26, aux portes du Ranch, ça déboise et carbonise !

* Bango. Vers le Ranch de Bango - 

Ci-contre : sur la piste du Ranch de Bango, prosopis abattus, haies brûlées; la nature en prend plein la gueule pour d'obscurs litiges et ambitions fonciers... / Courtesy @ photo par Eddy Graëff pour Ornithondar 

Avant-veille de l'Aïd, qu'on appelle Tabaski au Sahel, la fête du/au mouton... Des millions d'ovins - et de caprins, pour les moins fortunés, ce qui est ma foi rare au Sénégal de "Maître" Wade qui a fait de son pays, comme le monde entier sait, un pays spécifiquement "émergent"- emplissent la cité et se font faire un brin de toilette à grand renfort de savon moussant, avant l'orgie sacrificielle de samedi. Samedi 28, en effet, parce qu'"ici c'est Sénégal", et la Tabaski ça sera samedi quand les autres en seront à la digestion du vendredi. Car au Sénégal, c'est ainsi, on aime se différencier, et se faire remarquer (croit-on) : la quasi totalité des fêtes de la Umma sont célébrées le lendemain des autres pays musulmans. Qui fait mieux ? Le Sénégal est le spécialiste de la surenchère religieuse. Bref, dans ce pays en devenir mais où le réfrigérateur est rarissime, et où les températures pourtant clémentes (sur le littoral) ont peu de chance par les temps qui courent de descendre vers le zéro degré, il faut se hâter pour préparer la bête afin de s'en repaître pendant quelques jours sans risque de courante intempestive. Et depuis que ses habitants ne font plus confiance dans l'approvisionnement d'un gaz très échappatoire, et cher (eh oui, 'faut parfois payer les factures aux navires méthaniers 'étrangers' qui désormais attendent au large du Cap-Vert et ne livrent que s'ils sont illico réglés...), c'est la ruée sur le bois et le charbon, plus que jamais. Un formidable retour aux préceptes rigoristes chers au continent : "ça a été, ça est, ça sera." Avec l'aval des responsables, et la complicité de tous, passive ou active. Pourquoi se gêner quand les affairistes tireurs-de-ficelles et autres donneurs d'ordre sont les petits potentats locaux à la solde du pouvoir central ?! Même l'administration... des Eaux et Forêts, qui sait, laisse faire, ou n'intervient que ponctuellement, pour elle-même... à la veille des fêtes. La brousse est mise en coupe réglée, intensément, partout, depuis deux ans maintenant. Depuis la grande spéculation mondiale sur les hydrocarbures, en 2007-2008. La faute aux autres ; évidemment.

Ci-après : @ photos par Eddy Graëff, 2009 11 26 midi. Pour http://www.saintlouisdusenegal.com et Ornithondar
De haut en bas :
- coupe de bois de chauffe dans un carré d'acacias : "du bois mort", disent-ils... Le toubab étant par nature idiot, chez les Sénégalais, il ne comprend rien. La preuve... 
- charbonnage... sous les derniers grands arbres de la zone, abritant l'une de ses deux aires de Pygargues vocifères
- charbonnier, un autre, à l'abri dans une carrière de sable, à proximité du Ranch de Bango
- un pays constellé de souches mortes, partout !

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