Un Vautour moine au nord du Sénégal loooonnngtemps incognito sur 'son' Face-de-bouc


Personnellement, je me suis libéré de Facebook, cette Babel compulsive et ultime de notre paresse, intellectuelle et universelle. Emprise/empire de la duperie où chacun peut trafiquer le réel, et s'exposer comme bon lui semble, sous son meilleur jour évidemment. Une distraction de vieux, déjà, plutôt incultes et fiers de se vautrer en communauté dans cette ignorance, ces gens-là s'ennuient et ont désappris le goût de lire. J'y garde des yeux, sait-on jamais. Merci donc à la "perspicacité" (pour un moine il faut de la 'perspicacité', ah bon ?!) d'Edith Carrel (ALEPE/LPO, beh oui...) qui a découvert la publication d'un vautour indéterminé dans le ciel du nord sénégalais, quelque part. Et révélé au photographe hasardeux de l'oiseau, qui se positionne comme ornithologue spécialiste du terroir bas-deltaïque, qu'il s'agissait d'Aegypius monachus, le Vautour moine. Black Vulture totalement anonyme pendant quinze jours voire un mois - durée à vérifier car l'animateur de la Page n'est pas avare d'approximations et de petits arrangements avec le temps, avec les lieux. Photo jetée comme bouteille à la mer, le personnage est coutumier du fait : ne surtout pas avouer qu'on ne connaît pas, c'est sa marque de fabrique ; on balance et on attend, réponses toutes faites déjà prêtes : oubli de légender, pas le temps de tout expliquer, trop pris par ailleurs etc. Et ça fonctionne, c'est bien ça le pire*. Vautour moine qui plus est bagué, des Grands Causses français ou d'Espagne (cf. en bas de notule), ça ne devrait pas être compliqué d'avoir son 'historique de vie', même avec une photo illisible. Vautour aussi erratique que son photographe, incapable de l'identifier, pas plus in situ que de retour à la maison - trop fort, l'expert de Saint-Louis. Où précisément (latitude longitude, c'est peut-être beaucoup demander...), cela restera secret défense, juste pour les intimes (on se marre) ; le vedettariat, ça se construit minutieusement. On puise tout ce qu'on peut chez autrui, on ne renvoie jamais l'ascenseur, on se fait passer pour seul et unique amoureux de la nature ici, bref on défriche un pays qui a été défriché, pourtant, par les naturalistes (et les 'aménageurs' !) comme aucun pays de la sous-région ne l'a été...

* On a déjà eu le coup à de nombreuses reprises, hélas, avec cette page-là... On se rappellera notamment semblable découverte sur photo, celle d'un Bec-en-ciseaux comme le nez au milieu du visage, sur l'île de aux oiseaux du PNLB. Heureusement que certains se font du mal pour surveiller les exploits du collaborateur préféré des OMPO, FAO, UE, Ranch de Bango, parcs nationaux du Sénégal et on en passe... Si avec tout ça l'ornithologie sénégalaise n'émerge pas et ne brille pas dans le monde ! Quelle belle époque...

