23 juin - 11 juillet: pas farouche, la Genette dans la cour !

Genette commune d'Afrique de l'ouest - genetta genetta ssp. felina, à la mangeoire du jardin
Impasse Gustave Pelloux 2016 07 11, 20h23 / © Photo Frédéric Bacuez par Cudde Back Digital Attack pour Ornithondar

* Impasse Gustave Pelloux, Bango -

Cette année, il m'en a fallu, du temps, pour apercevoir l'une des Genettes (genetta genetta ssp. felina, african common genet) du quartier ! La nuit, parfois, je l'entendais se déplacer sur le toit, ou sur le muret séparant la cour du verger d'à coté, s'y battant un peu avec le fouillis des bougainvillées pleureurs. C'est là que je l'avais d'abord eue, une ou deux fois, dans la lumière de la torche, avançant à pas feutrés, queue annelée dressée comme un fier panache... La plupart du temps, au beau milieu de la nuit, les mouvements étaient ceux des Epomophores (epomophorus gambianus, Gambian epauletted fruit bat)* dans les prosopis, les bruissements ceux des tarentes et geckos noctambules, les cavalcades sur la toiture celles d'un chat noir aux trousses d'un petit rongeur moins vindicatif que les robustes Cricétomes des savanes (ex Rat géant de Gambie, cricetomys gambianus, northern giant pouched rat); ceux-là n'ont aucune discrétion, se poursuivent entre eux - les joueurs n'ont peur de rien ! Avec les blattes, ce sont d'ailleurs les fameux rats voleurs qui investissent la mangeoire à la nuit tombée, en quête d'épluchures de légumes, de noyaux et de peaux des mangues saisonnières - entre autres (cf. photo en bas de notule).


Une Genette familière (très temporairement)

Et puis, le 23 juin dernier à 20h20, nous étions à table, avec vue imprenable sur la porte vitrée à glissière-moustiquaire: et qui voyons-nous, dans l'escalier à deux mètres du salon, je vous le donne en mille ?! Une Genette ! Je me frotte les yeux, nous nous agitons sur nos chaises pour mieux percer la pénombre extérieure: la bête redresse la tête, s'immobilise quelques secondes, nous regarde, et reprend son chemin sans précipitation... Le 25 juin, la revoici, en train d'inspecter la déchetterie (23h20); je finis par ouvrir la porte-moustiquaire et j'ose une sortie, accroupi; la Genette fait peu cas de moi, elle inspecte le dépôt du soir; je m'assois donc dans les escaliers, la féline est seulement à quatre-cinq mètres (0h30) ! elle emporte régulièrement quelque ossement de poulet sur la terrasse proche et je l'entends croquer... A la fin, la Genette grimpe souplement au prosopis, fait un arrêt et me toise depuis une grosse branche, avant que de prestement bondir sur le toit, sans aucun bruit (26 juin, 0h45+)... Cette absence de peur, cette innocence, de l'inconscience même... Mais oui ! Il s'agirait alors d'une Genette immature, je ne vois pas d'autre explication à ce manque de discrétion: si elle survit à toutes les menaces, directes et indirectes de la cité, même villageoise, elle aura tôt fait d'apprendre, des dangers, des Hommes et... de leurs bêtes asservies (lire ci-après), la jeunette...

Rebelote les 6, 10 et 11 juillet (entre 20h20 et 20h45, cf. photos ci-après et en haut de notule), la noctambule est une précieuse: elle préfère dîner sur la terrasse plutôt que pique-niquer dans le sable... Elle fait donc la navette, et à chaque fois j'entends les os de la volaille craquer sous les petites dents du félin... Mais nous sommes chez les Hommes, ici, et si le quartier est du genre résidentiel, avec jardins et relative tranquillité, il y a aussi les indissociables alliés du bipède destructeur: chiens et chats - évidemment, et tant pis pour les autres vies... Ma Genette est en train de fouiller les détritus quand surgit leur chat noir, sorti de la nuit: monsieur fait sa ronde nocturne, il pose ses pattes avant sur un rondin qui enserre la table des oiseaux et autre petite faune insignifiante... La Genette sursaute à la dernière seconde et file sans demander son reste, elle s'éclipse dans la même nuit... Le félin domestique finit le dîner, et repart, sa gourmandise rassasiée. La Genette à pas feutrés est de retour: le goujat ne lui a rien laissé.

Nota: la Genette commune d'Afrique subsaharienne (de la race felina) est le prédateur nocturne le plus aisément rencontré, sous nos latitudes. Y compris dans les zones colonisées par Homo Sapiens. Au royaume de l'émergence et dans sa vallée du fleuve Sénégal, le petit carnivore paye un lourd tribut à l'augmentation du trafic routier. Avec la Mangouste ichneumon (herpestes ichneumon) et la Civette d'Afrique (civettictis civeta) au voisinage de l'eau ou du marais, la Genette commune (genetta genetta felina) forme le très discret trio des mammifères qui a survécu à l'éradication de la faune à quatre pattes, dans le pays. Pays qui n'a pas attendu d'être 'émergé' pour en avoir fini avec cette biodiversité-là bien plus que des contrées autrement et anciennement développées - y compris en Afrique ! C'est dire combien la prédation reste au coeur de la pensée et des pratiques dominantes des Hommes, dans le 18e pays le plus 'en retard' au monde (IDH 2015).

La Genette, morte au fond d'un puits de fortune (et de crétins), in Ornithondar 2016 05 12

Ci-dessous, de haut en bas:
Genette commune felina - Chat noir bangotii - Cricétome des savanes
Bango 2016 07 10 & 11 soir / © Photos Frédéric Bacuez par Cudde Back Digital Attack pour Ornithondar

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