9, eh oui ! Les premiers migrateurs postnuptiaux sont de retour
Vol de combattants variés, mâles et femelles en plumage internuptial plaine alluviale du fleuve Sénégal 2012 12 27 / © Photo par Frédéric Bacuez |
* Sénégal -
A peine étaient-ils absents du Sahel (d'avril à fin juin) que les tout premiers limicoles postnuptiaux y reviennent déjà des lointains subarctiques (Fennoscandie, Russie, voire Groenland et même Canada) où ils ont accompli leur immuable et très courte saison de reproduction: parades, accouplements, nidification, couvaisons, naissances et hop, c'est reparti pour quelques milliers de kilomètres dans le sens inverse... Ces parents expéditifs ont vite fait d'abandonner leur(s) rejeton(s) sur place; les juvéniles sachant à peine voler, fin juin, ils rejoindront l'Afrique plus tard, à partir de fin août ! Le 6 juillet dernier, l'ami Paul Robinson [BirdLife international] a pu observer et photographier sur les marais du Technopole, en proche banlieue dakaroise, les premiers chevaliers sylvains (tringa glareola) et combattants variés (philomachus pugnax, cf. photo ci-dessus) de 'l'automne'... Des barges à queue noire (limosa limosa) encore en plumage d'été avaient déjà rejoint leurs congénères non reproducteurs qui ont stationné ici tout le 'printemps' (le coeur de la saison sèche, au Sénégal) avant le retour des adultes partis nicher aux portes de l'Arctique*.
A peine étaient-ils absents du Sahel (d'avril à fin juin) que les tout premiers limicoles postnuptiaux y reviennent déjà des lointains subarctiques (Fennoscandie, Russie, voire Groenland et même Canada) où ils ont accompli leur immuable et très courte saison de reproduction: parades, accouplements, nidification, couvaisons, naissances et hop, c'est reparti pour quelques milliers de kilomètres dans le sens inverse... Ces parents expéditifs ont vite fait d'abandonner leur(s) rejeton(s) sur place; les juvéniles sachant à peine voler, fin juin, ils rejoindront l'Afrique plus tard, à partir de fin août ! Le 6 juillet dernier, l'ami Paul Robinson [BirdLife international] a pu observer et photographier sur les marais du Technopole, en proche banlieue dakaroise, les premiers chevaliers sylvains (tringa glareola) et combattants variés (philomachus pugnax, cf. photo ci-dessus) de 'l'automne'... Des barges à queue noire (limosa limosa) encore en plumage d'été avaient déjà rejoint leurs congénères non reproducteurs qui ont stationné ici tout le 'printemps' (le coeur de la saison sèche, au Sénégal) avant le retour des adultes partis nicher aux portes de l'Arctique*.
Chevalier gambette au-dessus du fleuve Sénégal 2013 02 6 / © Photo par Frédéric Bacuez |
Nota: si ces limicoles réinvestissent les lagons et autres dépressions humides de la moitié sud du pays en premier, 'enjambant' sa moitié nord sans y stationner, c'est qu'il y a à cet apparente bizarrerie - le nord est plus près du nord que le sud (sic)...- quelques explications tout à fait rationnelles:
- Explication météorologique: en ce début juillet, le Front Intertropical (FIT), cette démarcation imaginaire progressivement poussée vers le nord par les flux de mousson venant du Golfe de Guinée, chargés d'humidité puis de pluies, n'a pas encore atteint les confins sahéliens. Notre région est toujours soumise aux influences des alizés atlantiques, et la majeure partie du Sahel reste sous l'emprise des rigueurs sahariennes et du vent d'est, même moribond - l'harmattan. Il est rarissime que la mousson (qu'on appelle ici hivernage) s'installe sur les franges les plus septentrionales du Sahel - c'est le cas du fleuve Sénégal et de son delta- avant la mi-juillet au plus tôt. Les dépressions, bas-fonds, lagons et marais y sont réduits à leur plus simple expression et n'ont pas été encore suffisamment revivifiés pour être à nouveau riches en nutriments. Au sud du 14°30 N en revanche, les premières pluies ont tôt fait de recharger les bassins qui redeviennent aussitôt attractifs: depuis le 1er juillet, seulement deux nuits d'averses ont suffi à revitaliser les marais du Technopole, à Dakar ! Les oiseaux d'eau ne s'y trompent pas et rajoutent sans problème 300 kilomètres à leur migration postnuptiale - qui en fait parfois 4 000 !- pour dépasser le premier site aquatique majeur après le Sahara, le bas-delta du fleuve Sénégal, et gagner les Niayes de la Grande Côte et de la péninsule du Cap-Vert, ou les lagunes de la Petite Côte jusqu'au Sine Saloum voire jusqu'en Casamance - où la première vraie pluie de saison date déjà de début mai !
- Explication 'spatio-temporelle': chez les limicoles, beaucoup d'adultes mâles quittent femelle et oisillons dès la mi/fin juin, en particulier dans les aires de reproduction les plus septentrionales et péri-arctiques, celles où la nourriture disponible est la plus chiche, laissée en priorité aux juvéniles et à leurs mères. Ce sont les mâles que l'on observe d'abord sur le front migratoire de juillet et ce sont aussi les premiers arrivés sur les sites d'hivernage subsahariens les plus méridionaux. Là encore, on peut imaginer que les sites d'accueil les plus proches du Sahara (delta et fleuve Sénégal; delta intérieur du fleuve Niger au Mali; lac Tchad et vallée du Logone) sont laissés, au moins dans un premier temps, aux oiseaux inexpérimentés qui feront leur première migration nord-sud.
Le tiercé gagnant dans le bas-delta...
Chez les limicoles, c'est le chevalier guignette (actitis hypoleucos, cf. photo ci-après) qui est le premier revenu sur ses sites d'hivernage du delta saint-louisien: il apparaît en deuxième semaine du mois de juillet - ceux que j'ai observés de 2008 à 2011 étaient de retour entre le 11 et le 21 juillet, sur les rives du Djeuss bangotin. Dès la deuxième quinzaine, ce sont les courlis corlieux (numenius phaeopus, cf. photo ci-après) qui passent plein sud, en criant, visibles dans le ciel deltaïque généralement en fin d'après-midi [obs. personnelles des premiers passages, du 18 au 26 juillet], bientôt accompagnés par quelques courlis cendrés (numenius arquata) et, haut dans le ciel, par des barges, des combattants et les tout premiers vols de bécasseaux. Dans les ultimes jours du mois, les premiers stationnements dans le bas-delta se font soudainement intenses [donnée d'un 28 juillet], en particulier avec l'arrivée massive [observations des 28-31 juillet] des chevaliers sylvains (tringa glareola, cf. photo ci-après). Le 31 juillet, on peut déjà observer dans le bas-delta du fleuve Sénégal le stationnement de 9 espèces de limicoles* (Voir ICI sur Ornithondar). A noter qu'en plus des limicoles sus-cités (guignettes, sylvains et courlis), c'est un laridé, la guifette noire (chlidonias niger), qui offre à l'observateur les autres passages nord-sud les plus remarquables des juillettistes [à partir des 11-13 juillet, obs. personnelles].
* combattant varié, barge à queue noire, courlis corlieu, courlis cendré, chevalier guignette, chevalier sylvain, chevalier cul-blanc, chevalier aboyeur, chevalier gambette (cf. photo ci-dessus)
Chevalier guignette sur le fleuve Sénégal 2013 02 17 / © Photo par Frédéric Bacuez |
Chevalier sylvain dans la plaine alluviale du fleuve Sénégal 2013 01 / © Photo par Frédéric Bacuez |
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