2-4, sur la Doué, un pluvian d'Egypte et un traquet de Seebohm
Traquet de Seebohm - oenanthe seebohmi, femelle Sur la falaise d'ocres à l'aplomb du Doué, 2015 12 4 7h54 / © Photo par Frédéric Bacuez |
* 'Les Jardins du Ferlo' et les berges du Doué -
3 & 4 décembre 2015.
MATIN, ~7h-8h-
Temps: brumes de poussières au-dessus de la rivière...
Par une discrète porte métallique dans le mur d'enceinte, tout au bout de la cour à l'arrière de l'hôtel, on accède sans préavis à la berge de la Doué, un effluent du fleuve Sénégal. La berge est en vérité une falaise d'ocres haute de quelque cinq mètres et plus au-dessus du lit de la rivière, déjà à son étiage le plus bas. La rive d'en face, plus douce et boisée, c'est l'île à Morphil - profitant des alluvions de la crue de septembre-octobre, il y a là plein de petits jardins maraîchers. De notre coté, le décor est sec, la falaise est extrêmement friable, rompue ici et là de ravines et de couloirs malheureusement jonchés d'ordures ménagères mais que les enfants aiment utiliser comme de joyeux toboggans... Parfois, ce sont des pans entiers de la berge qui se sont effondrés. Les bergeronnettes (motacilla alba), les huppes fasciées (upupa epops ssp. senegalensis) et surtout les traquets (oenanthe sp.) semblent, comme moi, apprécier la magie des lieux.*
* Voir sur Ornithondar: La Doué, c'est doux..., 2014 01 26
3 & 4 décembre 2015.
MATIN, ~7h-8h-
Temps: brumes de poussières au-dessus de la rivière...
Par une discrète porte métallique dans le mur d'enceinte, tout au bout de la cour à l'arrière de l'hôtel, on accède sans préavis à la berge de la Doué, un effluent du fleuve Sénégal. La berge est en vérité une falaise d'ocres haute de quelque cinq mètres et plus au-dessus du lit de la rivière, déjà à son étiage le plus bas. La rive d'en face, plus douce et boisée, c'est l'île à Morphil - profitant des alluvions de la crue de septembre-octobre, il y a là plein de petits jardins maraîchers. De notre coté, le décor est sec, la falaise est extrêmement friable, rompue ici et là de ravines et de couloirs malheureusement jonchés d'ordures ménagères mais que les enfants aiment utiliser comme de joyeux toboggans... Parfois, ce sont des pans entiers de la berge qui se sont effondrés. Les bergeronnettes (motacilla alba), les huppes fasciées (upupa epops ssp. senegalensis) et surtout les traquets (oenanthe sp.) semblent, comme moi, apprécier la magie des lieux.*
* Voir sur Ornithondar: La Doué, c'est doux..., 2014 01 26
Ci-dessous:
Petit matin sur la berge continentale de la Doué, effluent du fleuve Sénégal
Martinets sp. et ombrette africaine, 2015 12 4 / © Photos par Frédéric Bacuez
4 décembre-
Un passereau de l'Atlas sur la falaise d'ocres du Doué
Il y a toujours un nombre élevé de traquets hivernants, sur la falaise d'ocres. Le traquet motteux (oenanthe oenanthe) est le plus abondant de la famille, ici comme partout au Sénégal. On admirera peut-être, comme ce matin, l'élégant et farouche traquet oreillard (oenanthe hispanica). Et c'est ici qu'Ornithondar observe le maghrébin traquet de Seebohm (oenanthe o. seebohmi), au même endroit, encore une femelle, qu'il y a deux ans* !
* Voir sur Ornithondar: La Doué, c'est doux..., 2014 01 26
* Voir sur Ornithondar: La Doué, c'est doux..., 2014 01 26
Nota: peu d'ornithologues continuent de considérer le traquet de Seebohm (oenanthe seebohmi, Seebohm's wheatear) comme une race "berbère" du traquet motteux. Ses différences morphologiques étant incontestables, Ornithondar prend aussi le parti des ornithologues 'africanistes' en décidant d'y voir une espèce à part entière. Espèce localisée puisqu'elle ne réside et niche qu'en zones montagneuses du Maroc (Moyen et Haut-Atlas au-dessus de 1500 m d'altitude, ainsi que dans quelques sites du Rif et de l'Oriental) et d'Algérie (Aurès, Djurdjura). Il semblerait qu'un bon nombre voire la majorité de ces oiseaux passe l'hiver, tout ou partie, au sud du Sahara, essentiellement dans le Sahel mauritanien et sénégalais mais aussi du nord-ouest malien. Morel signalait la présence du traquet de Seebohm dans la vallée du fleuve Sénégal dès 1964, à Richard-Toll, Saldé et Ndioum, ce dernier site se trouvant à quelques kilomètres à l'est de notre observation d'aujourd'hui...
