprimé. Secret-défense, sans doute...
En 1984 à Gueumbeul, les premières Gazelles dama mhorr (Nanger dama, inscrite à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition, dans la catégorie CR/En danger critique d'extinction) débarquent, d'abord en enclos puis en semi-liberté à partir de 2000 sur les 720 hectares de la réserve clôturée; en 2003, transfert de certaines de la progéniture née à la réserve spéciale de faune de Gueumbeul vers l'enclos de la réserve spéciale de faune de Katané, un autre espace clôturé du coup végétalement revitalisé, pris à l'immense réserve du Ferlo Nord aux mains des éleveurs (comme celle du Ferlo Sud, il ne faut pas faire de jaloux, et nous, trop d'illusions). Même scénario pour les Oryx algazelles (Oryx dammah, inscrit à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition, dans la catégorie EW/Éteinte dans la nature) arrivés à Gueumbeul en 1999 en provenance d'Israël suivis en 2002 de deux couples du Zoo de Vincennes (France); en 2003, même dispatching: transfert de natifs de la RSG vers Katané. Processus similaire avec les Gazelles dorcas (Gazella dorcas, inscrite à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition, dans la catégorie VU/Vunérable), arrivées à Gueumbeul en 2007 et qui, dans des conditions plus délicates, avec quelques pertes, sont à partir de 2009 convoyées vers Katané dont l'enclos est passé entre-temps de 720 à plus de 1 000 hectares. A l'exception des "d'Ocrissasse" (dixit Le Soleil, 2016 07 22), je doute fort que les trois autres espèces (Addax, Oryx et Gazelle dama) aient un jour parcouru le nord du Sénégal autrement qu'à la marge voire incidemment (in Dupuy, 1984; Newby, 1981), y compris dans les parties les plus sèches du Ferlo, qui n'était pourtant pas le pauvre pâturage saisonnier vite tondu et aride qu'il est aujourd'hui devenu... Même pour la Gazelle dorcas*1, sa présence dans le Sahel sénégalais reste anecdotique: une seule observation récente (Poulet, 1972) nous provient de la zone de Fété-Olé, dans l'ouest du Ferlo, et l'espèce n'est désignée par aucun "nom vernaculaire" par les éleveurs Peuhls de la région - c'est dire... L'Oryx algazelle semble n'avoir plus fréquenté le pays dès les années 1850s (in Newby). Gazelles "d'Amamore" (Le Soleil, bis repetita...) et Addax sont des espèces authentiquement déserticoles, surtout la dernière: il faudra donc attendre la saharisation du Septentrion (on y travaille !) et une hécatombe humaine (il n'y a pas de raison qu'ils y échappent, eux aussi !) pour que les malheureux quadrupèdes puissent éventuellement y trouver un cadre qui leur concède quelque chance de survie... Il faudra qu'on m'explique, à moins d'offrir gracieusement les deux Ferlo aux Afrikaners d'African Parks pour qu'ils y appliquent la manière forte et leurs sens du concret, comment nos experts vont réhabiliter leurs réserves sahéliennes (depuis le temps !), contenir un bétail pléthorique et des hordes humaines en souffrance... Le tourisme ? Mais il faut sortir un peu de son univers cloisonné (sic) et faire un tour en Namibie ou dans le Samburu kenyan ! Qui est fou pour se taper des centaines de kilomètres au milieu de rien, avec la poussière et le cagnard sahéliens, pour payer à faire semblant de barouder dans un bush artificiel après de pauvres bêtes captives - et qu'on a au zoo, les pop corns et les 'cahuètes en prime ?!... Tout ça, c'est aussi ridicule que ces doux rêves doivent faire vivre quelques personnes. Tandis que le "projet" conforte, une fois encore, l'onirisme fertile, celui-là, du pays. Quand je pense que Newby et les siens*2 doivent même abandonner le Termit nigérien, attaqué de partout, pour trouver à leurs Oryx, au Tchad, désert encore plus inaccessible aux pétroliers chinois et aux viandards armés... Une question me taraude, tout de même: pourquoi diantre aucun 'projet' pour la Gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons), la seule en définitive à être authentiquement une gazelle sahélo-soudanienne, la plus sénégalaise de toutes les choyées sus-citées ? Il en resterait tant que cela ? Ah bon ? Ce n'est pourtant pas ce que nous raconte l'UICN: la rufrifrons est inscrite à la Liste rouge des espèces menacées de disparition, dans la catégorie Vu/Vulnérable, depuis plus longtemps que la Dorcas, dans un environnement bien plus anthropisé de surcroît... Trop spécifiquement africaine ?*3 Allez, un bienfaiteur, un fonds local, un émergent qui a tellement réussi qu'il miserait ses sous sur la Gazelle, un Dangoté soucieux de préserver ce qu'il reste à sauver du patrimoine naturel ouest-africain ! Chiche ? On a le droit d'être plus panafricain qu'un Africain, non ?