La "perspicacité" d'Edith n'a pas tout repéré 

Sur le Birds of Western Africa, le Vautour moine est en pages 88-89, texte et dessin (page 62 planche 22 dans le Birds of Senegal and The Gambia). Sauf pour notre bonhomme qui s'adresse à son public tout aussi béotien (mais moins pervers) que lui : 'il n'est pas dans les livres sur l'Afrique, le Vautour moine, je suis donc pardonné !' D'autant qu'il n'a été "observé confirmé, dixit les spécialistes Européens" que "13 fois depuis 1987", faute d'observateurs - les (très) mauvais compris ? L'ornithologue n'a jamais autant écrit de sa vie de terrain sur les oiseaux, diable... Borrow, envoyez-lui donc un Field Guide, il vous offrira le sien, d'opus, en retour, chef d'oeuvre ultime de l'ornithologie sénégalaise. Virez votre "guide local" (!?), qui est surmené, et embauchez ce brave toubab pour votre prochaine tournée sénégalaise jusqu'à Gamadji Saré et ses Martinets 'anonymes'. Tant que vous y êtes, surtout "les Anglais" (comme il dit, l'ingénieur-en-tout), fournissez-lui une (bonne) paire de jumelles, une longue-vue, un (bon) appareil photo aussi ; et une inscription à un MOOC, ou un Master, s'il peut suivre, je ne sais pas mais faites quelque chose pour l'élever, le pov'bougre. Avec la COVID, il ne tiendra pas éternellement, même en faisant de la rediffusion intemporelle comme à la télé. 
La perspicacité des autres, cependant, trouve ses limites quand on n'est pas soi-même directement concerné et qu'on a les précautions bienveillantes que je n'ai pas, ou plus, avec ce genre d'imposteur. Edith aurait pu lui dire que l'autre Vautour, c'est un de Rüppell (Gyps rueppellii), pas un africain (Gyps africanus) ! Et ils sont dans tous les livres, ces deux-là, combien d'en-dessous il est souvent délicat d'identifier au premier coup d'oeil et à l'âge ingrat, Africain, Rüppell et Fauve. Si le dos est visible, aucun souci. Enfin, normalement. Notre expert a de l'alibi en béton, son volatile est vu d'en-dessous, en gros plan...

C'est qu'il en veut, il est tenace, le "baroudeur" arrivé d'on ne sait où il y a quatre ou cinq ans. Nul mais persévérant ; dans la nullité. Et dites-lui qu'une Hirondelle de rivage ne sera jamais un Martinet noir, entre autres perles du printemps (Circaète de Beaudouin, Héron mélanocéphale etc.). On en garde sous le coude, ça ne manque pas, un jour ou l'autre pour rire. Il faut rire, pour ne pas pleurer de ce que les temps font de nous, les Hommes. Au Sénégal pourtant, c'est l'obsession du collaborateur des parcs nationaux, il fait tout pour, il est tout seul, "au fond de ma brousse" ; à Gandiole, lol... Il y a de brousse plus profonde, comme la crédulité des gogos, tout de même... Et en hors piste, de Mboubeune via Bango au marigot de Djoudj, waouh ! On finirait par croire, vu qu'il attire comme la glu des pointures dont on se demande comment elles font pour atterrir là, même brièvement, qu'il est le seul et unique ornitho' pour tout le Sénégal. Le look de l'Africaniste qui en a vu, pédagogue, "puits de science" qui se met au niveau des petites gens pour "sensibiliser"... (via) Metabrutissement. Et sans façon ; pas comme ces amateurs, Bram, Miguel, Fred, Carlos et autres Simon, Gabi ou Bruno*, prétentieux sans nom qui ne vivent pas le pays de loin, très loin, sur Face-de-bouc ou à l'occasion d'un colloque à la teranga qui sait faire pour bien flatter. Sénégal où chacun sait qu'il n'y a pas, il n'y a jamais eu d'observateurs en nombre et qualité suffisants. Avant lui. Quelques "colons" has been, c'est tout : sympa pour les Paul et autres François, qui se reconnaîtront des vivants... Raison pour laquelle, seule raison pour laquelle on n'y voit qu'exceptionnellement un Vautour moine. 

