20, un Bruant de Gosling dans le Gandiolais


Ce 20 janvier 2022, belle surprise pour nos camarades A. & D. Mignot au bout du bout de l'arrière-pays de Gandiole (Grande Côte), sur la démarcation entre départements de Saint-Louis et de Louga : un (1) Bruant de Gosling (alias Bruant d'Alexander, Emberiza goslingi, Gosling's Bunting), de type femelle, contemple du haut de son petit tertre terreux "la steppe arbustive"*1 aride. C'est à ma connaissance la première donnée de cet Afrotropical dans le bas-delta du Sénégal, la seconde mention documentée récente*1 de l'espèce dans notre septentrion. Le 5 octobre 2018, Bram Piot et Vieux Ngom en avaient photographié deux (2) adultes sur le talus du marigot de Doué, près de Lérabé. Il était admis depuis Morel & Roux (1962) qu'à la faveur des pluies le Bruant de Gosling (qui n'avait pas encore été splitté du Bruant cannelle est-africain) descendait la vallée du fleuve Sénégal jusqu'au seuil de Richard-Toll, depuis "son habitat typique rocheux"*2 et latéritique mauritano-sénégalo-malien - dont il semble facilement s'affranchir, même par là-bas. Dans la région à l'est de notre fief sénégalais, on retrouve l'espèce dans le Guidimaka mauritanien, et aussi loin que les marches désertiques mais rocailleuses du Tagant (17.876, -12.092, par exemple), parfois jusqu'à l'Adrar ! Une visite de courtoisie aux cousins du Sahara ?*3

*1 Morel, G. J. & M-Y. (1990), Les oiseaux de Sénégambie - notices et cartes de distribution, Editions de l'ORSTOM, Paris - page 138 

*2 Morel, G, Roux, F. (1962), Données nouvelles sur l'avifaune du Sénégal (plaquette), Paris

*3 Insenmann, P. et al (2010), Oiseaux de Mauritanie - Birds of Mauritania, SEOF, Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris - page 345


"Le Bruant de Gosling, qui lui ressemble, se distingue du Bruant cannelle par sa gorge grise (et non noire). (...) Le Bruant du Sahara a une gorge et une poitrine striées (et non unies)."

in Birds Of the World (BOW), The Cornell Lab of Ornithology

 

Au sud de la péninsule dakaroise (Petite Côte) sur les falaises du cap de Naze et dans la réserve naturelle de Popenguine qui leur fait suite à l'intérieur des terres, le Bruant de Gosling est contacté (quasiment) toute  l'année (septembre-mars, jusqu'à 12 sujets en juillet, obs. M. Lecoq, et septembre). En saison humide il a été trouvé récemment dans la capitale, au phare des Mamelles, rien d'étonnant (6 ind. le 3/08/2023, obs. S. Baker), et en saison sèche entre Sebikhotane et Mboul (1 ind. le 15/12/2023, obs. E. Prewitt). Plus classique quoique toujours local, exigences du biotope obligent, on le retrouve mieux distribué, allez, au sud de la N1 et surtout en Gambie - la pression d'observation ornitho' joue aussi dans le pays anglophone. Ainsi qu'évidemment dans les rochers et éboulis du sud-est, à la frontière guinéenne.

Discussion : on ne saisit pas bien les éventuels mouvements de Emberiza goslingi, censés suivre le Front Inter Tropical (FIT) et ses pluies vers le nord sahélien, vers le sud à la saison sèche. Localement l'espèce semble être sédentaire - ce qui est peut-être le cas au cap de Naze où son observation au Sénégal est la plus aisée et fréquente. Espèce assez plastique, le Bruant de Gosling semble aussi étendre sa présence à des régions plus méridionales autrefois non fréquentées; le réchauffement climatique, la modification et l'assèchement du biome soudano-guinéen favoriseraient la colonisation rampante. Ailleurs, même isolées entre elles par l'anthropisation, les populations semblent se maintenir localement sans difficulté (réserve naturelle de Popenguine par exemple). 

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