22, une rareté : un Bec-en-ciseaux d'Afrique 'écrème' le Djeuss

Ci-dessus : 
au Botswana 2005 11 / © photo par Michel Watelet pour African Bird Club

* Djeuss bangotin, des deux côtés -

MATIN-
Ça m'a pris de court, car quelle surprise ! A 8h25 depuis mon belvédère, je jetais un œil au loin sur la pointe Thiolet pour voir si nos Pélicans blancs n'y étaient pas réinstallés (Voir ICI sur Ornithondar), quand un cri atypique attira mon attention vers la surface des eaux du marigot : eurêka ! un (1) Bec-en-ciseau(x) d'Afrique (dit 'coupeur d'eau', Rhynchops flavirostris, African Skimmer, rayador africano) 'effleurait'  les eaux (to skim, in english...) pour gober les petits poissons, d'un vol rapide toutes ailes relevées.
Le temps de courir attraper un appareil photo, le laridé tropical avait disparu avec ses cris intermittents... Jusqu'à 8h50 quand de retour du Djeuss 'doux' le drôle d'oiseau est repassé par-dessus les Prosopis de la digue avant de redescendre au ras du plan d'eau vers le delta, toujours en 'écrémant' le marigot...

Nota : les oiseaux afrotropicaux qui font la 'carte postale' des grands espaces du continent noir, on ne le dit pas assez, sont tous peu ou prou en déclin rapide depuis quelques décennies. Et quand on connaît un peu le 'terrain', et en dépit des extraordinaires avancées de l'expertise scientifique sur les uns et sur les autres, tous les (grands) oiseaux emblématiques y sont dramatiquement raréfiés. Il en est ainsi des Grues couronnées, des vautours et des grands rapaces diurnes, entre autres ; et des Becs-en-ciseaux, dont on ne peut voir encore les grands rassemblements que sur le Zambèze ou la Luangwa, dans le bassin de l'Okavango, en Tanzanie et au Kenya, sur les bancs de sable de leurs cours majestueux. Des 15-25 000 Becs-en-ciseaux estimés, 8 à 12 000 individus seraient d'Afrique orientale et australe (mais disparus d'Afrique du Sud), 7 à 13 000 d'Afrique occidentale et centrale... dont 80% au moins, j'en suis convaincu et je ne risque pas de me tromper, en Afrique centrale à l'est et au sud du Tchad ! Car il suffit de se reporter aux enquêtes menées depuis plus de vingt ans sur les étendues aquatiques d'Afrique de l'ouest pour vite comprendre que le Bec-en-ciseaux n'y sera très vite qu'un lointain souvenir. Sur les confins nigérians du lac Tchad, Gustafsson et al. (2003) n'en ont compté aucun au début de ce (terrible) siècle ! Sur le Logone, le fleuve 'gidien' qui matérialise la frontière 'sauvage' entre Tchad, Cameroun et Centrafrique, encore noté à la fin des années 1950 le laridé tropical n'y a jamais été observé depuis 1980 lors des inventaires qui se sont succédés dans le complexe Waza-Logone (Scholte et al., 1999). Plus à l'ouest, si Serle & Morel le trouvaient encore "localement commun au Mali et au Nigeria" jusque dans les années 1970, Morel & Morel remarquaient aussi que le Bec-en-ciseaux n'était plus, à la veille des années '80, qu' "assez commun mais sporadique sur le fleuve Sénégal" [ndlr, ?], "de l'embouchure à la Falémé".

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