23, Djeuss-N'Galam: l'un des deux Hippopotames a tué... La foule humaine veut sonner l'hallali !
Hippopotame amphibie - Hippopotamus amphibius, femelle devant la grande typhaie de Sanar, à la confluence du N'Galam et du Djeuss 2016 03 7 / © Photo par Frédéric Bacuez, avec Jérémy Calvo |
23 Février 2017. Matin-
Un vieil homme de 78 années, Moussa Diop, que Coumba Bang l'accueille en son paradis laiteux et paisible, un très vieux pêcheur de Ndiawdoune a été tué par un des deux Hippopotames amphibies (Hippopotamus amphibius)* qui ont élu domicile à la confluence du N'Galam et du Djeuss. C'est à quelques encablures de l'université Gaston Berger dont étudiants et enseignants seraient bien en peine d'imaginer que deux représentants du second plus gros mammifère d'Afrique hantent la grande typhaie de Sanar.... En effet nous sommes peu nombreux à connaître la présence de "la bête" tout près de nous, ce monstre du Loch Djeuss: du coté de Bango, les aficionados du Ranch peuvent à l'occasion se laisser impressionner par la démesure des empreintes laissées dans la boue des diguettes et berges du Djeuss. S'ils ont l'oreille, les riverains du marigot peuvent entendre leurs ahanements, certaines nuits et s'ils ne les confondent pas avec le braiment des ânes, lorsque la paire descend la rivière jusqu'au village de Bango, franchissant même, parfois, l'ouvrage vanné du réservoir pour aller prendre un bain d'eaux saumâtres, devant la mangrove de Thiolet. Mais seuls quelques pêcheurs, un forgeron Belge et un naturaliste Français les voient, observent et photographient de temps à autre. Ce duo est fait de deux femelles adultes, une mère et sa fille, et non pas de monsieur et madame comme il est dit et écrit idiotement partout, un couple décidément bien stérile - mais que valent les élucubrations d'un Ornithondar au regard de la science infuse des masses et de leurs médiateurs, hein ?!
Ces deux-là, de chevaux du fleuve, sont les seuls et uniques pachydermes dans tout le Septentrion sénégalais. Ils le resteront ad vitam aeternam. Jusqu'à ce que mort s'ensuive, naturelle, ou tragique comme je le pressens. Débarqués ici dans le bas-delta du fleuve Sénégal il y près de 25 ans, en provenance probable de leur Falémé natale, au bout de 600 kilomètres d'errances fluviales... Une mère et sa fille, peut-être même deux loupiots au début - ce qu'il est advenu du second, on ne le sait. Ayant quitté la troupe pour aller fonder un nouveau noyau, toujours à l'initiative d'une femelle, entraînant sa progéniture et croyant, les naïves, que les géniteurs se trouvent à disposition dans chaque marigot visité. Hélas, ç'en est fini depuis belle lurette, de la grande époque de l'Hippopotame, comme de tout le bestiaire bientôt imaginaire, a fortiori dans cette Afrique de l'ouest intégralement vampirisée par les Hommes en rut, toujours plus nombreux, toujours plus pauvres, pris à la gorge par les urgences de la survie, d'abord la leur. Sur le dos de Dame Nature. C'est elle ou nous, qu'on pense toujours dans la région. Il n'y a pas d'alternative, comme diraient les autres obtus du Paléarctique occidental. Dans les années '90 du siècle passé, ce bout de marigot était pourtant tranquille; un éden caché par les paravents de massettes, inaccessible, inviolable - ben voyons... les Hommes ne s'y bousculaient pas - ou si peu, incidemment. Les insupportables bêtes tueuses n'avaient pas choisi le site par hasard; qu'on ne s'y trompe pas. Et leur arrivée compensait le 'départ' du Lamantin (1992) et du Crocodile, partis avant même le siècle.
Ci-dessus: Nos deux Hippopotames amphibies - Hippopotamus amphibius Djeuss 2017 01 25 / © Photo par Frédéric Bacuez avec Loïc S. |
Sus à la bête immonde, à l'unisson les masses et leurs médias - les mass-medias !
