janvier-février, une débauche de soles !


Ci-dessus: 2011 02 20, 7h40 sur berge bangotine du Lampsar: au petit matin la pirogue de Seyni et Adama s'apprête à partir à la pêche dans l'estuaire du fleuve Sénégal. Une première mouette à tête grise, encore des bihoreaux gris sur les vasières, et le Bou el Mogdad qui traverse la passe de Thiolet pour sa croisière hebdomadaire / Photo par Frédéric Bacuez

* Du  marigot de Lampsar 'saumâtre' à l'estuaire du fleuve Sénégal -

Seyni et son frère Adama sont deux pêcheurs de Bango qui amarrent leur pirogue juste devant ma balustrade sur le Lampsar. Depuis la fin janvier, à chacun de leur retour de pêche, à l'embouchure du fleuve Sénégal dans les eaux tumultueuses et dangereuses de la 'brèche de 2003'*, ils nous offrent des dizaines de papayos, le nom wolof des soles tigrées (sole ruardon du Golfe, synaptura cadenati, guinean sole), dont la maisonnée commence sérieusement à se lasser, bientôt comme d'indélicats bourgeois snobs ! Le plus épatant, et un brin révélateur de la société sénégalaise, c'est que mes amis pêcheurs me disent, tout sourire:
- On sait que  vous, les toubabs, vous aimez ça !
- Oui, c'est possible... mais attendez-donc, je vais vous les payer, il y en a tellement !
- Non non, de toute façon nous on les jette, on ne mange pas ça.

Fichtre ! A la réflexion, ça se comprend: pour le tiep bou dien, le riz au poisson, national et exclusif, c'est pas très commode, la sole, surtout pour un bataillon... En tout cas, nous autres niaks, on se régale "jusqu'à fatigués" ! Et tant pis pour les fines bouches locales...

Ci-dessus et en bas: 2011 02 9, un gargantuesque sceau de soles tigrées pour Keur Lampsar !
/ Photos par Frédéric Bacuez

* voir http://www.saintlouisdusenegal.com/, à la date du 21 02, et http://www.saintlouisdusenegal.com/breche201001.php

Nota: trois espèces de soles (du latin solea, la sandale) sur la côte saint-louisienne du Sénégal: la sole du Sénégal dite sole de roche (solea senegalensis, Senegal sole); la sole tropicale dite sole langue (tapalé en langue wolof, cynoglossus cynoglossus, tonguesole); et la sole tigrée, ci-dessus consommée par la maisonnée de Keur Lampsar... Toutes sont des poissons typiques des fonds sableux et vaseux du littoral, en particulier des estuaires comme celui du fleuve Sénégal. La sole ayant une durée de vie très courte, la femelle - qui est beaucoup plus grosse que le mâle, pond plusieurs dizaines de milliers voire jusqu'à un million d'oeufs ! La sole est abondamment et donc accidentellement pêchée entre février et fin avril et, dans une moindre mesure, de septembre à fin novembre - je ne parle évidemment pas des pillards industriels pour qui pareilles captures valent délibérément le ratissage sans vergogne des hauts fonds sénégalais.

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