22, la toubab qui voulait sauver le 'lac rose' de Bango

 Le 'lac rose' de Bango
2015 03 19 11h15 / © Photo par Frédéric Bacuez

* 'Lac de Bango'-

22 mars, Journée mondiale de l'eau
En rappel : Bango, les oiseaux du 'lac' avant sa disparition, in Ornithondar 2012 12 30

MATIN-
Avec Véronique et le jeune Abbas.

Au cœur de la saison sèche, on ne sait pas qui de la catastrophique pluviométrie de l'hivernage passé ou des multiples efforts humains pour en finir avec le lac rose de Bango est à l'origine de l'assèchement total de la dépression saumâtre. Ces derniers jours néanmoins, le bon fonctionnement actuel de la rigole qui irrigue jardins, vergers et cocoteraie du village permet au chott de retrouver un peu d'eau issue de l'arrosage des carrés d'oignons du voisinage. Le drame du 'lac' n'est pas tant son assèchement saisonnier mais sa pollution et son grignotage par les innombrables déchets, solides et liquides, déversés en lisière de la cocoteraie. Un lac avant tout victime de l'indifférence générale à son sort : celle de la chefferie locale dont la seule préoccupation est de faire son beurre en bradant ses terrains à bâtir - même sur des sols très meubles ; celle des villageois qui auraient bien de la peine à comprendre à quoi sert cette dépression inondable ; celle des résidents alentour, qui hérissent de grands murs derrière lesquels ils se protègent des tourbillons de sable, des vols de sachets plastiques et de l'enlaidissement du 'domaine public' partout dans le pays anarchique.

Clôturer le 'lac' ? 1 million de francs cfa !


Le lac saisonnier est en fait privatisé - à tous les coups encore la belle affaire du chef et de sa clique ! Divisé en parcelles vendues avec les terrains voisins faits de jardins et de maisons privatifs. Comme quoi le but recherché était originellement de combler la dépression saumâtre. Tâche de longue haleine qui nécessiterait d'y convoyer des tombereaux de déchets solides - et pas seulement de Bango. Devant la perspective de voir son bout de 'lac' disparaître et d'être confrontée au grand n'importe quoi en lieu et place de son bien, notre amie toubab Véronique a fini par délimiter son carré de lac, profitant de l'assèchement saisonnier dudit périmètre. Sage précaution qui n'y suffira pas, seule, hélas. Son rêve : que tous les riverains s'associent pour protéger leur chott de toutes les dégradations encore possibles et des convoitises qui suivront. Coût de la clôture : un million de francs cfa - au paradis de l'égoïsme africain ("solidarité", solidarité mon œil !), ça refroidit les espérances... En attendant que l'eau remonte de la nappe phréatique et que ruissellent les quelques pluies d'août-septembre, Véronique a réussi à sauvegarder une petite roselière et bichonne les deux jeunes palétuviers qui ne demandent qu'à grandir ici. La nature et Véronique n'ont pas dit leur dernier mot.

Vu:
  1. Milan parasite (milvus parasitus)
  2. Vanneau éperonné (vanellus spinosus) [lac asséché]
  3. Chevalier guignette (actitis hypoleucos), 2 ind. [au bord du 'lac']
  4. Tourterelle pleureuse (streptopelia decipiens ssp. shelleyi)
  5. Perruche à collier (psittacula krameri)
  6. Touraco gris (crinifer piscator), 1 ind.
  7. Alcyon pie (ceryle rudis), 1 ind. en vol [Djeuss>cocoteraie]
  8. Guêpier nain (merops pusillus), 2+ [roselière du lac]
  9. Guêpier de Perse (merops persicus ssp. chrysocercus), 3+ ind. [au-dessus de la cocoteraie]
  10. Calao à bec noir (tockus nasutus)
  11. Bergeronnette grise (motacilla alba), 1 ind. [au bord du 'lac']
  12. Bulbul des jardins (pycnonotus barbarus ssp. inornatus)
  13. Souïmanga à poitrine rouge (chalcomitra senegalensis)
  14. Souïmanga à longue queue (cinnyris pulchellus)
  15. Gonolek de Barbarie (laniarius barbarus), 1 ind.
  16. Choucador à longue queue (lamprotornus caudatus), 1+ ind.

Ci-dessous : sur le lac rose de Bango...
Il y a quelques jours, le chott était complètement à sec : 
les ruissellements venus des vergers et des jardins d'oignons y réinventent une mare très douteuse.
2015 03 19 11h15 / © Photos par Frédéric Bacuez 

" Là où ça sent la merde
ça sent l'être "
Antonin Artaud (1896-1948)
'La Recherche de la fécalité', in Pour en finir avec le jugement de Dieu

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