6 05 - 29 04, mes jours avec Jonathan Livingston...
* Bango. Marigot de Lampsar, coté saumâtre -
Le fameux 'hiver saint-louisien' n'est jamais venu, ou fugacement, cette année ! Peut-être has been, le climat local, comme la cité ruiniforme... Mais voici qu'avec les premières poussées de vents de mousson loin au sud-est, et les premières averses sur Bamako (Mali), Bobo-Dioulasso et Ouagadougou (Burkina Faso), la dissipation consécutive d'un harmattan agressif sur le Sahel a libéré les alizés marins, enfin, sur notre frange côtière ! Depuis fin avril, il fait bon, de plus en plus frais la nuit (sous les 18°, eurêka !) au fur et à mesure que nous nous rapprochons de notre presque virtuelle 'saison des pluies'... On a même sorti le petit pull over de sa naphtaline, c'est dire que nous allons attendre... pour l'aumône du ciel !! Dieu sait pourtant combien on éructe son nom dans les mégaphones, par ici...
La grande faucheuse africaine contre la Nature n'a pas encore atteint l'efficacité optimale, radicale et souvent invisible, de l'Occident: il y a donc parfois des rescapés, des éclopés. C'est ainsi qu'au matin du 29 avril, un goéland brun de la sous-espèce graellsi (larus fuscus ssp. graellsii, lesser black-backed gull) des îles britanniques et du nord-ouest européen hors Scandinavie, en plumage quasi nuptial, est récupéré par nos soins sur la berge où il vient, en nageant précipitamment, s'échouer. Allah est grand, pas d'enfants-sans-pitié en vue ! Visiblement, le laridé, un adulte jeune, vient d'échapper aux juvéniles gourmets en mal de (mauvaise) viande; ou de s'évader de l'incarcération qu'on lui faisait subir depuis quelque temps. Certains gamins en effet n'hameçonnent pas les oiseaux que pour les plumer et manger ! D'aucuns se mettent en tête d'en faire élevage, quelques plumes arrachées ou cisaillées - c'est le cas ici de tertiaires près du manteau-, traînés au bout d'une corde comme un kleb, les ailes souvent repliées et ficelées. Il n'y a que les âmes sensibles de l'Europe urbaine -donc écolo, et un brin hypocrites, qui pensent qu'en Afrique le braconnage, quelque soit le braconnage, n'est qu'affaire de survie. Ah ah, 'n'ont qu'à rejoindre les tables des villes festives comme Libreville, Abidjan ou Ouagadougou !!!
Bref; pendant huit jours, le goéland sans entraves (à part la nuit, enfermé dans la douche des enfants...) a réappris à battre des ailes dans le jardin, parfois encouragé par chiens et chats qui l'aidaient bien à cavaler, même si le volatile n'avait pas l'heur de titiller les papilles des carnassiers. Mon Jonathan Livingston avait vite fait de trouver la sinécure à son aise: sans jamais avoir perdu l'appétit, le goéland en était à adorer le jet d'eau du jardin !
Le 6 mai vers 18h, après un premier essai matinal qui s'était violemment heurté au tronc rugueux de mon palmier washingtonia, le laridé s'est définitivement envolé. Sans adieux larmoyants, dignement; j'étais dans le bureau. Bonne chance quand même !
Ci-dessus: extrait - 'Dear father'- du film (magique !) de Hal Bartlett: 'Jonathan Livingston seagull/le goéland' (1973)
Sur une musique (inoubliable !) de Neil Diamond
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La grande faucheuse africaine contre la Nature n'a pas encore atteint l'efficacité optimale, radicale et souvent invisible, de l'Occident: il y a donc parfois des rescapés, des éclopés. C'est ainsi qu'au matin du 29 avril, un goéland brun de la sous-espèce graellsi (larus fuscus ssp. graellsii, lesser black-backed gull) des îles britanniques et du nord-ouest européen hors Scandinavie, en plumage quasi nuptial, est récupéré par nos soins sur la berge où il vient, en nageant précipitamment, s'échouer. Allah est grand, pas d'enfants-sans-pitié en vue ! Visiblement, le laridé, un adulte jeune, vient d'échapper aux juvéniles gourmets en mal de (mauvaise) viande; ou de s'évader de l'incarcération qu'on lui faisait subir depuis quelque temps. Certains gamins en effet n'hameçonnent pas les oiseaux que pour les plumer et manger ! D'aucuns se mettent en tête d'en faire élevage, quelques plumes arrachées ou cisaillées - c'est le cas ici de tertiaires près du manteau-, traînés au bout d'une corde comme un kleb, les ailes souvent repliées et ficelées. Il n'y a que les âmes sensibles de l'Europe urbaine -donc écolo, et un brin hypocrites, qui pensent qu'en Afrique le braconnage, quelque soit le braconnage, n'est qu'affaire de survie. Ah ah, 'n'ont qu'à rejoindre les tables des villes festives comme Libreville, Abidjan ou Ouagadougou !!!
Bref; pendant huit jours, le goéland sans entraves (à part la nuit, enfermé dans la douche des enfants...) a réappris à battre des ailes dans le jardin, parfois encouragé par chiens et chats qui l'aidaient bien à cavaler, même si le volatile n'avait pas l'heur de titiller les papilles des carnassiers. Mon Jonathan Livingston avait vite fait de trouver la sinécure à son aise: sans jamais avoir perdu l'appétit, le goéland en était à adorer le jet d'eau du jardin !
Le 6 mai vers 18h, après un premier essai matinal qui s'était violemment heurté au tronc rugueux de mon palmier washingtonia, le laridé s'est définitivement envolé. Sans adieux larmoyants, dignement; j'étais dans le bureau. Bonne chance quand même !
Ci-dessus: extrait - 'Dear father'- du film (magique !) de Hal Bartlett: 'Jonathan Livingston seagull/le goéland' (1973)
Sur une musique (inoubliable !) de Neil Diamond
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La cruauté avec les animaux aura sans doute été une des choses qui m'aura le plus choqué au sénégal. Content de savoir qu'il y en a qui s'en sorte grâce à toi ;)
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