"(...) obtenu en 1964 à Ndioum (16°30N -14°40W) le 1er avril et à Saldé (16°10N -13°54W) le 14 avril (M & R 1966), puis les 24 mars 1976 et 25 mars 1980, 60 km au SE de Richard-Toll; les quartiers d'hiver de cette espèce sont encore inconnus (peut-être plus au sud) bien que TYE, A. l'ait observée près de Richard-Toll début janvier 1981; (...) "
- Gérard J. & Marie-Yvonne Morel,
in Les oiseaux de Sénégambie, notices et cartes de distribution, IRD Editions
En 1973, le traquet de Seebohm est signalé comme
" l'espèce la plus répandue en hiver dans la région de Podor (B. N'Dao, comm. pers.). A Richard-Toll, capture d'un mâle nuptial le 13 mars 1973 (B. Tréca, comm. pers.) "
- Gérard Morel et Francis Roux,
Les migrateurs paléarctiques au Sénégal: notes complémentaires,
in La Terre et la Vie, Revue d'Ecologie Appliquée, Vol. 27, 1973
En février-mars 2007, une équipe d'ornithologues emmenés par Marc Förschler* conforte les travaux de Peter Browne lequel en 1982 envisageait une population hivernante d'au moins 50 000 sujets à l'orient du sud-ouest mauritanien !
" The majority of this taxon's population appears to winter immediately south of Sahara, in the Sahel zone of southern Mauritania, northern Senegal and north-west Mali between 15-18°N and 09-16°W (...) "
- M.I. Förschler, B. Metzger, I. Maggini, R. Neumann, F. Bairlein,
in Seebohm's Wheatear Oenanthe oenanthe seebohmi in West Africa, in ABC Bulletin 15.2, 18 07 2008, African Bird Club
Le traquet de Seebohm hiverne
"surtout en Mauritanie sahélienne (...), dans le nord du Sénégal et l'ouest du Mali entre 15°N et 18°N et, vers l'est, au moins jusqu'à 9°W (...)"
- Paul Isenmann et al.
dans l'indispensable Oiseaux de Mauritanie (2010)
* Des mêmes auteurs, lire:
in ResearchGate.net, 2008
En complément:
Seebohm's wheatear reaches Britain ?, in Birding Frontiers, octobre 2013
Seebohm's wheatear, par Lee Dingain in AlmostBirding, 2013 04 13
3 décembre-
Un pluvian sans son crocodile...
Au lever du jour, là-bas sur la Doué, un duo d'ombrettes africaines* (scopus umbretta) est au bain. Mais oui, derrière sur la grève de boue séchée, il y a un pluvian fluviatile (pluvianus aegyptius), moins agité mais tout autant dégingandé que le chevalier guignette (actitis hypoleucos) qui fait les cent pas sur le rivage. C'est mon premier pluvian, au Sénégal ! Lui que j'ai rencontré ici et là, au Kenya, au Burkina Faso, au Bénin ou au Niger est ici peu fréquent, en tout cas absent immédiatement à l'aval et à l'amont du barrage de Diama, tant que le cours du fleuve reste sous la pression de l'ouvrage anti-sel.
* Voir sur Ornithondar: Entre Sénégal et Doué: le Walo des ombrettes africaines, 2014 01 26
Nota 1: le pluvian fluviatile n'est pas un limicole très commun. Malgré sa large répartition continentale, il n'y aurait en Afrique que de 15 000 à 57 000 sujets matures. L'espèce semble même en déclin voire en cours de disparition sur les cours d'eau régulés par les barrages et autres endiguements - en Afrique de l'ouest, c'est le cas du fleuve Sénégal, mais aussi du delta intérieur du fleuve Niger, au Mali, et même des fleuves Bandama (Côte d'Ivoire) ou Volta (Ghana). Le petit échassier a besoin d'un étiage faible et d'un niveau d'eau très contrasté, faisant émerger en saison sèche des bancs de sable et dégageant les berges des fleuves et marigots sur lesquelles il se nourrit ou nidifie (mars-avril, dans notre zone).
