Pour Noël : En descendant le fleuve Sénégal, la Tabaski à Guet N'Dar...


Pour les fêtes spirituelles, un salut ailé à mes innombrables lecteurs éconduits depuis deux ans. Et signaler aux aficionados qui auraient survécu (à l'époque) : primo, qu'Ornithondar même de loin suit toujours l'actualité aviaire du Sénégal - merci à eBird !-, bien qu'appauvrie depuis la clôture de SenegalWildlife et la sieste prolongée de votre serviteur bangotin. Secundo, que des modifications et compléments viennent renforcer la liste de mes recommandations médiatiques (livres, vidéos, sons) ; j'y ai enfin ajouté une rubrique 'Applications pour smartphone' - il était temps, et tout cela est ICI ('
Ressources : mes choix et coup de gueule') :


J'en profite pour compléter ma longue liste par ces deux ouvrages qui n'ont rien à voir avec l'ornithologie. Chacun dans son 'style', ils décrivent cependant le contexte, et plantent le décor : le fleuve et sa fameuse cité de Saint-Louis, pour les uns, Ndar pour les autres :

" Sans oublier Ndar et le fleuve Sénégal...
  • Daandé Maayo - en descendant le fleuve Sénégal du Fouta Djalon à Saint-Louis, par Yves Barou et Djibril Sy (TohuBohu éditions, 240 p., Paris, France 2020). Je l'avais raté à l'époque, voici ce qu'on appelle un beau-livre, qui suit depuis ses sources (Mali & Guinée) la mère nourricière du nord sénégalais - ses paysages et ses Hommes. Peu d'histoires aviaires, juste les clichés obligés des Pélicans blancs du Djoudj, mais de chaleureuses images de tous les épidermes, majoritairement faites par le photographe bien connu de l'île patrimoniale. Je me serais personnellement dispensé de ces interventions ministérielles ou technocratiques mais c'est ainsi, ces gens-là sont importuns, ici encore plus qu'ailleurs. J'ai apprécié la description synthétique des enjeux et de la situation générale du bassin (inquiétante ? est-ce assez diplomatique ?) par le géographe et hydrologue Jean-Marie, oups, Alioune Kane. Un beau cadeau de Noël, de la Korité ou de la Tabaski.
  • Les ouvrages qui présentent systématiquement Saint-Louis/Ndar sous ses plus beaux clichés sont finalement bien loin du réel et ne m'intéressent que marginalement, car tous passent à côté de la puissante humanité quotidienne de la cité estuarienne - pour le meilleur comme pour le pire ; et toute l'irritation qu'elle me procure régulièrement. Avec Tabaski (Vestalia ediciones, Mexico, Mexique 2022), par le multi-artiste mexicain Alain-Paul Mallard, d'un pays majeur dans l'histoire de la photographie mondiale, on est, je le crois, enfin dans le vif du sujet : le chaos bigarré qui continue de vivre sa destinée, vaille que vaille (jusqu'où ? jusque quand ?), malgré la décrépitude, la démographie et l'indiscipline généralisée. Le sacrifice rituel immortalisé à Guet N'Dar est prétexte, pour Alain-Paul (eh oui, c'est aussi un ami...), de mêler intimement la mort et la vie, le sang et les étoffes chatoyantes, les déchets omniprésents et la grâce des corps, la pastèque et les mouches, le chaos et les rites, les embruns et... les effluves qu'on sentirait presque sur ses photographies. Venant d'un pays qui voue au culte des morts une passion mémorielle et artistique unique au monde, Alain-Paul ne pouvait qu'être inspiré par le... tohu-bohu quasi suicidaire de la Langue de Barbarie, et "la gran degollina" festive qui se répète chaque année. L'opuscule de sa plume qui accompagne l'ex voto est un petit précis comme il y en a peu (Alain-Paul malgré sa vie littéraire de comète est considéré comme un écrivain majeur et surtout à part, dans son pays natal pourtant riche en la matière), et je dois avouer que la description fugace de certaines scènes et situations ont déclenché chez moi d'incontrôlés fous rires... Gilles Le Ouzon a peut-être ressenti le même plaisir. Si je connaissais déjà le travail coloriste d'Alain-Paul, je dois avouer que ce sont ses photos de requins-marteaux décapités sur la plage de Sal-Sal qui m'avaient encouragé à écrire un article qui fit, en son temps, remuer quelque peu au-delà de la Teranga... Gracias, amigo ! Et à ce printemps 2023, à Barcelone ! "

Dans le panier :

Daande Maayo - en descendant le fleuve Sénégal, par Yves Barou et Djibril Sy, TohuBohu éditions, Paris, France 2020

Tabaski, par Alain-Paul Mallard, Vestalia ediciones, Mexico, Mexique 2022

" Guet N'Dar est le vertigineux théâtre de la juxtaposition. Le pullulement y est tel que seul un style énumératif pourrait aspirer à rendre compte de l'environnement. (...) Tout ceci alors et là ; tout cela en train d'avoir lieu. Le périmètre de ce qui a été noté ? Pas plus de 6 mètres sur 10. Je sais qu'au bout du compte un tel inventaire échoue. Une liste impose des séquences de perceptions tandis qu'à Guet N'Dar, fourmilière humaine, c'est la simultanéité qui prime. La liste présente chacun de ses éléments comme un instant suspendu, alors que ce qu'offre la réalité, c'est un faisceau de lignes en flux : (...) "

In Cronica de la gran degollina / Chronique du grand égorgement, qui accompagne et suit le reportage photographique, par Alain-Paul Mallard, Barcelone 2012-2018. Traduction française de l'espagnol par Florence Olivier, à part (je ne sais si c'est pour les seuls intimes ou pour tout le monde..) 

On pourra lire les dix chroniques saint-louisiennes d'Alain-Paul sur CTXT, revue espagnole en ligne (juillet-août 2019), illustrées de certaines de ses photographies.


BONNES FÊTES A TOUTES ET A TOUS. 

ET AU PLAISIR DE VOUS REVOIR, TÔT OU TARD !


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Galerie photos : le Traquet de Seebohm, du Maroc au Sénégal

Hyaenidae: appel à témoins...

Adieux : vole, maintenant, tonton Aïdara !