30-31, Bynack, autre balbu d'Ecosse, du Lampsar au Khant

2011 10 30, balbuzard pêcheur aux marais de Todé, pile poil là où Bynack est passé - ou s'est arrêté- ce jour, venant de Bango avant de remonter vers Mbarigo
(cf. cartes GoogleEarth ci-après) ! / Photo par Rozenn Le Roux pour 
Ornithondar


* Du marigot de Lampsar, coté saumâtre (Bango) au marigot de Khant (Mengueye Boye)-

Voir: http://www.rspb.org.uk/wildlife/tracking/lochgartenospreys/index.aspx
Et http://www.rspb.org.uk/community/placestovisit/lochgartenospreys/f/915/p/50493/390428.aspx












Ci-dessous: 2011 08, baguage et pose d'un émetteur sur le jeune Bynack
/ Photo courtesy Highland Foundation for Wildlife and Loch Garten Osprey Project

Bynack est un jeune balbuzard pêcheur de sexe masculin, éclos le 24 mai dernier au Loch Garten Sanctuary, en Écosse - où furent réintroduits par Roy Dennis les premiers balbuzards qui avaient totalement disparu de Grande-Bretagne au cours du XXe siècle. A peine un mois et quelques jours d'apprentissage sur le site de sa naissance - premier vol le 16 juillet !, et Bynack a entamé sa première migration vers l'Afrique de l'ouest le 21 août 2011, doté de sa bague bleue et d'un petit GPS. Presque un vagabondage tant le jeune rapace a pris son temps pour atteindre les confins du fleuve Sénégal, le 10 octobre, où il profite des dépressions encore en eau dans le virage nord du fleuve, et dont l'épicentre est la zone de Keur Macène, entre Dara à l'est et le Tianbrank à l'ouest (cf. carte GoogleEarth ci-après); il vagabonde intensément dans ce périmètre de décrue durant 20 jours, du 10 au 29 octobre - tout de même... Avec un bref retour dans les dunes rouges du Trarza (2011 10 19); et deux incursions en Goulothie sénégalaise, au nord (2011 10 11) et à l'est (2011 10 12) du parc national du Djoudj (PNOD).



* Un mois et une semaine de villégiature française (22 08 - 29 09) puis, soudainement une accélération de sa migration après les Pyrénées espagnoles; dès le 5 octobre, Bynack survole le parc national du Toubkal dans les cimes du Haut-Atlas marocain et atteint déjà le 8 octobre le parc national du Banc d'Arguin (PNBA), en Mauritanie.


Écosse-Sénégal, un vagabondage de deux mois !

Le 30 octobre, plus de deux mois après son départ des hautes terres écossaises, et après vingt jours à la courbe du fleuve Sénégal coté nord, Bynack continue de descendre vers le sud par la berge mauritanienne: il traverse le parc national du Diawling (PND), vis à vis du Djoudj sénégalais, et via le Barhoum Guèyéloubé il entre au pays de la Teranga - ah ah... par le Petit Bras du fleuve Sénégal et la pointe sud de l'Île aux Bois... Voilà les mangroves de Thiolet qu'il survole en délaissant sur sa droite la presqu'île très occupée par des balbuzards adultes toujours farouchement territoriaux. Bynack franchit le marigot de Lampsar, dans le champ d'observation de mon belvédère de Keur Lampsar ! Je ne suis malheureusement pas là, occupé à rechercher Leri, un autre balbuzard 'satellisé', gallois celui-là, en perdition (?) du coté des Trois-Marigots ! (cf. notules)


Un balbu vu par deux fois dans Bango-village: Bynack ?

Sur la berge bangotine du Lampsar, un 'boutiquier' riverain du camp militaire nous affirme avoir remarqué un grand rapace blanchâtre perché sur un grand arbre des alentours. Rentrant de mon premier périple dans la zone des Trois-Marigots, j'aperçois à mon tour, de la fenêtre du taxi qui me ramène au bercail vers 17h, un balbuzard fièrement perché au sommet d'un gigantesque filao du bord de route, regardant de haut le cantonnement de la soldatesque, précisément là où passe le tracé GPS de la journée bangotine de Bynack (cf. carte GoogleEarth ci-dessous) ! Il y a des coïncidences, parfois...


Bynack au marais de Todé... en même temps qu'Ornithondar !

C'est en rentrant à Keur Lampsar que j'apprends que Bynack, après avoir quitté Bango ce même 30 octobre, a fréquenté les abords immédiats des marais de Todé, arpentés toute la journée par Ornithondar. Exactement l'endroit - et l'arbre- que notre photographe Rozenn Le Roux a immortalisé avec son jeune balbuzard sur fond de dune rouge (cf. carte Google Earth ci-après à gauche), pour la Une de cette notule (cf. photo en haut) ! Bynack ? Pas moyen de voir une antenne sur le manteau du rapace... Mais il y a de ces coïncidences, bis repetita... A moins que Bynack n'ait bifurqué ici (cf. cartes GoogleEarth ci-après), précisément parce que les lieux étaient déjà occupés et bien gardés par le balbu photographié !?*

* Nota d'actualisation: précisions venues d'Ecosse: " I've looked at Bynack's data for the 30th at 17.00 and his co-ordonates were 16.03883 - 16.89600. "
Janine Pannett, du Dyfi Osprey Project au Pays de Galles me signale par ailleurs que Bynack " looks as though he has moved back up north to Djoudj NP again " (2011 11 8 22h55).
