Pas un torchon du cru, sans archives ni autre mémoire que celle du jour n'a rappelé que les deux Hippopotames avaient même créé leur petit événement à Saint-Louis cité patrimoniale en venant barboter près du pont Faidherbe, à l'époque. La passerelle et les quais s'étaient alors gonflés d'une foule éberluée, rameutée de toute la ville par le spectacle insolite de ces mastodontes aventureux !
C'est ensuite que les problèmes ont commencé, peu à peu, quand les pachydermes ont fini par se trouver un coin tranquille, qu'ils croyaient, pour paresser le jour et flâner la nuit... Premiers accrochages avec les pirogues passantes, premières confrontations inattendues, entre l'Homme et la bête, parfois loin de leur antre, surtout la nuit quand des pêcheurs travaillent aussi... La nuit, je vous demande un peu... Nous mêmes avons vécu, depuis la berge du Djeuss saumâtre, à l'aval de la digue-barrage de Bango, un incident qui aurait pu très mal finir: en juin 2010 à la nuit donc, et à la torche, le vieux Djibi braconnait, pardon... pêchait devant les bosquets de palétuviers de Thiolet... Sous sa fameuse casquette d'ancien garde-champêtre, il n'avait ni vu ni entendu venir l'Hippo, du lagon de Kaïgga; peut-être irrité par les petits faisceaux lumineux mobiles, le monstre avait soulevé et brisé la proue du frêle esquif... Jeté à l'eau, le vieillard avait hurlé si fort que, accourus des quartiers voisins et du débarcadère bangotin, des dizaines d'hommes lui avaient rapidement porté secours avec tout l'attirail disponible et le ramdam spontané, embarcations à moteur, lampes électriques, agitations, vociférations, histoire de faire fuir l'ogre, de rassurer l'infortuné transi, et de se rassurer collectivement... Plus de peur que de mal... Longtemps après, le vieux pêcheur plaisantait de sa mésaventure avec moi, à chaque fois qu'il me voyait passer dans les parages pour entrer dans la plaine alluviale... De temps à autre un incident arrive aux oreilles des initiés, ou de la presse locale, le plus souvent déformé: ce n'est plus un ni deux hippopotames mais trois bêtes furibondes; emportés (sic) par les lâchers d'eau du barrage de Diama jusqu'au "paisible quartier de Medina Marmiyal" [in Ndarinfo 2014 09 6]... L'incident rapporté, "on n'y revient jamais"; jusqu'à l'épisode suivant.
Puis un jour on parle de mort(s), vers Mberaye par exemple, sauvagement broyé(s) par la furia animale. Guère plus; c'est loin de la grand'ville. Cette fois pourtant, le compte-rendu du drame est très largement partagé par les organes spécialistes du copier-coller, avides de ce genre de fait-divers qui fait le buzz - comme on dit aujourd'hui. Il faut bien vendre et/ou exciter le lecteur. Et, surtout, abonder dans le sens des quelques, oui quelques personnes concernées par la cohabitation Hippos-Hommes... Difficile d'apprendre quelque chose dans les environs, peu de Bangotins sont au parfum du drame, hormis les pêcheurs, ils sont pourtant les plus concernés avec les gens de Sanar par la présence des deux Hippopotames dans leurs eaux... Eh bien, on peut quand même lire que "la nouvelle s'est vite propagée dans la commune de Gandon et du département comme une traînée de poudre" ! "L'insécurité gagne du terrain dans cette zone", peut-on apprendre, victimes, riverains, pompiers et journaleux à l'unisson pour dire leur ras-le-bol; la presse locale totalement dans son rôle, toujours dans la demi-mesure et le sens de la complexité des choses, bref dans l'indispensable thèse-antithèse-synthèse pour mieux appréhender l'actualité, et l'éclairer: "c'est un malheur qui nous frappe depuis vingt ans", "un Hippopotame sème la terreur dans la localité"; "cela fait 20 ans" que "la bête sauvage" "fait des ravages dans la zone. Il attaque les pêcheurs, détruit les champs", "ce couple d'Hippopotames sème la panique sur le rivage du fleuve", "les attaques sont récurrentes sur le fleuve Ndiawdoune" ! Bref, c'est l'enfer ! "Les témoins" affirment que "l'animal féroce" "n'en est pas à sa première victime", le malheureux Diop en