21, calandrelles d'hiver - alouettes, gentilles alouettes (bis)...
Alouette calandrelle - Calandrella brachydactyla ssp., Trois-Marigots
2016 01 21, 11h20 / © Photo par Frédéric Bacuez
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* Aire communautaire patrimoniale des Trois-Marigots et Réserve spéciale d'avifaune du Ndiaël -
Dans la steppe qui parachève au nord la grande dépression du N'Guisset, l'un des Trois-Marigots, une envolée sur quelques mètres de trois dizaines d'Alouettes calandrelles (Calandrella brachydactyla ssp., Greater Short-toed Lark, cf. en haut de notule et ci-après dans la galerie de photos) qui retombent aussi vite qu'elles s'étaient levées à notre arrivée. Difficile, comme toujours, de les approcher, en véhicule ou à pied. Au bout d'un moment cependant, le calme revient dans le petit monde qui reprend ses déambulations au sol, entre touffes rabougries et crevasses désséchées. Les alouettes glanent, ici et là, dispersées et accompagnées par des Moinelettes, majoritairement à front blanc (Eremopterix nigriceps ssp. albifrons*2, cf. galerie de photos en bas de notule), des Cochevis huppés (Galerida cristata ssp. senegallensis, idem) et des Bergeronnettes printanières (Motacilla flava ssp. flava). Elles glanent car si en période de reproduction (donc au Nord) nos alouettes sont majoritairement insectivores, elles deviennent quasi exclusivement granivores sur leurs sites d'hivernage (au Sahel). On devine que toute la steppe est ainsi piquetée de nos alouettes méditerranéennes, la plus petite des espèces d'alouettes du Paléarctique occidental, venues ici pour quelques mois au sec. Des Calandrelles de deux races: la nominale brachydactyla, essentiellement arrivée de la péninsule ibérique, son bastion européen; et la rubiginosa, descendue d'Afrique du nord, principalement du Maroc et d'Algérie. Comme la calandrelle est une espèce polytypique à fortes variations géographiques et même intraspécifiques (en particulier chez les populations espagnoles et marocaines, toutes deux développant régulièrement des coloris roussâtres, notamment sur la tête) on ne s'attardera pas ici à tenter d'identifier la race des oiseaux vus et photographiés ce matin ! On regardera, et on les écoutera babiller (cf. photo ci-après); même en hiver, ici au Sahel. Un petit détail rigolo: nos alouettes ont beau préférer les espaces dégagés, arides et sablonneux, elles n'en demeurent pas moins précautionneuses; régulièrement elles viennent se positionner dans l'ombre projetée des buissons de Tamarix senegalensis, souvent rejointes par des moinelettes (cf. photos ci-après), le temps de reprendre des forces et de refroidir les petites pattes avant que de repartir au glanage !
" La Calandrelle est la seule alouette méditerranéenne qui franchit le Sahara pour hiverner au Sahel - si l'on excepte le Sirli du désert (Alaemon alaudipes), plus un erratique qu'un authentique hivernant. Particulièrement grégaire et sociable en hiver, elle trouve dans les steppes sahéliennes, de l'Ethiopie au Sénégal, les conditions environnementales idéales pour un séjour qui va d'octobre à mars en moyenne. Notre delta accueille de forts contingents, en particulier dans la dépression du Ndiaël et environs-, essentiellement venus d'Espagne (2 500 000 couples, 85% de la population européenne), d'Algérie et du Maroc, les trois pays du Paléarctique occidental dans lesquels les effectifs de la calandrelle sont (encore) importants - bien qu'en déclin d'au moins 20% dans la péninsule ibérique entre 1970 et 1990. "
" L'Alouette calandrelle a fortement régressé en Europe au XXe siècle.
L'espèce est souvent dérangée dans les champs par les activités agricoles
et sur les plages et les dunes littorales par les activités liées au tourisme. "
(ndlr., l'Alouette calandrelle est inscrite à la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées en France,
dans la catégorie NT/Near Threatened-Quasi Menacé, 1000-5000 couples; et dans la catégorie VU/Vulnerable à l'échelle européenne)
Voir, précédemment sur Ornithondar:
*1 Spéciale 'secretives', dans la fraîcheur, le vent et la poussière !, 2014 01 31
*2 Cette année, les moinelettes à front blanc 'en pagaille' !, 2015 12 18
Alouette calandrelle - Calandrella brachydactyla ssp., à l'ombre d'un buisson de tamarix senegalensis 2016 01 21, 11h24 / © Photo par Frédéric Bacuez |
Ci-dessous et dessus:
Dans la steppe des Trois-Marigots,
avec les Alouettes calandrelles - Calandrella brachydactyla ssp. (en haut),
des Moinelettes à front blanc - Eremopterix nigriceps ssp. albifrons*2, et des Cochevis huppés - Galerida cristata ssp. senegallensis
Dans la steppe du Ndiaël (en bas),
réunion au sommet de Cochevis huppés
2016 01 21 / © Photos par Frédéric Bacuez
- Cliquer sur les photos pour agrandir -
« C’était l’alouette, la messagère du matin, et non le rossignol. Regarde, mon amour, ces lueurs jalouses qui dentellent le bord des nuages à l’orient ! » Shakespeare, Roméo et Juliette)
RépondreSupprimer« Les alouettes font leur nid, Dans les blés quand ils sont en herbe, C’est-à-dire environ le temps, Que tout aime et que tout pullule dans le monde, Monstres marins au fond de l’onde, Tigres dans les forêts, Alouettes aux champs » (La Fontaine)
A propos de Cosette… « Dans le pays, on l’appelait l’Alouette. Le peuple, qui aime les figures, s’était plu à nommer de ce nom ce petit être pas plus gros qu’un oiseau, tremblant, effarouché et frissonnant, éveillé le premier chaque matin dans la maison et dans le village, toujours dans la rue ou dans les champs avant l’aube » V. Hugo
C'est si vrai, Pascal, que m'amusant à déceler les premiers cris de la nature, au point du jour, j'ai toujours remarqué que les cochevis étaient les premiers à chanter, dès les toutes premières lueurs... En contrepoint, dans le lointain, les gros pygargues encore au nid ou sur leur perchoir ne sont pas longs à pousser leur première gueulante du petit matin !
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