 Ci-dessus: Bynack visite la région du Lampsar/Ngalam/Trois-Marigots / Cartes Ornithondar
Ci-dessous: 2011 10 30, aire de Todé; vue O/NO depuis la dune boisée d'euphorbes (affût 1) / Photo par Rozenn Le Roux pour Ornithondar


De Todé au Khant, Bynack l'Ecossais chez Leri la Galloise !

En longeant les marais de Todé, Bynack remonte vers les serres à tomates des Grands Domaines du Sénégal (Compagnie fruitière de Marseille, France) et va dormir quasiment au bord de la route nationale du nord (RN2, Saint-Louis/Rosso-frontière mauritanienne), en surplomb de la vallée rétrécie du Lampsar. Le 31 octobre, se croyant peut-être dans une version tropicalisée des Highlands de son pays natal, Bynack visite toutes les dépressions dites des Trois-Marigots, où il va rencontrer une multitude de balbuzards, pour la plupart des juvéniles et immatures comme lui. Notre Écossais atteint le marigot de Khant, qu'il survole précisément là où nous recherchons sa cousine Galloise Leri. La densité de ses jeunes congénères sur le site l'incite sans doute à se déporter vers le Gandiolais, au sud-ouest du delta: un survol des mangroves relictuelles et du lagon de Gueumbeul, un détour par Rao (cf. notule) et hop ! retour vers les marges des Trois-Marigots: Bynack se pose enfin pour la nuit à l'extrémité nord du Khant: la même dépression pour Bynack, au nord, que pour Leri, au sud.

Ci-dessous: 2011 0 30. Trois balbuzards pêcheurs au marais de Todé / Photos par Rozenn Le Roux pour Ornithondar


Les jeunes balbuzards repoussés des meilleurs spots par leurs aînés

Il y a un regain significatif des populations du balbuzard pêcheur en Europe, particulièrement là où il avait disparu - parfois depuis quatre siècles. De la Pologne à la Grande-Bretagne et des pays Baltes au Portugal, la protection et la réintroduction le plus souvent réussie de ce splendide oiseau* suscitent un engouement populaire exceptionnel. On oublie cependant un peu vite, pour le balbuzard comme pour tant d'autres raretés sauvées de l'extinction (de la cigogne noire au phragmite aquatique !), que 'nos' oiseaux vivent le plus clair de leur temps... en Afrique, certains individus dès la fin de juillet jusqu'au mois de mai suivant ! Pour ces oiseaux migrants, l'Europe n'est qu'une maternité. En ce qui concerne les balbuzards européens, dont l'essentiel des effectifs niche sur le pourtour de la mer Baltique et sur les confins russes, le premier voyage des jeunes de l'été les conduit vers l'Afrique de l'ouest parfois pour trois années complètes ! Sur place, les bons spots - eau pérenne, poissons suffisamment nombreux et de qualité, tranquillité - deviennent d'année en année de plus en plus chers. Singulièrement au Sahel, et donc dans le delta sénégalo-mauritanien, qui dépend très fortement non pas de la pluviométrie dans la région de Saint-Louis mais de celle qui a eu lieu très en amont, de juin à septembre, du Fouta Djalon guinéen aux environs du barrage de Manantali, au Mali. C'est cette eau qui peu à peu va alimenter le fleuve dont la grande crue, très (trop) contrôlée à l'aval (pour le bien quasi exclusif des rizières locales !), inondera fin septembre-début octobre les bolongs, marigots, tannes et autres marais de la région. En scrutant les tracés GPS des balbuzards désormais suivis par satellite, on voit vite que les jeunes évitent le Djoudj, le Diawling, le fleuve Sénégal à l'amont comme à l'aval du barrage de Diama, le Gandiolais, et se cantonnent dans l'arrière pays, qui s'assèche vite dès janvier. Les adultes comme les immatures qui ont su gagner leur bout de domaine repoussent intensément leurs petits frères et soeurs. Il n'y a pas de bataille, mais les seuls piaulements du propriétaire des lieux suffisent à éloigner le jeune impétrant... Il lui faudra attendre le départ des adultes et nouveaux reproducteurs pour se rapprocher des sites favorables abandonnés par ses aînés... J'ai souvent observé, à cette occasion, le rapprochement de deux voire trois juvéniles pour conquérir ces nouveaux espaces tout juste délaissés.

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