serait même la dixième, info de première bourre que ladite presse s'empresse de relayer illico, sans vérification. Mieux, commandant des pompiers comme journalistes en remettent une couche, font monter la pression et relaient complaisamment les menaces; les uns relèvent que "très courroucées, les populations se disent prêtes à tuer l'animal"; le premier "dans le sens des populations" anticipe d'autres drames à venir pour affirmer haut et fort "qu'il est temps que les hautes autorités du pays prennent des décisions pour assurer la sécurité des êtres humains" ! Car "si les autorités ne réagissent pas, les populations promettent de s'occuper elles-mêmes de la bête". Les commentaires qui suivent le reportage des envoyés spéciaux (lol) sont éloquents: "qu'attendez-vous pour les abattre ?"; "il faut les empoisonner"; "n'attendez l'aide de personne. Il faut les tuer, vous êtes plus important que ces animaux." Bref, "l'Etat protège cette espèce et ne protège pas les humains" - l'Etat protège, l'Etat protège, 'faut le dire vite, l'Etat ne protège rien du tout, ni Hommes ni bêtes, il édicte, cause beaucoup et ne fait en tout cas jamais rien pour que la nature puisse s'épanouir avec ses Hommes... ça se saurait, et verrait. S'il y a des voix à grappiller du coté de Ndiawdoune pour les prochaines élections, on mettra fin aux jours égarés des pachydermes, protégés ou pas. Rien de très original. Chez les cousins de France, la Ségolène a bien fait un carton sur les Loups, espèce strictement protégée à l'échelle de toute l'Europe... Les éleveurs d'ovins (artificiellement entretenus par la même Europe) et le lobby des chasseurs (1% des 66 millions d'habitants en France) gueulent un coup, et (re)font la loi, la leur - le gouvernement exécute. France et Sénégal, des démocraties exclusivement clientélistes.
500 Hippos au Sénégal, sur les 7 000 seulement des 15 pays d'Afrique de l'ouest...
Sur le front contre la faune relictuelle, la récente mise à mort d'un autre Hippopotame par la foule en liesse, au Sénégal sur le fleuve Gambie, n'augure rien d'engageant pour notre paire isolée du grand nord. Ni pour les cinq cent (500) pachydermes fluviatiles qu'abrite encore le pays. Quatrième cheptel des sept mille (7 000) Hippopotamus amphibius, seulement, qui survivent dans treize des quinze pays de l'Afrique occidentale, à l'ouest du Tchad et du Cameroun. Bref, plus grand monde - mais c'est encore trop ! Une espèce partout officiellement protégée. Sur le papier. Du coté de Gouloumbou, à l'aval du parc national du Niokolo Koba, un Hippopotame isolé des siens menait la vie dure aux riverains du marigot, toujours plus nombreux, toujours plus soucieux d'exploiter le fleuve sans les aléas et les dangers qui vont avec. Fin mars, "L'animal le plus haï par les villageois" a fini par être abattu et extirpé de son bourbier enfin récupéré par les Hommes, posant fièrement devant et sur la bête immonde; elle en était, dit-on, à sa vingt-troisième victime hachée menu. Quand même. La presse qui diffuse une courte vidéo de l'exploit (cf. images ci-dessous), souffle: "les populations de Gouloumbou poussent un ouf de soulagement." Des populations, évidemment en pleine émergence... démographique. Et qui pour survivre, pardon, pour émerger, ont toujours plus besoin de terres, de ressources naturelles, allègrement pillées et/ou éradiquées. Bientôt, comme en certains pays où les masses humaines campent aux portes des réserves et parcs naturels, patente UNESCO ou pas, et commencent même à les envahir, ce sera évidemment le sort réservé au Niokolo et à toutes ces pseudo forêts classées, sanctuaires ou 'aire communautaire patrimoniale', ces trucs de Blancs. Tabula rasa. On notera qu'à chaque fois les Eaux & Forêts brillent par leur absence. Pas de vagues. La loi du plus grand nombre impose la réserve, le silence. Et pour ça, la croissance démographique, sur ce continent qui ne maîtrise rien, encore moins sa natalité qui affole même les démographes les plus confiants, ce n'est plus de l'émergence, c'est un tsunami !