*1 "En 1972 le Service des Parcs Nationaux du Sénégal [c'était une autre époque, celle de Senghor et du boss Dupuy, ndlr....] a introduit 15 Gazelles dorcas dans le Parc national du Djoudj (...) (Dupuy, 1984). Les effectifs de cette harde captive ont atteint environ 50 individus au début des années 80 (Dupuy, 1984) mais ont sérieusement décliné vers la fin des années 80 (Sournia et Dupuy, 1990). La Gazelle dorcas serait encore présente dans la zone [des steppes de Gainthe..., ndlr. in Newby, 2006], mais nous ne disposons pas de données précises [ah bon ? Il est donc plus difficile d'avoir des infos en provenance de l'exigu Djoudj que du gigantesque Ouadi Rimé-Ouadi Achim, lol !, ndlr.] sur les effectifs présents (B. Clark, in litt., Septembre 1996)", in Antilopes sahélo-sahariennes, statuts et perspectives, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, avec CCF-SSIG, 2006
*2 Parcourir le torchon d'Abdourhaman Waberi, qui en bon panafricain de la littérature écrite pour les Blancs, payée par les Blancs, n'hésite pas à passer sous silence le fait que c'est un Blanc, le même Newby, qui réintroduit ses "bêtes sauvages" - "(...) le Waberi, qu'il laisse Kourouma en paix !", s'insurge mon frangin...: « En attendant le retour des bêtes sauvages », in Le Monde 2017 05 3
*3 Lire: Conservation de la Gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons), in Réserve communautaire naturelle de Boundou, Sénégal oriental
Statut actuel des Gazelles d'Amamore, Gazelles d'Ocrissasse
et autres petites vendeuses de Soleil,
ce grand quotidien sénégalais de référence involontairement poétique tel un film de Sembene Ousmane...
(in Le Soleil, 2016 07 22 - Dakar, Sénégal )
Tortue sillonnée (Centrochelys sulcata, African Spurred Tortoise)
[Gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons, Red-fronted Gazella)
Gazelle dorcas (Gazella dorcas, Dorcas Gazelle)
Gazelle dama mhorr (Nanger dama, Addra/Dama/Mhorr Gazelle)
Liste rouge l'UICN des espèces menacées de disparition, catégorie CR/En danger critique d'extinction (2006)
Addax (Addax nasomaculatus, Addax)
Liste rouge UICN des espèces menacées de disparition, catégorie CR/En danger critique d'extinction (2000)
Oryx algazelle (Oryx dammah, Scimitar-horned Oryx)
Ci-dessous:
Gazelle à front roux - Gazella rufifrons, à l'est d'Ayorou, Niger
1982 01 / © Photo (détail diapositive) par Frédéric Bacuez, droits réservés
Mes questions sur le Renard pâle (Vulpes p. pallida) n'intéressent pas plus que cela; enthousiasmons-nous plutôt pour ces quelques Patas (Erythrocebus patas) et Phacochères (Phacochoerus africanus), toujours entre deux roupillons - c'est pas moi, ha ha ha ! Les Gazelles dama mhor (Gazella dama ssp. mhorr) et les Addax (Addax nasomaulatus) ne sont pas à l'appel, réfugiés de l'autre coté à l'est de la lagune à l'écart du circuit automobile, au pied de la colline (hors de la réserve) qui domine le pont Albar (ruiniforme)... Pape me jette un regard mi étonné mi perplexe, et (s')interroge: "- Ah bon, tu a déjà été sur cette colline ? - Beh oui, ce n'est pas un exploit !" Idem pour les Trois-Marigots: "- Tu as été vers Mengueye Mboye !? - Au-delà..." (on en deviendrait vite infatué). Le Sénégalais, comme beaucoup d'Africains francophones, a le chic déplacé de se persuader qu'un Blanc est incapable de marcher comme de faire n'importe quoi de ses mains et de ses pieds, d'ailleurs... Tandis que toute l'humanité masculine du pays se vautre sur ses nattes, se plaint de la chaleur dès qu'il fait 28° ou gémit doucereusement au troisième jour du Carême... Dieux que ces peuples ne se connaissent donc pas ! S'il nous avait fallu attendre nos hôtes pour inventorier leurs brousses, on en serait encore, ma foi, à fantasmer du Lion derrière chaque case et maintenant parpaing brut, même en 2017 au milieu des rizières toubabs et des champs de plastiques wolofs... O-ni-ri-que ! C'est d'abord l'onirisme qui emportera ce(s) pays.
