8, balbuzards 'gallois': le frère de Leri, Einion, est sur la Langue de Barbarie



Ci-dessus: été 2011 sur les bords de la Dyfi, Pays de Galles. Dulas, Einion et Leri, parés pour leur première migration vers la SénéGambie !
/ Courtesy photo par Emyr Evans pour le Dyfi Osprey Project

* Parc national de la Langue de Barbarie (PNLB) -


" I think he'll be to Rome
As is the osprey to the fish, who takes it
By sovereignty of nature..."

- William Shakespeare, 'La tragédie de Coriolan' (1607), Acte IV, Scène VII.
In 'A life of ospreys', par Roy Dennis, Whittles Publishing 2008, Ecosse.

A l'automne dernier, sollicité par ses correspondants britanniques de la Dyfi Osprey Project, Ornithondar s'était démené pour recueillir des indices de vie de Leri, un jeune balbuzard pêcheur (pandion haliaetus, osprey) femelle née l'été dernier au Pays de Galles et qui avait commencé son long séjour d'apprentissage sous les latitudes deltaïques de Saint-Louis-du-Sénégal. Suivi par satellite, le rapace immature avait soudainement disparu des 'écrans radar' du coté des Trois-Marigots, précisément au marigot de Khant. Nos recherches répétées in situ étaient restées vaines, malheureusement. Leri était la soeur de deux garçons issus de la même couvée britannique, Dulas et Einion, passant eux-aussi les premières années de leur vie sous nos tropiques. Si Dulas a opté pour les confins gambiens, avec quelques excursions en Guinée Bissau, Einion a choisi la lagune de la Somone comme 'camp de base', sur la Petite Côte sénégalaise (cf. photo ci-dessous).

Ci-dessous: 2012 01 12. Einion au-dessus de la Somone, Petite Côte, Sénégal 
/ Courtesy photo par Arnaud Vatinal pour le Dyfi Osprey Project, DR

EINION:
1er oeuf éclos au Pays de Galles depuis 400 ans !
Naissance: 5 juin 2011
Bagué et 'satellisé': 19 juillet 2011
Premier vol: 27 juillet 2011, à 52 jours
Début de la migration, départ: 31 août 2011, à 87 jours
Arrivée au Sénégal: 29 septembre 2011
Installation hivernale sur la Somone: 5 octobre 2011
Séjour sur la Langue de Barbarie: depuis le 24/28 février 2012


Ci-dessus: 2011 07 27. Einion quelques minutes avant son premier (en)vol, bords de la Dyfi, Pays de Galles, Royaume Uni
/ Courtesy photo par Emyr Evans pour le Dyfi Osprey Project

Einion semble le plus gaillard des trois rejetons de la Dyfi. Les 1er et 2 octobre 2011, déjà, descendant progressivement du nord vers le sud du Sénégal, Einion s'était soudainement déporté au large de la péninsule dakaroise. 29 heures durant, l'adolescent avait survolé l'océan Atlantique comme s'il voulait rallier les îles du Cap-Vert ! Einion avait tout de même effectué une boucle de plus de 800 kilomètres non stop, essentiellement de nuit, avant de regagner la corniche ouest de la capitale sénégalaise... Et de filer illico vers son havre hivernal de la Somone ! Depuis, à l'instar de ses congénères, Einion agrémente son séjour africain sur la lagune côtière par quelques excursions, tantôt au nord (dans les Niayes de la Grande Côte) tantôt au sud (en Casamance et dans le delta du Sine Saloum). Le 17 février 2012, Einion quitte la Somone et la Petite Côte pour rejoindre, une fois encore, la Grande Côte: un voyage d'une semaine au moins qui l'amène, par petites étapes sur le littoral, dans l'ancien estuaire du fleuve Sénégal, au sud de Saint-Louis. Entre le 24 et le 28 février, Einion prend ses nouveaux quartiers sur la Langue de Barbarie, dans le parc national du même nom, entre Taré et Mboumbaye, entre mer et fleuve sur l'étroite bande de sable fixée par d'épais rideaux de vieux filaos (cf. http://www.dyfiospreyproject.com/blog/2012/03/heading-north + carte et photos ci-dessous).