C'est ensuite que les problèmes ont commencé, peu à peu, quand les pachydermes ont fini par se trouver un coin tranquille, qu'ils croyaient, pour paresser le jour et flâner la nuit... Premiers accrochages avec les pirogues passantes, premières confrontations inattendues, entre l'Homme et la bête, parfois loin de leur antre, surtout la nuit quand des pêcheurs travaillent aussi... La nuit, je vous demande un peu... Nous mêmes avons vécu, depuis la berge du Djeuss saumâtre, à l'aval de la digue-barrage de Bango, un incident qui aurait pu très mal finir: en juin 2010 à la nuit donc, et à la torche, le vieux Djibi braconnait, pardon... pêchait devant les bosquets de palétuviers de Thiolet... Sous sa fameuse casquette d'ancien garde-champêtre, il n'avait ni vu ni entendu venir l'Hippo, du lagon de Kaïgga; peut-être irrité par les petits faisceaux lumineux mobiles, le monstre avait soulevé et brisé la proue du frêle esquif... Jeté à l'eau, le vieillard avait hurlé si fort que, accourus des quartiers voisins et du débarcadère bangotin, des dizaines d'hommes lui avaient rapidement porté secours avec tout l'attirail disponible et le ramdam spontané, embarcations à moteur, lampes électriques, agitations, vociférations, histoire de faire fuir l'ogre, de rassurer l'infortuné transi, et de se rassurer collectivement... Plus de peur que de mal... Longtemps après, le vieux pêcheur plaisantait de sa mésaventure avec moi, à chaque fois qu'il me voyait passer dans les parages pour entrer dans la plaine alluviale... De temps à autre un incident arrive aux oreilles des initiés, ou de la presse locale, le plus souvent déformé: ce n'est plus un ni deux hippopotames mais trois bêtes furibondes; emportés (sic) par les lâchers d'eau du barrage de Diama jusqu'au "paisible quartier de Medina Marmiyal" [in Ndarinfo 2014 09 6]... L'incident rapporté, "on n'y revient jamais"; jusqu'à l'épisode suivant.
Puis un jour on parle de mort(s), vers Mberaye par exemple, sauvagement broyé(s) par la furia animale. Guère plus; c'est loin de la grand'ville. Cette fois pourtant, le compte-rendu du drame est très largement partagé par les organes spécialistes du copier-coller, avides de ce genre de fait-divers qui fait le buzz - comme on dit aujourd'hui. Il faut bien vendre et/ou exciter le lecteur. Et, surtout, abonder dans le sens des quelques, oui quelques personnes concernées par la cohabitation Hippos-Hommes... Difficile d'apprendre quelque chose dans les environs, peu de Bangotins sont au parfum du drame, hormis les pêcheurs, ils sont pourtant les plus concernés avec les gens de Sanar par la présence des deux Hippopotames dans leurs eaux... Eh bien, on peut quand même lire que "la nouvelle s'est vite propagée dans la commune de Gandon et du département comme une traînée de poudre" ! "L'insécurité gagne du terrain dans cette zone", peut-on apprendre, victimes, riverains, pompiers et journaleux à l'unisson pour dire leur ras-le-bol; la presse locale totalement dans son rôle, toujours dans la demi-mesure et le sens de la complexité des choses, bref dans l'indispensable thèse-antithèse-synthèse pour mieux appréhender l'actualité, et l'éclairer: "c'est un malheur qui nous frappe depuis vingt ans", "un Hippopotame sème la terreur dans la localité"; "cela fait 20 ans" que "la bête sauvage" "fait des ravages dans la zone. Il attaque les pêcheurs, détruit les champs", "ce couple d'Hippopotames sème la panique sur le rivage du fleuve", "les attaques sont récurrentes sur le fleuve Ndiawdoune" ! Bref, c'est l'enfer ! "Les témoins" affirment que "l'animal féroce" "n'en est pas à sa première victime", le malheureux Diop en serait même la dixième, info de première bourre que ladite presse s'empresse de relayer illico, sans vérification. Mieux, commandant des pompiers comme journalistes en remettent une couche, font monter