3 & 11, Leri la Galloise est-elle parmi les balbus du Khant ?
Ci-dessus: 2011 11 11, marigot de Khant. Balbuzard faisant le 'saint-esprit' au-dessus du marais / Photo par Rozenn Le Roux pour Ornithondar
* Ngaye-Mengueye Boye.
'Aire du Patrimoine régional' et zone amodiée de chasse (ZAC) des Trois-Marigots: marigot de Khant et dépression de Todé -
Ci-contre: Leri tout juste baguée par l'ornithologue Roy Dennis, 2011 07 Cors Dyfi reserve
/ Courtesy photo par Emyr Evans pour le Dyfi Osprey Project
Une première depuis 400 ans sur la Dyfi !
Depuis la fin d'octobre, Ornithondar correspond avec Janine Pannett, du Dyfi Osprey Project (Projet Balbuzard de Dyfi), au sein de la Réserve naturelle de Cors Dyfi, Pays de Galles, Royaume Uni. Cet échange est dû à la présence 'hivernale' dans notre delta sénégalais d'un jeune balbuzard femelle, issue d'une couvée de trois poussins, deux mâles et une femelle, prénommée Leri, née le 1er mai 2011. Une ponte seulement trois années après le retour naturel des parents, Monty et Nora (née en 2008, en Écosse, et dont c'est sans doute la première couvée), juste attirés par la construction par les Hommes d'une aire artificielle pour faciliter leur installation définitive. Une première qui a créé l'événement au Pays de Galles (il y a même une équipe de rugby qui s'appelle 'The ospreys' !), et un extraordinaire engouement populaire - qui ne peut être qu'incompris sous nos latitudes bien loin d'être sorties de la seule 'prédation'... Cela faisait plus de 400 ans qu'un balbuzard pêcheur n'était plus né dans l'estuaire de la Dyfi !
Dulas, Einion et Leri, enfants de Monty et Nora
Dernière à venir au monde, Leri (oeuf le 1er mai, éclosion le 7 juin) a effectué son premier vol le 3 août, âgée de 57 jours. 11 jours après, sa mère Nora partait déjà pour sa migration postnuptiale vers l'Afrique tropicale, le 14 août. Les frères de Leri, Einion et Dulas prennent la route africaine pour la première fois, le premier le 31 août, le second le 12 septembre. Comme Leri, qui suit son aîné ce même jour. Einion passe le premier hiver de ses deux ou trois années sous les tropiques, entre la lagune de Somone et le delta du Sine Saloum, tandis que Dulas opte pour les berges marécageuses du fleuve Gambie, un peu plus au sud à l'intérieur des terres. Leri entre au Sénégal précisément à la confluence des trois frontières, malo-mauritano-sénégalaise, un peu au sud de Sélibali: le 4 octobre, elle vole plein ouest/nord-ouest à quelques kilomètres au sud de Bakel. Le 6 octobre, elle pénètre dans le bas-delta du fleuve Sénégal, par le Ndiambour au nord de Louga.
Leri, du Lampsar aux Trois-Marigots
Ci-contre: Leri, été 2011 avant sa première migration vers l'Afrique.
/ Courtesy photo Dyfi Osprey Project, Pays de Galles, Grande-Bretagne
Voir, sur Facebook:
http://www.facebook.com/dyfiospreyproject?sk=wall&filter=2
Lire, sur le blog du Dyfi Osprey Project:
http://www.dyfiospreyproject.com/blog/2011/11/leris-dilemma
http://www.dyfiospreyproject.com/blog/2011/11/news-from-africa
http://www.dyfiospreyproject.com/blog/2011/11/bad-news-for-leri
http://dyfiospreyproject.com/blog/2011/11/is-leri-in-trouble
Et toute l'histoire de Leri depuis le début: http://dyfiospreyproject.com/blog/category/leri
Au marigot de Khant
Le 3 novembre dernier, Cheikh Aïdara et moi-même avions déjà parcouru les berges nord du marigot (cf. notule: http://ornithondar.blogspot.com/2011/11/3-les-oiseaux-de-mengueye-et-tode-trois.html), à la recherche de Leri ou de tout balbuzard bagué et/ou porteur d'antenne satellitaire. En vain. Même si nous avions observé une huitaine de balbuzards pêcheurs, pour la plupart juvéniles/immatures ou subadultes. Une semaine après, retour sur les lieux de la 'disparition' de Leri... c'est à dire dans le marigot lui-même !