Dans la vallée du fleuve Sénégal à l'aval de Richard-Toll, le pluvian n'est qu'un visiteur très occasionnel de saison des pluies. De Dagana à Matam, on pourra l'y rencontrer toute l'année mais sa nidification reste encore à prouver. Notre glaréolidé du petit matin est possiblement un erratique de saison internuptiale. En revanche, il est bel et bien nicheur "à l'amont du fleuve Sénégal, [et] dans le lit de la Falémé " (in Morel), où il redevient commun.
Nota 2: comme le piqueboeuf à bec jaune (buphagus africanus) débarrasse les herbivores, sauvages et domestiques, de leurs parasites - farfouillant jusques et y compris leurs parties les plus intimes !-, le pluvian fluviatile jouera parfois le rôle de dentiste... avec les crocodiles (crocodylus niloticus et, dans notre Afrique de l'ouest, crocodylus suchus). Ailleurs sur le continent, le glaréolidé a été vu grimpant dans la gueule ouverte du saurien pour inspecter méticuleusement la dentition du patient docile, en quête de débris alimentaires restés coincés... Hélas sur le cours du Sénégal, le crocodile est devenu rare, impitoyablement traqué par les pêcheurs. A l'exception du marigot du Djoudj et du marais de Gainthe limitrophe, de quelques portions du fleuve voisin des parcs nationaux contigus du Djoudj (PNOD, Sénégal) et du Diawling (PND, Mauritanie), il n'y a plus de crocodile avant Matam et la Falémé. Pas de croco, pas de dentiste !
Nota 2: comme le piqueboeuf à bec jaune (buphagus africanus) débarrasse les herbivores, sauvages et domestiques, de leurs parasites - farfouillant jusques et y compris leurs parties les plus intimes !-, le pluvian fluviatile jouera parfois le rôle de dentiste... avec les crocodiles (crocodylus niloticus et, dans notre Afrique de l'ouest, crocodylus suchus). Ailleurs sur le continent, le glaréolidé a été vu grimpant dans la gueule ouverte du saurien pour inspecter méticuleusement la dentition du patient docile, en quête de débris alimentaires restés coincés... Hélas sur le cours du Sénégal, le crocodile est devenu rare, impitoyablement traqué par les pêcheurs. A l'exception du marigot du Djoudj et du marais de Gainthe limitrophe, de quelques portions du fleuve voisin des parcs nationaux contigus du Djoudj (PNOD, Sénégal) et du Diawling (PND, Mauritanie), il n'y a plus de crocodile avant Matam et la Falémé. Pas de croco, pas de dentiste !
OISEAUX / 42 + 1 espèces et ssp. cochées + 1 sp. indéterminée
Vu:
- Bihoreau gris (nycticorax nycticorax, black-crowned night heron), 2 ind. adultes en vol matinal [au-dessus de l'île à Morphil] {12 3}
- Héron strié (butorides striata ssp. atricapilla, green-backed heron), 1 ind. adulte
- Héron garde-boeuf (bubulcus ibis, cattle ibis), vol matinal de 60+ + 12 ind. [île à Morphil]
- Aigrette garzette (egretta garzetta, little egret), 1 ind. pêchant [bord du Doué] {12 3 & 4}
- Grande aigrette (egretta alba, great egret), 2 ind. en vol du matin {12 4}
- Héron cendré (ardea cinerea, grey heron), 1 ind. passant d'une berge à l'autre du Doué {12 3 & 4 matins}
- Ombrette africaine (scopus u. umbretta, hamerkop), 2 ind. en compagnie d'un héron strié (cf. photo ci-dessus)
- Oedicnème du Sénégal (burhinus senegalensis, Senegal thick-knee), dont 2 ind. dans la cour même de l'hôtel, peu farouches, et un sujet sur le muret d'enceinte de l'établissement ! (cf. photo en bas de notule) [hôtel]
- Pluvian fluviatile (d'Egypte, pluvianus aegyptius, Egyptian plover), 1 ind. adulte sur la rive sablonneuse du Doué ! {12 3}
- Chevalier guignette (actitis hypoleucos, common sandpiper)
- Petit gravelot (charadrius dubius ssp. curonicus, little ringed plover), 1 ind. {12 4}
- Grand gravelot (charadrius hiaticula ssp., common ringed plover)
- Vanneau éperonné (vanellus spinosus, spur-winged lapwing), 1 ind.