la pression et relaient complaisamment les menaces; les uns relèvent que "très courroucées, les populations se disent prêtes à tuer l'animal"; le premier "dans le sens des populations" anticipe d'autres drames à venir pour affirmer haut et fort "qu'il est temps que les hautes autorités du pays prennent des décisions pour assurer la sécurité des êtres humains" ! Car "si les autorités ne réagissent pas, les populations promettent de s'occuper elles-mêmes de la bête". Les commentaires qui suivent le reportage des envoyés spéciaux (lol) sont éloquents: "qu'attendez-vous pour les abattre ?"; "il faut les empoisonner"; "n'attendez l'aide de personne. Il faut les tuer, vous êtes plus important que ces animaux." Bref, "l'Etat protège cette espèce et ne protège pas les humains" - l'Etat protège, l'Etat protège, 'faut le dire vite, l'Etat ne protège rien du tout, ni Hommes ni bêtes, il édicte, cause beaucoup et ne fait en tout cas jamais rien pour que la nature puisse s'épanouir avec ses Hommes... ça se saurait, et verrait. S'il y a des voix à grappiller du coté de Ndiawdoune pour les prochaines élections, on mettra fin aux jours égarés des pachydermes, protégés ou pas. Rien de très original. Chez les cousins de France, la Ségolène a bien fait un carton sur les Loups, espèce strictement protégée à l'échelle de toute l'Europe... Les éleveurs d'ovins (artificiellement entretenus par la même Europe) et le lobby des chasseurs (1% des 66 millions d'habitants en France) gueulent un coup, et (re)font la loi, la leur - le gouvernement exécute. France et Sénégal, des démocraties exclusivement clientélistes.
500 Hippos au Sénégal, sur les 7 000 seulement des 15 pays d'Afrique de l'ouest...
Sur le front contre la faune relictuelle, la récente mise à mort d'un autre Hippopotame par la foule en liesse, au Sénégal sur le fleuve Gambie, n'augure rien d'engageant pour notre paire isolée du grand nord. Ni pour les cinq cent (500) pachydermes fluviatiles qu'abrite encore le pays. Quatrième cheptel des sept mille (7 000) Hippopotamus amphibius, seulement, qui survivent dans treize des quinze pays de l'Afrique occidentale, à l'ouest du Tchad et du Cameroun. Bref, plus grand monde - mais c'est encore trop ! Une espèce partout officiellement protégée. Sur le papier. Du coté de Gouloumbou, à l'aval du parc national du Niokolo Koba, un Hippopotame isolé des siens menait la vie dure aux riverains du marigot, toujours plus nombreux, toujours plus soucieux d'exploiter le fleuve sans les aléas et les dangers qui vont avec. Fin mars, "L'animal le plus haï par les villageois" a fini par être abattu et extirpé de son bourbier enfin récupéré par les Hommes, posant fièrement devant et sur la bête immonde; elle en était, dit-on, à sa vingt-troisième victime hachée menu. Quand même. La presse qui diffuse une courte vidéo de l'exploit (cf. images ci-dessous), souffle: "les populations de Gouloumbou poussent un ouf de soulagement." Des populations, évidemment en pleine émergence... démographique. Et qui pour survivre, pardon, pour émerger, ont toujours plus besoin de terres, de ressources naturelles, allègrement pillées et/ou éradiquées. Bientôt, comme en certains pays où les masses humaines campent aux portes des réserves et parcs naturels, patente UNESCO ou pas, et commencent même à les envahir, ce sera évidemment le sort réservé au Niokolo et à toutes ces pseudo forêts classées, sanctuaires ou 'aire communautaire patrimoniale', ces trucs de Blancs. Tabula rasa. On notera qu'à chaque fois les Eaux & Forêts brillent par leur absence. Pas de vagues. La loi du plus grand nombre impose la réserve, le silence. Et pour ça, la croissance démographique, sur ce continent qui ne maîtrise rien, encore moins sa natalité qui affole même les démographes les plus confiants, ce n'est plus de l'émergence, c'est un tsunami !