Vu de la colline la plus proche, le marigot de Khant parait tout de même un spot de seconde catégorie pour un balbuzard qui aime survoler les vastes plans d'eau dégagés (fleuves, lacs, barrages, estuaires et même l'océan) pour identifier ses proies, et plonger le plus souvent dans de grands fracas d'eau sur le poisson saisi par les serres. Or, à Khant, 90% du marigot, une dépression nord-ouest/sud-est longue de plusieurs kilomètres et large de 600 à 800 mètres, sont envahis par des herbes saisonnières - qui finiront en paille vite dégradée en cours de saison sèche, comme l'eau évaporée ou retournée sous la vase durcie et ridée-, au milieu desquelles tentent de s'épanouir des nénuphars. Il y a en son milieu, cependant, un chenal à peine plus profond que l'étale de la mousson: 25 à 30 cm de profondeur contre 10 à 20 cm dans les herbes aquatiques. Quelques touffes de typhas australis végètent et ont du mal à prospérer dès que la salinisation fait son oeuvre, avec la sécheresse. Par çi par là, des buissons de tamarix senegalensis, et même quelques acacias niloticas morts de trop d'humidité, parsèment le marigot et sont autant de perchoirs pour les ardéidés et... les balbuzards.
16.02817 - 16.37967, au milieu du marigot
Du 24 au 30 octobre, les signaux GPS de Leri étaient visiblement 'perturbés', donnant certes des positions géographiques exactes mais des déplacements du rapace ou très lents ou très rapides, avec des hauteurs de vols totalement farfelues ! Il n'empêche que le séjour de Leri au Khant s'est organisé autour du point 16.02817-16.37967, soit au centre-sud du marigot, avec des déplacements en étoile, probablement pour des vols de pêche dans les eaux libres de cette partie du lac. Et quelques stationnements au sol sur les rives asséchées du lac, en zones bien dégagées, pour dépecer et manger ses proies. Une virée aux portes de Mengueye Boye, sur l'autre rive du marigot, amène Leri dans les haies d'euphorbes qui clôturent les champs de l'hivernage - la mousson ouest africaine.
Ci-après: positions GPS de Leri au marigot de Khant, 24-30 octobre 2011 / Courtesy Janine Pannett, Dyfi Osprey Project
Ornithondar se jette à l'eau (de Khant)
Pour rejoindre la zone de Leri, il faut traverser plusieurs dizaines de mètres d'herbes hautes de 0,50 à 1 mètre dans une eau haute de 10 à 25 cm. Vers le milieu du marigot, des plans à peine plus profonds (25-35 cm d'eau vite vaseuse) sont dégagés et à l'évidence peuplés de poissons-chats et autres silures, tous de taille modeste. De rares touffes de typhas australis peinent ici à survivre à la salinisation des sols quand la sécheresse fera disparaître l'eau. Les buissons épars de tamarix servent de perchoirs et de refuges nocturnes pour les hérons (cendrés et pourprés) et... les balbuzards pêcheurs. Autour des bosquets, de nombreuses petites plumes et duvets des rapaces flottent, repoussés vers les herbes immergées; ils attestent de la violence des chocs quand les balbuzards plongent dans ces trous d'eau. Pas de passages humains, ni de bétail; pas de lignes de pêche et leurs hameçons, pas de pièges, même anciens. Quelques trouées de phacochères. Et, surtout, près d'un acacia nilotica vitrifié par le regain humide de ces dernières années, fortement maculé des fientes de rapaces, il y a des herbages renversés en deux endroits, parsemés de quelques excréments: à coup sûr les couches d'un python de Seba. On imagine difficilement que le serpent, même vorace et agile, ait pu attraper un balbuzard inexpérimenté, perché sur son arbuste de la nuit...
Des herbes immergées, une grue couronnée s'envole en 'trompettant'; des oies-armées de Gambie - une troupe de juvéniles et un groupe d'adultes- font de même, lourdement. Soudain, au zénith, juste au-dessus de nos têtes, dix cigognes noires planent sereinement du sud vers le nord du marigot: il y a de la magie dans l'air... Les lieux sont calmes, il n'y a guère de doute: si Leri ne donne plus de signe de vie depuis quinze jours, cela ne peut venir que d'un défaut de son appareillage; ou plus prosaïquement d'une défaillance physique voire d'une prédation animale. A moins que le harnachement d'une quarantaine de grammes soit tombé, par accident, lors d'un plongeon ou d'un accrochage avec les branches d'un tamarix senegalensis. On ne saura peut-être jamais. Sauf dans deux ou trois ans, à la fin du printemps 2013 ou 2014, du coté de l'estuaire de la Dyfi, au Pays de Galles, si Leri a le bonheur d'y retourner après son long périple sous nos tropiques dangereuses; pour, à son tour, donner naissance à une nouvelle génération d'aventuriers. Parmi les plus majestueux oiseaux au monde. Hope...*
* Lire sur le site du Dyfi Osprey Project: http://www.dyfiospreyproject.com/blog/2011/11/leris-dilemma
Ci-dessus: Cheikh Aïdara et Frédéric inspectent le marigot de Khant. Sur l'autre berge, au loin, le château d'eau de Ngaye et la grande mosquée de Mengueye Boye / Photos par Rozenn Le Roux pour Ornithondar
Ci-dessus: en quête de Leri, à midi au milieu du marigot de Khant / Photos par Rozenn Le Roux pour Ornithondar
Ci-dessous: sortie de bain... sous 38° ! / Photos par Rozenn Le Roux pour Ornithondar
Une huitaine de balbuzards au Khant
Si le 3 novembre nous avions dénombré et identifié au moins 6 balbuzards sur cette partie du marigot de Khant (au sud de la piste-digue qui le traverse pour rallier Ngaye et Mengueye Boye), ainsi que 2 à 3 ind. au-dessus du chenal qui relie le lac à la rivière Ngalam, ce 11 novembre nous en avons comptabilisé 5 à 6 ind. au Khant ainsi qu'1 ind. au sol près du chenal. Dans les parages, lors de nos deux passages en surplomb du 'lac' de Todé, 1 balbuzard survolait le large plan d'eau; le 11 au soir, 1 balbuzard a cerclé au-dessus de nos têtes, à faible altitude, entre les deux dépressions aquatiques; et 1 ultime individu a été observé au crépuscule, remontant le Ngalam en provenance du pont de Ndiaowdoune. Une grande majorité des effectifs hivernant ici était constituée de juvéniles de première année, quelques-uns paraissant un peu plus âgés, des immatures de deuxième ou troisième année. Au moins un sujet était un adulte - ou un subadulte. Nous n'avons pas été en mesure d'identifier une quelconque bague, même bleue (Ecosse et Pays de Galles) ! Pour ma part, je me convainc d'avoir peut-être aperçu, le 3 novembre dernier, une antenne à l'épaule d'un balbuzard virant rapidement au ras des arbres du lien entre le marigot et le Ngalam (cf. notule: http://ornithondar.blogspot.com/2011/11/3-les-oiseaux-de-mengueye-et-tode-trois.html).