- Tourterelle masquée (oena capensis, Namaqua dove)
- Tourterelle maillée (streptopelia senegalensis, laughing dove)
- Tourterelle pleureuse (streptopelia decipiens, african mourning dove)
- Pigeon roussard (de Guinée, columba guinea, speckled pigeon), dont sujet immature sur mur d'enceinte de l'hôtel, avec deux tourterelles pleureuses
- Perruche à collier (psittacula krameri, rose-ringed parakeet), 1 + 2 + 2 + 2 ind. en vol, en provenance de l'île à Morphil
- Martinet des maisons (apus affinis ssp. aerobates, little swift)
- Martinet sp. (apus sp.), plusieurs sujets d'aspect cafre, ou des maisons mais en plus grand...
- Martinet des palmes (cypsiurus parvus, african palm swift), 2 ind. en vol {12 4}
- Alcyon pie (ceryle rudis, pied kingfisher), deux familles ? - 3 + 3 ind.
- Guêpier vert d'Orient (merops orientalis ssp. viridissimus, little green bee-eater), quelques ind. familiers dans le jardin et la cour de l'hôtel
- Coliou huppé (à nuque bleue, 'oiseau-souris', urocolius macrourus, blue-naped mousebird), 2 ind. dans un arbre de la cour d'hôtel
- Irrisor moqueur (phoeniculus purpureus ssp. senegalensis, green wood-hoopoe), 3 ind. en vol, à la queue leu leu {12 4}
- Huppe fasciée (d'Afrique de l'ouest, upupa epops ssp. senegalensis, west african hoopoe), cc local faisant des allers et retours entre la berge du Doué et la cour de l'hôtel. Souvent aperçues avec des bergeronnettes grises dans les éboulis de terre ocre au pied de la falaise dominant le Doué.
- Bergeronnette grise (motacilla alba, white wagtail), quelques ind. dans les éboulis d'ocres décrochées de la falaise
- Bergeronnette printanière (motacilla flava, yellow wagtail), moins commune ici que la bergeronnette grise [sur les berges du Doué]
- Bulbul des jardins (pycnonotus barbatus ssp. inornatus, common bulbul), boivent sous le réservoir d'eau de l'hôtel, en compagnie de moineaux gris
- Traquet motteux (oenanthe oenanthe, northern wheatear), plusieurs ind., souvent à l'aplomb de la falaise d'ocres + 1 ind. mâle chassant sur le mur d'enceinte de l'hôtel
- Traquet de Seebohm (oenanthe o. seebohmi, Seebohm's wheatear), 1 ind. femelle au bord de la falaise d'ocres ! (cf. photo en haut de notule) [Doué]
- Agrobate podobé (cercotrichas podobe, black scrub robin), 1 ind. {12 4}
- Souïmanga à longue queue (cynniris pulchellus, beautiful sunbird)
- Choucador à oreillons bleus (lamprotornis caudatus, greater blue-eared starling), troupe de ~25 ind. en vol [Doué] + quelques ind. chassant les insectes contre un mur crépi [cour de l'hôtel]
- Choucador à longue queue (lamprotornis caudatus, long-tailed glossy starling), 5 ind. dans la cour de l'hôtel
- Moineau gris (passer griseus, northern grey-headed sparrow), dont sujets de 1ère AC
- Moineau doré (passer luteus, Sudan golden sparrow)
- Tisserin vitellin (ploceus vitellinus, vitelline masked weaver)
- Tisserin à tête noire (ploceus melanocephalus ssp. capitalis, black-headed weaver), vols du matin
- Travailleur à bec rouge (quelea quelea, red-billed quelea), vols du matin
- Cordon-bleu à joues rouges (uraeginthus b. bengalus, red-cheeked cordon-bleu)
- Amarante du Sénégal (lagonosticta senegala, red-billed firefinch), 2 ind. dans les crevasses de la falaise d'ocres
- Capucin bec-d'argent (euodice cantans, african silverbill), 2 ind. [Doué] {12 3} + plusieurs ind. {12 4}
Et une possibilité ?:
- Hypolaïs pâle du Sahara (hippolais pallida ssp. reiseri, Saharan olivaceous warbler), 1 ind. dans un arbre [du jardin de l'hôtel]
Entendu:
Oedicnème du Sénégal (burhinus senegalensis), ~3 ind., la nuit, sous ma fenêtre de chambre ! / Coliou huppé (à nuque bleue, urocolius macrourus) [île à Morphil] / Choucador à longue queue (lamprotornis caudatus) [île à Morphil]
Ci-dessous: oedicnème du Sénégal au petit matin blême...
2015 12 4, 7h10 du matin à Gamadji Saré / © Photo par Frédéric Bacuez
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