* Sources: Dakaractu, Ndarinfo, Seneweb, SeneNews Plus et tous les Séné-moins du web local...
Ndiawdoune à Saint-Louis: Moussa Diop, pêcheur de 78 ans, tué par un hippopotame, in Dakaractu 2017 02 24
Ndiawdoune à Saint-Louis: Moussa Diop, pêcheur de 78 ans, tué par un hippopotame, in Dakaractu 2017 02 24
Le vieux pêcheur culbuté par les Hippos noctambules !, 2010 06 7
Les monstres du Loch Djeuss étaient au rendez-vous, 2016 03 7
Hippopotamus amphibius: les dames du fleuve froufrous par-dessus tête, c'est carnaval !, 2017 01 25
Lire par ailleurs:
Sénégal: des Hippopotames tueurs sèment la terreur sur le fleuve Gambie, in Jeune-Afrique 2016 05 27
Vidéo: l’Hippopotame qui semait la zizanie à Gouloumbou a été tué, in SeneNews Actu 2017 03 20
Ci-dessous:
à g., AUJOURD'HUI - après la mise à mort de l'Hippopotame 'tueur' de Gouloumbou, fleuve Gambie (Sénégal), 2017 03 / © Photos Dakaractu
à d., HIER - 'chasse' à l'Hippopotame à Bignona, Casamance (Sénégal) au temps des colons...
" Je fais raconter par Adoum la chasse à l'Hippopotame,
puis le dépeçage de la bête
et l'odeur épouvantable de nos baleinières transformées en boucaneries. "
- André Gide (1869-1951), in Le retour du Tchad (1928)
Voir aussi:
- une chasse commerciale d'antan: Hunting the Hippopotamus / La Chasse à l'Hippopotame,
un documentaire muet (1917) dans lequel il est déjà souligné:
"la chasse que l'on fait à ces animaux en diminue le nombre chaque année et nul doute que, dans un temps plus ou moins éloigné,
à mesure que la civilisation pénétrera dans le centre de l'Afrique, on n'en détruise entièrement la race."
- le célèbre documentaire 'Bataille sur le grand fleuve/Chasse à l'Hippopotame' (1951), réalisé du coté d'Ayorou, sur le fleuve (Niger)
- par Jean Rouch (1917-2004)
Nota: au grand maximum 7 000 Hippopotames amphibies survivent dans toute l'Afrique de l'ouest [données 2004 !]. "Although Common Hippopotamus are found in many West African nations, overall population sizes tend to be much smaller, either because of less available habitat or the higher density of human populations." [in UICN Red List] Les deux noyaux viables, mais de petites populations fragmentées, sont: celui à cheval sur les Sénégal, Guinée, Guinée-Bissau (dont îles Bijagos) pour former "the bulk of the West African Common Hippopotamus with total numbers literally to be in the region of a few thousand"; puis celui de "the group of contiguous countries, Côte d'Ivoire, Ghana, Bénin and Burkina Faso, contain a total of at most two thousand Common Hippopotamus with the majority in Burkina Faso." Hélas, les effectifs sont quasiment tous et partout en déclin: 7 à 20% de moins entre 1990 et 2010. Avec, ces dernières années, pour l'espèce comme pour tant d'autres, une accélération de cette raréfaction dans le paysage aquatique ouest-africain, voire localement son irrémédiable effondrement. On estime que d'ici 2040, 30% des Hippopotames actuels auront à leur tour disparu. Entre temps dans le seul Sénégal, la population humaine forte de 15 millions d'âmes en 2017 sera passée de 17 millions en 2020 à 20 millions en 2025, 22 millions en 2030; et 40 millions en 2051 - il faut imaginer l'impact d'une telle masse sur un pays aux ressources extrêmement limitées, à l'environnement à bout de souffle, et au climat si désavantageux. Même dans le saint des saints sanctuaires de ce qui reste de la grande faune en Afrique occidentale, le Singou burkinabè, l'ultime zone à l'ouest du Tchad où l'empreinte humaine (footprint) est la plus faible, et même parfois nulle - c'est particulièrement visible sur une image satellitaire !-, en 2013 une dizaine de ces mastodontes ont été retrouvés morts dans les mares, à mille lieues de tout village, tout champ, toute pêcherie: virus, braconnage, empoisonnement ? Ailleurs, la récurrence des conflits entre les créatures et les 'usagers' des marigots, fleuves et leurs berges, n'incite pas à l'optimisme quant à la pérennité de l'espèce, d'autant que les occupants originels desdits plans d'eau n'ont jamais eu bonne presse chez les bipèdes... Irascibles, imprévisibles, violentes, rapides, ces grosses bêtes sauvages à l'allure faussement débonnaire sont probablement les plus dangereuses du continent, responsables d'au moins cinq cent décès par an, après les victimes du Crocodile (Crocodylus niloticus), mille morts. La presse fait son beurre de ces faits-divers tragiques... Porte-voix de l’hallali à venir.