Ci-dessus: 2011 01 31, matin brumeux dans le parc national de la Langue de Barbarie (PNLB); à g., la zone fréquentée par Einion depuis fin février 2012 - à d., mission d'observation du Rutland Osprey Project sur les berges du fleuve estuarien / Photos par Frédéric Bacuez


Nota 1: on peut sérieusement envisager qu'Einion occupe sur la Langue de Barbarie la place tout juste abandonnée par un adulte, voire plusieurs, en remontée prénuptiale vers l'Europe. Car dès la fin de février et pendant tout le mois de mars, les balbuzards pêcheurs matures ou en passe de l'être entament leur voyage printanier vers le nord. En France, par exemple, le premier balbuzard de la forêt d'Orléans est arrivé cette année le 28 février, déjà (cf. photo ci-dessous) ! Sous les cieux africains, dans les semaines qui précèdent la grande transhumance, on peut alors observer des rassemblements pacifiques de plusieurs balbuzards qui se seraient disputé ces territoires d'hivernage entre septembre et janvier. Les jeunes balbus sont dès lors mieux tolérés, on peut les voir se rapprocher du littoral ou des rives fluviales sans en être chassés par leurs aînés, repus et 'préoccupés' par l'imminence de leur  périple transsaharien.

Ci-dessous: balbuzards 'français' en forêt d'Orléans / Courtesy photo par François Baillon (IRD) pour Ornithondar
Nota: les bagues ont été masquées à la demande de François Baillon


Rappel: en juin 2011 au Pays de Galles, pour la première fois depuis 400 ans, le couple formé de deux balbuzards pêcheurs réintroduits sur les rives de la rivière Dyfi mettait au monde trois poussins. Une femelle, Leri, et deux mâles, Einion et Dulas, bagués et munis d'émetteurs satellitaires dès le 19 juillet (cf. photo en haut) prirent naturellement la direction de l'Afrique occidentale, entre la fin août et le début de septembre, pour la grande aventure de la migration. A la différence de leurs parents qui les y avaient précédés de peu, juste pour l'hiver, les trois jouvenceaux séjourneront au sud du Sahel au moins pendant deux ans, peut-être trois, avant de regagner leur lieu de naissance britannique au printemps 2013 ou 2014; pour y pérenniser la réinstallation de l'espèce, on l'espère de tout coeur. En attendant un aléatoire retour au pays - jusqu'à 70% des jeunes balbuzards nés au Royaume Uni disparaissent à jamais au cours de leur périple initiatique...-, nos amis Gallois croisent les doigts. Ils ont cependant le privilège de suivre à distance les péripéties de leurs protégés grâce aux GPS qui nous en disent beaucoup sur ces extraordinaires oiseaux !

Nota 2: le séjour tropical des jeunes balbuzards n'est pas une sinécure. On sait désormais que les meilleures places sont vigoureusement défendues par leurs aînés et qu'à leur arrivée au sud du Sahara les balbuzards de première année vagabondent longuement avant de s'installer sur des sites généralement délaissés par les adultes; souvent à l'intérieur des terres. De septembre à fin février, les jeunes balbuzards peuvent encore y profiter des innombrables marigots, bolongs et autres mares saisonnières remplis par les pluies de la mousson (juillet-septembre) et les crues qui suivent (octobre). En année arrosée, pas de problème: les points d'eau peuvent accueillir nos rapaces jusqu'au départ des adultes vers l'Europe, entre fin févier et fin mars... A ce moment, nos jeunes s'approprient les 'spots' provisoirement abandonnés, en général sur les rives des grands cours d'eau ou sur le littoral atlantique. Lorsque la saison pluvieuse a été chiche, comme cette année, les marigots tarissent plus rapidement et dès le mois de janvier la quête de nourriture devient problématique pour les jeunes rapaces: l'eau devient de la boue gluante, le poisson se raréfie et s'envase pour hiberner.

Commentaires

  1. Hello Frederic,
    Thank you for the photos, it looks like a very good spot. Perhaps he will be able to stay as the adults leave for their breeding grounds. He seems stronger and more capable than his sister so I hope he will be ok.
    I am so glad you like the print we send you: the chick is Einion, now in Senegal, amazing ! We cannot thank you enough for the help you have given us in our search for Leri.
    We are now waiting for the Ospreys to return to the UK,hopefully in just a few weeks. then the story will start again.
    Kindest regards, Janine.

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