Des balbus immortalisés
Des balbus immortalisés
Ci-dessus: 2011 11 11 matin, marigot de Khant. Traquet motteux et balbuzard pêcheur.
Ci-dessous: 2011 11 11, balbuzards pêcheurs au marigot de Khant - cherchez le traquet motteux, l'oedicnème du Sénégal, deux sternes caspiennes (dont une juvénile), deux vanneaux éperonnés agressifs; et les nids de tisserins à tête noire.
/ Photos par Rozenn Le Roux pour Ornithondar
Could you see a transmitter on the osprey ? I zoomed in on the photo but could'nt see an aerial. Amazing to think there have been three UK satellite-tagged Ospreys so close to you this autumn ! Best of luck with finding Leri. I spoke to Emyr and Janine yesterday and they are still waiting for the next data to come in from her radio - that should help you to find her.
RépondreSupprimerVery many thanks for all your help with looking for the birds.
With very best wishes,
Tim.
Tim Mackrill, manager officer Rutland Osprey Project (UK)
Bonsoir Frédéric, magnifique, mais je la pensais écossaise...ha! l'écho me voici comme le duc de bordeaux; amitiés
RépondreSupprimerJe comprends ta confusion, Thibault ! On y perd son latin, avec ces insulaires !...
RépondreSupprimerNous suivons en fait les pérégrinations de 3 balbuzards, dans ma région; trois balbuzards britanniques:
- Leri, donc, est Galloise et nous inquiète beaucoup. Vendredi, nous mènerons notre 3e recherche d'indices au marigot de Khant d'où son émetteur avait livré ses derniers signaux. Cette fois, grenouillère de rigueur, on rentre dans l'eau, en quête dune 'aiguille' dans une immensité de végétaux aquatiques...
- Tu avais retenu que Joe était écossais et nous avait attiré du coté de Rao pour en apprendre sur son silence soudain. Déplacement vain.
- Ou peut-être pensé à Bynack, lui aussi écossais, en pleine forme, celui-là. Après être passé à quelques encablures de ma maison, il a fait ses propres recherches sur Leri à Khant et a préféré remonter vers le parc national du Djoudj, moins dangereux...
Amitiés. Frédéric.
Thank you Frederic, once again, for your incredible help. It seems likely we will never know exactly what has happened to Leri. It is impossible to know what conditions she was in, perhaps she struggled to feed in her previous location and was weakened by this. Who knows, maybe the python discovered her body and swallowed it ?
RépondreSupprimerMaybe she will turn up alive and well, having lost her tracking.
It certainly sounds like a beautiful area with a wonderful range of wildlife. I am greatly looking forward to visiting West Africa with Tim and the Rutland team in january, hopefully we can find one Leri's brothers.
Kindest regards, Janine (Dyfi Osprey Project, Wales)
Bonjour Frédéric, l'histoire de Leri la Galloise est fabuleuse d'enseignements, elle devrait donner naissance à un livre qui saluerait cet exploit qui vaut plus que tout l'or du monde, cet oiseau fait autant que l'ONU en reliant par le fil de son trajet des humains; quant à vous,toi et tes collègues, je vous en remercie humblement, de nous donner un peu d'humanité, mais plus sérieusement dit à Leri qu'elle peut revenir je ne lui mettrais pas la bague au doigt: Amitiés
RépondreSupprimerSalut,
RépondreSupprimerChouette l'article sur les balbus et les photos
Ce serait bien sur le site de saintlouisdusenegal.com !?...
Eddy,
webmaster de www.saintlouisdusenegal.com