- Gueumbeul Avifaunal Reserve and St Louis lagoons, BirdLife Data Zone, in BirdLife International
- La réserve de Gueumbeul et le parc national de la Langue de Barbarie,
par Sophie Mériotte, in Balades naturalistes 2015 12 24
- Souvenirs de Katané, in Projet Koussan 2007 08 - 2011 08 et Sorties-nature, in Ecofund 2014-2015
- Et, rien que pour les beaux yeux des Gazelles "d'Amamore" et "d'Ocrissasse"!!:
Gueumbeul: un abri d’acclimatation pour espèces en voie de disparition, in Le Soleil 2016 07 22
Ci-contre: plan de la réserve spéciale de faune de Gueumbeul (RSFG)
Et quid des zoazos ? On proposerait bien une liste détaillée des espèces fréquentant la réserve, mais on n'a pas trouvé. Ou alors il faudrait faire amende honorable et remplir des formalités administratives à n'en plus finir, signées, contresignées, avec autorisations exceptionnellement accordées par les plus hautes instances compétentes du cru pour y avoir accès. Les comptages, comme nous l'avions éprouvé lors d'un dénombrement mémorable au parc national de la Langue de Barbarie (PNLB) sont du secret-défense, censés servir en hauts lieux, par qui de droit, pour la science et le devenir de leurs chers joyaux... Bref, à sombrer dans l'oubli: hier sur des étagères poussiéreuses, aujourd'hui dans un crash d'ordinateur - si si... Heureusement, ces Toubabs qui aiment et tiennent la baraque ornitho du pays, ils se débrouillent pour continuer l'inventaire initié par nos maîtres, abandonnant les joies de l’Émergence sans Ecole aux camarillas politiciennes et confrériques de la place - en attendant la bascule, qui va arriver plus vite qu'elles ne le croient ! Beaucoup de ces oiseaux sont aussi les nôtres, hein - on a donc du souci à se faire pour eux, comme si nos propres exploits éradicateurs, à la maison, ne suffisaient pas ! Nos chers collègues et camarades ornithos Sénégalais ont d'ailleurs toute liberté, comme tout un chacun, de consulter nos comptages à nous, plus précis, plus exhaustifs, moins farfelus, avec le vrai nom des espèces, ainsi que nos listings français, nos inventaires européens, c'est bien le moins: les ornithologues forment une grande famille adepte du donner et du recevoir - pas vrai ?!...
Post-scriptum: en cette fin de journée du 16 Mai 2017, à l'entrée immédiate de la réserve spéciale de Gueumbeul, vraiment devant le portail et les clôtures, et de part et d'autre de la petite route du Gandiolais, on déboise à tour de bras ! Ils rasent tout ! Femmes, enfants, tout le monde est au boulot; quelques charretiers ramassent troncs et branchages coupés en tranches et chargent des charrettes.
Je me renseigne auprès de Pape:
" - Mais pourquoi ils coupent tout ?
- 'Ils' vont faire des lotissements
- Des lotissements ? Ici ?? Juste aux portes de la réserve ???
Pape, ne comprenant pas trop ma question un rien angoissée...:
- Oui
- Mais il n'y a pas de zone tampon entre la réserve et l'habitat humain ?
Vous n'avez pas peur que tout cela finisse par tout abîmer, tout salir ? Envahir le périmètre de déchets et de sachets plastiques volatiles ?
Pape, rek !:
- Non, on va les sensibiliser "
Je ne sais trop s'il est goguenard, ou au sérieux, le Pape; mais connaissant un peu le mental du pays, je me dis...:
C'est foutu...
Addendum:
Protection de l’environnement: les populations invitées à s’impliquer, in Ndarinfo 2017 06 7
Ah l'injonction, qu'elle est bien bonne !
Le ridicule ne tue pas: après quelques sachets ramassés, allez, à 2018 même jour même lieu, pour la prochaine "activité"... Si le lotissement est achevé, il devrait y en avoir beaucoup plus, de plastiques volants...
Ci-dessous:
Flamants roses, Spatules blanches (plus quelques africaines) et Avocettes élégantes estivants, sur la lagune de Gueumbeul
Réserve spéciale de faune de Gueumbeul (RSFG) 2017 05 16, 17h48, 17h40 & 17h44 / © Photos par Frédéric Bacuez
OISEAUX / 23 espèces cochées, 1 sp. entendue
MAMMIFÈRES / 2 + 2 espècesCHÉLONIENS / 1 espèce
Vu (liste non exhaustive):
- Pélican gris (pelecanus rufescens, pink-backed pelican), 2 ind. au repos en bout de lagon [vers le pont]
- Aigrette garzette (egretta garzetta, little egret), 3+ ind. sur le lagon
- Gardeboeuf d'Afrique (bubulcus i. ibis, cattle egret)
- Spatule d'Afrique (platalea alba, african spoonbill), compté au moins 2 ind. parmi les Spatules eurasiennes
- Spatule blanche (d'Europe, platalea l. leucorodia, eurasian spoonbill), 100+ ind. sur le lagon - dont pas moins de six (6) sujets bagués !