Heureux les humbles qui ne doutent jamais, maladivement assoiffés de reconnaissance internationale. Un blogue à peine né déjà abandonné, histoire d'occuper l'espace et faire la nique à ces suppôts de Satan d'Ornithondar et de SenegalWildlife, leur piquer carnet d'adresses et les plonger dans l'inexistence : car qui n'est pas sur Face-de-bouc est nulle part. Jusqu'en Chine, son oeuvre à Lui ; plus les échanges épistolaires avec le président de la République, pourquoi se gêner ? Qu'est-ce que vous croyez, on peut être simple et avoir de l'ambition, et des engagements, tiens ! L'engagement c'est aujourd'hui la seconde peau de l'Homme post-moderne ; nous sommes tous engagés et plus nous sommes "engagés" plus ça va mal. Le pompon, un (auto)référencement sur Babelio (si si, vérifiez vous-même), cela flaire l'imminence probable d'une oeuvre, d'aphorismes, de fulgurances poétiques, et l'entrée dans l'Histoire, ne serait-ce que littéraire. Car il devient très gourmand, l'ingénieurABC, maintenant, il l'a dit, et le revendique, l'exige bientôt : le sacrement ultime, on y vient. Avec les Grands (panafricains), ha ha ha !

* le Casamançais, pas l'Agriculteur, ce dernier est dans les serres de notre broussard du Gandiolais ; ils discutent ensemble de cet événement qui devrait bientôt faire la Une de toutes les presses spécialisées, tenez-vous bien : les oiseaux ne migrent plus, ils restent... en Afrique, comme certain, et c'est Lui qui l'affirme, loin de ces horribles pays d'Europe où il ne fait pas bon vivre. Et d'où nous viennent pourtant en hiver (et même au printemps, c'est tout dire) ces vautours en passe de remplacer les vautours locaux passés à la trappe, comme le reste. Vite, un symposium ! L'ornithologie ? Enfantine, c't'activité... Un regard acéré, du bon sens et deux trois photos, quasi exclusivement des gros oiseaux, et le tour est joué. Ces scientifiques et toute la clique des lettrés, pouah !

Ce qu'il faut lire pour s'informer sur Aegypius monachus en Afrique du nord-ouest (j'ose croire que mes camarades ne sont pas encore hypnotisés par l'incontournable référence sénégalaise ; qu'ils prennent garde, le bougre est un redoutable séducteur, buriné et tout et tout, enfin, presque tout...) :
Cinereous Vulture in West Africa: from vagrant to regular visitor ?,
par Bram Piot in Senegal Wildlife 2018 09 11
New records of Cinereous Vulture for Senegal,
par Mohamed Amezian in Maghreb Ornitho 2018 03 18
First record of Cinereous Vulture for Mauritania
par Mohamed Amezian in Maghreb Ornitho 2018 01 14
Second observation of Cinereous (black) Vulture for Senegal,
par Paul Robinson in Senegal Wildlife 2013 02 27

Ci-dessous :
Vautour moine juvénile (2e AC) dans le ciel du Bargy, Haute-Savoie
AURA/LPO-74 2015 08 2 / @ Photo par Frédéric Bacuez

" (...) C’est lui le patron, au charnier, le vautour-en-chef, une étude scientifique vient de le vérifier*. Monfragüe est son bastion, son assurance vie. Éteint des Balkans, réduit à de très précaires unités en Macédoine et Crimée, le Vautour moine ne survivait en 1970 que dans ce centre-ouest de l’Espagne. 206 paires alors accrochées aux subéraies escarpées de Monfragüe et des Cabaneros (Castille-la-Manche), 3 000 couples aujourd’hui, 43 colonies, 98% de l’effectif européen, gloire aux protections volontaristes de l’Union et de son Royaume. Déclin en Asie, augmentation chez nous : le voici à la reconquête des marges portugaises, des Pyrénées catalanes, et de la France via le Massif central et les pré-Alpes. Le Vautour moine nidifie sur les arbres. Ici à Monfragüe, qui concentre sa plus forte densité mondiale (340 couples), et généralement en Extrémadure, bienheureux est-il, on n’y manque pas de vénérables chênes hospitaliers. "
par Jérémy Calvo & Frédéric Bacuez, Blurb ed., mai 2020

* ‘Larger size and older age confer competitive advantage : dominance hierarchy within European vulture guild’, par R. Moreno-Opo, A. Trujillano & A. Margalida, Sci Rep 10, 2430 (2020)

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