L'Hippopotame amphibie est inscrit à la Liste rouge des espèces menacées d'extinction,
dans la catégorie 'Vunerable/VU', depuis 2006
" Des groupes d'Hippopotames de plus en plus petits,
essentiellement à cause de la perte de leur habitat
ou de la densité des populations humaines toujours plus forte "
Ci-dessous,
état des populations d'Hippopotamus amphibius en Afrique de l'ouest (~7 000 individus).
Par ordre numérique décroissant:
- Guinée Bissau / îles Bijagos: 1 000 - 2 000 ind. Stable ?
- Guinée: 1 000 - 2 000 ind. En déclin
- Burkina Faso: 500 - 1 000 ind. En déclin
- Sénégal: 500 ind. Stable ?
- Ghana: 400 - 500 ind. En déclin ?
- Togo: 300 - 500 ind. Stable ?
- Bénin: 300 - 500 ind. En déclin
- Côte d'Ivoire: 300 - 400 ind. En déclin
- Nigeria: 300 ind. En déclin
- Mali: 200 ind. En déclin
- Niger: 100 ind. En déclin
- Sierra Leone: 100 ind. En déclin
- Gambie: 40 ind. ? En déclin
Mauritanie: disparuLiberia
Tu es très irrespectueux et suffisant dans la façon dont tu parlez.Si tu n'aimes pas le Sénégal tu n'as qu'à le quitter et rentrer chez toi.Bon vent!
RépondreSupprimerHa ha ha, je n'avais pas vu ce mordant courroucé, un brin édenté, pardon éventé, mais cela faisait longtemps - ça continue d'émerger, visiblement, du coté de Ndar ! Je ne parlez pas, j'écris, donc je propose mon point de vue, chez moi sur mon blogue, que ça vous plaise ou pas ! Le censeur, c'est Google, pas la connerie du scribouillard anonyme ! Si ça ne te/vous convient pas, tu passes ton chemin, au lieu de faire la vigie ! En d'autres lieux en d'autres temps, sous d'autres cieux, nous avons bien connu, les anonymes de ton/votre acabit... Argumentez un peu, si vous en avez les capacités intellectuelles ! L'essentiel, c'est que cet article plaise à plus qu'un anonyme, et crée le débat, pas vrai !? Et puis, écrivez donc sur la question, tiens - et plus de trois lignes, sans fautes d'orthographe, avec l'empreinte de votre personnalité ! Pas de ma faute si vous avez l'âme despotique et ne savez écrire, et sans doute pas plus lire autre chose que de la brosse à reluire et de la prose bien-pensante... Jamais ouvert un livre qui vous dérange, dans votre anonyme existence ? Dieux que je vous plains, alors ! Savez-vous ce qu'est un blogue, au moins, ou un article de presse ?... Imbécillité classique du revanchard à la sauce lepéniste locale, excité par son petit aiguillon qui rameute dès qu'il le peut pour se faire sa petite place au soleil local: "le Sénégal, tu l'aimes ou tu le quittes", on sent le niveau de suite... Et fier de son/leur lâche anonymat, en plus - Pouah !
RépondreSupprimerSigné: Frédéric Bacuez !
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