- Flamant rose (phoenicopterus roseus, great flamingo), ~250 ind. sur le lagon
- Francolin à double éperon (pternistis b. bicalcaratus, double-spurred francolin), 2 ind.
- Avocette élégante (recurvirostra avosetta, pied avocet - Least concern/LC-Préoccupation mineure, sur la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées de disparition), ~60 ind. avec les Spatules et Flamants
- (Pluvier) grand-gravelot (charadrius h. hiaticula, common ringed plover), plusieurs dizaines d'ind., par petits groupes de migrateurs prénuptiaux stationnés
- Vanneau éperonné (vanellus spinosus, spur-winged lapwing)
- Courlis corlieu (numenius phaeopus, whimbrel), 3 ind. en bout de lagon
- Goéland railleur (chroicocephalus genei, slender-billed gull), ~350 ind. dont des dizaines de sujets sur les trois îlots de reproduction
- Mouette à tête grise (chroicocephalus cirrocephalus ssp. poicephalus, grey-headed gull), quelques ind. aux alentours des îlots de reproduction réquisitionnés par les Goélands railleurs
- Mouette rieuse (chroicocephalus ridibundus, black-headed gull), au moins 1 ind. vu, en vol passant
- Sterne hansel (gelochelidon n. nilotica, gull-billed tern), ~15 ind. sur le lagon et autour des îlots de reproduction
- Sterne naine (sternula albifrons ssp. guineae, west african little tern), 1 ind. observé en train de pêcher
- Tourterelle masquée (Tourterelle à masque de fer, oena c. capensis, Namaqua dove)
- Tourterelle pleureuse (streptopelia decipiens ssp. shelleyi, -Niger- mourning collared-dove)
- Guêpier à gorge blanche (merops albicollis, white-throated bee-eater), 1 ind. vu
- Guêpier nain (merops p. pusillus, little bee-eater)
- Calao occidental (à bec rouge, tockus kempi, western red-billed hornbill), quelques ind. dans les boisements d'Acacias
- Cochevis huppé du Sénégal (galerida cristata ssp. senegallensis, -Senegal- crested lark)
- Corbeau pie (corvus albus, pied crow), groupe de 5 à 6 ind. sur les déchets [lagune de Khor]
Oedicnème du Sénégal (burhinus senegalensis, Senegal thick-knee) /
AUTRES:
- [Oryx algazelle (oryx dammah, scimitar-horned oryx)]
- [Gazelle dorcas (gazella dorcas, dorcas gazelle)]
- Phacochère commun (phacochoerus africanus, common warthog), une famille de 4 ind. dérangée par le galop d'une Oryx algazelle (cf. photos) + 1 ind.
- Patas 'singe rouge' (erythrocebus patas, patas monkey), quelques ind. au milieu des Figuiers de Barbarie (Opuntia ficus indica) [in RSG] + 1 ind. [RSG out, vers Gueumbeul]
- [Tortue sillonnée (tortue à éperons, centrochelys sulcata, african spurred tortoise)]
Ci-dessous:
en petit ou grand enclos, en semi-liberté conditionnelle ou libres d'aller et venir !
A vous de savoir lesquels...
Tortues sillonnées - Gazelles dorcas - Oryx algazelles - Patas - Phacochère commun
Réserve spéciale de faune de Gueumbeul (RSFG) 2017 05 16 soir / © Photos par Frédéric Bacuez
Vison pessimiste mais malheureusement très exacte. Nous constatons semaine après semaine la disparition des sites naturels les plus remarquables de la région de St Louis sous la hâche des bucherons, charbonniers et jardiniers, la dent d'un bétail pléthorique, les coups de boutoirs des caterpillars de nos "nouveaux développeurs" et des pelles des ramasseurs de sable déstiné à construire des salles de bains à 3 étages. "Requiem in pace brousse" et faune du Nord Sénégal tu ne seras bientôt plus qu'un souvenir....
RépondreSupprimerExcellent, fameux ! C'est exactement ce que j'hésite, depuis des lustres, à écrire sur mon blogue, en swahili. Entre ces Noirs, fiers comme des paons, et ces Blancs qui n'ont jamais rien fait d'autre que de fantasmer le continent ou qui battent leur coulpe, on a l'impression qu'on ne dit plus jamais rien de l'Afrique !
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