3, un jeune faucon lanier de la sous-espèce subsaharienne
2013 01 3 matin. Un faucon lanier juvénile de la race abyssinicus vagabonde au ras de la plaine alluviale / Photo par Frédéric Bacuez |
* Plaine alluviale du fleuve Sénégal -
Une minute, cela a duré une seule minute ! A quelques encablures du fleuve Sénégal, j'étais en train d'observer et photographier deux faucons crécerelles bien de chez nous (falco tinnunculus ssp. tinnunculus, common kestrel). Passant l'hiver (comme moi...) dans la vaste plaine alluviale du fleuve Sénégal, une femelle et un mâle plutôt complices chassent ici comme dans tout le Paléarctique les rongeurs et les sauteriaux - c'est le cas, ce matin. Soudain, je vois les deux petits faucons de concert se ruer à la suite d'un large rapace au ras des herbes jaunies lequel, à l'évidence, ne se préoccupe pas de ses poursuivants. C'est un lanier (falco biarmicus, lanner falcon), reconnaissable à sa calotte roussâtre, de la sous-espèce locale abyssinicus ! Le plus grand de nos faucons (à l'exception de l'accidentel et oriental faucon sacre, falco cherrug) est, lui aussi, en quête de proies... De son vol ample, assuré, que la lenteur des battements d'ailes suffit largement à propulser à vitesse rapide pour ne pas être rattrapé par les crécerelles qui s'agitent derrière, le faucon lanier dodeline de la tête, observant le sol sous lui, à droite et à gauche (cf. photo ci-dessous à g.). Il ne m'a pas vu, immobile et subjugué, le regardant arriver droit sur moi avec son escorte qui soudainement vire et repart vers son domaine... Le lanier est visiblement un jeune sujet, assez grossièrement tacheté entre la poitrine et le ventre. Le chasseur me voit in extremis, m'identifie sans vraiment dévier de sa trajectoire; il passe à une vingtaine de mètres tandis que je le mitraille (cf. photos ci-dessous au centre et à d.), et il continue sa route vers l'intérieur des terres, en direction de la 'forêt' de Taba Tache. Quelle envergure, quelle classe ! Minute magique...
Ci-dessous: 2013 01 3 matin, le vol passant du faucon lanier en chasse / Photos par Frédéric Bacuez
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Nota: le delta du Sénégal a la particularité de pouvoir accueillir deux sous-espèces du faucon lanier*: si la race abyssinicus y est résidente et reste la variante la plus commune de tous les laniers, présente du sud mauritanien à l'Erythrée à l'est et au littoral béninois au sud, il est possible d'y observer parfois, en hiver, la race nord-africaine erlangeri, essentiellement du Maroc (environ 1000 couples nicheurs). Différencier les deux sous-espèces n'est pas chose aisée: dès le nord de la Mauritanie, erlangeri aura le manteau plus gris-bleuté que son cousin subsaharien. A partir du sud de la Mauritanie, abyssinicus sera plus sombre et aura le collier plus épais. Le lanier est aussi le plus grand faucon nicheur du continent.
Voir aussi sur Ornithondar: Un lanier en chasse gêné par les milans (ICI) et Un faucon lanier crépusculaire (ICI)
Pour la race erlangeri, voir : http://ornithondar.blogspot.com/2011/01/28-un-exceptionnel-trip-au-djoudj.html
* La race feldeggi d'Europe méditerranéenne migre vers l'Afrique orientale et australe. Avec seulement 380 couples recensés, sa répartition va de l'Italie (70% des effectifs) au Proche-Orient. Globalement, si l'UICN n'émet pas de préoccupation particulière sur le devenir du rapace, BirdLife International classe désormais le lanier parmi les espèces vulnérables au regard de son important déclin, partout, à partir de la moitié du XXe siècle, pas seulement du fait que le lanier est le faucon préféré des... fauconniers (et vrais cons).
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