31, des pluies (presque) record sur le Sénégal
Ci-dessus: Saint-Louis, sunugal sous les eaux... / Courtesy photo par Alain-Paul Mallard pour Ornithondar |
* Sénégal -
Depuis que les pluies sont de retour sur l'Afrique soudano-sahélienne - en gros une quinzaine d'années, après un interminable cycle sec de trente années (1969-1998), on pensait qu'à l'aune de cette nouvelle période humide la mousson 2010 était un hivernage exceptionnel qu'on ne revivrait pas de sitôt... La mousson 2011 avait été honnête sur les confins les plus septentrionaux du Sahel - dont le delta saint-louisien sur lequel la pluviométrie avait été excédentaire, sur le fil -, et plutôt médiocre en zones des savanes - et de cultures. La mousson 2012 est en route pour battre tous les records, si septembre suit le rythme soutenu de juillet et d'août !
Ci-dessus: à g., 2012 08, Dakar-Technopole. L'autoroute à péage... - à d., Saint-Louis-du-Sénégal et le bas-delta en saison des pluies / Photos DR
Dès juillet au Cameroun puis au Nigeria, les trombes d'eau et les inondations consécutives font déjà des centaines de victimes et déplacent près de 40 000 personnes; au Niger, le fleuve occupe depuis de longues semaines la quasi totalité des berges cultivées d'un pays sableux, et dans son désert Agadez est dévastée par les eaux de ruissellement. Dans l'extrème nord du Burkina Faso, à Dori des pans entiers de quartiers en banco retournent à l'état de sable rouge. Au Sénégal, plusieurs vagues de pluies particulièrement intenses ont raison de l'anarchie urbanistique de l'affolante mégalopole dakaroise et de certaines villes du centre ouest: Touba, la ville sainte des mourides, patauge comme Diourbel. Dans le nord, le fleuve Sénégal déborde avant l'heure dans la région de Matam, coupant même la vieille île à Morphil des rives (Sahel, en arabe...) sénégalaise comme mauritanienne. Après les averses des 12 au 15 août, Saint-Louis voit ses quartiers populeux, bâtis sur des marécages 'plastifiés', patauger dans la boue, les immondices et tous les miasmes. Comme d'habitude. A Dakar, encore les 13 et 14 août, les mêmes intempéries font dix morts. Mais c'est le 26 août que le déluge devient apocalyptique: en deux heures (9h-11h du matin), la capitale ne peut résister à 156 mm d'eau de pluie ! Une grande partie de la ville péninsulaire est coupée de l'intérieur; l'autoroute à péage - dont la 'construction' fit tant couler d'encre et de salive sous l'ère Wade...- comme le tunnel de Soumbedioune sont sous l'eau (cf. photo ci-dessus). Le président Macky Sall est contraint de rentrer urgemment de son séjour sud-africain, le plan ORSEC est déclenché. Le géographe-hydrologue Honoré Dacosta de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) confirme d'ailleurs que cette pluie devient la deuxième plus grosse averse sur la cité depuis 1900, après les 214 mm tombés en 1932. On veut bien le croire: les tableaux des cumuls pluviométriques de la Météorologie nationale sur le web sont arrêtés au... 30 octobre 2011; pour cette saison, dont on rappelle qu'elle ne dure que trois mois sur douze, le dernier bulletin paru est en date du 13 juillet...* Ensuite, le préposé dudit service 'public' n'a pas du se remettre de son carême...
Si la mousson dévaste des cités ouest-africaines chaotiques et surpeuplées, inonde les bas-fonds et les berges des cours d'eau anormalement occupés, les agriculteurs et les éleveurs ne se plaindront pas de cette abondante pluviométrie. Des nappes phréatiques rechargées pour les Hommes, et tous les marigots qui accueillent dès la fin juillet les premiers migrateurs permettront bientôt aux millions d'oiseaux d'eau du nord de passer les prochains six à huit mois dans de bonnes conditions. On sait désormais qu'une bonne pluviométrie sur le Sahel a d'étonnantes et positives répercussions sur la fécondité et le taux de natalité des oiseaux qui passent l'hiver sous nos latitudes avant de retourner pondre au nord du Sahara, au printemps.
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